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Classiques Garnier

Revue des livres

  • Type de publication : Article de revue
  • Revue : Revue d’histoire de la pensée économique
    2019 – 1, n° 7
    . varia
  • Auteurs : Desmedt (Ludovic), Dartigues (Laurent), Royer (Marie-Claude), Ando (Yusuke)
  • Pages : 269 à 286
  • Revue : Revue d’histoire de la pensée économique
  • Thème CLIL : 3340 -- SCIENCES ÉCONOMIQUES -- Histoire économique
  • EAN : 9782406094258
  • ISBN : 978-2-406-09425-8
  • ISSN : 2495-8670
  • DOI : 10.15122/isbn.978-2-406-09425-8.p.0269
  • Éditeur : Classiques Garnier
  • Mise en ligne : 27/06/2019
  • Périodicité : Semestrielle
  • Langue : Français
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Pierre Dockès, Le capitalisme et ses rythmes, Paris, Classiques Garnier, Tome 1, 2017, 965 pages.

Ludovic Desmedt

Université de Bourgogne

The past is never dead. It is not even past.

W. Faulkner, Requiem for a nun.

Au xvie siècle, le frère Toribio de Benavente fut chargé par le clergé espagnol de recueillir les paroles et mythes aztèques afin dalimenter la connaissance des colons sur ce monde quils « découvraient ». Il composa son Histoire des Indiens de la Nouvelle Espagne dans les années 1540 à partir dentretiens avec ceux qui le surnommèrent « le pauvre homme » (« Motolinia » en nahuatl). Lors de ces échanges, deux temporalités entrèrent en collision : la conception indigène dun temps cyclique où seuls les faits répétés avaient de limportante et la vision européenne, linéaire, dans laquelle comptent essentiellement les événements uniques (répartis autour dun an 0). Répétition cyclique ou singularité irréductible, ce sont les deux versants qui soffrent à ceux qui font du temps leur sujet détude. Dans son dernier ouvrage, Pierre Dockès a pour objectif détablir la jonction entre une approche historique dans laquelle chaque événement est resitué dans son épaisseur, enrichie par une volonté dabstraction qui situe les faits dans un « rythme » économique cadencé par des cycles. Comme lindique lauteur, « Ce livre a comme objet les rythmes économiques observés et analysés du point de vue de léconomie historique » (p. 12). Le voyage débute au xviie siècle et nous amène à la période contemporaine. Pour autant, le trajet proposé nest pas linéaire : après avoir défini les leitmotivs (accumulation, crises, cycles, …), lauteur dresse un panorama de lindustrialisation, avant dévoquer les caractéristiques de léconomie dAncien régime puis de revenir aux xixe et xxe siècles. Chaque grand débat (périodicité et causes des phases dexpansion et de récession) est 270resitué dans son époque. Á chaque fois, il sagit de caler la progression de louvrage sur les soubresauts du capitalisme. Au début, une synthèse sur les interrogations à propos de la stagnation séculaire (vers la page 100) peut être suivie par débats « mercantilistes » sur la liberté des prix et la spéculation (Boisguilbert, Condillac, …) puis par une description des premières bulles financières. Lensemble pourrait sembler touffu mais lauteur a le souci constant de ne pas égarer son lecteur.

Quil cherche des éclaircissements historiques sur des faits économiques marquants ou plutôt des développements théoriques sur les cycles et les crises, ce lecteur sortira comblé de la consultation de cet ouvrage. Tulipenmanie hollandaise du xviie siècle, crise de la Baring en 1890 ou dépression des années 1930, chaque événement est synthétisé de manière extrêmement claire. Á chaque époque, les principales contributions conceptuelles sont signalées et explicitées. Ce Tome 1 est sous-titré : Sous le regard des géants. De Marx à Juglar et Wicksell, de Kondratieff à Keynes, de Schumpeter à Minsky, tous les grands noms de la théorie de la croissance et des cycles sont présents et cités à bon escient. On croise également Walras, Mill, Hayek … jusquà Rheinart et Rogoff. Mais Pierre Dockès ne sintéresse pas quaux « géants » reconnus, car de longs développements sont consacrés à des auteurs moins souvent cités, tels que les Suédois de la fin du xixe – début du xxe siècle, par exemple, ou des théoriciens négligés, notamment dans le chapitre intitulé « Le chien dans la mangeoire » où il est question de Hobson, Foster et Catchings. Pour les périodes antérieures, la présence – rare dans ce type douvrage – dauteurs pré-classiques tels que Petty, Galiani ou Quesnay est à remarquer. Cette abondance de références (y compris dans les notes) nétonnera pas ceux qui connaissent les travaux antérieurs de Pierre Dockès, seul ou en collaboration (notamment avec Bernard Rosier). En fidèle « lecteur de larmée morte1 », il ne se limite pas aux figures imposées, souvent anglo-saxonnes et récentes, mais retrace pleinement la vitalité et la pluralité de la pensée économique.

Tout au long de ce premier tome, le projet de départ est respecté, cest-à-dire la juxtaposition très équilibrée entre histoire et théories. On a en effet de nombreux livres sur lhistoire du capitalisme (notons par exemple la traduction récente de louvrage de Joyce Appleby2), 271quelques-uns sur lévolution des théories de la croissance et des cycles, aucun à ma connaissance qui marie aussi intimement les deux. De multiples citations donnent envie de lire ou de relire les économistes, notamment dans ce quils écrivent les uns à propos des autres (Keynes sur Hume, par exemple) et plusieurs évocations de romanciers viennent éclairer lesprit du temps. Un exemple avec cette phrase de Balzac dans César Birotteau : « Tu viens de voir la Banque sans la mascarade de ses formes agréables. Les événements imprévus sont la vis du pressoir, nous sommes le raisin, et les banquiers sont les tonneaux » (p. 247). Dans toute la construction de louvrage, le passé entre en résonnance avec le présent, et un index très complet à la fin de louvrage permet de repérer lensemble des thèmes et concepts abordés.

Puisquil est de coutume dans ce genre dexercice de pointer certaines limites, sacrifions à lusage3. Jévoquais au début de cette notule la rencontre entre lancien et le nouveau monde : dans les presque mille pages de louvrage de Pierre Dockès, la mondialisation est bien évidemment évoquée, en particulier via linfluence britannique, mais « lextérieur » des économies occidentales semble parfois distant. Le lecteur saisit très bien la dimension internationale du capitalisme industriel, cependant les répercussions concrètes en Asie, en Afrique et ailleurs sont juste esquissées. On comprend parfaitement que la masse dinformations et de références déjà organisées laissait peu de place à ce type de considérations, et on attend la parution du second tome pour savoir si cet angle sera développé. En tout cas, cette rencontre entre le monde de lhistoire économique et celui des théories a trouvé dans ce livre vif et érudit un scribe particulièrement inspiré.

Bibliographie

Appleby, Joyce [2010], Capitalisme. Histoire dune révolution permanente, traduit de langlais (États-Unis) par Laurent Bury, Paris, Piranha, 2016.

Dockès, Pierre et Servet, Jean-Michel [1992], « Les lecteurs de larmée morte. Note sur les méthodes en histoire de la pensée économique », Revue européenne des sciences sociales, Vol. xxx, No 92, p. 341-364.

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Paulin Ismard, La démocratie contre les experts. Les esclaves publics en Grèce antique, Paris, Seuil, 2015.

Laurent Dartigues

CNRS, Triangle, ENS Lyon

La parution récente (2015) de létincelant essai de Paulin Ismard, sur lesclavage public antique4 donne loccasion de découvrir ce pan de lesclavage largement méconnu. En partie parce que, infime parcelle du monde des esclaves antiques qui sont essentiellement les propriétés privées des hommes libres, les historiens de lantiquité, à la suite de la distinction effectuée par Moses Finley entre sociétés à esclaves et sociétés esclavagistes, ne pouvaient le considérer que comme une exception. Lhypothèse centrale de P. Ismard est que « notre représentation spontanée de lesclavage, habitée par les images des sociétés coloniales du Nouveau Monde, peine à admettre que certains serviteurs, tout en étant des esclaves, aient pu détenir des positions de pouvoir et jouir dune condition privilégiée » (p. 97)5.

Spécialiste de lantiquité grecque quil pratique non en philologue, mais en anthropologue historique dans une lignée qui le rattache à Jean-Pierre Vernant ou Nicole Loraux, lauteur affiche toutefois une ambition qui dépasse le seul cadre de lérudition antique. Lenjeu de cet essai est en effet tout autant politique, en interrogeant à la fois la relation que la pensée « occidentale » entretient avec la démocratie athénienne et les rapports qui se nouent entre la démocratie et lexpertise.

Louvrage est composé de cinq chapitres, les trois premiers sefforçant de caractériser ces « étranges esclaves » non pas tant dans la Grèce ancienne que dans lAthènes antique, les deux derniers cherchant à spécifier létrangeté de la cité athénienne en suivant ce que lesclavage 273public dit de la manière dont elle concevait la fonction dexpertise au sein de sa démocratie.

Malgré « le relatif silence de la littérature ancienne au sujet de ceux qui furent, à leur manière, les premiers fonctionnaires des cités » (p. 15), les sources épigraphiques peu nombreuses et linterprétation de bouts de textes de statuts divers permettent, néanmoins et non sans difficultés, de montrer que les esclaves publics (dêmosioi), qui sont la propriété collective de la cité, assurent de nombreuses tâches administratives, dans le domaine des écritures publiques – ils sont notamment comptables et font linventaire des biens publics –, dans le domaine de la monnaie – ils ont en particulier le pouvoir de retirer et cisailler la monnaie contrefaite –, dans le domaine judiciaire et dans le domaine de la police. Et sils restent des corps-marchandises dépourvus didentité légale, ils bénéficient de privilèges assez surprenants au vu de leur statut. Ils sont en effet rémunérés, leur fonction est renouvelable – jusquà 17 ans selon une source –, contrairement aux magistratures dont les titulaires sont changés tous les ans. Les dêmosioi ont un droit de transmission patrimoniale, disposent dun « privilège de parenté », à savoir lusage dun patronyme à côté du nom personnel et peuvent également prendre la parole en leur nom propre devant les tribunaux.

Ainsi, P. Ismard note que les activités des dêmosioi relèvent du service que la cité athénienne désigne dun terme bien déconcertant : le « service libre ». De fait, les privilèges des esclaves publics sembleraient dessiner un statut intermédiaire entre le citoyen libre et lesclave. Ou, plus précisément, entre lhomme libre non citoyen (le métèque ou laffranchi) et lesclave propriété privée. Mais P. Ismard rappelle quil faut se défaire de la représentation dune échelle continue (unitaire) et ordonnée (hiérarchisée) des statuts. La société athénienne ne présente pas une structure homogène : lespace social de la cité à lâge classique est « pluridimensionnel » (p. 128), mais aussi fermé car il y a peu de possibilités de sextraire des déterminations statutaires.

Aux questions épistémologiques et historiques quil pose au sujet de lappréhension et de la description de lesclavage public, P. Ismard ajoute un questionnement politique sur les fondements politiques de la cité athénienne, et par là même sur la manière dont limaginaire occidental a investi la démocratie grecque en particulier depuis le xixe siècle. En premier lieu, il note quil convient de prendre acte que 274le fonctionnement de la démocratie athénienne ne repose pas que sur le tirage au sort des charges politiques ou lincessant remplacement des titulaires de ces magistères, mais aussi doit être rapporté à linstitution de lesclavage public. En second lieu, il souligne que cette institution offre un écart saisissant par rapport à la place qui est ménagée à lexpertise dans le cadre de nos démocraties modernes. En effet, si lon estime aujourdhui que lexpertise doit précéder la décision politique tout en étant hors du champ de contrôle citoyen, les Athéniens anciens pensent autrement. Non quils méprisent l« expertise », ne serait-ce que parce que les compétences spécialisées et spécifiques des esclaves publics sont nécessaires au fonctionnement de leur cité. Simplement, ils les soumettent par le biais de leur statut desclaves et les maintiennent hors de lespace de délibération généralisée qui draine toute la vie politique de la cité.

Linstitution de lesclavage public est en réalité à rapporter à lidéal civique athénien qui interdit que la détention dun savoir spécialisé puisse légitimer la détention dun pouvoir sur la communauté civique. Et cest parce que la cité grecque appréhende ce savoir comme une menace pour lordre démocratique que certaines tâches requérant une forme dexpertise sont confiées aux esclaves publics qui sont par définition exclus de la communauté des citoyens. Il sagit déviter quils puissent par transmission des charges constituer un ordre autonome susceptible de défendre ses intérêts.

Le discours civique à lâge classique ressort ainsi dune « théorie associationniste de la compétence politique » (p. 151) qui postule une rupture entre les technê et la capacité politique. Elle envisage de plus cette capacité comme le résultat dune circulation, entre tous les citoyens, de savoirs inégalement distribués quil sagit de mobiliser en organisant le maximum dinteractions sociales pour produire un savoir public utile à lintérêt commun. Ce que lauteur appelle lépistémologie démocratique de la cité tient donc dun savoir entièrement délibératif, puisque du point de vue de la cité cest « de la délibération politique entre citoyens “non spécialistes” ou “amateurs” [que] pouvaient surgir un savoir collectif utile à la cité » (p. 133). Ce faisant, lessence du politique ne réside donc pas dans ce que daucuns voient pourtant comme lhéritage grec, à savoir la division sociale entre ceux qui savent et donc commandent et ceux qui ne savent pas et donc obéissent.

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Au regard de cette spécificité grecque de la représentation de lÉtat, P. Ismard interprète lesclavage public en opérant un déplacement par rapport à une conception dinspiration clastrienne qui verrait, non sans raison précise-t-il toutefois, le dêmosios comme « la marque dune résistance de la polis à lémergence dun appareil dÉtat » (p. 176). Lauteur avance dès lors une thèse qui dépasse la polarisation entre société sans État et État moderne : elle énonce que « lÉtat ne sest jamais incarné autrement que dans la pure négativité du corps-esclave du dêmosios » (p. 179).

Au fond, lesclavage public est en quelque sorte le refoulé de la cité démocratique athénienne. P. Ismard relève dailleurs que ce ne sont point les traités politiques qui abordent ce qui noue lorganisation de la cité à lesclavage public. Laffaire est en effet à chercher « dans le clair-obscur détranges scénographies qui placent des figures desclave public ou royal au centre de leur dispositif » (p. 179). Ces sortes de « héros secrets de lÉtat grec » (p. 180), P. Ismard les repèrent aussi bien dans la dernière scène du Phédon de Platon qui voit Socrate sentretenir juste avant sa mort avec un dêmosios qui serait dune certaine façon le dépositaire de lenseignement socratique, que dans une scène des Actes des apôtres relatif au fait que cest un esclave royal, premier non-juif baptisé, qui semblerait au cœur du grand récit de lexpansion de lÉvangile.

Au fondement de la démocratie athénienne, il y aurait donc à la fois le refus politique de lÉtat, puisquelle organise lexclusion des tâches administratives de la cité hors du champ du politique, et le refus que lÉtat fonctionne comme une instance séparée de la société, puisque les esclaves publics demeurent soumis à la communauté des citoyens. Cette énigme, pour reprendre le mot de P. Ismard, de lÉtat en Grèce ancienne fait dailleurs lobjet dun chapitre entier, et cest une autre façon de formuler autrement ce que le dêmosios dit de la cité grecque classique.

Les historiens ont esquivé dune certaine manière la question en assimilant lorganisation étatique de la cité grecque à lÉtat moderne (et que le vocable créé au xixe siècle de « cité-État » – traduction de la polis – dune certaine façon condense). Mais cette analogie tombe au regard de la singularité de la polis grecque qui ignore lidée dun corps de fonctionnaires détenteurs de la puissance publique, fait fi de lidée dun corps de citoyens faisant profession politique – elle lui substitue 276les fameux tirages au sort annuels –, refuse lidée dun corps politique de représentants du peuple – ce sont des mandataires sous contrôle permanent des citoyens et révocables à tout moment par eux. Dans la pensée classique grecque, personne ne peut agir au nom dun autre, la délégation est dailleurs envisagée dans les termes de laliénation ou de la servilité.

À bien des égards, cet essai est stimulant et mérite dêtre lu bien au-delà des spécialistes de lAntiquité. Il intéressera notamment lhistoire de lesclavage et plus précisément lhistoire économique dont les travaux portent en général sur lesclavage de plantation.

Elle aurait à adresser à ce travail remarquable un certain nombre de questions. Il ne sagira pas simplement de se demander ce que les esclaves publics deviennent quand prend fin leur charge administrative. À ce sujet, P. Ismard informe que les fils de dêmosioi peuvent devenir citoyens sans passer par le statut daffranchi. Le questionnement économique sinterrogerait certainement sur le coût de cette administration aux mains des esclaves, sur les procédures de contrôle de la gestion des affaires publiques et monétaires par les dêmosioi ou de la formation de ces esclaves publics à des techniques administratives pointues, que ce soit à propos de la monnaie ou des écritures. À ce sujet, louvrage demeure muet. Plus généralement, ce questionnement concernerait la gestion économique dune propriété collective et les effets économiques de cette économie esclavagiste singulière. Ici aussi, P. Ismard reste silencieux, son angle danalyse privilégie la question du « coût » politique dune expertise en particulier économique confiée aux dêmosioi.

Souhaitons que la découverte de nouvelles sources permette dapprofondir la connaissance de lesclavage public, que Finley avait négligé, au sein des sociétés esclavagistes dans lesquelles des formes proches, tel lesclavage de la couronne, savèrent être non pas une exception mais une chose commune dans le temps et dans lespace.

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Simona Pisanelli, Condorcet et Adam Smith. Réformes économiques et progrès social au siècle des Lumières. Traduction de lauteure et de Marie-Noëlle Rognon, Paris, Classiques Garnier, Collection Bibliothèque de léconomiste, No 16, 2018, 214 pages.

Marie-Claude Royer

Université de Reims Champagne-Ardenne

Cet ouvrage a été publié par les éditions les Classiques Garnier en 2018 dans la collection « Bibliothèque de léconomiste ». Il nest pas fait mention de lédition en italien. Cest regrettable car louvrage a été écrit dans cette langue avant dêtre traduit en français par lauteure aidée dune amie comme le précisent les dernières lignes de lintroduction (p. 29). Une importante bibliographie (17 pages) et un Index des noms utilisés se trouvent en fin douvrage6.

Les 10 pages introductives développent les motifs pour lesquels et la manière dont Simona Pisanelli souhaite aborder le contenu des réformes et du progrès social dans lœuvre de ces deux philosophes des Lumières. Elle déclare sêtre intéressée à la belle figure de Condorcet et souligne que, loin dêtre un doux rêveur idéaliste, celui-ci sest, tout au long de sa vie, penché sur des problèmes économiques très concrets, persuadé que le bien-être matériel était une condition de lémancipation humaine. Sa lecture de Condorcet lui paraît indiquer que ce dernier a eu connaissance de lœuvre de Smith et que la proximité entre la pensée des deux philosophes serait, peut-être, le résultat de rencontres réelles entre eux lors du séjour de Smith en France. Elle se donne, donc, pour tâche déclaircir ce point. Sa démarche se déroule en cinq étapes. Suivent donc autant de parties.

1. La rencontre entre A. Smith et Condorcet (p. 21-44)

Cette partie porte comme sous-titre « Un épisode à élucider ». Le lecteur ne voit pas très bien lapport de ce titre, il ny pas eu dénigme à élucider, 278la rencontre physique na pas eu lieu. La digression, en fait, porte sur la date de naissance de Sophie de Grouchy, future Madame de Condorcet (p. 45). Que les deux philosophes se soient connus par lentremise de leurs écrits réciproques suffit à justifier leur rapprochement. Quoiquil en soit cette partie, essentiellement biographique, tente de préciser quelle fut la diffusion de lœuvre des deux philosophes au xviiie siècle.

2. Libre circulation des grains et équilibres de marché (p. 45-72)

Demblée, lauteur rappelle la difficulté quil y a, pour le chercheur, à restituer la démarche dun philosophe du xviiie siècle trop souvent déformée par le filtre du positivisme triomphant au xixe siècle : « En fait, à partir de la seconde moitié du xixe siècle, on a considéré les penseurs des Lumières soit dans loptique des répartitions spécialisées des sciences sociales, soit dans le but de trouver chez ces penseurs les précurseurs didées, de catégories et de visions qui mûrissent au xixe siècle » (p. 171). Lauteur sattache à présenter la vision du monde des philosophes, vision quasi-universaliste qui fait, par exemple, de lindividu et de la communauté des hommes, deux notions complémentaires et non pas opposées7.

Cela influence donc les débats économiques autour de lindividualisme et de la nécessaire (ou non) intervention de lÉtat qui ne sont pas sans évoquer des positions contemporaines. Les mêmes remarques peuvent être faites à propos de la partie suivante.

3. Des impôts (p. 73-103)

Simona Pisanelli évoque la démonstration par les deux philosophes de la nécessité de limposition pour les sociétés humaines. à partir de cette constatation, il paraît clair, quà leurs yeux, un bon impôt est un impôt juste et dont la levée est peu coûteuse pour lÉtat. Sen suivent quelques pages relatives à limpôt sur le luxe, par exemple sur le tabac, qui soulignent combien la question est ancienne.

4. Lesclavage au siècle des Lumières (p. 109-131)

Comme dans la partie précédente, le lecteur est face à de véritables tableaux qui font le point sur les débats philosophiques de lépoque. Pour ce faire, lauteure a recours à de nombreuses citations qui en soulignent limportance. Lopposition est décrite, avec justesse, comme 279frontale entre les tenants de lémancipation humaine et les défenseurs de léconomie coloniale. Le travail salarié est présenté comme une solution puisquil permet daugmenter la productivité. Les positions de Smith et Condorcet ne sont évoquées, curieusement, que dans la partie suivante.

5. Condorcet et Smith (p. 151-182)

Ce qui rassemble les deux philosophes, cest la prééminence de lémancipation humaine. Cest dailleurs là, la caractéristique du siècle des Lumières. Condorcet se signale par une position philosophique et politique sans ambiguïté. Smith, lui, arrive à la même conclusion, mais en éprouvant le besoin de la justifier par la nécessité dune modernisation de léconomie de marché. Condorcet ayant été à la fois philosophe, académicien, journaliste, homme politique au cœur de laction révolutionnaire, il nétait pas difficile de constater son opposition féroce à lesclavagisme. La tâche est plus subtile pour Simona Pisanelli, en ce qui concerne Smith. Il lui faut évoquer le changement de la société qui, pour prospérer, a besoin dindividus libres : « Dans le cadre de ce cercle vertueux sinsère la conviction smithienne que lesclavage nest pas négatif uniquement pour lesclave, mais quil est aussi économiquement désavantageux pour la société en général » (p. 187).

6. Conclusion

Louvrage se termine par des Conclusions (p. 183-188)

Simona Pisanelli souligne le nouvel intérêt de nos sociétés pour la philosophie des Lumières. Selon elle, cest au cœur du xviiie siècle que se sont forgés certains des débats essentiels pour nos sociétés modernes tels que lévolution des systèmes économiques, la spécificité des systèmes productifs modernes ou encore lépineuse question de lémancipation humaine. Elle en profite pour revenir sur la fausse dichotomie individu/société imposée par nos sociétés modernes alors que « durant les Lumières, on était conscient que le bonheur privé ne pouvait assumer un caractère durable (et à long terme) que si on lassociait au bonheur public, à savoir, au processus général démancipation de lhomme que le monde moderne rendait possible ». La chercheuse en conclut donc quune étude de ces deux philosophes peut nous fournir « non pas des solutions, mais des grilles de lecture utiles pour connaître et examiner de façon critique la réalité économique et sociale de notre époque ».

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Outre les maladresses de style, vraisemblablement dues à une traduction approximative, louvrage laisse une impression de fouillis, de manque de rigueur. Il présente, certes, des remarques critiques fort intéressantes et de nombreuses références qui soulignent le travail approfondi de lauteur. Mais, elles sont souvent noyées dans un flot de digressions8 voire de redites9. Le lecteur ne peut être quintéressé par cette tentative de restaurer un regard autre sur la place des sciences économiques afin de les insérer dans une vision globale de lémancipation humaine. En rangeant, cloisonnant, hiérarchisant toutes nos connaissances, le positivisme du xixe siècle nous a menés à aborder ces deux philosophes en oubliant leur vision universaliste du perfectionnement de lesprit humain.

Paradoxalement, Simona Pisanelli dénonce cet état de fait, par exemple en soulignant que la pensée de Smith, aussi bien que celle de Condorcet, sinscrit dans un cadre philosophique plus vaste que lon ne peut négliger sous peine de faire de graves erreurs dinterprétation comme celle relative à la notion dindividualisme. Mais, en même temps, elle se laisse prendre au piège de la simplification jusquau point de parler de perfectionnement humain à propos des thèses de Condorcet alors que le philosophe, lui, parle de perfectionnement de lesprit humain.

Lensemble donne limpression dun travail inabouti, qui fait naître chez le lecteur le sentiment de lire des notes de recherche non encore articulées autour dune véritable démarche. Lauteur semble avoir travaillé dans lurgence. Dans le même ordre didées, et peut-être à cause de cette urgence supposée, cet ouvrage mériterait une meilleure traduction en langue française, certaines phrases savérant obscures10 ou, plus grave encore, certains termes conduisant à de véritables contresens11.

Néanmoins, il y a, dans ce petit texte, une véritable tentative de renouvellement de la pensée économique en lélargissant à la vision 281philosophique quen avaient Les Lumières en particulier A. Smith et Condorcet au xviiie siècle. La dernière phrase de lauteur est, dailleurs, une invite à explorer, de nouveau, les voies ouvertes par ces deux philosophes, en particulier en ce qui concerne les rapports homme-nature et homme-société.

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Gérard Klotz, Philippe Minard, Arnaud Orain (dir.), Les voies de la richesse ? La physiocratie en question (1760-1850), Presses universitaires de Rennes, 2017, 330 pages.

Yusuke Ando

Rikkyo University

En 1758, François Quesnay inventa le Tableau économique. Selon Dupont de Nemours, le propagateur infatigable de lécole physiocratique, il sagissait dune « formule étonnante qui peint la naissance, la répartition et la reproduction des richesses, et qui sert à calculer avec tant de sûreté, de promptitude et de précision, leffet de toutes les opérations relatives aux richesses » (Dupont de Nemours, 1910, p. 9). Il annonçait également la découverte de l« ordre naturel » auquel la société est assujettie et lémergence dune « science nouvelle », léconomie politique. Il fut immédiatement lobjet dun grand nombre dobjections, critiques et moqueries. Cela tenait dune part au ton dogmatique et triomphaliste des physiocrates, dautre part, et surtout, au fait que cette doctrine semblait éloignée de la « réalité ». Louvrage entend rendre compte de ces courants et des réactions anti-physiocratiques, aujourdhui, bien souvent négligés. Louvrage est issu dune sélection de contributions au Colloque international, Lantiphysiocratie : critique et opposition au mouvement physiocratique de la fin des années 1750 au milieu du xixe siècle qui sest tenu à Lyon les 12 et 13 avril 2013.

Il se compose de dix chapitres regroupés en quatre parties : « Œconomes » et financiers contre la physiocratie : les cas Béardé de lAbbaye et Pesselier ; La 282critique analytique de la physiocratie : le tournant des années 1760-1770 ; Lopposition aux derniers physiocrates sous la Révolution et lEmpire ; Les derniers feux de lantiphysiocratie au xixe siècle : les Saint-simoniens et Tocqueville.

Le terme « antiphysiocratie » ne signifie pas, pour autant, quexistaient une École ou un groupe quelconque en tant que tels. Selon les éditeurs de cet ouvrage, la littérature antiphysiocratique se présentait plutôt comme une « nébuleuse ». Cependant, pourvu que lon y prête attention, cette littérature fait partie de lhéritage du long xviiie siècle (1760-1850) à lhistoire de la pensée économique. Les chapitres traitent non seulement des adversaires familiers des physiocrates, comme Galiani, Linguet ou Forbonnais, y compris Turgot autrefois proche de lÉcole, mais aussi dauteurs moins connus comme Béardé de lAbbaye ou de Pesselier. Des personnages représentatifs de la période révolutionnaire jusquà lEmpire (Sieyès et Jean-Baptiste Say) et les esprits au milieu du dix-neuvième siècle (les Saint-simoniens et Tocqueville) font également lobjet dattention.

Louvrage souvre par une présentation de la physiocratie, de ses œuvres principales et de son contexte historique avec une présentation exhaustive de létat actuel des études.

Dans la première partie, « “Œconomes” et financiers contre la physiocratie : les cas Béardé de lAbbaye et Pesselier », les travaux de ces deux auteurs « mineurs », souvent oubliés12, sont analysés. Leurs discours portent sur le cœur de la théorie physiocratique : le libre-échange, la fiscalité ou encore léducation. Leurs objections et critiques ont un effet de dévoilement, elles montrent combien le programme physiocratique sinscrivait dans un combat contre les intérêts acquis et que limpact sur le régime établi était loin dêtre négligeable.

Trois refus caractérisent la démarche de Béardé de lAbbaye. Ils le conduisent à le qualifier de « néo-mercantiliste » : refus du libre-échange, de lexistence dune harmonie des intérêts et de la priorité des productions agricoles sur le commerce extérieur. Dans ses travaux, on peut également déceler une tendance « caméraliste », puisque, dune part il défendait les Compagnies ayant des privilèges exclusifs, et surtout, dautre part, il prétendait quil existait une concordance entre les intérêts de lÉtat et ceux des grandes Compagnies, tous deux contribuaient au revenu public. Pesselier dénonçait le projet de léducation publique et 283de la réforme fiscale physiocratique. Entre autres, il sattaqua point par point à la Théorie de limpôt de Mirabeau qui proposait labolition des impôts indirects et la suppression la Ferme générale. Le plus étonnant est que cet homme conservateur à lencontre des Lumières ait rédigé sept articles dans lEncyclopédie.

La deuxième partie, composée de quatre chapitres, se déroule dans cette période de vifs débats (1760-1770). Il y a, dune part, une tension entre léconomie politique naissante et la société existante avec sa propre histoire et, dautre part, des discussions qui sintensifient au sein de lanalyse économique en pleine élaboration.

Galiani et Linguet intervinrent, chacun à leur manière, dans le débat de la libéralisation du commerce des grains. Pour le premier, ce qui importait, cétaient les circonstances concrètes et les institutions historiquement établies plutôt que les principes abstraits. Ce diplomate napolitain, inspiré par Giambattista Vico, refusait la méthode « géométrique » de la physiocratie. Linguet, de son côté, qui avait lancé nombre darguments singuliers, parfois contradictoires, nignorait pas la division sociale entre les pauvres et les riches. Même sil nétait quun amateur en science économique proprement dite, il était très disert au sujet du « droit à vivre ».

Forbonnais et Turgot étaient adversaires de lÉcole sur le plan analytique. Forbonnais sinterrogeait sur la pertinence du Tableau économique comme modèle de léconomie et critiquait son abstraction. Pour lui, le Tableau tient plus de lesprit de système que de la science, puisquil ne fait que combiner des chiffres et se focalise uniquement sur une classe particulière. Aux yeux de Turgot, qui étudia en profondeur la notion de capital et son rôle décisif dans la reproduction des richesses, la conception des avances chez Quesnay était contestable. En articulant la circulation dargent et le commerce dargent, Turgot affirma que le profit comme rémunération du capital investi ne pouvait pas se limiter au secteur agricole.

La troisième partie présente la doctrine physiocratique non comme une théorie économique au sens étroit, mais plutôt comme une économie politique incluant lorganisation sociale ou la disposition des pouvoirs. Cest illustré par deux cas : lébauche de la Constitution en 1795 proposée par Sieyès, opposé aux idées des physiocrates, et le débat entre J.-B. Say et Dupont de Nemours autour de la définition de léconomie politique.

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Certes, Sieyès sest opposé à lÉcole sur plusieurs points, cependant son projet de Constitution reprit plusieurs de leurs thèses. Notamment, il refusait la « balance » des pouvoirs, et souligna limportance dun « jury » chargé de lexpertise lors de la confection des lois. Pour lui, comme pour les physiocrates, toutes les lois positives se devaient dêtre conçues du point de vue intellectualiste, non pas volontariste. La discussion entre Dupont de Nemours et Jean-Baptiste Say, nous est parvenue au travers de leur correspondance. Say, sappuyant sur une relecture de la Richesse des nations, rejeta lensemble des conceptions des physiocrates leur méthode ainsi que le caractère exclusif de la productivité de la terre. Pour Say les activités de service (le commerce donc) étaient tout aussi productives que la terre. La logique de Say conduit au rejet du fondement même de la démarche des physiocrates, le concept de « produit net ». Dans le « Discours préliminaire » qui ouvre son Traité déconomie politique, J.-B. Say entendait fonder la spécificité de lÉconomie politique par rapport à la Politique proprement dite. Pour cela il présenta les divers travaux qui lui semblait relever de cette « science » spécifique, les physiocrates y tiennent toute leur place. Sil maintint ses critiques à légard de leur « langage dogmatique et abstrait » ainsi quau caractère exclusif de lagriculture à lorigine des richesses, il mentionna lÉcole comme étant « un acheminement à des idées plus justes », vantant leur libéralisme. En somme il inscrivait les physiocrates comme une étape utile dans lhistoire de la pensée économique.

Bien que le mouvement physiocratique se soit fait remarquer dans les années 1750-1770, ses écrits et ses idées nont pas cessé dêtre discutés parmi les auteurs de premier rang dans les années 1850. Lhéritage intellectuel de Quesnay et de ses disciples na pas complètement disparu. Les deux chapitres de la quatrième partie concernent le début du socialisme au xixe siècle.

Les Saint-simoniens partageaient avec les physiocrates lesprit de système, cest-à-dire, lattitude qui consiste à organiser la société suivant un projet, bien que lidéal à réaliser soit le royaume agricole pour ceux-ci et la société comme le « grand atelier » pour ceux-là. En observant cette tendance commune entre les physiocrates et les socialistes, Tocqueville sonnait lalarme contre la centralisation des administrations, la politique de top-down, et la préférence du bonheur matériel aux libertés politiques. 285Pour lauteur de LAncien Régime et la Révolution, la vision physiocratique des réformes constituait une menace à la fois ancienne et nouvelle.

Louvrage entend démontrer la fertilité intellectuelle des littératures antiphysiocrates : lentrecroisement dynamique de léconomique et du politique, les controverses ou les méandres en ce qui concerne les réformes du royaume et les directions quelles prirent, le rapport incontournable entre savoir et pouvoir, etc. On ne saurait trop souligner limportance des discours contre la doctrine physiocratique.

Le mérite de cet ouvrage nest pas seulement de révéler beaucoup de nouveautés dans lhistoire de la pensée économique, mais aussi de mettre en cause la marche des sciences sociales depuis environs 250 ans. Ces années sont souvent présentées comme une histoire magistrale où la « science économique » construit son indépendante et sa position dominante au moyen de la formalisation et de la mathématisation. Mais derrière cette histoire brillante et orthodoxe, dans son ombre, existe le courant des idées hétérogènes, comme une « nébuleuse », que lon ne peut pas suivre linéairement. Cest cela même que ce volume met en évidence.

Dautres « nébuleuses » de la littérature antiphysiocratie sont à découvrir, « nébuleuses » qui, pour reprendre les termes dYves Citton (2004), regroupent des « critiques dont les principes, les angles dattaque et les visées nont que très peu en commun ». Louvrage ne saurait couvrir toutes les dimensions de lantiphysiocratie, de nombreuses questions restent à démêler, annonçant ainsi des travaux à venir. Par exemple, comment évaluer le Compte rendu au roi par M. Necker (Imprimerie royale, 1781) qui, pour rendre compte de létat de la France, sest appuyé autant que les physiocrates sur des calculs et des comptes ? Que peut-on ajouter aux critiques de Georges-Marie Butel-Dumont sur un développement économique qui privilégierait les propriétaires fonciers alors que, selon lui, le « Luxe » joue un rôle clé pour la prospérité économique des nations, comme lannonce sans ambiguïté le titre de son ouvrage à tonalité anti physiocratique sil en est, Théorie du luxe ou Traité dans lequel on entreprend détablir que le luxe est un ressort non seulement utile, mais même indispensablement nécessaire à la prospérité des États (1771) ? Quelles furent les réactions de lopinion publique à légard de lÉcole de Quesnay dans cette seconde partie du xviiie siècle ?

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Références bibliographiques

Citton, Yves [2004], « Lécole physiocratique au cœur ou dans les marges des Lumières » ?, in Masseau, Didier (dir.), Les Marges des Lumières (1750-1789), Genève, Droz, p. 99-112.

Dupont de Nemours, Pierre-Samuel [1768], De lorigine et des progrès dune Science nouvelle, P. Geuthner, 1910.

Weulersse, Georges [1910], Le mouvement physiocratique en France (de 1756 à 1770), Paris, F. Alcan, 2 vol.

1 Dockès & Servet, 1992.

2 Appleby, 2016.

3 Quelques très rares coquilles : la Wisselbank ne fut pas fondée en 1606 (p. 60) mais en 1609 (comme il est bien écrit page 172 et suivantes) ; dans la note p. 188, il sagit de Lowndes avec un seul s ; Brandeis cité p. 389 nest pas dans la bibliographie. Page 402, il sagit de la panique de 1907 et non de 2007.

4 Il a reçu le Grand prix des Rendez-vous de lhistoire de Blois en 2015 et le Prix François de Millepierres de lAcadémie française en 2016. Il a été récemment traduit et publié en 2017 aux Presses universitaires de Harvard sous un titre qui fait dailleurs disparaître la notion de « public » : Democracys Slaves. A Political History of Ancient Greece.

5 Les références indiquées par la page renvoient à louvrage recensé.

6 Les références indiquées par la seule page renvoient à louvrage recensé.

7 Certes, lauteure annonce dans lIntroduction les points par lesquels elle souhaite cheminer, mais, il ne paraît pas y avoir de plan général. Le lecteur est amené à passer dun philosophe à lautre sans perspective densemble et sans quil paraisse y avoir de progression.

8 Par exemple, les rappels relativement longs sur les débats de lépoque relatifs à limpôt unique, les corvées ou encore lesclavage, sans réelle référence aux écrits de Smith ou de Condorcet.

9 Entre autres redites, celle qui concerne la date de naissance de Sophie de Grouchy, p. 29 et p. 43.

10 Idem, voir la première phrase p. 151 ou encore la dernière phrase p. 187.

11 Question de traduction. Dans cet ouvrage la traduction de litalien « illuminismo » en langue française na pas retenu la différence radicale que la langue française opère entre « lilluminisme », théorie du xviiie siècle qui fait référence à une inspiration divine, et la philosophie des Lumières qui, elle, pose comme principe la prééminence de la Raison humaine. Le lecteur doit éviter un véritable contresens qui découlerait de cette confusion.

12 Encore que Georges Weulersse leur ait consacré quelques pages.