Résumés/Abstracts

Alain Alcouffe, Jean-Michel Plassard, « Abondance d’éducation peut-elle nuire ? Une histoire de l’analyse économique de la suréducation »

L’article retrace les débats concernant la suréducation sur le marché du travail. Durant la période précédant la naissance de l’économie de l’éducation, les discussions concernent surtout la prolétarisation des intellectuels. La période suivante voit émerger le concept consolidé à l’intérieur de la discipline. L’article scrute les raisons de la réticence initiale à traiter du problème et pointe les travaux séminaux qui ont donné à la suréducation sa définition canonique.

Mots-clés : Économie de l’éducation, suréducation, relation formation-emploi, prolétariat intellectuel, surproduction de diplômés

The article presents an overview of the overeducation in the labor market. Before the effective birth of the economics of education, the debate was concerned over the proletarianization of the learned professions. The following period saw the elaboration of the fully-formed concept within the economics of education. We survey the reasons for the initial reluctance of the new discipline to deal with the problem and highlights the seminal works that gave the concept its canonical definition.

Keywords: Economics of education, overeducation, training-employment relationship, intellectual proletariat, overproduction of graduates

Classification JEL : B00, J00, I21.

Nikolay Nenovsky, « Economic sociology of wealth and money. The pioneering Russian contribution of Ivan Pososhkov’s (1652-1726) »

Ivan Pososhkov (1652-1726) is credited with the first Russian systematic economic treatise, A Book on Poverty and Wealth [Kniga o skudosti i bogatsve] in 1724. He is at the foundations of economic thought in Russia with historical idiosyncrasies which have endured to our day. The paper offers reflections on Poshoshkov’s originality, mainly exposing his views: on the meaning of wealth and growth; on the economic policy and sociology of wealth, on monetary ideas and monetary reforms proposals.

Keywords: Russian economic thought, Seventeenth and Eighteenth Century Russia, Ivan Pososhkov

Ivan Pososhkov (1652-1726) a publié en 1724 le premier traité économique russe : Livre sur la pauvreté et la richesse [Kniga o skudosti i bogatsve]. Ses analyses perdurent encore, certains économistes pensent que cet ouvrage permet de comprendre les problèmes de l’économie russe aujourd’hui. Nous présentons Pososhkov puis analysons : sa définition de la richesse et sa croissance ; la politique économique qui en découle ; sa conception de la monnaie et ses propositions de réformes monétaires.

Mots-clés : Pensée économique russe, histoire de la Russie des xviie et xviiie siècles, Ivan Pososhkov

JEL code: B00, B41

Patrice Cailleba, « Les stratégies révolutionnaires du prolétariat chez Marx (1845-1883) »

Il existe peu d’études sur les stratégies révolutionnaires chez Marx. Or, les liens entre prolétariat et révolution méritent d’être examinés à l’aune des différentes évolutions de l’analyse marxienne postérieure à 1845. La geste révolutionnaire comme les rivalités de classe sont à mettre en perspective avec les circonstances dans lesquelles se déploie la pensée de Marx. La stratégie s’inscrit dans l’adaptation aux réalités économiques et politiques contemporaines.

Mots-clés : Marx, prolétariat, révolution, stratégie, dictature du prolétariat, démocratie

There are few studies on Marx’s revolutionary strategies. However, the links between proletariat and revolution are worth examining in the light of various developments in Marxian analysis after 1845. The realities of the revolutionary proletarian action as well as the rivalries between classes are considered in relation to the historical circumstances Marx experienced. The proletariat strategies are part of a continuous adaptation to the contemporary economic and political realities.

Keywords: Marx, proletariat, revolution, strategy, the dictatorship of the proletariat, democracy

Classification JEL : B14, B24, B31, B51.

Francis Bismans, « Qu’est-ce, au juste, qu’une probabilité ? De Laplace à Popper »

L’article étudie le développement de la probabilité, de Laplace à Popper. Il présente sa définition classique et décrit la conception « fréquentiste » formalisée par von Mises. Il étudie ensuite l’interprétation par Keynes du probable comme relation logique, de même que les approches subjectives, représentées par Ramsey, de Finetti et Savage. Puis vient l’axiomatisation de Kolmogorov, qui conduit à la conception de la probabilité comme propension, développée par K. Popper.

Mots-clés : Axiomatisation, coefficient de pari, fréquence relative, logique du probable, probabilités objective et subjective, probabilité conditionnelle, propension, utilité espérée

The article studies the development of the concept of probability, from Laplace up to Popper. It presents the classical definition of probability and the “frequentist” conception formalised by R. von Mises. After, it discusses Keynes’ interpretation of probability and the different approaches to the subjective probability, of Ramsey, de Finetti and Savage. The axiomatization of probability calculus by Kolmogorov was a breakdown and drives to the probability-propensity of K. Popper.

Keywords: Axiomatization, relative frequency, betting quotient, objective and subjective probabilities, conditional probability, propensity, expected utility

Classification JEL : B16, B23, C10, D81

Arnaud Diemer, « Ordolibéralisme et néolibéralisme, un même combat. Le rejet du laisser-faire et la remise en cause de la concentration industrielle »

Le néolibéralisme français et l’ordolibéralisme allemand ont leurs racines dans le Colloque Lippmann. Ces partisans d’un libéralisme rénové entendaient faire bloc devant l’avancée du planisme tant en rejetant le laisser-faire et qu’en restant vigilant face à la concentration industrielle. Ce nouveau libéralisme parvint à faire converger des idées et des hommes vers un même objectif : définir les bases d’une société libérale et les interventions de l’État compatibles avec le marché.

Mots-clés : Concentration, ententes, laisser-faire, néolibéralisme, ordolibéralisme

The French Neoliberalism and the German Ordoliberalism have their roots in the Lippmann Symposium organized by Louis Rougier in August 1938. These advocates of a renewed liberalism intended to resist against the advance of the planning 310while rejecting laissez-faire of the manchestérienne School and remaining vigilant from industrial concentration. This new liberalism is not a matter of economists and economic theory, he also managed to converge ideas and men to a common goal: lay the institutional foundations of a liberal society. At the heart of the debate is the question of state interventions consistent with the price mechanism.

Keywords: Concentration, cartels, laisser-faire, neoliberalism, ordoliberalism

Classification JEL : A11, B20, B31, D4, H11

Raphaël Fèvre, « Walter Eucken et Wilhelm Röpke face à la “nouvelle” Question Sociale »

L’article reconstruit le discours ordolibéral sur la Question Sociale via les travaux de W. Eucken et W. Röpke. L’article fait apparaître les racines socialistes et historicistes de l’ordolibéralisme. Eucken fait de la disparition du pouvoir économique à l’intérieur du processus économique la clef de la résolution du problème social, tandis que Röpke insiste sur la dimension spirituelle et morale du phénomène de massification, point névralgique de ce qu’il qualifie de crise sociale de notre temps.

Mots-clés : Ordolibéralisme, Eucken, Röpke, question sociale, ordre économique

The article aims at reconstructing the ordoliberal discourse of W. Eucken and W. Röpke on the Social Question. The article shows the socialist and historicist roots of ordoliberalism. Eucken makes the disappearance of economic power within the economic process the key to solving the social question. Röpke insists more readily on the spiritual and moral dimension of the phenomenon of massification, a focal point of what he calls the social crisis of our time.

Keywords: Ordoliberalism, Eucken, Röpke, social question, economic order

Classification JEL : B25 ; B31

Patricia Commun, « Alexander Rüstow (1885-1963). Du socialisme libéral au libéralisme social »

Le parcours intellectuel d’Alexander Rüstow permet de mieux comprendre en quoi l’ordolibéralisme allemand diffère du néolibéralisme français et anglo-saxon ainsi que du libéralisme autrichien. Le cheminement de Rüstow remet en cause le positionnement de l’ordolibéralisme comme une troisième voie, entre socialisme et libéralisme. Rüstow illustre également les raisons pour lesquelles une pensée économique hétérodoxe comme l’ordolibéralisme fonde les principes de l’économie sociale de marché.

Mots-clés : Néolibéralisme, ordolibéralisme, libéralisme, économie sociale de marché, monopole

Looking at Alexander Rüstow’s political and intellectual career enables us to better understand the key differences between French, Austrian and Anglo-saxon Neoliberalism on the one hand, and German ordoliberalism on the other hand. This rapid overwiew of Rüstow’s intellectual career challenges the usual classification of Ordoliberalism as a third way between Socialism and Liberalism. It is more likely a key heterodox economic thinking at the heart of Social Market Economy.

Keywords: Neoliberalism, ordoliberalism, liberalism, market social economy, monopoly

Classification JEL : A11, A13, B25

Guy Bensimon, « L’économie politique, science expérimentale ou science abstraite et déductive ? »

Pierre Cahuc et André Zylberberg soulèvent le problème du statut scientifique et de la méthode de la science économique : pour eux la science économique serait devenue une science expérimentale recherchant des relations de cause à effet testées économétriquement. Nous soutenons au contraire, que logiquement, la science économique est une science déductive. La recherche de relations causales ne caractérise pas la science en général et surtout elle est inadéquate pour la connaissance d’objets sociaux.

Mots-clés : Causalité, hétérodoxe, orthodoxe, logique économique, épistémologie

Pierre Cahuc and André Zylberberg raise the problem of the scientific status and the method of economics: for these authors economic science has become an experimental science searching cause and effect relationships econometrically tested. We support, on the contrary, that, logically, economics can be only deductive science; about looking for cause and effect relationships, not only it does not characterize science in general, but furthermore it is inadequate in terms of knowledge of social objects.

Keywords: Causality, heterodoxy, orthodoxy, economic logic, method

Classification JEL : B40-B41