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Classiques Garnier

Jacques Le Brun (1931-2020)

  • Type de publication : Article de revue
  • Revue : Revue Bossuet Littérature, culture, religion
    2020, n° 11
    . Bossuet et l’Italie (xviie-xxe siècle)
  • Auteur : Ferreyrolles (Gérard)
  • Pages : 15 à 22
  • Revue : Revue Bossuet
  • Thème CLIL : 4027 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Lettres -- Etudes littéraires générales et thématiques
  • EAN : 9782406110491
  • ISBN : 978-2-406-11049-1
  • ISSN : 2494-5102
  • DOI : 10.15122/isbn.978-2-406-11049-1.p.0015
  • Éditeur : Classiques Garnier
  • Mise en ligne : 09/11/2020
  • Périodicité : Annuelle
  • Langue : Français
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Jacques Le Brun (1931-2020)

Jacques Le Brun, vice-président des « Amis de Bossuet », est décédé le 6 avril dernier, victime du coronavirus. Au-delà de ses fonctions au sein de notre Association, nous perdons en lui un ami fidèle et un immense savant.

Après des études secondaires à Moulins, Jacques Le Brun fréquente lhypokhâgne et la khâgne du lycée Henri-IV, où il est lélève de Jean Beaufret, lintroducteur en France de la philosophie de Heidegger. Mais la rencontre décisive pour lui est celle de Jean Orcibal – grand spécialiste de la spiritualité moderne, de Port-Royal et de Fénelon –, dont il suit dès 1953 les conférences à lÉcole Pratique des Hautes Études, dans la section des Sciences religieuses. Il passe lagrégation de Lettres en 1955 et obtient lannée suivante le diplôme de lÉcole Pratique avec un mémoire sur « Bossuet et les Psaumes ». Pensionnaire de la Fondation Thiers (1956-1959), puis membre du CNRS, il peut développer librement des recherches de longue haleine : à côté de sa collaboration au Dictionnaire de spiritualité, à lHistoire spirituelle de la France (éd. Beauchesne), à la Nouvelle Histoire de lÉglise (éd. du Seuil), il édite la Politique tirée des propres paroles de lÉcriture sainte chez Droz en 1967, les Opuscules spirituels de Bossuet dans les Annales de lEst en 1970 et donne un Bossuet remarquablement synthétique dans la collection « Les écrivains devant Dieu » chez Desclée de Brouwer la même année, avant de soutenir en 1971 sa thèse de doctorat dÉtat, La Spiritualité de Bossuet, préparée sous la direction de René Pintard et publiée en 1972 chez Klincksieck. Ces travaux lui valent de succéder en 1978 à son maître Jean Orcibal comme directeur détudes à lÉcole Pratique des Hautes Études dans la chaire dhistoire du catholicisme moderne et contemporain, jusquà sa retraite en 2000. Ces années denseignement, extrêmement riches en articles et contributions savantes, voient, établie par ses soins, lédition critique des Œuvres de Fénelon dans la Pléiade : le premier volume (1637 pages), comprenant les œuvres pédagogiques et spirituelles, paraît en 1983, et le 16second (1856 pages), qui contient notamment lédition quon peut sans grand risque considérer comme définitive des Aventures de Télémaque, en 1997. Parallèlement, en compagnie dabord de Jean Orcibal puis du sulpicien Irénée Noye, Jacques Le Brun mène à terme la monumentale entreprise dédition de la Correspondance de Fénelon en dix-huit volumes, chez Droz, de 1972 à 2007. Cette dernière date atteste que léméritat na pas signifié pour lui cessation de lactivité. Au contraire, pourrait-on dire : déchargé de ses obligations statutaires, Jacques Le Brun ouvre le champ de ses recherches, comme on le mesure par lambitieuse enquête sur Le Pur Amour de Platon à Lacan (Seuil, 2002) ou le très original essai sur Le Pouvoir dabdiquer (Gallimard, 2009), et rassemble, en les complétant dinédits, de nombreux articles dispersés au gré des sollicitations antérieures qui, thématiquement agencés, constituent de véritables sommes : La Jouissance et le trouble. Recherches sur la littérature chrétienne de lâge classique (Droz, 2004) et Sœur et amante. Les biographies spirituelles féminines du xviie siècle (Droz, 2013). En 2019 encore, il avait consacré, aux éditions du Seuil, un livre à lauteur du Pèlerin chérubinique, un mystique du xviie siècle qui lui était cher entre tous : Dieu, un pur rien. Angelus Silesius, poésie, métaphysique et mystique.

Le travail critique de Jacques Le Brun étonne dabord par son ampleur. Le domaine de la spiritualité à lâge classique, avec des auteurs dœuvres considérables comme Bossuet ou Fénelon mais aussi la masse des écrits qui concourent à « linvasion mystique », suffirait à occuper une vie de chercheur. Jacques Le Brun le déborde, sur le plan chronologique comme sur le plan disciplinaire. De lAntiquité au contemporain, il convoque la théologie, lhistoire, la philosophie, la littérature, la psychanalyse – il était membre de lÉcole de psychanalyse Sigmund Freud. Le titre du Pur amour de Platon à Lacan montre lempan dun programme qui se décline dans louvrage selon les figures de saint Paul, saint Augustin, Boccace, Pétrarque, Jansénius, Perrault, Mme Guyon, Fénelon, Kant, Schopenhauer, Sacher-Masoch, Freud et Claudel ; Le Pouvoir dabdiquer ouvre un nouveau champ, où sont scrutés les cas de Dioclétien, de Charles Quint, de Richard II et de Philippe V. Mais, tout autant que par sa vastitude, lœuvre de Jacques Le Brun se caractérise par sa rigueur. Il a clairement désigné sa filiation méthodologique à propos de ce qui constitue le cœur de sa recherche, lhistoire de la mystique. Pour lui, elle se partage en trois traditions : celle dune lecture psychiatrique, qui explore 17les confins du miraculeux et du pathologique ; celle dune conception « océanique » (pour reprendre le terme fameux de R. Rolland dans sa correspondance avec Freud) du phénomène, où lhomme englouti est à la fois perdu et déifié ; celle qui considère la mystique comme écriture : linitiateur est ici Jean Baruzi, professeur au Collège de France spécialiste de saint Jean de la Croix et auteur en 1932 dune « Introduction à des recherches sur le langage mystique ». Cette dernière direction a été suivie par Jean Orcibal, disciple de Baruzi, puis par le jésuite Michel de Certeau, élève de Jean Orcibal. Cest évidemment dans une telle tradition que se situe Jacques Le Brun, ami et compagnon détudes de Michel de Certeau, non sans y incarner une ligne exigeante jusquà la radicalité. Michel Foucault, avec Freud et Certeau, lincite à récuser « la recherche de lorigine » toujours marquée par la métaphysique – ce qui peut constituer une contestation de la démarche philologique dOrcibal, axée sur la recherche du texte primitif comme réceptacle dun sens privilégié que le temps inévitablement dégradera ; Foucault encore, dont il admire la célèbre conférence (« Quest-ce quun auteur ? ») du 22 février 1969 devant la Société française de philosophie, pourrait expliquer la mise en question de « “lauteur” » comme « scripteur originaire » et celle, concomitante, du préjugé romantique de « “lœuvre” » dans la conclusion du colloque LÉcriture du croyant (Brepols, 2005). Surtout, alors que Baruzi estimait que le donné sur lequel travaille lhistorien de la mystique « ne pourrait être de toute manière constitué que par une analyse fondée sur la traduction verbale de lexpérience », Jacques Le Brun tient que le langage nest pas un « instrument de traduction du réel » et que le vécu « se trouve non pas derrière mais dans lécriture » (La Jouissance et le trouble, chap. ii) : il ny a pas lieu de postuler lexistence dune réalité extérieure au texte – en un mot, lexpérience mystique est purement, pour lhistorien, une expérience littéraire.

Si lon prend en compte, au-delà de lexpérience mystique, lexpérience spirituelle en général, on trouve une affirmation analogue de lindissociabilité de « la forme en laquelle sexprime le sentiment religieux » et « du sentiment lui-même », dans le deuil dun impossible accès à la « “sincérité” » de lécrivain, dès le premier livre de Jacques Le Brun, son précieux petit Bossuet de 1970. On ne sétonnera donc pas de lire – les termes étant soulignés par lui – le résumé programmatique de sa démarche au seuil de sa grande thèse : « Nous nous demanderons 18comment Bossuet se représentait et exprimait pour soi et pour les autrui laccueil de la grâce par lhomme (en quoi nous avions défini la spiritualité) ». Que le langage soit essentiel dans lappréhension de lexpérience spirituelle, on en a la confirmation dans ce que Jacques Le Brun pointe comme le reproche primordial de Bossuet aux « nouveaux mystiques » : lemploi dun style outré, alambiqué, inintelligible, que seules de « saintes interprétations » permettent de ramener aux limites du « supportable » (Instruction sur les états doraison) ; cest au terme de cette opération quon pourra commencer à examiner leur doctrine. Celle de Bossuet na pas attendu pour se former la controverse du quiétisme, mais elle se cristallise à son occasion en « définitions et résolutions précises » (Instruction sur les états doraison). Jacques Le Brun en a dégagé lumineusement les trois grandes caractéristiques. Cest dabord le panhédonisme – le mot est emprunté à Bremond –, qui peut être illustré par la première phrase des Méditations sur lÉvangile : « Tout le but de lhomme est dêtre heureux : Jésus-Christ nest venu que pour nous en donner le moyen » ; la vie spirituelle est aimantée par lattrait de la grâce, dont saint Augustin enseigne quelle agit par délectation. Cest aussi le dynamisme : le mouvement de la spiritualité consiste en une pratique dactes – de foi, despérance, de charité, etc. – discontinus et explicites, qui de leur nature sont volontaires et réfléchis ; rien de plus parlant à cet égard que le titre du Discours sur lacte dabandon à Dieu. Enfin, le primat de la théologie sur lexpérience. Lexpérience ne fait pas autorité par elle-même, qui comporte le double risque de la singularité et de la nouveauté ; en revanche, « il y a des règles certaines dans lÉglise pour juger des bonnes et mauvaises oraisons » (Préface à lInstruction sur les états doraison) : elles sont données par la théologie, elle-même fondée ultimement sur lÉcriture. Ainsi « lamour de Madeleine », dans lopuscule qui porte ce titre, est-il pensé et décrit par Bossuet selon le schème du Cantique des cantiques. On comprend dès lors lincompatibilité des principes de Bossuet et de Fénelon : le panhédonisme soppose à lamour pur, le dynamisme à loraison passive, le primat de la théologie à celui de lexpérience. Ce nest pas que Bossuet soit hostile à la mystique en tant que telle – sa direction spirituelle est par moments fort proche de celle de Fénelon –, mais, comme le souligne Jacques Le Brun, il ny voit pas la perfection de la vie de grâce : elle représente à ses yeux un état extraordinaire, analogue à la prophétie et à linspiration, dans lequel Dieu agit « en nous sans nous » (Instruction sur 19les états doraison), suspendant par une grâce gratis data non sanctifiante lexercice de notre liberté et donc lacquisition de tout mérite. « Bossuet qui vient de défendre contre Richard Simon la toute-puissance de la grâce, défend maintenant contre les mystiques la liberté humaine » (La Spiritualité de Bossuet) : encore et toujours en lui le souci de « tenir les deux bouts de la chaîne ».

La fin de la thèse ne signifie pas pour Jacques Le Brun la fin des travaux bossuétiens – on relèvera en particulier deux importants articles, « La notion dhérésie à la fin du xviie siècle. La controverse Leibniz-Bossuet » et « Les conditions de la croyance daprès les œuvres de controverse de Bossuet avant lépiscopat à Meaux », parus respectivement en 1975 et 1985 et repris dans La Jouissance et le trouble – mais le centre de gravité de sa recherche se déplace sur Fénelon, puis au-delà de Fénelon sur lidée du pur amour dans la pensée occidentale, enfin, à partir de la fameuse « supposition impossible » qui authentifie la pureté de cet amour, sur la paradoxale fécondité, révélée par Freud et Lacan, des propositions impensables. Bossuet au demeurant nest pas labsent de ce parcours. Déjà, éditer et étudier les écrits spirituels de Fénelon, cest par nécessité revenir sur la controverse qui la opposé à Bossuet. Simplement, si La Spiritualité de Bossuet se proposait de « regarder la querelle du quiétisme par les yeux de Bossuet », la suite la verra surtout par les yeux de Fénelon. En tout état de cause, parler de lun oblige à parler de lautre. Dans les Œuvres de Fénelon en Pléiade figure, avec toute la mise en contexte souhaitable, la Réponse de Monseigneur lArchevêque de Cambrai à lécrit de Monseigneur lÉvêque de Meaux intitulé « Relation sur le quiétisme ». En 2002, Le Pur Amour de Platon à Lacan prend naturellement pour point dobservation les crises de la fin du xviie siècle, avec une attention particulière portée aux interprétations contrastées chez Bossuet et Fénelon de la notion augustinienne de jouissance (frui). Cest cette même notion que lon retrouve en 2004 au titre de La Jouissance et le trouble, recueil dans lequel les deux auteurs les plus présents sont, de loin, Bossuet et Fénelon, le premier lemportant même quantitativement sur le second. Dans Sœur et amante, en 2013, la place de Bossuet est nettement plus restreinte, comme on pouvait sy attendre dans un ouvrage consacré aux « biographies spirituelles féminines » : elle sy repère pourtant dans le débat autour de la continuité de la vie spirituelle pendant le sommeil (chap. iv), dans les usages différenciés de lœuvre de saint François de 20Sales (chap. x) et surtout dans lidentification d« un nouveau genre de martyre » (Panégyrique de sainte Thérèse), le martyre damour souffert par lâme qui meurt de ne pouvoir mourir pour rejoindre lÉpoux (chap. vii). Une telle extrémité de lamour ne serait sans doute pas décisive pour la mystique fénelonienne, qui en loge la pureté suprême dans le choix par lâme de lenfer si elle savait – voilà la « supposition impossible » – que sa damnation serait plus agréable à Dieu que son salut. Cette supposition était au cœur du Pur Amour de Platon à Lacan, mais elle sintégrera dans la suite de la démarche de Jacques Le Brun à la série de ce quil nomme des « configurations impensables », comme le péché contre le Saint-Esprit – exception dun pardon divin sans exception – et lénigme de labdication – où labsolu du pouvoir culmine dans sa perte volontaire. Avec ces configurations, écrit-il, « se révèle dans le discours une négativité [] qui, sans ruiner la pensée, la rend possible » (« Des configurations impensables », 2013). Il y a une positivité de la négation : linvolonté, linaction, le non-savoir des mystiques ne sont pas simple absence de volonté, daction ou de savoir, mais la désignation dune volonté pure, dun acte pur et dun pur savoir. Que la négation soit fondatrice pour la pensée, cest la leçon de Freud dans son essai Die Verneinung de 1925, mais pour montrer lambivalence foncière de son fonctionnement, Jacques Le Brun dans « Le non-savoir de la négation » (2012) part de… Bossuet et de ses « Observations sur la grammaire latine » que Ledieu a recopiées sous le titre Verba contrariæ significationis, « Mots de signification opposée ». Le surgissement tout à fait inattendu de Bossuet au stade le plus avancé du travail théorique de Jacques Le Brun est le signe quil na jamais cessé, dans la contradiction et le silence même, dêtre présent à sa réflexion.

La fidélité de Jacques Le Brun à Bossuet se marque spécialement pour nous par la fidélité à notre Association, dont il était le vice-président. Il avait tenu, seul dabord puis avec Thérèse Goyet, la rubrique bibliographique du Bulletin des Amis de Bossuet pendant plus de vingt ans, de 1973 à 1994 et lui avait réservé la publication, en 1993, de « Pages retrouvées de la Politique tirée des propres paroles de lÉcriture sainte ». Son action fut capitale au sein du comité de pilotage des manifestations que les « Amis de Bossuet » organisèrent pour le troisième centenaire de la mort de Bossuet, en 2004. Les conseils de son expérience et sa connaissance du milieu académique ont guidé avec sûreté notre Association dans le choix 21des thèmes à traiter et des orateurs pour sen acquitter. Cest lui qui a déployé le panorama d« Un siècle de commémorations » à louverture des Actes du colloque de Paris et Meaux (Bossuet. Le Verbe et lHistoire, 1704-2004, Champion, 2006), mais il est intervenu également en 2004 aux colloques « Bossuet à Metz » le 22 mai, « Bossuet en son temps » à lAcadémie de Dijon le 17 octobre et « La France et Condom au temps de Bossuet » le 23 octobre. Lorsque nous avons, pendant la quinzaine dannées qui ont suivi, tenu à la Sorbonne ou à Meaux toute une série de journées détude, Jacques Le Brun sy est toujours investi soit pour présider une séance, soit – exercice délicat – pour en tirer sur-le-champ les Conclusions. Il fut aussi un des artisans du passage de notre valeureux mais modeste Bulletin à une Revue Bossuet de niveau universitaire, ce titre évoquant pour lui lambition de poursuivre lentreprise exemplaire de la première Revue Bossuet entre 1900 et 1904. Je me souviens quil avait plaidé, à raison assurément, pour une ouverture du contenu de la nouvelle revue, au-delà de la seule figure de Bossuet, aux multiples problématiques que son temps entrecroisait et qui se réfléchissait dans son œuvre : « Que serait la Revue Mabillon », disait-il, « si elle se réduisait à ne publier que des articles sur Mabillon ? Cest en sélargissant à lhistoire de la vie religieuse à lépoque moderne quelle est devenue une revue de référence ». Jacques Le Brun ne pouvait que se féliciter de linitiative prise par notre président Christian Belin dajouter sous le titre Revue Bossuet la triple mention : Littérature, culture, religion.

Mais Jacques Le Brun, pour ceux qui lont connu, cétait dabord, encadré de cheveux en bataille, un visage où lacuité du regard nétait pas démentie par un sourire finement ironique, à la malice indulgente plus encore que lucide. Son abord était tout de simplicité et dune telle discrétion que lorsquil arrivait que lémotion sexprimât – comme en 2004, quand le train qui nous emmenait porter la bonne parole bossuétienne passa par Moulins, la ville de sa jeunesse –, leffet avait quelque chose de bouleversant pour celui qui recevait cette confidence. Je lavais rencontré pour la première fois en 1999, lors du colloque « Fénelon mystique et politique » organisé par François-Xavier Cuche à luniversité à Strasbourg, où son éminence, comme celle de notre hôte, simposait, et je le revis souvent par la suite, et toujours avec joie, à loccasion des réunions de notre Association, mais jamais autant que dans les jurys dhabilitation ou de thèse auxquels je le conviais ne se 22mesuraient à la fois son autorité intellectuelle et sa gentillesse envers les personnes – il savait admirer les candidats comme nous ses collègues ladmirions dans le temps même quil les jugeait, lui qui joignait à lacribie philologique la puissance des synthèses interdisciplinaires et transséculaires. LUniversité perd un maître, et notre Association un guide et un ami. Jacques Le Brun voulait garder – cétait son éthique de chercheur – envers ses objets détude une « froideur bienveillante » : de lui, la reconnaissance nous fait un devoir de dire que nous navons reçu quune bienveillance généreuse.

Gérard Ferreyrolles