Skip to content

Classiques Garnier

Just published

171

REVUE DES LIVRES

VIENT DE PARAÎTRE

Matthieu Arnold, Les Femmes dans la correspondance de Luther, Paris, Classiques Garnier, 2017, 154 pages (Études d'Histoire et de Philosophie religieuses 87), ISBN 978-2-406-06996-6, 29 € (broché), ISBN 978-2- 406-06997-3, 68 € (relié). Paru en 1998, cet ouvrage était épuisé. Il est publié à nouveau à l'oceasion du 500^^ anniversaire de la Réformation, dans une édition revue, augmentée d'un avant-propos portant sur les recherches récentes relatives aux femmes et à la Réformation, et pourvue d'une bibliographie révisée. Au cours des vingt dernières années, la correspondance de Luther avec les femmes et la manière dont il parle des femmes dans ses lettres n'a guère suscité l'attention. Pourtant, ses lettres constituent une source de première importance pour l'histoire des femmes au XVÉ siècle. Elles montrent que la Réformation a bouleversé leur existence dans tous les milieux sociaux - depuis les prostituées jusqu'aux femmes de la noblesse, en passant par les moniales et les premières épouses de Réformateurs. Plusieurs index (citations bibliques, personnes et lieux) facilitent la consultation de cet ouvrage. M Arnold f Philippe de Robert, Alternatives chrétiennes. Etudes d'histoire et de littérature, Paris, Honoré Champion, 2016, 320 pages (Vie des Huguenots 73), ISBN 978-2-7453-2999-8, 65 €. Ce recueil a pour perspective générale la dissidence de certaines concep¬ tions du christianisme ou de certaines lectures de la Bible, qui se présentent comme autant d'alternatives aux orthodoxies majoritaires et dominantes, soit qu'elles expriment d'autres options théologiques, soit qu'elles proviennent d'une réflexion philosophique, soit qu'elles constituent une création littéraire originale. La première partie comporte des études sur des personnages comme le prêtre Vigilance, adversaire de saint Jérôme, les érudits de la Renaissance Guillaume Postel et Joseph Scaliger qui ont redécouvert la religion samari¬ taine, l'agronome Olivier de Serres et sa connaissance des données bibliques sur l'agriculture, mais aussi sur le destin particulier de la communauté pro¬ testante du pays de Foix, le mouvement des « petits prophètes » du Dauphiné et du Vivarais, la révolte des camisards et la façon dont ils s'inspiraient de la « guerre sainte » biblique, la pratique du chant d'un Psaume par les prédieants du Désert avant leur exécution, puis la fin des derniers martyrs protestants en 1762 à Toulouse.

REVUE D'HISTOIRE ET DE PHILOSOPHIE RELIGIEUSES 2017, Tome 97 n° 3, p. 469 à 494

172

493

La deuxième partie est consacrée au philosophe Pierre Bayle, sa réflexion critique et dialectique sur le christianisme et la politique, à propos de l'exécution de Michel Servet et du règne d'Henri IV, et sa vision de la nécessité d'une tolérance civile qui préfigure chez lui la laïcité. On montre sa lecture originale de la Bible dans le Dictionnaire historique et eritique à propos de personnages emblématiques comme Eve, Abraham ou David - sa perspective est bien différente de celle de Voltaire - et le caractère problé¬ matique de sa réputation comme précurseur des Lumières. On montre surtout la singularité de sa conception d'une foi chrétienne dépouillée, telle qu'elle apparaît notamment dans ses dernières lignes, et dans sa recherche persévérante de la vérité, tant intellectuelle qu'existentielle. La troisième partie se tourne vers la littérature et l'inspiration qu'elle trouve dans la Bible comme « grand code de l'art », en particulier la liberté prise par les écrivains de jeter un regard profane sur certains textes bibliques, mettant en lumière des aspects que l'interprétation sacrée élaborée par les clercs avait laissés de côté. Il en est ainsi pour le destin héroïque et malheureux du roi Saûl, puis pour celui de son heureux successeur David, dont l'image dans la culture occidentale évolue du personnage sacré à l'homme faillible. Deux études sont consacrées à Napoléon Peyrat, auteur romantique encore méconnu, son style biblique et sa mystique des hauts lieux. Un dernier essai est consacré à Paul Claudel, avec sa vision des amours interdites de David et Bethsabée en parallèle à l'aventure des deux héros du Soulier de satin. Ph. de Robert Philippe de Robert, Fécondité de la Bible hébraïque. Études d'exégèse et d'histoire, Paris, Honoré Champion, 2017, 356 pages (Bibliothèque des religions du monde 5), ISBN 978-2-7453-3133-5, 55 €. Sous ce titre il s'agit d'illustrer, à travers une trentaine d'études s'étageant sur plusieurs décennies, la place centrale et la fonction fondatrice de la Bible hébraïque dans les religions monothéistes qui s'en inspirent, et plus largement dans la civilisation occidentale qui n'a cessé de la méditer et de s'y référer. Une première partie s'intéresse à l'écriture même du texte hébraïque, aux genres littéraires, au rapport des récits aux événements et aux circonstances de leur formation, avec une attention particulière pour les livres de Samuel mais aussi pour la période de l'exil babylonien (« nouvelle alliance », reconstruction du Temple), ainsi qu'une réflexion sur les traductions littéraires des textes bibliques. La deuxième partie, plus synthétique, est consacrée à certains grands thèmes de la pensée biblique, comme les concepts théologiques de la Création ou de l'Esprit, la signification symbolique de réalités comme la terre, la montagne, la ville (Babel, Jérusalem), mais aussi comme le verre, la vigne et le vin. On y présente également la conception de l'amour qui anime le Cantique des cantiques et de la fidélité familiale qu'exprime le livre de Ruth. La troisième partie envisage plus directement le rôle de matrice que joue la Bible hébraïque dans les croyances et pratiques religieuses, les héritages qu'elle a laissés au judaïsme, au christianisme et à l'islam. On y traite en particulier des fêtes juives, des interprétations croisées de l'épreuve d'Abraham

REVUE D'HISTOIRE ET DE PHILOSOPHIE RELIGIEUSES 2017, Tome 97 n° 3, p. 469 à 494

173

REVUE DES LIVRES

(Gn 22) ou de rapparition posthume de Samuel (1 S 28). Quatre études sont consacrées aux traditions particulières, souvent mal eonnues, des Samaritains. Une réflexion finale analyse les relations tendues qu'entretient le christianisme avec le judaïsme et avec l'islam, où les divergences n'annulent pas la solidarité d'un héritage partagé. Ph. de Robert Olivier Millet, Philippe de Robert, Précis de culture biblique, Paris, Presses Universitaires de Franee, 2017, xvi +555 pages (Quadrige Manuels), ISBN 978-2-13-079528-5, 25 €. Ce manuel est une nouvelle édition de l'ouvrage Culture biblique, qui a connu une première édition en 2001 chez le même éditeur dans la collection « Premier cycle », puis une édition espagnole chez Editorial Complutense (Cultura blblica, Madrid, 2003). L'objectif en est une présentation de la Bible, de son contenu et de son genre littéraire, de l'histoire de sa formation et de son interprétation, de son influence religieuse, mais aussi des multiples échos qu'elle trouve dans la vie culturelle et intellectuelle de l'Occident. Une première partie concerne la formation des livres bibliques, leurs langues originales et leurs traductions, et leurs genres littéraires illustrés par la présentation des textes les plus célèbres. On y aborde également les écrits apocryphes juifs et ehrétiens ainsi que le Coran. La deuxième partie est consaerèe aux traditions religieuses issues de la Bible, son interprétation dans le judaïsme et dans le christianisme, son utili¬ sation liturgique dans les diverses confessions, mais aussi les lectures critiques qui en ont été faites jusqu'à la réflexion herméneutique eontemporaine. La troisième partie se tourne délibérément vers l'héritage culturel que la Bible a laissé en Oceident, tout d'abord dans la littérature, où elle rencontre la eulture gréeo-latine et les traditions eeltiques et où elle inspire de façon directe ou indirecte des œuvres très diverses depuis le Moyen Âge jusqu'à nos jours. On étudie ensuite les nombreuses représentations bibliques dans les arts plastiques, malgré l'interdit de la représentation divine. On montre enfin l'influence de la pensée biblique en philosophie politique, tant pour justifier les pouvoirs ehrétiens que pour inspirer leur contestation par diverses utopies. Le manuel, destiné essentiellement aux étudiants en sciences humaines, est complété par une substantielle orientation bibliographique, des cartes, un tableau chronologique et un index des thèmes et des notions. Ph. de Robert

REVUE D'HISTOIRE ET DE PHILOSOPHIE RELIGIEUSES 2017, Tome 97 n° 3, p. 469 à 494