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Le 31 octobre 2017 marque le 500^ anniversaire de la Réforma¬ tion. Que Martin Luther ait affiché ou non ses Thèses sur le pouvoir des indulgences aux portes de l'église du château de Wittenberg, ses 95 thèses, qui contestaient le pouvoir du pape sur le purgatoire et le lien que l'Eglise avait établi entre la pénitence et l'argent, provoquèrent en quelques années un profond bouleversement de la chrétienté. Sans Luther, sans doute le monde actuel aurait un autre visage. C'est pourquoi, le présent numéro de la Revue d'Histoire et de Philosophie religieuses consacre plusieurs études inédites à Luther et à la Réformation. Deux d'entre elles sont issues de la plume de savants étrangers, les autres ont pour auteurs des univer¬ sitaires strasbourgeois. Dans un article synthétique, Irene Dingel met en évidence combien la Réformation a changé en profondeur tant la théologie et la piété que les structures sociétales et politiques en Europe. La prédication a remplacé l'eucharistie comme centre du culte et l'Ecriture est devenue la norme suprême. On a aboli la distinction entre clercs et laïcs, et valorisé la vie de famille au détriment de la condition monastique. L'éducation est devenue accessible aux gar¬ çons comme aux filles. Dans le domaine du mariage, on a érigé la Bible en norme au détriment du droit canon. En raison du sacerdoce universel, on a dévolu aux autorités politiques un rôle important dans les affaires de l'Eglise. Deux contributions ont trait à Luther et aux images. Marc Lienhard, à qui l'Université de Genève vient de décerner un doc¬ torat honoris causa pour ses travaux sur Luther, montre pourquoi, en 1522, le Réformateur s'est opposé à son collègue Carlstadt et aux iconoclastes. Même s'il ne leur confère pas une fonction sacrale, il juge que les images ont un rôle didactique et pédagogique : si elles sont conformes à l'Ecriture sainte, elles peuvent contribuer effica¬ cement à diffuser l'Evangile et à le préserver. L'analyse, par Jérôme Cottin, du Passional Christi und Antichristi (1521), ouvrage en images, confirme l'iconophilie de la Réforme luthérienne. Cet opuscule polémique (treize bois gravés se rapportant au Christ s'opposent à treize gravures représentant le pape) fut le fruit de la

REVUE D'HISTOIRE ET DE PHILOSOPHIE RELIGIEUSES 2017, Tome 97 n° 3, p. 325 à 326

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collaboration de Luther, de Lucas Cranach, de Philippe Melanchthon et du juriste Johannes Schwertfeger. Grâce à un examen détaillé des corrections portées par Luther sur Veditio princeps du traité De libertate christiana, qu'il a iden¬ tifiées en 2014 à la Bibliothèque Humaniste de Sélestat, James Hirstein met en évidence les qualités littéraires du Réformateur : dans le corps de son traité comme dans son Epistola ad Leonem decimum, Luther met en œuvre des modes du style sublime qui témoignent, dés 1520-1521, de la nature personnelle et libre de son écriture. Trois articles se rapportent aux relations entre les Réformateurs et les juifs. Nous comparons les deux principaux traités de Luther relatifs aux juifs : Jésus-Christ est né juif (1523), plaidoyer pour une coexistence amicale entre juifs et chrétiens, QiLes juifs et leurs mensonges (1543), appel à la ségrégation des juifs voire à leur expulsion, puis tentons d'expliquer la détestable évolution de Luther. Matthias Morgenstem donne la première traduction française, annotée, de r« admonestation contre les juifs » : il s'agit de la fin du dernier sermon de Luther (14 ou 15 février 1546), prononcé en l'église Saint-André d'Eisleben et qui appelle les pouvoirs publics à expulser les juifs. En contrepoint aux propos haineux de Luther, Matthias Morgenstem et Annie Noblesse-Rocher présentent le traité S'il est vrai et crédible que les juifs tuent en secret les enfants chrétiens,.. (avant 1540), qui a pour auteur Osiander, Réformateur et hébraïsant de Nuremberg. Conservé en un seul exemplaire, cet opuscule courageux a sans doute été rédigé en lien avec des accusations qui, en 1529, coûtèrent la vie à une trentaine de juifs de Posing en Hongrie. En raison des contraintes liées à l'édition de ce fascicule, cer¬ taines contributions paraîtront dans le numéro 2017/4. Matthieu Arnold, Directeur de la RHPR

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