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Classiques Garnier

Résumés

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RÉSUMÉS/ABSTRACTS

Luc Fraisse, « Marcel Proust et la langue française »

Proust à lAcadémie : il songea à y être candidat en 1920. Son rapport à la langue française passe par la culture des classiques, dont il connaît et les clartés et les obscurités. Le romancier réfléchit à ce double statut de la langue, formant un tout constitué devant les yeux de ses utilisateurs, et transformée par chacun de ceux qui lutilisent. Cest ce rapport à la langue quil sagira détudier.

Mots-clés : langue, français, phrase, style, grammaire, Académie française, littérature classique.

Luc Fraisse, “Marcel Proust and the French language

Proust entering the Académie Française: he dreamt of being a candidate in 1920. His relationship with the French language was mediated by the culture of the classics, whose clarity and obscurity were familiar to him. The novelist reflected on this dual role of the language, forming a whole before the eyes of its users, and transformed by both of the two who use it. We will examine this relationship with language.

Keywords: language, French, sentence, style, grammar, Académie Française, classical literature.

Emmanuelle Kaës, « La phrase de Proust et le latin scolaire »

Les pratiques scolaires liées au latin exercent un impact sur lécriture de Proust, non pas la latinité explicite, « lexicale » du mot, mais la latinité profonde du français de lécrivain, plus spécifiquement de sa phrase. La version latine favorise lassimilation précoce et continue du modèle rhétorique de la période mais aussi celle dun ordre des mots plus libre quen français, dont nous examinons les rémanences dans la phrase proustienne, des écrits scolaires à la Recherche.

Mots-clés : Proust, latin, phrase, traduction, période, style, enseignement, rhétorique, langue française.

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Emmanuelle Kaës, “Prousts sentence and school Latin

School practices involving Latin have an impact on Prousts writing–not the explicit, “lexical” latinness of a word, but the deep latinness of the writers French, more specifically of his sentence. Latin translation exercises favor the early and continuous assimilation of the rhetorical model of the period as well as of a freer word order than in French, whose afterglow in the Proustian sentence we examine, from his schoolboy writings to the Recherche.

Keywords: Proust, Latin, sentence, translation, period, style, teaching, rhetoric, French language.

Damien Crelier, « Le Saint-Simon de Marcel Proust. Langue classique et décadence dans À la recherche du temps perdu »

Linfluence de Saint-Simon sur Proust est ici loccasion de faire le point sur le statut de la langue classique au sein du roman, en montrant dabord comment Proust recourt au mémorialiste pour alimenter sa propre évocation de la fin dun monde, puis en quoi le roman contient la peinture dune langue classique à la fois rémanente et elle-même entrée en décadence.

Mots-clés : Saint-Simon, Mémoires, langue classique, Ancien Régime, Grand Siècle, décadence, corruption, langage, pastiche.

Damien Crelier, “Marcel Prousts Saint-Simon. Classical language and decadence in À la recherche du temps perdu

The influence of Saint-Simon on Proust is grounds in this article to review the status of classical language within his novel, by showing first how Proust draws inspiration from the memorialist in his own evocation of the end of a world, and then how the novel contains the painting of a classical language that is both remanent and itself at a decadent stage.

Keywords: Saint-Simon, Memoirs, classical language, Ancien Régime, Grand Siècle, decadence, corruption, language, pastiche.

Ilaria Vidotto, « Proust et la phrase française »

La phrase proustienne est ici abordée dans une confrontation avec les formes patrimonialisées de la phrase littéraire française. À contretemps par rapport à la sobriété syntaxique qui prédomine dans les années 1910-1920, 197la phrase proustienne garde malgré tout un souvenir évident de la période latine et classique, ce qui en assure la lisibilité.

Mots-clés : période, phrase longue, 1913, phrase brève, subordination.

Ilaria Vidotto, “Proust and the French sentence

The Proustian sentence is studied here in juxtaposition with consecrated legacy forms of the French literary sentence. Offbeat compared to the syntactic sobriety that prevailed in the 1910s and 1920s, the Proustian sentence nevertheless retains an obvious memory of the Latin and classical periods, which ensures its readability.

Keywords: period, long sentence, 1913, short sentence, subordination.

Philippe Le Guillou, « Les mots, les noms, le style »

Les noms désignent, les mots racontent : Proust a très tôt saisi cette distinction, qui charpente toute son œuvre. La rêverie sur les noms revêt dans la Recherche une valeur préfiguratrice de la vocation, en raison de sa force séminale, mettant peu à peu en scène lavènement de la littérature et la construction dune cathédrale littéraire.

Mots-clés : noms, mots, langue, littérature, cathédrale.

Philippe Le Guillou, “Words, names, style

Names designate, words recount: Proust grasped this distinction very early on, which underpins his entire work. The reverie on names augurs the vocation yet to emerge in the Recherche because of its seminal force, gradually setting the scene for the advent of literature and the construction of a literary cathedral.

Keywords: names, words, language, literature, cathedral.

Jérôme Bastianelli, « Proust traducteur de langlais »

Lécrivain traducteur, tel que se définit Proust, réfléchit à la langue littéraire en traduisant Ruskin. Ses diverses motivations nempêchent les graves lacunes de ses traductions, résultant dune rencontre mal maîtrisée des deux langues. Au-delà de lexactitude linguistique, cest un ton, un souffle, que parvient à rendre Proust, et en outre, bien des mots et tours anglais réapparaîtront dans son cycle romanesque.

Mots-clés : Ruskin, traduction, contresens, mère, esthétique.

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Jérôme Bastianelli, “Proust translating from English

The writer-translator, as Proust defined himself, reflected on the literary language by translating Ruskin. His various motivations do not prevent serious shortcomings in his translations, resulting from a poorly mastered meeting of the two languages. Beyond linguistic accuracy, it is a tone, a breath, that Proust manages to render, and many English words and turns-of-phrase will recur in his novel cycle.

Keywords: Ruskin, translation, misinterpretation, mother, aesthetics.

Stéphane Chaudier, « Proust et les mots du commun »

Comment loriginalité peut-elle apparaître et se dégager du langage commun ? Des personnages comme Jupien et Rachel le font apercevoir. Leur parler amène à distinguer, dans la langue du commun, un usage vulgaire et un usage distingué et, au-delà, le langage des émotions et le style – qui est réservé au narrateur, dans lécriture duquel on peut encore distinguer des paliers de stylicité.

Mots-clés : voix narratives, langue commune, originalité, style, vulgarité.

Stéphane Chaudier, “Proust and a shared vocabulary

How can originality appear and emerge from common language? Characters such as Jupien and Rachel make this evident. Their speech leads us to distinguish a vulgar and a prestigious form of standard language and, beyond that, the language of emotions and style, which is reserved for the narrator, in whose writing we can still distinguish levels of style.

Keywords: narrative voices, standard language, originality, style, vulgarity.

Jean-Christophe Pellat, « Les caractères des participes chez Proust ou Les participes chez Proust ont-ils “un fichu caractère” ? »

Marcel Proust appuie sa connaissance intuitive des temps et des modes du verbe sur une solide réflexion linguistique, qui peut être rapprochée de la grammaire sémantique de G. Guillaume. Les participes présents et passés sont employés dans des expressions et des titres clés de la Recherche. Ils sont au service de divers effets de style : amplification, anticipation… La succession des participes joue un rôle moteur essentiel dans la très longue phrase de Sodome et Gomorrhe.

Mots-clés : amplification, anticipation, aspect verbal, modes et temps du verbe, participes.

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Jean-Christophe Pellat, “The personality types of participles in Proust, or Do the participles in Proust have bloody character?

Marcel Prousts intuitive knowledge of tenses and verbal modes is based on a solid linguistic reflection, which can be compared to the semantic grammar of G. Guillaume. The present and past participles are used in key expressions and titles of the Recherche. They are used for various stylistic effects: amplification, anticipation… The succession of participles plays a crucial driving role in the very long sentence of Sodome et Gomorrhe.

Keywords: amplification, anticipation, verbal aspect, verb modes and tenses, participles.

Philippe Blay, « Proust et le langage musical. Composer sa musique littéraire »

Proust a étudié le piano dans sa jeunesse et, sans être un musicien accompli, possède une connaissance appréciable du langage musical. Néanmoins, depuis ses premiers écrits jusquà son roman inachevé Jean Santeuil, son utilisation du vocabulaire technique de la musique demeure restreinte. Dans la Recherche, un lexique musical choisi mais limité lui permet délaborer ses deux grandes compositions verbales, la Sonate et le Septuor de Vinteuil, en les arrimant à la réalité de la musique.

Mots-clés : musique, langage musical, vocabulaire musical, technique musicale, petite phrase, Sonate, Septuor, composition verbale.

Philippe Blay, “Proust and the language of music. Composing his literary music

Proust studied the piano when he was young and, though not an accomplished musician, possessed a considerable knowledge of musical language. Nevertheless, from his earliest writings to his unfinished novel Jean Santeuil, his use of technical musical vocabulary remains restrained. In the Recherche, a choice but limited musical lexicon allows him to articulate his two great verbal compositions, Vinteuils Sonate and Septuor, by anchoring them in the reality of music.

Keywords: music, musical language, musical vocabulary, musical technique, short phrase, Sonate, Septuor, verbal composition.

Luc Fraisse, « Proust et la langue philosophique »

Le projet créateur de Proust donnerait à attendre une floraison de termes philosophiques techniques dans la Recherche ; or, il nen est rien. Dans le sillage 200de la langue classique, le romancier détourne bien plutôt certains mots ou expressions de la langue commune pour édifier un concept personnel. Mais la langue philosophique de Proust se reconnaît aussi dans des mouvements de phrase, à la faveur desquels lécrivain entend associer au plus près le lecteur à sa démarche.

Mots-clés : roman, philosophie, vocabulaire technique, intelligence, mémoire, lecteur.

Luc Fraisse, “Proust and philosophical language

Prousts creative project would lead one to expect a flowering of technical philosophy terms in the Recherche–yet this is not the case. Following the example of classical language, the novelist instead twists certain words or expressions from standard language to build a personal concept. But Prousts philosophical language can also be recognized in the movements of a sentence, as a result of which the writer intends to involve the reader as closely as possible in his approach.

Keywords: novel, philosophy, technical vocabulary, intelligence, memory, reader.

« Prononcer la langue de Proust. Entretien de Luc Fraisse avec Loïc Corbery, Sociétaire de la Comédie française »

Lacteur revient sur ses expériences, dailleurs différentes, dacteur ou de lecteur en public, à travers la mise en scène par la Comédie française du Côté de Guermantes où il incarne Charles Swann, le spectacle « Avant lheure où les thés daprès-midi finissaient », la lecture en continu de la Recherche enregistrée par la Comédie française, le film Pas son genre. Il explique comment simmerger dans le texte de Proust pour le restituer par son corps, sa voix et son souffle.

Mots-clés : théâtre, récitation, personnage, diction, classicisme, modernité.

Pronouncing the language of Proust. Luc Fraisses interview with Loïc Corbery, member of the Comédie française

The actor looks back on his various experiences as an actor or public reader, such as the Comédie françaises production of Le Côté de Guermantes where he played Charles Swann, the show “Avant lheure où les thés daprès-midi finissaient” (Before the hour when afternoon teas ended), the continuous reading of La Recherche recorded by the Comédie française, and the film Pas son genre. He explains how to immerse oneself in Prousts text in order to reproduce it through ones body, voice, and breath.

Keywords: theater, recitation, character, diction, classicism, modernity.