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Classiques Garnier

Michel Quint

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Michel QUINT

Je serais bien peu honnête de répondre au questionnaire. Parce que jai lu Proust sans véritable plaisir. À lombre des jeunes filles en fleurs pour commencer, trop tôt peut-être. Un poche acheté, juste avant daller assister à un match de rugby, chez loncle de Monique Pivot qui tenait une maison de la presse à Leforest où notre famille commune a quelques racines. Plus tard jai lu la Recherche. Toujours sans plaisir parce quun de mes condisciples, Alain Buisine, était un proustien convaincu et quil dédaignait assez nos envies de sorties en boîtes belges, nos boums roubaisiennes, vivait dans un paradis proustien dont mes amis de bamboche et moi demeurons à lécart. Proust est un malentendu littéraire à mon endroit. Donc je ne mentirai pas sur mon proustisme. Je hais trop les usurpateurs.

Interrogé sur le sens du malentendu littéraire concernant Proust, Michel Quint précise :

Si je me souviens du sens que jaccordais au mot malentendu, cest que je ne pense pas que Proust soit le chantre exclusif de laristocratie, ni un écrivain pénible à lire, aux phrases interminables. Il me semble aussi quil a suscité des vocations de littérature sentimentale et populaire, façon Delly1, du Veuzit2… Proust est dune tendresse aiguë avec ses personnages.

1 Nom de plume de Jeanne-Marie (1875-1947) et Frédéric (1876-1949) Petitjean de La Rosière, frère et sœur auteurs de romans populaires.

2 Max du Veuzit, nom de plume dAlphonsine Zéphirine Vavasseur (1876-1952), auteur de romans sentimentaux