Alain Clément et la Revue d’histoire de la pensée économique
- Type de publication : Article de revue
- Revue : Revue d’histoire de la pensée économique
2017 – 1, n° 3. varia - Auteur : Desmedt (Ludovic)
- Pages : 19 à 20
- Revue : Revue d’histoire de la pensée économique
- Thème CLIL : 3340 -- SCIENCES ÉCONOMIQUES -- Histoire économique
- EAN : 9782406069676
- ISBN : 978-2-406-06967-6
- ISSN : 2495-8670
- DOI : 10.15122/isbn.978-2-406-06967-6.p.0019
- Éditeur : Classiques Garnier
- Mise en ligne : 09/06/2017
- Périodicité : Semestrielle
- Langue : Français
Alain Clément
et la Revue d’histoire
de la pensée économique
Ludovic Desmedt
Université de Bourgogne
Alain appréciait les voyages, dans les contrées plus ou moins lointaines, mais aussi les trajets entre disciplines ou auditoires. Il était curieux d’idées, de lectures, de rencontres. Il avait enseigné dans le secondaire puis le supérieur, avait travaillé en Afrique. Dans ses recherches, Alain aimait emprunter les chemins de traverse : à côté des « grands » auteurs, il s’intéressait également à des pionniers moins connus ; plutôt que de s’attacher aux thèmes en vogue, il travaillait sur des problématiques qui lui paraissaient pérennes. Il avait commencé ses recherches sur la dépendance alimentaire puis la pauvreté, en lien avec les théories physiocratiques, mercantilistes ou classiques. Plus récemment, la question coloniale avait donné lieu à plusieurs publications. Il s’intéressait également aux questions méthodologiques : c’est sur ce thème que nous avions décidé de travailler ensemble, plus précisément sur l’emploi des métaphores médicales dans certaines approches économiques. La rédaction en commun s’était passée de manière très conviviale et naturelle.
En 2005, suite à un colloque, il tint à ce que nous allions voir la stèle d’Adam Smith à Cannongate, dans les hauteurs d’Edimbourg. Sur le chemin du retour, il m’avait parlé de ses lectures consacrées à la révolution industrielle. La conversation avait fini par dériver sur le roman de David Lodge, Un tout petit monde, qui décrit quelques travers des universitaires. Lodge prétend que « le congrès de l’ère moderne ressemble au pèlerinage des chrétiens du Moyen-Âge… certains exercices pénitentiels doivent être accomplis : 20faire une communication, peut-être, et naturellement écouter celle des autres. » Alain maîtrisait l’art de l’exposition mais savait surtout écouter : dans les colloques (que ce soit à l’ESHET, à l’Association Charles Gide pour l’Étude de la Pensée Économique ou à d’autres occasions), il était toujours agréable de le croiser. Même pressé par la préparation d’une présentation ou la présidence d’une session, il prenait le temps d’échanger. Lors des réunions du Conseil d’Administration de l’association Charles Gide – qu’il présida –, puis au Comité éditorial de la présente revue, ses suggestions étaient bienvenues et généralement bienveillantes.
Alors que dans l’univers dépeint par D. Lodge, la curiosité et la convivialité sont totalement démonétisées, dans le petit monde de l’histoire de la pensée économique, ces valeurs étaient incarnées par Alain.