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Classiques Garnier

Introduction

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Introduction

Cher collègue, cher André,

Audace et liberté, à cause de la grâce : voilà deux termes qui caractérisent, nous semble-t-il, un parcours où vous avez franchi tant de frontières.

Après avoir étudié les mathématiques, vous vous êtes tourné vers la théologie protestante, en vous formant aux Universités de Strasbourg, de Tübingen et de Bâle. Durant une décennie, vous avez été pasteur de la communauté luthérienne de Roppenheim en Alsace. Vous avez été nommé à la Faculté de Théologie protestante de Strasbourg en 1983. Après avoir soutenu une thèse de doctorat dÉtat sur Le salut en Jésus-Christ dans les dialogues œcuméniques (1986), vous avez été rapidement promu maître de conférences (1988) puis professeur (1990). En 1991, vous avez fondé le GREDO, Groupe de recherches et détudes dogmatiques et œcuméniques. Doyen de la Faculté de 2001 à 2006, vous avez été ensuite directeur de lÉcole doctorale de théologie et sciences religieuses (2007 à 2011).

Votre fort engagement institutionnel au sein de la Faculté et de lUniversité de Strasbourg ne vous a pas empêché de déployer une activité de recherches débordante, en lien avec le Centre détudes œcuméniques de la Fédération Luthérienne Mondiale, où vous aviez été nommé assistant en 1974. Vous avez accepté linconfort dune pensée qui nélit pas qui lui ressemble, mais souvre à lintelligence de la différence. Vous vous êtes imposé comme un expert des dialogues œcuméniques bilatéraux internationaux, en particulier les dialogues luthéro-catholique et luthéro-réformé. Vous avez perçu les enjeux méthodologiques de ces dialogues et vous avez élaboré la notion exigeante dun consensus intégrant les différences sans méconnaître celles qui demeurent séparatrices. Vous avez contribué à la rédaction de grands textes œcuméniques, tels que la Déclaration commune concernant la doctrine de la justification (1999).

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Vous avez transmis à de nombreux étudiants strasbourgeois votre passion de lœcuménisme, vous avez réuni dans vos cours des étudiants protestants, catholiques et orthodoxes, et vous avez dirigé maintes thèses dans le domaine de la théologie systématique. Nombre de vos anciens thésards ont fait carrière à luniversité. Tous ont grandement profité de votre générosité intellectuelle.

Pour autant, nous ne vous dirons pas que vous avez pleinement mérité lhommage que vous rendent ici la Revue dHistoire et de Philosophie Religieuses et la Faculté de Théologie protestante : ce serait offenser lauteur de Lhorizon de la grâce (2013), le superbe ouvrage que vous nous avez donné lannée précédant votre départ à la retraite. Plutôt que dêtre placé sous le signe du mérite, le présent hommage est marqué du sceau de la reconnaissance : ce sont vos anciens collègues de la Faculté et du Centre détudes œcuméniques, ce sont vos anciens doctorants et étudiants qui se réjouissent de pouvoir vous honorer en écrivant sur le thème que vous aviez choisi : « Quest-ce que la vérité ? » Sans doute lhomme de dialogue que vous êtes ne sera-t-il nullement surpris de constater que lexégèse, lhistoire, la théologie systématique et la théologie pratique se rejoignent pour défendre une conception relationnelle de la vérité, qui est moins un assentiment à des propositions tenues pour vraies quune rencontre transformatrice.

Le présent volume ne rend que très imparfaitement hommage à votre grande ouverture œcuménique et à votre rayonnement international, lequel sest manifesté par des conférences et des enseignements donnés de Helsinki à Jérusalem et de Heidelberg à Madras.

Nous espérons toutefois que ce numéro dhommage, qui couvre lensemble des disciplines théologiques, trouvera grâce à vos yeux, et nous nous réjouissons sincèrement dhonorer le maître, le collègue, lami que vous avez été et que vous restez pour nous.

Matthieu Arnold
et Madeleine Wieger