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VIENT DE PARAÎTRE

Matthieu Arnold, Karsten Lehmkûhler, Marc Vial (dir.), « La vie tout entière est pénitence... ». Les 95 thèses de Martin Luther (1517), Strasbourg, Presses universitaires de Strasbourg, 2018, 370 pages (Écriture et Soeiété 7), ISBN 978-2-86820-545-2, 24 €. Tout au long de l'année 2017, nombreuses sont, en France, les publi¬ cations qui, par une approche seientifique, ont tenté de préeiser le portrait et le message de Martin Luther (1483-1546), dont on associe les 95 thèses contre les indulgences (1517) aux débuts de la Réformation. Toutefois, si, en Allemagne, plusieurs études se sont consacrées de manière approfondie aux 95 thèses et aux indulgenees, il n'en a pas été de même dans le pays marqué par la Réforme de Calvin. Le présent volume, fruit d'un eolloque qui s'est tenu à Strasbourg en 2017, entend eombler cette laeune. 11 se eoneentre sur le contenu des thèses, repla¬ cées dans leur contexte historique et étudiées également dans une perspective systématique. Le titre de cet ouvrage renvoie à la première des 95 thèses de Martin Luther : « En disant "Faites pénitence...", notre Seigneur et Maître Jésus-Christ a voulu que la vie tout entière des fidèles soit une pénitenee. » La première seetion de ce volume est eonsaerée à la théorie et à la pratique des indulgenees, ainsi qu'à leur critique avant 1517. Wolfgang Thônissen expose les évolutions des conceptions relatives aux indulgences tout au long du Moyen Age. Sébastien Milazzo traite de l'indulgence et de la misérieorde ehez Albert le Grand. Francis Rapp montre eombien, à la fin du Moyen Age, l'indulgenee faisait l'objet de mises en garde, voire de mises en cause. Philippe Martin met en évidence le fait qu'Érasme a critiqué les abus des indulgences bien avant 1517 ; sa critique épargnait toutefois le « trésor des mérites du Christ et des saints ». Christoph Burger montre que, une dizaine d'années avant Luther et jusqu'au sein de son ordre, des prédieateurs scrupuleux tels que Hermann Rab et Johannes von Paltz exaltaient les indulgences. La deuxième section de eet ouvrage, qui est la plus développée, est consacrée à la critique des indulgences par Luther et aux réponses de ses contradicteurs. Lothar Vogel établit que, dans les thèses 14 à 16, Luther a défendu la eonception d'un purgatoire ante-mortem, que l'on pourrait qua¬ lifier d'existentielle. Berndt Hamm situe les 95 thèses dans le long ehemine- ment qui, de 1513 à 1518, a conduit Luther à une « réorientation théologique fondamentale ». Rolf Decot campe le contexte des 95 thèses (la proclamation de l'indulgenee de Saint-Pierre de Rome dans les territoires de l'archevêque Albert de Mayenee), avant de traiter des conséquenees religieuses et poli¬ tiques de la critique de Luther. Pour Theodor Dieter, les thèses 5 à 7, qui ont

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trait à la remise des peines et de la faute liées aux péchés, constituent le centre des 95 thèses. En étudiant les réactions de Sylvestre Prierias et de Cajetan aux 95 thèses puis aux Explications de ees thèses, Volker Leppin établit que, en concevant la pénitence comme un processus permanent, Luther se rapproche des conceptions de mystiques tels que Jean Tauler, conceptions incompréhensibles pour les seolastiques Prierias ou Cajetan. Comparant le commentaire du Psaume 6 ehez Luther et chez Cajetan, Annie Noblesse-Rocher démontre que ce sont des conceptions radicalement différentes de l'exégèse qui opposent les deux théologiens. Christian Herrmann présente les Flug- schriften, petits écrits imprimés dans lesquels Luther a exposé ses idées à un large public entre 1518 et 1521. De son côté, Marc Lienhard étudie, entre autres, les écrits autobiographiques de Luther (ainsi, Contre Jean le Pitre, 1541) et ses propos de table, dans lesquels le Réformateur affirme avoir été entraîné malgré lui dans le conflit sur les indulgences. La troisième et dernière seetion est consaerée à des « perspectives systématiques ». Cette seetion s'ouvre sur une eontribution du regretté Jean- Daniel Causse, « L'impossible eertitude d'une contrition authentique... », qui se fonde notamment sur le commentaire par Luther de l'épître aux Galates (1531/1535). L'étude de Marc Vial constitue, en partant d'une affirmation de la Controverse contre la théologie scolatique (septembre 1517), une invitation à ne pas exelure l'hamartiologie de la théologie. Dans la lignée des critiques qu'il avait adressées à l'indulgence pontificale de l'an 2000, Pierre Bûhler s'interroge : « Était-il nécessaire de proclamer une indulgence plénière à l'oecasion du Jubilé de la Miséricorde ? » André Birmelé eonclut eette sec¬ tion systématique par une étude sur l'aetualité de la pensée de Luther : le « changement de paradigme » de Luther, sa manière nouvelle de faire de la théologie, ont entraîné des « reformulations significatives » des convictions théologiques fondamentales. L'introduction générale rédigée par Marc Vial et Matthieu Arnold est de nature plutôt historique, les conelusions, dues à la plume de Karsten Lehmkuhler, faisant quant à elles droit à la dimension systématique de ee volume collectif. Plusieurs index (noms de personnes et de lieux, mais aussi index de la totalité des textes de Luther mentionnés dans ce volume) sont destinés à en faciliter la eonsultation. M. Arnold

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