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Classiques Garnier

Revue des livres

  • Type de publication : Article de revue
  • Revue : Revue d’histoire de la pensée économique
    2018 – 1, n° 5
    . varia
  • Auteurs : Steiner (Philippe), Bensimon (Guy), Herland (Michel), Rivot (Sylvie)
  • Pages : 317 à 333
  • Revue : Revue d’histoire de la pensée économique
  • Thème CLIL : 3340 -- SCIENCES ÉCONOMIQUES -- Histoire économique
  • EAN : 9782406080688
  • ISBN : 978-2-406-08068-8
  • ISSN : 2495-8670
  • DOI : 10.15122/isbn.978-2-406-08068-8.p.0317
  • Éditeur : Classiques Garnier
  • Mise en ligne : 08/06/2018
  • Périodicité : Semestrielle
  • Langue : Français
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Jean-Baptiste Say and Political Economy, Text by Jean-Baptiste Say, translated and edited by Gilles Jacoud, Routledge, 2017, 277 p.

Philippe Steiner

Gemass – Université Paris-Sorbonne

Cet ouvrage contient la traduction anglaise dune série de textes avec lesquels Jean-Baptiste Say a introduit les cinq éditions de son Traité déconomie politique (1803, 1814, 1817, 1819, 1825), certains de ses enseignements au Conservatoire des Arts et Métiers (1820, 1828), puis au Collège de France (1831, 1832) et, finalement, son Cours complet déconomie politique pratique (1828). À cet ensemble de textes introductifs, léditeur du volume a judicieusement ajouté le chapitre consacré à lhistoire de léconomie politique dans le dernier volume du Cours complet (1830), flanqués dun extrait de son long article sur léconomie politique paru dans lEncyclopédie progressive (1826), et de la bibliographie de léconomie politique que Say avait placée à la fin de ce texte. Ces 12 textes permettront au lecteur non francophone de trouver rassemblés en un seul volume des réflexions de nature essentiellement méthodologique, un thème dont on ne saurait trop souligner limportance lorsquil sagit de comprendre la position de Say vis-à-vis de ses contemporains britanniques.

Le lecteur francophone peut quant à lui se reporter aux volumes déjà édités des Œuvres complètes de J.-B. Say pour y trouver lessentiel des textes sélectionnés avec lédition variorum du Traité déconomie politique (Œuvres complètes, volume 1, tome 1), le Cours complet déconomie politique pratique (Œuvres complètes, volume 2) et les introductions des cours au Conservatoire et au Collège de France dans le volume consacré aux enseignements de Say (Œuvres complètes, volume 4) – que jai eu le plaisir déditer en compagnie de Gilles Jacoud. Seul le texte paru dans lEncyclopédie progressive manque ; il sera rapidement disponible dans le volume 6 des Œuvres complètes (De la décade Philosophique à la Revue Encyclopédique), en préparation, qui contiendra lensemble des articles publiés par Say.

Pour le lecteur francophone, lintérêt de ce volume tient dans lintroduction avec laquelle léditeur présente son travail. Outre un 318rappel des dates clés de lœuvre de Say et de son activité dans la période qui va de la Révolution française à sa nomination au Collège de France, G. Jacoud met justement laccent sur limportance de ces textes introductifs lorsquil sagit de comprendre la manière dont Say envisage léconomie politique. Dès le départ, léconomiste français est marqué par le projet de diffuser léconomie politique dans lopinion publique française et européenne, diffusion dont il attend des effets bénéfiques pour lactivité économique dune part, pour lordre politique de lautre. Les lumières répandues dans lopinion publique, ladministration, le gouvernement et dans lélite économique – il ne faut pas oublier que le célèbre chapitre sur la loi des débouchés souvre sur une féroce critique des aprioris erronés qui nourrissent les demandes protectionnistes des entrepreneurs – feront que de saines pratiques vont pouvoir se mettre en place à tous les échelons de la société. Les différents textes montrent la continuité forte qui existe dans lœuvre de léconomiste français sur ce point.

Cette introduction est également loccasion pour G. Jacoud de rappeler le fait que Say se montre de plus en plus critique des développements que ses collègues et amis britanniques tirent de lœuvre dAdam Smith qui leur sert à tous de point de départ. Say qui est tout autant théoricien que Malthus et Ricardo en visant ce quil appelle « les faits généraux » – que G. Jacoud assimile un peu vite à la notion dordre naturel laquelle comporte pourtant une dimension dextériorité vis-à-vis de la vie sociale que ne suppose pas la notion sayenne de « fait général » – ne souhaite pas entrer dans des débats décole, scholastique dit-il même, afin de ne pas affaiblir la dimension pratique de léconomie politique. Lintérêt des textes sélectionnés tient justement au fait quils permettent dune manière commode au lecteur anglophone de se saisir de cette dimension de lœuvre de Say après la Restauration. Judicieusement, G. Jacoud met à part lintroduction de la première édition du Traité, dont la structure et le contenu diffèrent significativement des suivantes ; puis il approche les introductions des deuxième, troisième et quatrième éditions au moment où le différent avec Ricardo na pas encore pris corps comme le fait par contre bien voir lintroduction de la cinquième édition (la sixième publiée dune manière posthume ne contient que très peu de modifications) où lopposition devient explicite. Au point que, comme le relève G. Jacoud, Say ne fait figurer aucun texte de Ricardo dans la 319bibliographie annexée à son article « Économie politique » de lEncyclopédie progressive en 1826. Lintroduction du Cours complet et le chapitre sur les progrès de léconomie politique placée dans les annexes du volume 6 du Cours complet confirment cette opposition à Ricardo et, dans une moindre mesure, à Malthus.

Les lecteurs intéressés par ces questions générales qui agitèrent le petit monde des économistes Européens au début du xixe siècle les retrouveront également avec la récente publication du troisième volume des Œuvres complètes contenant les différentes versions du Catéchisme déconomie politique suivi de lédition des Lettres à Malthus. Deux textes qui rappellent lun limplication très directe de Say dans la diffusion aussi large que possible de léconomie politique dans le corps social et lautre son opposition aux thèses des économistes britanniques.

Ces volumes, de même que le choix de textes traduits pour la première fois en langue anglaise dans louvrage présenté et édité par G. Jacoud, permettront ainsi de comprendre le point de vue de Say sur ces questions générales et déviter de croire quil tenait alors le rôle de « lidiot de la famille » pour sêtre opposé à Malthus et Ricardo.

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Marx : la formation du concept de force de travail (léconomie politique et sa critique), Claude Morilhat, Annales littéraires de lUniversité de Franche-Comté, Série AGON No 34, Presses universitaires de Franche-Comté, 2017, 150 pages. Index des auteurs cités, Bibliographie, Table des matières.

Guy Bensimon

I.E.P. Grenoble

On peut examiner la formation dun concept par un auteur à laide de deux méthodes, lune historique, lautre que nous appellerons « logique » ou « philosophique ». Pour la méthode historique, il sagira de mettre en évidence, à partir de la succession des écrits de lauteur, le processus 320de réflexion qui le conduit à la formulation définitive de son concept. Pour la méthode logique, un concept étant un terme, une expression linguistique – ici le terme « force de travail » –, il sagira dexaminer en quelles propositions (en quels termes) sanalyse ou se construit le terme « force de travail », ce qui veut dire : si lon demande quelle est la signification de lexpression « force de travail », quelles propositions et termes faut-il émettre ou écrire pour répondre à la question ? Ces deux démarches ne sont bien sûr pas exclusives lune de lautre, bien que, dans une perspective dhistoire philosophique, la première devrait être subordonnée à la seconde : à partir de la signification actuelle, celle à laquelle parvient Marx, de lexpression « force de travail », on examinerait les constructions linguistiques élaborées auparavant par Marx qui le conduisent à la signification présente. En dautres termes, on partirait de ses derniers écrits sur la question pour remonter aux premiers, avec comme fil conducteur le résultat auquel il est finalement parvenu, afin disoler du flot des écrits du passé ceux qui ont réellement rapport à ce résultat.

La démarche de Claude Morilhat se situe clairement dans le cadre de la méthode historique, ce qui le conduit à intégrer la question de la force de travail dans un contexte beaucoup plus large dhistoire de la pensée économique ou politique, et à retracer les inflexions de la pensée de Marx au long de sa vie. Ainsi, il écrit dans son introduction : « Saisir le mouvement qui conduit Marx de ses premières réflexions en ce domaine [léconomie politique] jusquà la formation du concept de force de travail constitue lobjet central de notre investigation » (p. 10), soulignant quil sagit « dun concept crucial », la « base essentielle de la pensée économique marxienne, du couple indissociable : force de travail/survaleur » (Id.). De fait, le plan de louvrage découle de cette intention de lauteur, le fil conducteur que lon peut trouver, sil en est, étant le passage chez Marx, de la conception du salaire comme prix du travail à la conception (« scientifique ») du salaire comme prix de la force de travail.

Louvrage est divisé en sections (ou en paragraphes), plutôt quen chapitres.

La première section (p. 10-29), Le sens commun et léconomie politique, part de lidée quaux rapports de dépendance personnelle se substituent, sous leffet de lémergence et du développement des rapports marchands, des rapports dégalité naturelle entre les hommes. La valeur sociale de 321lhomme est ramenée à celle de son travail, lequel est susceptible dêtre échangé à un prix résultant dun contrat, le salaire. Le salaire une fois posé comme prix du travail, la détermination de son montant est réglée, principalement, par le prix des subsistances nécessaires à la reproduction du travailleur, mais aussi par loffre et la demande de travail. Lauteur examine les thèses de différents auteurs sur ces questions liées à la théorie de la valeur, depuis Hobbes et Locke jusquà Ricardo et Malthus, en passant par Petty, Hume, Quesnay, Smith, etc. On a donc affaire à un survol « économico-politique » de la pensée dauteurs sur la question du salaire conçu comme prix du travail.

Dans la deuxième section (p. 29-49), Léconomie orthodoxe contestée, C. Morilhat sintéresse à certains critiques de léconomie politique classique : Sismondi, Hodgskin et Thomson.

Lauteur remarque que Sismondi approche la notion de plus-value, sous le nom « mieux-value », bien quil ne la développe pas : « Le travail que louvrier fera dans lannée vaudra toujours plus que le travail de lannée précédente avec lequel cet ouvrier sentretiendra. » (Sismondi, cité par lauteur p. 31).

Hodgskin et Thomson, qui considèrent que seul le travail est à lorigine des richesses, ont en commun de sappuyer sur lopposition ricardienne entre salaires et profits pour défendre le point de vue du travail. Si Marx a consacré de longs développements à Hodgskin dans ses Théories sur la plus-value1 – bien que son travail ait finalement peu à voir avec les concepts proprement dits de force de travail et de plus value –, il nen va pas de même de Thomson, qui nest quévoqué et très peu cité par Marx. Pourtant, Thomson a suffisamment approché la notion de plus value pour susciter lidée quil en était le véritable inventeur2. Alors que Hodgskin situait lorigine du profit dans lasservissement des travailleurs par le pouvoir des capitalistes, Thomson la trouve dans la valeur ajoutée par le travail à ce qui est nécessaire à son entretien, cest-à-dire à la reproduction de sa capacité de travail (capability of producing, p. 46) :

Il ne peut y avoir dautres sources de profit que la valeur ajoutée au matériau brut par le travail guidé par lhabileté employé sur lui. Les matériaux, les constructions, la machinerie, les salaires, ne peuvent rien ajouter à leur 322propre valeur. La valeur additionnelle (additional value) provient du travail seul (Thomson, cité p. 45).

Plus loin, il énonce que, pour le capitaliste, « la totalité de la survaleur (surplus value) doit lui revenir en raison de son intelligence supérieure et de son habileté à accumuler et avancer aux travailleurs son capital ou lusage de celui-ci » (Thomson, cité p. 46)3. Toutefois, selon lauteur, si Thomson donne une première formulation de la notion de plus-value, sil dépasse « lévidence immédiate qui fait du salaire le prix du travail » (p. 47), elle nest pas approfondie et reste à létat intuitif, alors que son analyse est au fondement de la théorie économique de Marx.

La troisième section de louvrage, Marx, la récusation critique de léconomie politique (p. 49-67), est centrée sur les écrits de jeunesse de Marx, principalement les Manuscrits de 1844 et La Sainte famille (1845, en collaboration avec Engels). Lauteur y décrit les résultats, très imprégnés de la philosophie de Hegel, des premières fréquentations de Marx avec les économistes. Marx, dans ces écrits, ne reformule aucun concept économique. Tout en reconnaissant que les économistes ont finalement mis le travail au rang de principe unique de léconomie politique, sa critique repose sur le fait quils ne prennent pas en compte la dimension « humaine » de léconomie capitaliste, ce qui les rend incapables den trouver la clé de compréhension dans laliénation de lhomme, du travailleur. Lauteur développe longuement ce thème de laliénation, les rapports de celle-ci avec la propriété, avec la division du travail, ses différentes formes, etc. Mais surtout, derrière laliénation de lhomme (ou en conséquence de son aliénation) se profile la mission historique du prolétariat, point dorgue de la pensée de Marx sur la question :

Dans le prolétariat, lhomme sest en effet perdu lui-même, mais il a acquis en même temps la connaissance théorique de cette perte ; [] la misère qui simpose à lui inéluctablement – expression pratique de la nécessité – le contraint inévitablement à se révolter contre pareille inhumanité ; cest pourquoi le prolétariat peut, et doit nécessairement, se libérer lui-même (Marx, cité p. 65).

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Dans la quatrième section, Marx, lappropriation de léconomie politique (p. 67-81), C. Morilhat sintéresse à trois écrits de Marx : Lidéologie allemande (1845-1846), avec la collaboration très partielle de Engels, Misère de la philosophie (1847) et Travail salarié et capital (décembre 1847). De Lidéologie allemande, lauteur fait ressortir le premier exposé du matérialisme historique, ainsi quune restriction de la portée de la notion daliénation, quoique le travail non aliéné, essence du communisme futur, reste compris comme « manifestation de soi » :

Alors quelle était supposée constituer lintelligibilité de la réalité économique et sociale, elle renvoie maintenant à limpact des rapports économiques capitalistes sur lexistence concrète des individus (p. 67).

Ce point sera précisé dans les deux écrits suivants. Dans Misère de la philosophie, laliénation du travail semble être si complète avec latelier automatique et son « côté révolutionnaire » (car il incarne la déspécialisation – déqualification – complète du travail, rendu uniforme par le bas), quelle appelle son dépassement : « Mais du moment que tout développement spécial cesse, la tendance vers un développement intégral de lindividu commence à se faire sentir » (Marx, cité p. 76). Finalement lessence de laliénation capitaliste est décrite dans Travail salarié et capital : louvrier « produit la richesse étrangère qui le domine, la force qui lui est hostile, le capital » (Marx, cité p. 80). On sait que la plus value est à lorigine de cette richesse étrangère et du capital, du moins à lissue de son accumulation primitive. C. Morilhat retrace, à travers les deux derniers écrits mentionnés, le début du cheminement de Marx vers cette notion, et par suite vers celle de force de travail. Dans Misère de la philosophie, Marx reconnaît le caractère scientifique de léconomie politique classique, mais qui reste limité en ce quelle fait des catégories bourgeoises, capital, salaire, profit, etc., des catégories éternelles et non historiquement déterminées et par suite datées. Il sapproprie la théorie de la valeur travail, dans sa version ricardienne, mais conserve la notion de valeur du travail, déterminée par celle des marchandises nécessaires à lentretien du travailleur. Dans Travail salarié et capital, Marx fait un pas en avant vers la notion de plus value en énonçant que « Le capital ne consiste pas dans le fait que du travail accumulé sert au travail vivant de moyen pour une nouvelle production. Il consiste en ceci que du travail vivant sert de moyen au travail accumulé pour maintenir et accroître la valeur déchange de celui-ci » (Marx, cité p. 79). En dautres termes, cest 324le travail vivant qui met en valeur le capital. Néanmoins, le travail reste pour Marx la marchandise que son possesseur vend au capitaliste, bien quil ait lintuition que face au capital existe une classe ne possédant rien dautre que sa capacité de travail (voir p. 79).

Le matériau de Marx utilisé par C. Morilhat dans la cinquième section, Marx, la critique de léconomie politique (p. 81-135), est constitué pour lessentiel des Grundrisse (1857-1858), de la Contribution à la critique de léconomie politique (1858), dont lIntroduction de 1857 et des Fragments de la version primitive de la Contribution (1858), des Manuscrits de 1861-1863, du Chapitre vi (Un chapitre inédit du Capital), de Salaire, prix et profit (conférences de juin 1865), du Capital (1867-1895). On note aussi quelques références aux Théories sur la plus-value. Cette section contient des critiques, avec des références à Marx à lappui, dauteurs contemporains, analystes ou commentateurs des travaux de Marx. Notamment la critique de Tran Hai Hac4 sur la nature du travail abstrait (p. 99-102), la critique de Jacques Bidet5, Jean-Marie Harribey6 et T. Hai Hac sur la question de la nature de la force de travail notamment en liaison avec sa qualification (p. 110-115), la critique de A. Rabinbach7 sur le caractère du travail comme dépense dénergie (p. 125-128).

Ces critiques mises à part, C. Morilhat décrit la progression de Marx, à partir des Grundrisse, vers la formulation finale de son concept de force de travail. On en indique les principales étapes retenues par lauteur.

Dans les Grundrisse, Marx souligne que, pour être échangistes, les travailleurs doivent être libérés des liens de dépendance prévalant dans les anciens modes de production : ils se retrouvent donc travailleurs libres, dont la seule propriété est leur « puissance de travail » (Marx, cité p. 86) face aux capitalistes propriétaires des conditions objectives du travail. Mais C. Morilhat nous montre un Marx hésitant, qui a conscience que ce que le capitaliste achète au travailleur, cest sa « puissance de travail » bien quil continue de sexprimer en termes déchange de travail. Il met en évidence le caractère particulier de la marchandise vendue, remarquant que dans léchange avec le capitaliste, la valeur dusage que vend le travailleur nest que potentielle, ce quil vend cest une « aptitude », 325une « capacité de son être physique », cest la « mise à disposition » du travail qui nest pas encore « objectivé » ; la valeur dusage ne devient réelle que lorsquelle est mise en mouvement par le capital, cest le « travail objectivé », qui est source de valeur (cf. p. 86-90). Il distingue donc, au moins intuitivement, lacte déchange proprement dit de ce qui sera la force de travail, de sa valeur dusage, le travail, créateur de valeur et de survaleur ou plus value : « La valeur nest que du travail objectivé, et la survaleur (valorisation du capital), nest que lexcédent au-delà de la partie du travail objectivé qui est nécessaire à la reproduction de la puissance de travail. » (Marx, cité p. 92). La forme salaire, prix du travail objectivé, permet au travailleur dacquérir les moyens de subsistance, avec leur contenu social et historique. Ce travail est du travail aliéné en ce que lhabileté du travailleur est transférée à la machine, le travail devenant une activité purement abstraite, indifférente à sa forme particulière.

Avec les Fragments de la version primitive de la Contribution, Marx établit clairement la distinction entre travail et capacité de travail dans léchange entre le capitaliste et le travailleur : « Il ne sagit pas déchange entre de largent et du travail, mais entre de largent et la capacité de travail vivante. Valeur dusage, la capacité de travail ne se réalise que dans lactivité laborieuse elle-même » (Marx, cité p. 104).

Les Manuscrits de 1861-1863, reprennent cette distinction, notamment dans le contexte de laliénation du travail : les conditions objectives de la réalisation de la puissance de travail, cest-à-dire les conditions du « travail objectivé », sont extérieures au travailleur, lui apparaissent comme une puissance étrangère à laquelle il est soumis, rendant son travail étranger à lui-même (cf. p. 105-106). Le fait que Ricardo nait pas fait cette distinction lempêche de concilier le principe déquivalence dans léchange – entre salaire et valeur de la puissance de travail – et la présence dune survaleur.

Cest dans Salaire, prix et profit que Marx utilise pour la première fois lexpression « force de travail » : « Ce que louvrier vend, ce nest pas directement son travail, mais sa force de travail dont il cède au capitaliste la disposition momentanée. » (Marx, cité p. 109). Dans ces conférences de 1865, Marx énonce la loi des salaires, leur tendance à la baisse, et sil salue les luttes pour sy opposer, il prévient que lutter contre leffet, la baisse, ne supprime pas la cause, le salariat. Il y dénonce la revendication de légalité des salaires, linégalité des salaires reflétant linégalité des valeurs des différentes forces de travail liée aux différences de formation.

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Dans le Chapitre vi, « Les résultats du procès immédiat de production », Marx utilise à nouveau lexpression « force de travail », énonce que le capital est mis en valeur par le travail vivant et introduit la distinction entre la soumission formelle du travail au capital, réalisée dans des conditions techniques de production précapitalistes, et sa soumission réelle au capital, réalisée dans des conditions techniques propres au mode de production capitaliste.

Cest bien sûr dans Le Capital, notamment dans le Livre I publié du vivant de Marx, quil faut chercher la signification définitive du concept de force de travail. Curieusement, C. Morilhat prend pour point de départ la Sixième Section de cet ouvrage, « Le salaire », plutôt que le chapitre vi, Deuxième Section, « Lachat et la vente de la force de travail », dans lequel Marx fixe une fois pour toutes le concept. Lauteur revient donc, à partir de la Sixième Section, sur la notion de valeur du travail, « expression irrationnelle » selon Marx, qui masque la division de la journée de travail en travail nécessaire et surtravail, sur laquelle ont buté les économistes classiques. Après une discussion sur lemploi du mot « force » dans lexpression « force de travail », lauteur mène sa critique de Rabinbach, mentionnée plus haut, sur la nature de la force de travail, ramenée au problème de la nature de travail abstrait, source de la valeur. À linverse de Rabinbach qui ramène le travail abstrait à une dépense dénergie, C. Morilhat, sappuyant sur I. Roubine, souligne le fait que Marx met en avant le caractère social de la valeur des marchandises, car la notion de valeur est abstraite dans les conditions des rapports marchands, donnant du même coup un caractère social à ce qui en est à lorigine, le travail abstrait.

Dans sa Conclusion, C. Morilhat sessaie à établir les traits fondamentaux du travail de Marx qui le conduisent au concept de force de travail. Lidée centrale en est que Marx change de terrain par rapport à la théorie des trois sources de revenus : capital-profit (intérêt), terre-rente, et travail-salaire (formule « trinitaire »), qui masque les rapports sociaux réels et le phénomène de la plus-value. Cette rupture avec la formule trinitaire viendrait de la fréquentation par Marx des ouvriers et ladoption du point de vue des travailleurs. Avec sa démarche matérialiste il appréhenderait les formes de production propres au capitalisme, donnant à la production un rôle fondamental dans le mouvement économique. Ses connaissances empiriques lui auraient par ailleurs montré linadéquation entre la réalité vécue par les travailleurs et les discours des économistes. Enfin, lutilisation 327de labstraction et le travail danalyse des écrits des économistes lui auraient permis daller au-delà des apparences et de proposer de nouveaux concepts.

Louvrage de C. Morilhat sadresse aux lecteurs familiers des écrits de Marx, si ce nest aux lecteurs marxistes. Du fait de la démarche utilisée, on ny trouve pas de véritable fil conducteur, lauteur passant allègrement dun thème à lautre. Il sétend sur la question du travail abstrait, qui, si elle relève de la théorie de la valeur, nest pas directement liée à celle de la force de travail, laquelle, à travers la relation salariale et la relation de travail, relève de lorganisation économique. Des questions sont soulevées, comme celle de la réduction du travail complexe au travail simple, qui a rapport à la valeur de la force de travail, sans quaucune piste pour sa solution ne soit mentionnée – il est vrai que Marx nen avait pas. Bien que C. Morilhat, semble penser que le thème de laliénation soit assez éloigné de son entreprise, décrire la formation du concept de force de travail par Marx (voir p. 57), il y consacre dassez longs développements relatifs aux écrits du jeune Marx. Ils auraient été plus utiles sils avaient été plus explicitement reliés aux conditions de lexistence et de lappropriation de la plus-value par les capitalistes.

Finalement, C. Morilhat ne paraît pas avoir pris une hauteur suffisante à légard des écrits de Marx, ce qui explique quil nous entraîne dans les méandres souvent obscurs de sa pensée.

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Philosophie économique – un état des lieux, Gilles Campagnolo et Jean-Sébastien Gharbi (dir.), Éditions Matériologiques, Paris, 2017, 646 pages.

Michel Herland

Université des Antilles

Quest-ce que la philosophie économique ?

Un gros ouvrage (plus de 600 pages, dix-sept contributions) apparaît sans nul doute nécessaire pour traiter en détail des sujets relevant à la 328fois de léconomie et de la philosophie. Néanmoins, demblée, le lecteur est conduit à sinterroger sur lexpression « philosophie économique », même si elle est confortée institutionnellement par les masters qui portent cet intitulé. Dans leur introduction, les deux directeurs de louvrage semploient à défendre leur choix en faveur de cette expression, tout en reconnaissant quelle « peut facilement être mal comprise ». De fait, nul naurait lidée de parler à propos de lhistoire, autre science sociale, dune quelconque « philosophie historique » à la place de la philosophie de lhistoire. « Philosophie économique » se comprend a priori comme une philosophie particulière qui utiliserait des instruments de léconomie, comme on dit, par exemple, philosophie analytique. La Théorie de la justice du philosophe Rawls est lexemple qui vient immédiatement à lesprit en ce sens-là. Que dire alors des économistes qui construisent des modèles formalisés relatifs à la justice sociale ? Font-ils de la philosophie économique ou de léconomie philosophique ? Aucune des deux, sans doute : ils sont des économistes qui étudient la justice sociale avec leurs instruments, comme ils pourraient étudier nimporte quelle autre question. On ne voit guère de philosophie là-dedans.

Il faut quand même trouver un terme qui englobe les travaux à cheval entre léconomie et la philosophie, qui relèvent donc à la fois des deux disciplines et qui sont portés aussi bien par des économistes que des philosophes. « Économie et philosophie », lexpression retenue par les anglo-saxons (Economics and Philosophy est le titre de la principale revue dans le domaine), paraît à cet égard le choix le plus judicieux. Mettre « économie » en premier indique que les questions abordées relèvent du domaine de léconomie (la répartition des revenus et des richesses dans le cas de la justice sociale, par exemple) et la conjonction des deux termes rappelle que les outils utilisés appartiennent à la fois aux deux disciplines et que les auteurs peuvent être aussi bien économiste que philosophe (ou les deux à la fois).

« Lépistémologie économique » (au sens dépistémologie de léconomie) fait-elle partie de la « philosophie économique » (nous omettrons les guillemets par la suite), sachant que nombre déconomistes épistémologues ne placeraient pas leurs travaux sous légide de la philosophie ? De même peut-on sinterroger sur la tendance de la philosophie économique à sannexer des travaux dhistoire de la pensée économique. Tout cela contribue à la confusion autour du contenu de la nouvelle discipline. 329Ainsi, dans le recueil examiné ici, les trois contributions qui passent en revue les différentes étapes de la théorie du bien-être (depuis les premières formulations en termes dutilité cardinale jusquaux préférences révélées en passant par le théorème dArrow8) trouveraient-elles aisément leur place dans une revue dhistoire de la pensée économique.

Ne serait-il pas préférable de laisser à lépistémologie et à lhistoire de la pensée ce qui leur revient traditionnellement, pour délimiter un champ de la philosophie économique intelligible par tous ? On ne retiendrait alors parmi lensemble des contributions du recueil, outre lintroduction et la postface des deux directeurs, que celles qui portent respectivement sur la conception utilitariste de lagent économique (Catherine Audard), légalitarisme libéral (Claude Gamel), la propriété (Jean Magnan de Bornier), la justice intergénérationnelle (Danielle Zwarthoed), lontologie de léconomie (Pierre Livet), la biodiversité (comme thème de philosophie économique – Yves Meinard), les normes (Emmanuel Picavet). Seraient renvoyés vers lépistémologie ou lhistoire de la pensée économique les trois contributions sur léconomie du bien-être ainsi que celles sur Aristote (Ricardo Crespo), la méthode scientifique (Bernard Walliser), les modèles et simulations (Denis Phan et Franck Varenne), la théorie des jeux (Cyril Hédoin), lefficacité des marchés financiers (Christian Walter).

Tout cela ne signifie évidemment pas que les diverses contributions que nous souhaiterions écarter du champ de la philosophie économique présentent moins dintérêt que les autres. Rédigées par des spécialistes souvent reconnus, elles sont au contraire riches denseignements pour les économistes attentifs aux fondements de leur discipline9. Notre propos, on laura compris, ne concerne pas le contenu de chacune mais simplement la question de savoir si elles trouvent ou non leur place dans un recueil visant à faire un état des lieux de la philosophie économique.

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Knut Wicksell, Lectures on political economy, Volume I : General Theory, Volume II : Money. Introduction by Lionel Robbins, p. vii-xix, London, Routledge [1934], Routledge Revivals, reprint 2010.

Sylvie Rivot

Université de Mulhouse

BETA

Selon une idée communément admise, Keynes aurait mis au point de façon autonome et isolée lessentiel de ce quil est convenu dappeler la démarche macroéconomique contemporaine, sans avoir été véritablement influencé ni même précédé par dautres. La volonté détudier le fonctionnement du système économique dans son ensemble, tout dabord, le rejet de la proposition classique selon laquelle la monnaie est un « voile » aux échanges ensuite, et enfin la proposition de légalité entre épargne et investissement comme condition de léquilibre macroéconomique, lensemble de ces points cruciaux nauraient comme paternité que celle de Keynes. Le versant politique de cette conception de la naissance de la macro-économie est tout aussi intransigeant et caricatural. Il correspond à lidée selon laquelle il ny aurait pas eu de plaidoyer en faveur dune intervention publique sous la forme de travaux publics en dehors du cercle des économistes keynésiens (la question de la justification de lexpansion monétaire étant plus nuancée). Pour le dire autrement : sagissant de la politique économique, il y aurait un lien biunivoque entre les travaux publics et la conception initiée par Keynes de léquilibre macro-économique.

Comme toutes les propositions qualifiées didée communément admise par les historiens de la pensée économique, cette vision de la révolution macroéconomique est en réalité largement exagérée, et même en très grande partie erronée. Sagissant des années 1930, tout dabord, une étude attentive des écrits des économistes de lépoque montre que Keynes fut lun des artisans de cette fameuse révolution scientifique, mais non le seul. Pour ne prendre quun exemple, grâce à létude de matériaux récemment disponibles on sait maintenant que Michal Kalecki (1889-1970) doit être considéré comme lun des économistes qui a le 331plus anticipé largumentation développée dans la Théorie générale de Keynes (Assous, 2006), avec en particulier les arguments suivants : la construction dun modèle statique de sous-emploi ainsi que la définition dun système déquilibre général.

Sagissant du versant politique de cette histoire largement simplifiée de la macro-économie, il faut également souligner que les plaidoyers en faveur dune politique de travaux publics ont de toute évidence précédé la « révolution keynésienne » de 1936. Keynes lui-même argumenta en faveur des travaux publics dès le milieu des années 1920 avec comme objectif de lutter contre la longue récession qui sévissait durant cette décennie au Royaume-Uni. Par ailleurs, des économistes que lon range à tort dans le camp des non-interventionnistes, comme Pigou, nétaient pas hostiles à un programme de travaux publics, bien quen désaccord sur le plan théorique avec largumentation keynésienne. Du point de vue strictement factuel, on peut rappeler que la politique de travaux publics est mise en œuvre aux États-Unis avec le New Deal de Roosevelt dès 1933.

La réimpression par Routledge de ces deux volumes des Lectures on Political Economy de Knut Wicksell (1851-1926) participe de cette entreprise salvatrice de révision de notre perception communément admise de lhistoire de la macro-économie. Ainsi, la remise à disposition de ces deux ouvrages met en évidence le fait que Wicksell a pu en grande partie anticiper la construction théorique développée dans les années 1930-1933 par Keynes. Il faut dailleurs souligner que lédition originale de ces deux volumes de Wicksell, qui paraissent pour la première fois en anglais en 1934, relève justement de linitiative de Keynes lui-même et de Richard Kahn, celui-là même qui joua un rôle important dans le processus de révision du Treatise on Money (1930) qui conduisit à la General Theory (Dimand, 1988). Les contributions de Wicksell à lanalyse macro-économique furent malheureusement très largement ignorées de son vivant, et ce même en Scandinavie – il eût les pires difficultés à obtenir une chaire permanente du fait dune absence de diplôme en droit notamment (Uhr, 2008). Et il y a fort à parier que, sans linitiative de Keynes et de Kahn au milieu des années 1930, ces contributions majeures seraient demeurées oubliées pour plus longtemps encore. Dun point de vue rétrospectif, il y a dailleurs une ironie certaine à ce que ces Lectures aient été publiées en 1934 avec une introduction de Lionel Robbins, un autre économiste influent de la période qui nous intéresse 332mais ennemi direct de la révolution keynésienne. Á la London School of Economics, Robbins était en effet le chef de file des « liquidationnistes », les farouches adversaires de la politique de travaux publics défendue par les keynésiens et plus largement par tous ceux opposés au « point de vue du Trésor ».

Ces Lectures on Political Economy comprennent deux volumes, lun consacré à la « théorie générale », lautre à la « monnaie ». Ils correspondent à la traduction anglaise des Vorlesungen über Nationalökonomie publiés par Wicksell en 1901 et 1906. Le volume 1 des Lectures sinscrit dans le prolongement du travail effectué dans Uber Wert, Kapital und Rente [Valeur, Capital et Rente] (1893), dans lequel Wicksell tentait dopérer une synthèse entre théorie de lutilité marginale et de la productivité marginale avec le cadre danalyse générale de Walras, devenant ainsi un pionnier de la théorie de la rémunération des facteurs de production en fonction de leur productivité marginale (Uhr, 2008). Mais la contribution de Wicksell va au-delà de la théorie pure de la valeur et de la distribution. Robbins écrit ainsi dans son introduction aux Lectures on Political Economy :

le plus frappant (…) dans la sphère de la théorie de la production est la contribution de Wicksell aux problèmes liés au capital et à lintérêt. Ici, son éclectisme atteint le point du pur génie. Par une sélection judicieuse des meilleurs éléments des théories antérieures il achève une reformulation de cette partie de la théorie de la production à partir de laquelle on peut dire assurément que tout travail ultérieur dans ce domaine qui aspire à être pris au sérieux devra commencer (Robbins in Wicksell, 2010, p. xiii).

Du point de vue de lhistoire de la macro-économie, cest bien sûr le volume 2 de ces Lectures qui savère le plus important. Ici, Wicksell poursuit lanalyse menée dans Geldzins und Güterpreise bestimmenden Ursachen [Intérêt et Prix] (1898). Grâce à ce volume, Wicksell apparaît comme un véritable pionnier de largumentation théorique développée par Keynes dans son Treatise on Money (1930) et sa General Theory (1936). En effet, Wicksell y construit une approche en termes de demande globale et doffre globale ; il étudie par ailleurs les relations entre investissement et épargne comme les mécanismes expliquant les fluctuations de la valeur de la monnaie et des prix ; il renverse en particulier la relation causale entre variations de la quantité de monnaie en circulation et niveau de prix. Mais la contribution la plus marquante de Wicksell à la théorie 333dune économie monétaire est son étude des relations entre taux dintérêt naturel, taux dintérêt monétaire et niveau général des prix. Comme le résume parfaitement Robbins, « la théorie monétaire et la théorie du capital sont toutes les deux dans limpasse quand la théorie de la monnaie est limitée à la simple théorie quantitative et que la théorie du capital est divorcée de la théorie du marché monétaire » (Robbins in Wicksell, 2010, p. xvii). Cest précisément cette égalité entre taux dintérêt naturel et taux dintérêt monétaire vue comme condition de stabilité des prix qui intéressa Woodford (2003) dans sa tentative de construction dune macro-économie néo-wicksellienne.

Cette réimpression des Lectures on Political Economy est donc la bienvenue pour les historiens de la pensée économique soucieux détablir la généalogie précise de la naissance de la macro-économie contemporaine. Elle est également susceptible dintéresser nos collègues macro-économistes à la recherche de nouvelles pistes de réflexion à explorer. Car, comme le dit ladage, les nouvelles idées se trouvent bien souvent dans les vieux livres.

Bibliographie

Assous, M. [2006], « Kalecki était-il Keynésien avant Keynes ? », Revue économique, 57, p. 165-183.

Dimand, R. [1988], The Origins of the Keynesian Revolution, the Development of Keyness Theory of Employment and Output, Aldershot (R.U.), Edward Elgar.

Keynes, J.M. [1971-1989], The Collected Writings of John Maynard Keynes, 30 vol., Londres, Macmillan for the Royal Economic Society, CW 5, The Treatise on Money, Part 1 : The Pure Theory of Money, 1930, CW 6, The Treatise on Money, Part 2 : The Applied Theory of Money, 1930, CW 7, The General Theory of Employment, Interest and Money, 1936.

Uhr, C.G. [2008], « Wicksell, J.G. Knut (1851-1926) », in S. Durlauf and L.E. Blume (éd.), New Palgrave Dictionary of Economics, 2d éd., Vol. 8, Londres, Macmillan, p. 742-750.

Wicksell, K. [1893], Uber Wert, Kapital und Rente, Jena, G. Fisher. Translated S.H. Frowein as Value, Capital and Rent, Londres, Allen & Unwin, 1954.

Wicksell, K. [1898], Geldzins und Güterpreise bestimmenden Ursachen, Iéna, G. Fisher. Translated R.F. Kahn as Interest and Prices. A Study of the Causes Regulating the Value of Money, Londres, Macmillan, 1936.

Woodford, M. [2003], Interest and Prices, Princeton, Princeton University Press.

1 T. III, Éditions sociales, p. 308-373.

2 Lauteur se réfère à P. Dardot et C. Laval, Marx, prénom : Karl, Paris, Gallimard, 2012, et à C. Laval, Lambition sociologique [2002], Paris, Gallimard (Coll. Folio), 2012.

3 Cette notion de survaleur de Thomson, telle quelle est rapportée par C. Morilhat, ne diffère pas de celle de Smith : « Ainsi, la valeur que les ouvriers ajoutent à la matière se résout alors en deux parties, dont lune paye leurs salaires, et lautre les profits que fait lentrepreneur sur la somme des fonds qui lui ont servi à avancer ces salaires et la matière à travailler » (Adam Smith, Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations, GF-Flammarion, Paris 1991, T. 1 & 2, T. 1, p. 118).

4 Relire « le Capital », Lausanne, Page Deux, 2003.

5 Que faire du « Capital » ?, Paris, Klincksiek, 1985.

6 La richesse, la valeur et linestimable, Paris, Les Liens Qui Libèrent, 2013.

7 Le moteur humain [1991], trad. de M. Luxembourg et M. Cuillerai, Paris, La Fabrique, 2004.

8 Antoinette Beaujard : « Léconomie du bien-être est morte, vive léconomie du bien être » (p. 77-128) ; Mikaël Cozic : « Le rôle de la psychologie dans la théorie néo-classique du consommateur » (p. 385-488) ; Maurice Lagueux : « Agents économiques et rationalité » (p. 489-502).

9 On doit néanmoins déplorer labsence de tout index, que ce soit des noms ou des matières. Compte tenu des nombreuses redondances entre les articles, ces manques se font particulièrement sentir.