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Classiques Garnier

Vers un renouveau de l’homilétique catholique francophone ?

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VERS UN RENOUVEAU DE L'HOMILÉTIQUE CATHOLIQUE FRANCOPHONE ? François-Xavier Amherdt * Université de Fribourg, Miséricorde, 20 Avenue de l'Europe - CH-1700 Fribourg Résumé : Dans l'élan provoqué par l'exhortation Evangelii gaudium du pape François, un certain renouveau se manifeste dans les recherches homilétiques francophones catholiques. La contribution en étudie quelques-unes des orien¬ tations aetuelles : la « quasi-sacramentalité » de la prédication comme acte liturgique ; la double contemplation spirituelle des textes et de l'assemblée (lectio divina) ; le jeu d'intertextualité entre les péricopes des Lectionnaires ; l'homélie vécue comme un événement performatif {preeichmg as event); le travail du langage pour une prédication qui « sonne juste » ; la rhétorique du discours homilétique (logos, pathos et ethos) ; la joie de la prédication enra¬ cinée dans les convictions de l'homéliste en tant que témoin ; la perspective d'une homilétique d'engendrement au service de la construction de l'identité humaine et spirituelle des auditeurs. Abstract : In the momentum stimulated by Pope Francis'exhortation Evangelii gaudium, a definite renewal in French-speaking catholic research on homiletics is emerging. This paper studies several of the themes of this research: the « near saeramentality » of the sermon as a liturgical act, the twin spiritual contemplation of texts and congregation (lectio divina), the intertextual play between the pericopes in the lectionaries, the sermon seen as performative - « preaching as event » -, the linguistic effort needed to make a sermon « sound right », the rhetoric of a sermon (logos, pathos, ethos), the joy of the sermon rooted in the conviction of the writer as a witness to the Gospel, the perspective of a generative homiletics in the service of the construction of the human and spiritual identities of the listeners.

L L'ÉEAN donné par le pape Les paragraphes consacrés par le pape François, dans son exhor¬ tation Evangelii gaudium, à l'importance de l'homélie dans la liturgie

* François-Xavier Amherdt est prêtre du diocèse de Sion (Valais - Suisse) depuis trente-quatre ans. Ancien vice-directeur du séminaire et vicaire épiscopal de son diocèse, il a été dix ans curé-doyen de Sierre et Noës, puis directeur de l'Institut romand de Formation aux Ministères à Fribourg. Depuis onze ans, il est professeur francophone de théologie pastorale, pédagogie religieuse et homilétique à l'Université de Fribourg (Suisse). Il est co- responsable du Comité italo-helvétique de la rédaction et directeur-adjoint de Lumen Vitae.

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60 F.-X. AMHERDT, VERS UN RENOUVEAU DE L'HOMILÉTIQUE CATHOLIQUE ? (η. 135-144) et à sa préparation (n. 145-159)^ ont sans nul doute relancé l'intérêt, du côté catholique francophone, pour ce parent pauvre de la réflexion en théologie et en formation pastorales. 1. Réinvestir dans rhomélie « Faire écho au Verbe » pour « réinvestir dans l'homélie » : cet appel était déjà lancé en 1999 par un collectif de théologiens de la pastorale québécois l II retentissait au moment où le groupe de pas- toralistes lyonnais « Pascal Thomas » avait commenté les résultats d'une enquête faite auprès des membres des assemblées françaises sous le titre évocateur Si vous vous ennuyez pendant le sermon^. Le malaise perçu autour des années 2000 par ces deux cercles de théoriciens de la pastorale ne s'est guère dissipé depuis, en tous cas pas dans l'aire francophone. Dés le début de mon enseignement d'homilétique à la Faculté de théologie de l'Université de Fribourg, j'ai toujours été stupéfait de constater la rareté des publications dans ce domaine en registre catholique francophone, ainsi que la pauvreté des dispositifs de formation rhétorique des futurs agents pastoraux. J'en ai pris conscience en voyant le décalage existant avec la richesse et le nombre d'ouvrages sur la prédication en anglais et en allemand, et avec les publications francophones réformées protestantes, au moment de rédiger ma thèse d'habilitation consacrée à la prédication^. 2. Signes de renouveau Parmi les quelques signes d'un certain renouveau de l'homilétique catholique, suite au document du pape argentin, signalons d'abord le Directoire sur rhomélie, valable pour l'ensemble de l'Église catholique, publié l'année suivante (2014)^ et déjà souhaité par Verbum Domini de Benoît XVI (n. 59-60)^ ; puis les deux numéros de revues de théologie pastorale entièrement consacrés à la prédi¬ cation, La joie de prêcher de Lumen Vitae^ q\. L'Homélie, de Prêtres diocésains^. Ce dernier fait la part belle aux fiches proposées par le Service d'optimisation des homélies (SOH), offrant depuis prés de dix ans des sessions de formation continue pour les prédicateurs ^

' François, 2013 (cité EG). ^ Routhier, 2000. ^ Groupe Pascal Thomas, 1998. ^ Amherdt, 2006. ^ Directoire, 2014. ^ Benoît XVI, 2010 (cité VD). ''Lumen Vitae, 2014. ^ Prêtres diocésains, 2017. ^ Service d'optimisation des homélies, 2017.

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F.-X. AMHERDT, VERS UN RENOUVEAU DE L'HOMILÉTIQUE CATHOLIQUE ? 61 Mentionnons également la thèse de Jean-Baptiste Arnaud, Selon ta parole^^, qui, au-delà de l'art rhétorique de l'archevêque de Paris de 1981 à 2005, le cardinal Jean-Marie Lustiger, déploie une véri¬ table théologie de l'homélie eucharistique. Et finalement, relevons le dernier recueil du dominicain Thierry-Dominique Humbrecht, L'éternité par temps de crise^\ dont les modalités paradigmatiques, appuyées par son ouvrage théorique Le théâtre de Dieu témoignent de plusieurs des tendances actuelles de Thomilétique catholique, issues de l'exhortationZa joie de l'Évangile. 3. Quelques tendances Quelles sont donc ces principaux accents ? 1. D'abord, que l'homélie s'inscrit dans le cadre de la liturgie dont elle est une partie constitutive, et non décorative, au point que François parle de la « quasi-sacramentalité » de la prédication {EG, η. 142) (un acte liturgique). 2. Puis, qu'elle résulte d'une double contemplation spirituelle : celle des textes des lectionnaires, en une procédure assimilée à la lectio divina (cf. EG, η. 152-153), et celle de l'assemblée à laquelle l'homélie s'adresse, de manière à répondre aux questions que les gens se posent réellement (cf. EG, η. 154-155) (une lecture spirituelle). 3. Ensuite, que l'approche méditée des différentes péricopes sou¬ mises chaque dimanche ou à chaque célébration (deux ou trois, plus un Psaume) fait jouer l'intertextualité entre elles, en dégageant les harmoniques de consonance / dissonance qui les relient, en relevant les diverses modalités d'articulations entre les deux Testaments et en valorisant le dynamisme de la pédagogie divine dans les Ecri¬ tures et dans l'actualité (un jeu d'intertextualité). 4. De plus, que la prédication peut être vécue comme un événement qui associe les auditeurs à la construction de sens par sa confi¬ guration passionnante et inédite, et qu'elle se présente donc comme une expérience nouvelle de foi à vivre avec Dieu, en communauté et personnellement, un peu comme une « mise en scène » d'une pièce de théâtre ou d'un concert (l'homélie comme événement). 5. A cet égard, que le travail du langage, le choix des mots et des expressions se réalisent à la manière innovante et créatrice de l'artisanat du poète, afin que la prédication « sonne juste » et per¬ mette une proposition de l'Évangile qui trouve une résonance

Arnaud, 2016. " Humbrecht, 2016. Humbrecht, 2003.

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appropriée à notre époque, en une véritable « cat-échése » (le tra¬ vail du langage). 6. En outre, que la rhétorique homilétique met en œuvre des compé¬ tences dans les trois registres du logos, du pathos et de Vethos, de façon à ce que le prédicateur puisse parler d'« autorité » et construise un discours attentif aux particularités de la situation (la rhétorique du discours homilétique). 7. Dans cette même ligne, que la joie de l'homélie (omiliae laetitia) s'enracine dans les convictions personnelles du prédicateur, en tant que témoin brûlé au feu de la Parole, pour se communiquer ensuite aux assemblées et répondre à leurs attentes de nourriture spirituelle (la joie de la prédication). 8. Enfin, que la prédication est tissée d'une multitude de conver¬ sations, puisque telle est l'étymologie du terme grec homilein, et qu'elle vise à toucher non seulement les intelligences, mais aussi les cœurs et les âmes de façon à ce que chaque auditeur puisse poursuivre sa propre conversation avec le Seigneur et se laisser engendrer à son identité humaine et spirituelle (vers une homi¬ létique d'engendrement). Détaillons l'ensemble de ces dimensions présentes dans les recherches actuelles en homilétique catholique francophone, et ponctuons-les à chaque pas de quelques éclats du texte du pape François, en guise de sources d'inspiration. Nous en offrons une sorte de récapitulation dans le Petit manuel que nous publions en 2018 sous le titre La joie de prêcher^^. Π. Quelques dimensions des recherches actuelles

« Renouvelons notre confiance dans la prédication qui se fonde sur la conviction que c'est Dieu qui veut rejoindre les autres à travers le prédicateur, et qu'il déploie sa puissance à travers la parole humaine. » {EG, η. 136.) « Malheur à moi si je η 'évangélise pas » (1 Co 9,16), s'exclame Paul. Le prédicateur n'exerce pas uniquement sa mission parce que cela fait partie des devoirs de son ministère. Il prêche avant tout parce que « l'amour du Christ l'y presse » (2 Co 5,14). Dans notre contexte laïcisé à outrance, la chaire apparaît quasiment comme l'un des derniers lieux où les noms de Dieu, de Jésus-Christ et de l'Esprit Saint peuvent être encore prononcés en public. Quelle

Amherdt, 2018.

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responsabilité pour le prédicateur ! De ce point de vue, la prédi¬ cation continue de s'avérer indispensable et « prophétique » en notre monde Elle peut constituer « vraiment une intense et heureuse expérience de l'Esprit, une rencontre réconfortante avec la Parole, une source constante de renouveau et de croissance » {EG, η. 135). Accent 1. Un acte liturgique

« L'homélie a une valeur spéciale qui provient de son contexte eucharistique, qui dépasse toutes les catéchèses parce qu'elle est le moment le plus élevé du dialogue entre Dieu et son peuple, avant la communion sacramentelle. » {EG, η. 137.) Premier courant de recherches récentes : la prédication en tant que moment-clé de l'action liturgique C'est parce que la célé¬ bration se présente comme la forme par excellence de la rencontre du Seigneur avec son épouse, l'humanité, que l'homélie y trouve son cadre naturel : quand, dans la liturgie, la Parole est proclamée et les exigences de la Loi nouvelle inscrite dans les cœurs sont rappelées. La prédication se place donc en continuité de cette proclamation et poursuit la conversation engagée par le Seigneur avec son peuple. On est loin des sermons d'antan, qui s'apparentaient davantage à des instructions sur le contenu du catéchisme. « L'homélie doit donner ferveur et sens à la célébration [...] et éviter de ressembler à une conférence ou à un cours » {EG, η. 138). C'est à la performativité de la Parole de Dieu que s'attache ici la réflexion, au nom de l'actualisation qu'en offre le mémorial litur¬ gique. Le modèle absolu en est donné par la prédication de Jésus à la synagogue de Nazareth (Le 4,21): «Aujourd'hui s'accomplit cette Ecriture pour vous qui l'entendez », dit le Maître à propos de la prophétie du 3^ Isaïe (61,1-2). Lorsque le prédicateur se fait « passeur » de la Parole, l'homélie réalise la présence du Christ à son assemblée. Le pape parle de la quasi-sacramentalité de la pré¬ dication à propos de « cette communication entre les cœurs qui se fait dans l'homélie [...] : Έα foi naît de ce qu 'on entend dire et ce qu'on entend dire vient de la parole du Christ" (Rm 10,17) » {EG, η. 142). Par l'intermédiaire de la Parole prêchée, la beauté des vérités de l'Evangile se donne réellement à contempler et à aimer, elle communique le désir du bien et de sa mise en pratique (cf. EG,

Voir à ce propos le court traité de prédication du Père Jean Bianchi, prêtre du diocèse de Chambéry, Bianchi, 2016. C'est la position que défend Michel Deneken dans l'ouvrage œcuménique à deux mains, Deneken - Parmentier, 2010 et dans l'article précisément intitulé « Plaidoyer pour l'indispensable prédication », Deneken, 2014. '"Béguerie, 2013.

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64 F.-X. AMHERDT, VERS UN RENOUVEAU DE L'HOMILÉTIQUE CATHOLIQUE ? η. 142)^^. D'où l'insistance sur le fait que l'homéliste doive sou¬ ligner le lien indissociable entre la table de la Parole et celle de l'eucharistie La recherche sur le réseau liturgique de la prédica¬ tion s'oriente dans trois directions : Tout d'abord, elle se penche sur les liens avec les autres dimen¬ sions de l'acte célébratoire. La liturgie est « synesthétique », elle s'adresse à tous les sens. L'homélie s'inscrit dans un cadre aux mul¬ tiples facettes avec lesquelles elle est invitée à entrer en interaction. 1. L'ouïe : Le discours de l'homélie peut s'inspirer aussi bien des textes liturgiques que de ceux des chants qui ponctuent la célébra¬ tion. La musique instrumentale non seulement prolonge la prédica¬ tion, mais peut l'introduire et la rythmer. 2. La vue : La conception architecturale de l'espace est une « parole » qui influe sur l'acte de prêcher. Autre est le partage familier dans une petite chapelle, autre le sermon solennel en une basilique. Des motifs, des agencements, des panneaux servent parfois de commen¬ taires des textes et du mystère et enrichissent directement la prédi¬ cation, comme les éléments symboliques et sacramentels eux-mêmes. Des projections peuvent offrir un contrepoint à la parole prêchée. 3. Le toucher : Le sacrement met en œuvre des actions qui sollicitent le corps entier et le toucher. Quand des démarches particulières sont prévues, elles peuvent être mises à profit dans l'homélie. Celle-ci peut recourir à des objets et des symboles qui se donnent à voir et à palper. 4. L'odorat : Bien des décorations en appellent à l'odorat, tels par exemple que les aménagements floraux. Les différents types d'encens, les huiles, les lampes odoriférantes dégagent la bonne odeur du Christ (cf. 2 Co 2,15) que la prédication donne à sentir et à déguster. 5. Le goût : «Goûtez et voyez comme est bon le Seigneur» (Ps 34(33),9). Si le prédicateur fournit le bon pain de la Parole à la table de la chaire, nul doute que le pain de l'eucharistie n'en sera que plus savoureux.

Cf. Arnaud, 2016, 2"^ partie, « Une Parole qui édifie l'Église », p. 207-385. 18 * Cf. Directoire^ 2014, n. 5, s'appuyant sur KD, n. 54-55. C'est d'ailleurs au nom de ce lien que la Présentation générale du Missel romain, 2007, n. 66, et ses récents commen¬ taires réservent dans le contexte sacramentel (eucharistique) l'homélie à un ministre ordonné, ce qui n'est pas nécessairement le cas pour des célébrations non sacramentelles conduites par des personnes laïques, comme les funérailles. A cet égard, il y aurait un immense travail à entreprendre à propos de ce qu'une homilétique féminine pourrait apporter pour le bien du peuple de Dieu (cf. Amherdt - Loretan-Saladin, 2009, p. 143-145). Dans la ligne de ce qu'avaient déjà proposé, il y a près de 25 ans, Paul Guérin et Terence Sutcliffe (Guérin - Sutcliffe, 1994), il est heureux que s'ouvrent des «Écoles de prédication», destinées en priorité à des ministres non-ordonnés, comme celle proposée dès 2015-2016 par l'Association Alliance Saint-Dominique de Paris. Voir le site www.baptises.fr.

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Ensuite la réflexion explore les liens avec les autres paroles « libres » de la célébration, dont l'homélie n'est qu'une concrétisa¬ tion. Difficile d'estimer en pourcentage, comme essaient de le faire les spécialistes de la communication, l'impact de la prédication elle- même par rapport à ces autres moments discursifs. Il n'empêche que celui qui préside et qui prêche peut déployer la thématique de son homélie en plusieurs étapes, et la relancer à divers emplacements du déroulement. L'objectif de la prédication peut être évoqué dans l'introduction, puis adapté aux demandes de pardon et aux prières universelles. Les brèves introductions aux lectures servent de tremplins aux accents forts de l'homélie, surtout s'il s'agit de péricopes difficiles d'accès à la première audition. Le choix de la Préface et de la prière eucharistique renforce le lien entre les deux temps forts de la messe. Quant aux monitions du Notre Père, du geste de paix et de l'envoi, elles rappellent par petites touches ce que le prédicateur a voulu mettre en exergue. Enfin, les études portent sur la place-charniére qu'occupe l'homélie dans le mouvement général de la célébration eucharis¬ tique catholique - et de toute célébration. Comme l'ensemble de la liturgie de la Parole à laquelle elle appartient, elle ne se propose pas comme une simple « préparation » à la partie eucharistique en tant que telle, mais elle offre la bienveillance divine en acte par l'intermédiaire du dialogue entre la voix du prédicateur, qui réac¬ tive Γinteφellation trinitaire, et l'accueil attentif de la communauté. Dans la prédication et sa réception s'exerce la triple fonction pro¬ phétique de proclamation et de témoignage, sacerdotale d'offrande de soi et de partage de la prière, et royale de rassemblement et de service mutuel. Par rapport aux quatre textes proclamés, la prédication revêt une fonction de relecture et de synthèse : après le moment de l'écoute vient celui de la reprise individuelle et de la « digestion » communautaire. Chacun est invité à repérer ce qui peut le rejoindre particulièrement dans ce que le Seigneur transmet à son peuple. L'homélie assume le rôle d'une sorte d'accompagnement spirituel dans l'appropriation de la nourriture biblique. C'est une dynamique active de la communauté que la prédication suscite, par la prise de parole et la posture : après l'accueil, la réponse à travers la confes¬ sion de foi et la prière universelle. Grâce à l'impulsion de l'homélie, la proclamation du Credo peut échapper à la récitation routinière et l'expression des intentions véritablement « catholiques », au repli identitaire et nombriliste.

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66 F.-X. AMHERDT, VERS UN RENOUVEAU DE L'HOMILÉTIQUE CATHOLIQUE ? De plus, le prédicateur fournit un tremplin à l'assemblée pour qu'elle entre dés l'offertoire dans cette « participation active, consciente et fructueuse » dont Sacrosanctum concilium la Consti¬ tution conciliaire sur la liturgie, fait un de ses accents privilégiés. Grâce à l'impulsion de l'homélie, la communauté peut s'identifier vraiment au pain et au vin de l'offrande, entrer dans le dialogue de la Préface, de l'anamnése et de la doxologie, s'associer au sacrifice du Christ dans la prière eucharistique, faire corps par le Notre Père et le geste de paix et devenir tout entière « action de grâce » à Dieu dans l'Esprit. « [La prédication dans le cadre liturgique] s'intégre comme une partie de l'offrande qui est remise au Père et comme médiation de la grâce que le Christ répand dans la célébration. Ce contexte même exige que la prédication oriente l'assemblée, et aussi le prédicateur, vers une communion avec le Christ dans l'Eucharistie qui transforme la vie. » {EG, η. 138.) C'est là que la dimension initiatique de l'homélie sert à casser l'habitude et la répétition non réfléchie, en remettant en valeur la signification pro¬ fonde des mystères sacramentels, des gestes et des symboles. Accent 2. Une lecture spirituelle

« Il existe une modalité concrète pour écouter ce que le Seigneur veut nous dire dans sa Parole et pour nous laisser transformer par son Esprit. Et c'est ce que nous appelons lectio divina. Elle consiste dans la lecture de la Parole de Dieu à l'intérieur d'un moment de prière pour lui permettre de nous illuminer et de nous renouveler. Cette lecture orante de la Bible n'est pas séparée de l'étude que le prédicateur accomplit pour identifier le message central du texte ; au contraire, il doit partir de là, pour chercher à découvrir ce que dit ce message lui-même à sa vie. » {EG, η. 152.) La lectio divina a le vent en poupe, dans l'ensemble des Églises chrétiennes. À la suite de La joie de Γ Évangile, les chercheurs actuels font de la lecture spirituelle des textes la procédure recommandée aux prédicateurs : recevoir la Parole dans le silence de l'oraison ; se mettre en état d'écoute, à l'exemple du petit Samuel dans le Temple (1 S 3,9, cité en EG, η. 146) ; invoquer le même Esprit Saint qui a guidé les auteurs humains des Écritures (cf. 2 Tm 3,15-16;2P1,21; VD, n. 15-16) ; exercer un « véritable culte de la vérité » scriptu- raire^"^, dans la gratuité patiente, l'attente sereine et la vénération amoureuse ; commencer donc par une première lecture « textuelle » et révélante (temps de la lectio proprement dite) pour dégager ce

^Watican II, 1963. Cf. Paul VI, 1975 (cité EN), n. 78, cité par EG, η. 146.

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que veulent dire les péricopes ; cela passe par une analyse littéraire des effets recherchés par l'auteur : « Si un texte a été écrit pour consoler, il ne devrait pas être utilisé pour corriger des erreurs ; s'il a été écrit pour exhorter, il ne devrait pas être utilisé pour instruire ; s'il a été écrit pour enseigner quelque chose sur Dieu, il ne devrait pas être utilisé pour expliquer différentes idées théologiques ; s'il a été écrit pour motiver la louange ou la tâche missionnaire, ne l'utilisons pas pour informer des dernières nouvelles. » {EG, η. 147.) Cela implique donc de tenir compte des genres littéraires des péricopes^'. Une homélie sur une parabole ne peut ressembler à un sermon à propos d'une invective, d'un oracle ou d'une parole de sagesse. A partir de ce premier niveau d'approche, la lectio divina homilétique des passages bibliques comporte deux autres étapes : une lecture méditative et évocatrice des textes {meditatio, c'est-à- dire ce que les textes disent pour moi). « "[Seigneur,] qu'est-ce que tu veux changer dans ma vie avec ce message ? Qu'est-ce qui m'ennuie dans ce texte ? Pourquoi cela ne m'intéresse-t-il pas ?" ou : "Qu'est-ce qui me plaît, qu'est-ce qui me stimule dans cette Parole ? Qu'est-ce qui m'attire ? Pourquoi est-ce que cela m'attire ?" » {EG, η. 153.) Ensuite, une lecture « pastorale et transformante » (oratio et actio) à l'écoute du peuple de Dieu (cf. EG, η. 158) pour détermi¬ ner ce que le Seigneur a à dire à l'assemblée dans les circonstances actuelles Cela demande comme le croisement de deux contem¬ plations : celle de la Parole de Dieu, de manière « à transmettre aux autres ce que l'on a contemplé» ; et celle de l'assemblée dans ses désirs et ses besoins. « De cette façon, il [le prédicateur] découvre "les aspirations, les richesses et limites, les façons de prier, d'aimer, de considérer la vie et le monde qui marquent tel ou tel ensemble humain", prenant en considération "le peuple concret avec ses signes et ses symboles et répondant aux questions qu'il pose" » {EN, n. 63, cité par EG, η. 154). C'est ce discernement évangélique des signes des temps et cette « sensibilité spirituelle pour lire dans les événements le message de Dieu » {EN, n. 43), qu'appelait déjà la Constitution de Vatican II {Gaudium et spcs, n. I et 4)^"*, que requiert l'exercice de tout ministère pastoraU^ et qui sont attendus particulièrement de l'homéliste (cf. EG, n. 154).

C'est l'une des voies principales que j'essaie d'explorer pour la prédication vétéro- testamentaire, qui vaut bien sûr tout autant pour le Nouveau Testament. Voir Amherdt, 2006, p. 480-517. 22 Cf. Arnaud, 2016, 3^ partie, « Parole de Dieu et société humaine », p. 389-565. 23 * ^ * D'après la devise de saint Thomas d'Aquin Contemplata aîiis tradere. Somme théo¬ logique, lia Ilae, q. 188, a. 6, citée par £G, n. 150. Vatican II, 1965 (cité GS). Jean Paul II, 1992 (cité PDV), n. 10, cité par EG, n. 154.

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68 F.-X. AMHERDT, VERS UN RENOUVEAU DE L'HOMILÉTIQUE CATHOLIQUE ? Il s'agit d'un véritable acte de foi dans son assemblée que le prédicateur est amené à poser, dans la conviction que le Seigneur veut révéler ses mystères à tous les membres du « petit troupeau » qu'est l'Église (Le 12,32), particulièrement aux humbles et aux simples pour lesquels le Christ exulte en face de son Père (cf. Le 10,21, cité par EG, η. 141). C'est ainsi que peut se déployer une véritable « exégèse homilétique » spirituelle qui fasse droit autant au « con-texte » (l'assemblée en espérance) et au « pré-texte » (le monde, la société et la culture contemporains) qu'aux textes pro¬ clamés dans la liturgie de la Parole^''. De cette manière, l'homéliste parvient à dégager un «premier eurêka^^ », c'est-à-dire ce qu'il souhaite partager avec l'assemblée au nom du Seigneur dans les circonstances présentes. Accent 3. Un jeu d'intertextualité

« Certainement, pour comprendre de façon adéquate le sens du message central d'un texte, il est nécessaire de le mettre en connexion avec l'enseignement de toute la Bible, transmise par l'Église. C'est là un principe important de l'interprétation de la Bible, qui tient compte du fait que l'Esprit Saint n'a pas inspiré seulement une partie, mais la Bible tout entière, et que pour certaines questions, le peuple a grandi dans sa compréhension de la volonté de Dieu à partir de l'expérience vécue. De cette façon, on évite les interprétations fausses ou partielles, qui contredisent d'autres enseignements de la même Écriture. » (EG, η. 148.) Parmi les diverses méthodes au service de la lecture spirituelle homilétique, nul doute que l'usage ecclésial des Lectionnaires nous encourage à pratiquer l'intertextualité au sein de l'unique canon des Écritures (cf. EG, η. 148). Pour l'homéliste, « [pjarler avec le cœur implique de le tenir [...] éclairé par l'intégrité de la Révélation et par le chemin que cette Parole a parcouru dans le cœur de l'Église et de notre peuple fidèle au cours de l'histoire » (EG, η. 144). Ainsi donc, c'est inscrire l'homélie au cœur de ces multiples étreintes que le Père a faites à son peuple et à chacun de ses membres : celle de la Parole révélée et inspirée pour éclairer l'histoire du salut, ponctuée par les multiples

2 ( ' Cf. Amherdt, 2018, par. 3.3, « Le travail des textes : une incubation par lectures successives et "pré-méditations" ». J'emprunte à Fred Β. Craddock cette intuition d'un « double eurêka », « ce que je désire dire » et « comment je veux le dire », Craddock, 1991 [1985]. C'est la méthode de lecture par excellence, au service de la lectio divina, préconisée en exégése catholique par le document de la Commission biblique pontificale, L'interprétation de la Bible dans l'Eglise, Commission biblique pontificale, 1994.

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F.-X. AMHERDT, VERS UN RENOUVEAU DE L'HOMILÉTIQUE CATHOLIQUE ? 69 alliances ; celle du baptême par laquelle Dieu a dit à chaque être, comme à son Fils étemel né dans la chair : « Tu es mon fils, ma fille bien-aimé(e), en toi j'ai mis tout mon amour » (cf. Me 1,11) ; en désirant celle du ciel dans la gloire, lorsque le Père nous dira : « Viens, fidèle serviteur (servante), entre dans la joie de ton Maître » (cf. Mt 15,14-30). « Faire en sorte que notre peuple se sente comme entre ces [différentes] étreintes est la tâche difficile mais belle de celui qui prêche l'Évangile. » {EG, η. 144.) C'est ce jeu d'intertextualité qui fait des Ecritures une véritable polyphonie aux voix plurielles, aussi bien selon les modalités de nominations de Dieu, de désignations du temps ou de convocations du sujet et lecteur destinataire. Comme le relève Élisabeth Parmentier^^, je m'emploie à faire jouer cette « multiformité » des deux Testa¬ ments, à la suite des écrits en herméneutique de Paul Ricœur^^, et d'en dégager des harmoniques prometteuses pour la prédication : entre les trois voix de la Torah (Loi et récits), de la prophétie et des autres écrits (notamment celle, liturgique, des Psaumes, récapitu¬ latrice de toutes les autres valeurs), dans l'Ancien Testament ; entre le kérygme narratif ou les narrations kérygmatiques, les paraboles comme récits métaphoriques travaillés par des expressions-limites comme « le Royaume de Dieu », les discours, les lettres ou les écrits apocalyptiques dans le Nouveau Testament ; et selon les dif¬ férents modèles de relations entre les deux Testaments A cet égard, je rejoins les études catholiques sur la prédication vétéro- testamentaire, en invitant les homélistes à se pencher parfois spéci¬ fiquement sur la première lecture (et le Psaume), à la valoriser dans son rapport d'éclairage dynamique et mutuel avec les textes néo¬ testamentaires proposés pour la même liturgie. L'intertextualité, offre des promesses non seulement « internes », au sein du canon des Écritures, mais également « externes », avec les « textes » de la culture, littéraires, artistiques ou sociétaux^l Accent 4. L'homélie comme événement

« Le prédicateur a la très belle et difficile mission d'unir les cœurs qui s'aiment : celui du Seigneur et ceux de son peuple. Le dialogue entre Dieu et son peuple renforce encore plus l'Alliance qu'il y a entre eux et resserre le lien de la charité. » {EG, η. 143.)

29 Deneken - Parmentier, 2010, « La "Bonne Nouvelle" difficile à concevoir à frais nouveaux », p. 193-196. Voir ma thèse, Amherdt, 2004 ; et du point de vue homilétique, l'essai, Amherdt, 2005. Voir Beauchamp, 1990 ; Commission biblique pontificale, 2001 ; et Amherdt, 2006, p. 114-405 ; 448-475. Cf. Amherdt, 2006, p. 476-479 ; 545-553.

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70 F.-X. AMHERDT, VERS UN RENOUVEAU DE L'HOMILÉTIQUE CATHOLIQUE ? L'homélie ne revêt ainsi pas la forme d'une dissertation théo¬ logique, elle est un événement qui veut mener à une rencontre nouvelle avec Dieu et à une expérience inédite avec la Bonne Nouvelle La prédication liturgique et « quasi-sacramentelle » ne se contente pas de rappeler les mirabilia Dei dans l'histoire de l'Alliance, elle s'efforce de les mettre en action dans l'aujourd'hui des hommes, qui est celui de Dieu. Tel est l'effet du mémorial eucharistique : l'acte de prédication se réalise comme un « event » unique, un événement de grâce où les choses adviennent tandis qu'elles sont dites, comme théologiquement, au moment des paroles de la consécration à la messe. Il convient de nommer la grâce et la « dis-grâce » à l'œuvre dans le monde, en mettant en œuvre dans l'homélie comme une « imagination sacramentelle^"^ ». \ A cet égard nous pouvons, avec Thierry-Dominique Humbrecht, parler du théâtre de Dieu, à l'image des intuitions du courant anglo- saxon du «preaching as event ». Il s'agit d'une homilétique de la « mise en scène », qui associe les destinataires à sa configuration créatrice, ainsi que cela se passe lors d'une « performance », que ce soit un concert, une pièce de théâtre, ou un événement artistique associant plusieurs disciplines. L'éloquence chrétienne met Dieu en scène en lui donnant la parole et en le laissant s'incarner dans des formes liturgiques, des décors, une architecture, une dramaturgie, des personnages, des voix et des visages, une action et des gestes. Elle permet au prédicateur de « donner du sien » en tant qu'instrument spirituel et créatif, cultivant les régies de l'art sans en faire trop (cf. EG, η. 145). Accent 5. Le travail du langage

« La préoccupation pour les modalités de la prédication est elle aussi une attitude profondément spirituelle. Elle signifie répondre à l'amour de Dieu, en se dévouant avec toutes nos capacités et notre créativité à la mission qu'il nous confie ; mais c'est aussi un exercice d'amour délicat pour le prochain, parce que nous ne voulons pas offrir aux autres quelque chose de mauvaise qualité. » {EG, η. 156.) Pour le second « eurêka », c'est-à-dire la forme que revêt l'homélie, les recherches comparent volontiers le travail du langage

Voir à ce propos la présentation de ce courant issu principalement de l'homilétique américaine dans Loretan-Saladin, 2014 ; et ma contribution, Amherdt, 2014. Selon l'intuition du très bel ouvrage de la dominicaine Mary Catherine Hilkert, (Hilkert, 1997), mentionné par l'ancien maître de l'Ordre des prêcheurs Timothy Radcliffe (Radcliffe, 2003, ici p. 69).

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de la prédication à l'art du poète Il y a quelque chose d'artisanal dans le labeur consistant à ciseler la structure, le style et les expres¬ sions au service de l'effet visé et du message à transmettre. Puisque prêcher est une communication orale qui, telle une vibration, ne frappe l'oreille qu'une seule fois, il s'agit de rédiger en style « parlé » et de mettre chaque mot au service de la parole L'art de l'homélie requiert ensuite de veiller à enrichir constam¬ ment la langue que nous utilisons : ce n'est pas une option à bien plaire, comme si ce n'étaient que décorations et broderies. Le choix d'un « langage qui sonne juste » demande à cet égard un important ouvrage de peaufinage quand il s'agit de renforcer la place attri¬ buée dans le discours aux auditeurs, de souligner davantage tel acte de langage en modifiant l'un ou l'autre verbe, de resserrer les liens entre les propositions, de rendre l'expression plus efficace. L'artisanat homilétique répond à certaines caractéristiques indispensables de pertinence rhétorique : 1. L'exemplarité, en tant que le texte homilétique porte au langage des expériences existentielles avec Dieu, dans lesquelles les membres des assemblées peuvent se retrouver (cf. EG, η. 155). 2. Puis l'authenticité, à travers la vérité des termes choisis, à condi¬ tion que l'homéliste accepte d'être lui-même consumé par la flamme dévorante de la Parole jusque dans ses os (cf. Jr 20,9), afin de délivrer une parole brûlante (cf. EG, η. 150). 3. Enfin l'originalité de termes surprenants, d'expressions «bien frappées », de scénarios inédits, engendrée dans la longue rumination de la méditation spirituelle et le patient travail d'écriture - sous la mouvance de l'Esprit -, selon cette capacité de dé-voiler des hori¬ zons spirituels neufs, propre aux mystiques et aux poètes. Pour ciseler une telle langue qui résonne aux oreilles des inter¬ locuteurs, le choix diligent des mots et formules répond aux critères suivants : Ne retenir que les mots « indispensables ». / Oser biffer adjectifs et adverbes qui parfois contribuent à figer les formulations et n'apportent rien de nécessaire. / Ne pas chercher à tout dire, garder une certaine « réserve de non-dit » qui ménage de l'espace pour Dieu dans le langage humain. / Jouer de l'interrogation ouverte, pour permettre aux auditeurs de trouver leur place, de créer le sens qui va les mettre en mouvement. / Oser la « précision indéterminée »,

Cf. Amherdt, 2008. C'est la loi de « l'oraliture » dont Bernard Reymond fait la thèse de son ouvrage De vive voix. Oraliture et prédication (Reymond, 1998). 37 C'est l'argument de notre ouvrage publié avec la théologienne germanophone Franziska Loretan-Saladin (Amherdt - Loretan-Saladin, 2009), dont la réflexion se déploie à partir des écrits sur la langue poétique de l'écrivaine Hilde Domin. Voir également Amherdt, 2010.

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72 F.-X. AMHERDT, VERS UN RENOUVEAU DE L'HOMILÉTIQUE CATHOLIQUE ? qui rend la prédication ouverte « virulente » et pertinente, suscep¬ tible de rejoindre des auditeurs variés. / Faire jouer des « métaphores vives », ou, si elles sont usées, les « raboter » et les faire revivre. Se servir d'images et non d'idées : les grandes considérations géné¬ rales (l'humanité, le service, la responsabilité, la solidarité, etc.) finissent par ne plus rien dire. / Faire éprouver à l'auditeur par des descriptions affinées ce que l'homélie cherche à transmettre. / Saisir les illustrations en observant la vie, non en inventant des exemples. En d'autres termes, viser une langue évocatrice qui fait signe sans désigner, qui dévoile une vision nouvelle de la réalité à la lumière de l'Evangile. « Une image attrayante fait que le message est ressenti comme quelque chose de familier, de proche, de possible, en lien avec sa propre vie. Une image adéquate peut porter à goûter le message que l'on désire transmettre, réveille un désir et motive la volonté dans la direction de l'Évangile. » {EG, η. 157.) Accent 6. La rhétorique du discours homilétique

« [L]e but [de l'analyse littéraire] n'est pas de comprendre tous les petits détails d'un texte, le plus important est de découvrir quel est le message principal, celui qui structure le texte et lui donne unité. Si le prédicateur ne fait pas cet effort, il est possible que même sa prédication n'ait ni unité ni ordre ; son discours sera seulement une somme d'idées variées sans lien les unes avec les autres qui ne réussiront pas à mobiliser les auditeurs. » {EG, η. 147.) Sous l'impulsion du pape François, une certaine renaissance de la rhétorique homilétique catholique se fait jour, notamment grâce aux travaux du jésuite Jean-Paul Laurent Selon la tradition rhéto¬ rique, un discours vaut à la fois pour son logos, à savoir la qualité de sa structuration logique, de son argumentation pédagogique et du contenu transmis ; puis son pathos, autrement dit sa capacité de rejoindre l'auditoire, de le bousculer et de susciter 1'« intelligence du cœur» ; enfin son ethos, c'est-à-dire la crédibilité du locuteur, ce qui suscite le rapport de confiance dont il est investi, ainsi que la plausihilité de ce à quoi il invite. D'après la terminologie de saint Augustin, reprise de la concep¬ tion classique des rhéteurs romains Cicéron et Quintilien, une pré¬ dication vise à la fois à enseigner (docere), c'est-à-dire transmettre un message sur le mystère de la foi (niveau de la raison, subtile in docendo) ; à persuader et convertir (movere ou flectare), à savoir

3 8 Cf. son important essai, Laurent, 2010.

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provoquer une prise de conscience en vue d'un agir renouvelé (niveau de l'éthique, vehemens in flectando) ; puis à émouvoir et toucher les sentiments des destinataires (delectare), autrement dit parler à leur imagination et leur âme pour qu'ils goûtent la Parole intérieurement et s'ouvrent à l'espérance (niveau des émotions, modicum in delectandoY^. Nous retrouvons cette répartition des trois axes de l'homélie dans la « fameuse » formule synthétique du pape François {EG, η. 157) : « Une bonne homélie [...] doit contenir une idée (docere), une image (delectare), un sentiment en vue de l'action (movere) ». A noter qu'Augustin ne se contente pas d'appliquer cette grille au prédicateur-émetteur et au message-homélie, mais il requiert également des récepteurs-auditeurs une triple qualité d'écoute : une recherche de compréhension (ouverture de l'intelligence) ; un désir de participer avec tous à la liturgie par tout son être (disponibilité du cœur) ; et une disposition attentive aux injonctions de l'Esprit (docilité de la volonté). A l'exemple de la rhétorique du Christ - dont l'autorité provient à la fois de son logos, lui le Verbe fait chair, de son art em-pathique de s'adapter à chacun de ses interlocuteurs pour le rendre acteur (auctor) de sa vie, et de la totale congruence de son ethos, de son dire et de son faire (son exousia, son pouvoir remis par le Pére) -, la parole homilétique trouve son autorité (au sens latin à'augere, faire croître) dans l'articulation entre logos,pathos et ethos : puisque les destinataires attendent à la fois d'être éclairés, touchés et motivés, le discours du prédicateur est appelé à conjuguer la valeur argumen¬ tative de son développement, apte à augmenter les connaissances des interlocuteurs et à les faire croître spîrîtuellement (docere) ; à la force perlocutoîre (efficace) de son propos, susceptible d'atteindre le point de vue des auditeurs et de transformer leur cœur dans l'Esprit (delectare) ; et à sa posture « autorisée » de témoin parlant au nom d'un Autre et mandaté par l'autorité eccléslale, afin de susciter le témoignage (movere etflectare)'^^. L'essentiel est de choisir une forme et un plan"^' qui permettent à la prédication de demeurer « simple, claire, directe et adaptée » (cf. EN, n. 43). Comme le conclut François, « [P]ar conséquent une autre tâche nécessaire est de faire en sorte que la prédication ait une unité thématique, un ordre clair et des liens entre les phrases, pour que les personnes puissent suivre facilement le prédicateur et recueillir la logique de ce qu'il dit. » {EG, η. 158.)

Saint Augustin, 1997. J'ai développé cette thèse dans Amherdt, 2016. Cf. Amherdt, 2018, par. 4.2 et 4.3, « Choix de la forme et du plan ».

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74 F.-X. AMHERDT, VERS UN RENOUVEAU DE L'HOMILÉTIQUE CATHOLIQUE ? Accent 7. La joie de l'homélie

« On doit favoriser et cultiver ce milieu maternel et ecclésial dans lequel se développe le dialogue du Seigneur avec son peuple, moyennant la proximité de cœur du prédicateur, la chaleur de son ton de voix, la douceur du style de ses phrases, la joie de ses gestes. » (EG, η. 140.)

Suite à l'exhortation pontificale, le terme de joie fleurit dans les publications catholiques à propos de l'homélie : en plus de l'essai central du numéro spécial de Prêtres diocésains du dominicain Paul-Dominique Marcovits je pense à la contribution de l'homi- léticien Manlio Sodi, « La joie de l'homélie» (omiliae laetitia)"^^. Si le prédicateur boit à la source de la culture du peuple auquel il s'adresse, s'il parle dans la « langue maternelle » de ses auditeurs, s'il part de la conviction que « l'Eglise est mére » et qu'elle sait reconnaître tout ce que Dieu séme en ses enfants, alors la commu¬ nication homilétique cesse de fonctionner de manière unilatérale et devient susceptible de combler d'allégresse autant les frères prê¬ cheurs que les frères et sœurs auditeurs. Car « [1]'esprit d'amour qui régne dans une famille guide autant la mére que l'enfant dans leur dialogue, où l'on enseigne et apprend, où l'on se corrige et apprécie les bonnes choses. Il en est ainsi également dans l'homélie. » (EG, η. 139.) Cela fait la joie même de Dieu, à condition que Jésus-Christ ne soit pas simplement « l'objet » de la prédication, mais « son sujet », son réfèrent en acte, advenant à l'assemblée par la prédication d'une présence réelle et nourrissante, apte à l'unifier en un seul corpsLa joie procurée par l'homélie dépend de cet échange « ajusté » en vérité, si le prédicateur, conscient de sa propre pau¬ vreté, habité du désir de croître en sainteté et certain de la tendresse du Seigneur pour lui (cf. EG, η. 151), parle de manière positive et nourrit la foi de ses destinataires. « Une autre caractéristique est le langage positif. Il ne dit pas tant ce qu'il ne faut pas faire, mais il propose plutôt ce que nous pouvons faire mieux. [...] [U]ne pré¬ dication positive offre toujours l'espérance, oriente vers l'avenir, ne nous laisse pas prisonniers de la négativité. » (EG, η. 159.)

Marcovits, 2017. Les fidèles devant l'homélie, attentes et implications, Sodi, 2014. Cf. Bressan, 2014.

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Conclusion Accent 8. Une homilétique d'engendrement

« Le Seigneur et son peuple se parlent de mille manières direc¬ tement, sans intermédiaires. Cependant, dans l'homélie ils veulent que quelqu'un serve d'instrument et exprime leurs sentiments, de manière à ce qu'ensuite, chacun puisse choisir comment continuer sa conversation. » {EG, η. 143.) Le texte de la prédication se tisse et se file^^ d'une série de conversations, menées entre Dieu, les auteurs des passages bibliques proclamés, ceux de l'ensemble du canon des Écritures, le prédicateur et son univers, le contexte liturgique du jour, le monde de la culture et de la société actuelles, chacun des auditeurs et l'assemblée prise dans son ensemble. Ce qui compte, en finale, c'est que l'homélie permette à Dieu de poursuivre son œuvre d'enfantement à la vie et à la foi par sa Parole dans le monde d'aujourd'hui. Aux applications de la « pastorale d'engendrement » à l'agir ecclésiaC' et à la péda¬ gogie (religieuse)que j'ai par ailleurs proposées, j'ajoute volon¬ tiers en finale de cet essai un dernier courant de recherches en cours, dans la ligne des réflexions pertinentes du théologien adventiste Gabriel Monet^^, « vers une homilétique d'engendrement ». A l'exemple des rencontres de Jésus, d'où les interlocuteurs ressortent enrichis, transformés, l'homéliste vise à mettre en place les condi¬ tions de possibilité d'une (re)naissance des auditeurs par l'œuvre de la grâce, à travers sa parole authentique et originale. « La confiance en l'Esprit Saint qui agit dans la prédication n'est pas purement passive, mais active et créative. Elle implique de s'offrir comme instrument (cf. Rm 12,1), avec toutes ses capa¬ cités, pour qu'elles puissent être utilisées par Dieu. » {EG, η. 145.) «Vous m'avez bouleversé. J'avais l'impression que vous par¬ liez pour moi » : si sept personnes d'âges et de statuts différents viennent partager cela avec l'homéliste, au terme de la célébration, sans doute cela signifie-t-il qu'il s'est laissé lui-même remettre en question et secouer par la Parole. Si non, il n'est qu'« un faux pro¬ phète, un escroc ou un charlatan sans consistance » (cf. EG, η. 151). L'enjeu est donc de taille !

Puisque telle est l'étymologie du terme « texte », du latin textus, tissu. Cf. Amherdt - de Matteo, 2009. Cf. Amherdt - Vianin, 2011. Monet, 2010.

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