Sur les traces de Bossuet en Italie
- Type de publication : Article de revue
- Revue : Revue Bossuet Littérature, culture, religion
2020, n° 11. Bossuet et l’Italie (xviie-xxe siècle) - Auteur : Romeo (Maria Vita)
- Résumé : La présence de la pensée de Bossuet en Italie est marquée par la traduction de ses écrits depuis le début du XVIIIe siècle : ainsi, la traduction italienne de la Relation sur le quiétisme date de 1698. Au cours du XVIIIe siècle, une diffusion des œuvres de Bossuet est attestée en Sicile. Au XIXe siècle, Bossuet influence notamment Manzoni. À partir du 2002 paraissent les traductions du Traité de la concupiscence, du Traité du libre arbitre, et du Traité sur la connaissance de Dieu et de soi-même.
- Pages : 109 à 124
- Revue : Revue Bossuet
- Thème CLIL : 4027 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Lettres -- Etudes littéraires générales et thématiques
- EAN : 9782406110491
- ISBN : 978-2-406-11049-1
- ISSN : 2494-5102
- DOI : 10.15122/isbn.978-2-406-11049-1.p.0109
- Éditeur : Classiques Garnier
- Mise en ligne : 09/11/2020
- Périodicité : Annuelle
- Langue : Français
- Mots-clés : théologie, philosophie, liberté, responsabilité, éthique, éducation, Manzoni
SUR LES TRACES DE BOSSUET EN ITALIE
La présence de la pensée de Bossuet en Italie est sans doute marquée par la diffusion de ses écrits et par leur traduction en italien dont nous avons témoignage depuis le début du xviiie siècle. La traduction italienne de la Relation sur le quiétisme1 date de 1698 et de 1712 la traduction italienne du Discours sur l’histoire universelle2, imprimée à Venise chez l’éditeur Paolo Baglioni. En 1733 nous avons la traduction du Traité du libre arbitre, imprimée à Padoue, chez l’éditeur Manfré3 ; et en 1736 la traduction de l’Introduction à la Philosophie, ou de la Connaissance de Dieu et de soi-même4. En 1766 paraît la traduction du Traité de la concupiscence ; et à partir de 1777 sont publiés la traduction et le recueil des Œuvres complètes de Bossuet, qui trouvent une large diffusion dans toute la péninsule italienne.
À ce propos, nous devons mettre en évidence une diffusion très large des œuvres de Bossuet en Sicile, et surtout à Catane, à Messine et à Palerme. Dans cette dernière ville, précisément dans l’évêché de Monreale, Monseigneur Francesco Testa (1704-1773) se consacra aux études et exerça son épiscopat. En s’inspirant du Catéchisme français de Bossuet5, Monseigneur Testa écrit, en langue sicilienne, pour son diocèse de Monreale, les Elementi della dottrina cristiana esposti in lingua 110siciliana ad uso della diocesi di Monreale6. Cet ouvrage est l’expression la plus éloquente du projet de réforme globale du séminaire de Monreale, dont la renommée se répandra si profondément sur toute l’île qu’il fut appelé l’« Athènes de la Sicile7 ». Ce projet réformateur s’inscrivait dans une stratégie de renouveau spirituel et culturel, en vue de former une classe dirigeante en mesure de guider et d’éduquer le peuple sicilien qui était en proie à l’ignorance et à la superstition.
L’évêque sicilien, dans la foulée de Bossuet, proposait un modèle de vertu morale pour les habitants de Monreale, en créant une école avec des professeurs très savants qui attiraient beaucoup d’étudiants et qui faisaient honneur à la vie culturelle de la Sicile. Son but principal était de donner une unité à l’église sicilienne en se fondant sur l’exemple de l’évêque de Meaux, qui avait visé à reconstruire une unité religieuse entre les églises. Du reste, le clergé sicilien était en grand nombre, mais souvent ses membres, sélectionnés de manière confuse, étaient mal répartis sur le territoire ; en outre, leur formation culturelle était insuffisante. En découlait la nécessité d’une réforme complète qui, en partant de la moralisation du clergé, était destinée à la réorganisation de la société civile.
D’autre part, Francesco Testa, tout comme Bossuet, sensible aux questions de doctrine et de morale, attribuait les changements de son époque à une tendance rationaliste, qu’il percevait comme extrémiste, et qui contribuait selon lui à la diffusion du laïcisme8.
Pour comprendre aussi l’influence linguistique que Bossuet exerça sur l’évêque Testa, nous renvoyons au travail de Francesco Di Natale qui confronte la traduction italienne du Catéchisme de Bossuet, du 1734, avec la première édition en langue sicilienne des Elementi della dottrina cristiana esposti in lingua siciliana de Testa9. Dans ce travail, Di Natale non seulement montre que l’œuvre de Testa s’inspire de l’œuvre de Bossuet, mais il affirme aussi que l’œuvre de l’évêque sicilien est une simple traduction en langue sicilienne du texte italien de Bossuet. En réalité Monseigneur Testa ne crée pas un calque froid et anonyme ; bref, il n’est pas un simple traducteur, parce que, grâce aussi à sa capacité 111rhétorique et littéraire, il relit le catéchisme de Bossuet en y ajoutant des parties originales.
Dans la première partie des Elementi della dottrina cristiana, Testa expose son projet pédagogique et il souligne l’importance de l’apostolat dans l’Église, en éduquant le peuple de Dieu aux règles les plus élémentaires du christianisme. D’où la valeur du catéchisme, grâce auquel l’enfant apprend à se dominer et à avoir une conduite conforme à la morale chrétienne, pour réaliser une évangélisation radicale de la société. Pour ce faire, Monseigneur Testa s’adressera aussi aux mères des enfants :
Avant tout, il faut apprendre aux enfants à faire le signe de la croix, et les habituer à se signer le plus souvent possible, et surtout quand ils vont se coucher, quand ils se réveillent, et au début et à la fin du repas. Puis il se peut poser les suivantes questions, et leur apprendre, et faire répéter continuellement, les réponses correspondantes10.
Comme il apparaît ici avec évidence, le but était de réformer les coutumes des Siciliens, en dissipant l’ignorance et surtout en secouant les esprits pour les faire sortir de la léthargie où ils se trouvaient.
En revanche, la deuxième partie des Elementi della dottrina cristiana s’adresse aux prêtes siciliens ; elle est une sorte de manifeste des règles sociales et morales, pour combattre toutes formes de laxisme et restaurer ce rigorisme moral soutenu énergiquement, dans la France du xviie siècle, par les jansénistes français contre les jésuites. Ici, Monseigneur Testa interdit aux prêtres de fréquenter les femmes, d’aller à la chasse, et il prescrit de se consacrer à la charge d’âmes. Bref, les prêtres devaient être des exemples de sainteté sur le modèle de Carlo Borromeo, de François de Sales et de Vincent de Paul. À ce propos, il leur conseille de lire les textes de Molina ou du dominicain Natale d’Alessandro, ou encore du philo-janséniste François Genet qui, dans son ouvrage Theologia moralis, destiné aux confesseurs, invite au rigorisme moral.
112De plus, cette deuxième partie des Elementi della dottrina cristiana contient la présentation de la doctrine des sacrements, dont la source principale est Bossuet, et un chapitre intitulé l’Istruzione sopra le feste, où encore une fois l’évêque sicilien suit le schéma de l’évêque de Meaux.
Le succès de l’œuvre de Bossuet en Italie est sans doute dû à la profondeur théologique de ses œuvres, qui sont une source de méditation et de préparation à la réflexion religieuse. À ce propos, il faut revenir sur la diffusion de l’œuvre de Bossuet en Sicile. Ainsi, si dans la Sicile occidentale nous trouvons dans la figure de Francesco Testa « le Bossuet sicilien », dans la Sicile orientale nous trouvons dans la figure de Mario Sanfilippo « le Bossuet de notre temps11 ».
Mario Sanfilippo, né à Adrano (Catane) le 12 septembre 1761 et mort le 3 juin 1810, avait étudié au séminaire épiscopal de Catane, fondé par l’évêque philo-janséniste Salvatore Ventimiglia ; ce séminaire était un lieu d’excellence pour les études sacrées et profanes, où les jeunes Siciliens accouraient pour s’instruire dans toutes les disciplines. Ici Sanfilippo reçut une éducation excellente et devint très tôt un habile orateur ; il écrivit sur le modèle de Bossuet des panégyriques, des oraisons funèbres et aussi des sermons, qui le rendirent célèbre sur toute l’île, au point que l’évêque de Catane, Monseigneur Deodati, lui confia, à l’âge de 29 ans seulement, la chaire de rhétorique.
D’ailleurs, il faut souligner que les œuvres de Bossuet dont nous avons le plus de traductions italiennes sont précisément le Catéchisme, les Oraisons funèbres et les Sermons. Les traductions des Oraisons funèbres, par exemple, vont de 1748 à 2009 : c’est le signe d’un intérêt très fort pour le message rhétorique, spirituel et historique de Bossuet. En effet, tout le monde connaissait son autorité intellectuelle et sa capacité de concilier réalité et imagination, en narrant la vie de personnages de ses oraisons. En témoigne, par exemple, l’Oraison pour le Prince de Condé considérée à bon droit comme la source principale de l’ode Il Cinque Maggio d’Alessandro Manzoni, écrite à l’occasion de la mort de Napoléon. Dans cette oraison de Bossuet, dont la dernière traduction italienne par Maria Teresa Ricci date de 199612, comme dans d’autres oraisons, l’évêque de 113Meaux, d’un côté, dénonce l’illusion de la vanité, la caducité des valeurs terrestres et la folie de l’attachement à la vie, et de l’autre côté il exalte l’utilité de la mort, la seule qui assure l’immortalité de notre âme. Ici, Bossuet selon la topique de la bonne mort, nous invite à bien vivre, en apprenant à mourir. La mort n’est pas la fin de l’histoire, mais sa genèse, son fondement – ce qui doit aider les hommes à affronter le mystère de la mort avec pietas, conscience de leurs limites et de leur finitude.
Ce qui distingue ses amis d’avec tous les autres c’est la piété, jusqu’à ce qu’on ait reçu ce don du ciel tous les autres non seulement ne sont rien, mais encore tournent en ruine à ceux qui en sont ornés : sans ce don inestimable de la piété, que serait-ce que le prince de Condé avec tout ce grand cœur et ce grand génie ? […] Poussons donc à bout la gloire humaine par cet exemple ; détruisons l’idole des ambitieux ; qu’elle tombe anéantie devant ces autels. Mettons ensemble aujourd’hui (car nous le pouvons dans un si noble sujet) toutes les plus belles qualités d’une excellente nature ; et, à la gloire de la vérité, montrons dans un prince admiré de tout l’univers, que ce qui fait les héros, ce qui porte la gloire du monde, jusqu’au comble ; valeur, magnanimité, bonté naturelle ; voilà pour le cœur ; vivacité, pénétration, grandeur, et sublimité de génie ; voilà pour l’esprit ; ne seraient qu’une illusion, si la piété ne s’y était jointe ; et enfin que la piété est le tout de l’homme13.
La relation entre l’oraison funèbre de Bossuet et l’ode Il Cinque Maggio de Manzoni a été soulignée aussi par Ettore Bonora, qui parle des « legami strettisimi14 » entre les deux œuvres, liens très étroits qui impliquent le style apologétique des deux auteurs et les concepts principaux comme la critique de la vanité, du pouvoir de ce monde, ou la conception d’une religion capable de nous consoler des douleurs et des maux qui nous affligent. Mais les liens très étroits entre Bossuet et Manzoni concernent aussi l’emploi du langage et de certaines expressions : je pense surtout aux termes d’Alessandro Manzoni comme « il gran disegno » et « i rai fulminei » qui évoquent le « grand dessein » et les « regards étincelants », ou encore « il mortal sospiro », « la stanca man » qui évoquent les termes de Bossuet, le « dernier soupir », « ces mains victorieuses et maintenant défaillantes ».
Nous pouvons donc affirmer qu’au-delà de l’influence que Bossuet a exercée sur les deux siciliens Mario Sanfilippo et Francesco Testa, le 114penseur italien chez lequel on décèle le plus l’influence de l’« aigle de Meaux » est sans doute Alessandro Manzoni, comme cela est démontré par Luciano Parisi, auteur d’un volume intitulé Manzoni e Bossuet15 . Du reste, l’intérêt de Manzoni pour la culture française du xviie siècle, ses sympathies pour le jansénisme, et son admiration pour Pascal16, Nicole, Massillon, Bourdaloue et Bossuet, sont bien connus, et ont été démontrés par Aurelia Accame Bobbio17, Manzoni en parle lui-même dans sa Préface aux Osservazioni sulla morale cattolica, où l’auteur le plus cité est justement Bossuet :
Rileggendo le opere de’ grandi moralisti cattolici – écrit Manzoni – e segnatamente i Sermoni di Massilon e di Bourdaloue, i Pensieri di Pascal, e i Saggi di Nicole, io sento la piccolezza delle osservazioni contenute in questo scritto18.
Manzoni montre également qu’il connaît Bossuet dans l’incipit du deuxième chapitre de son roman I Promessi Sposi, où il se réfère à la nuit du prince de Condé à la veille de la bataille de Rocroi :
Si racconta che il principe di Condé dormì profondamente la notte avanti la giornata di Rocroi : ma, in primo luogo, era molto affaticato ; secondariamente aveva già date tutte le disposizioni necessarie, e stabilito ciò che dovesse fare, la mattina. Don Abbondio in vece non sapeva altro ancora se non che l’indomani sarebbe giorno di battaglia ; quindi una gran parte della notte fu spesa in consulte angosciose.
Et voici l’évocation suggestive de la veille de la bataille de Rocroi dans les paroles inspirées de Bossuet, pendant l’oraison funèbre du prince de Condé :
À la nuit qu’il fallut passer en présence des ennemis, comme un vigilant capitaine, il reposa le dernier, mais jamais il ne reposa plus paisiblement. À la veille d’un si grand jour et dès la première bataille il est tranquille, tant il se trouve dans son naturel ; et on sait que le lendemain à l’heure marquée il fallut réveiller d’un profond sommeil cet autre Alexandre. Le voyez-vous comme il vole, ou à la victoire, ou à la mort19 ?
115Le lien entre Manzoni et Bossuet est visible aussi dans le choix de certains termes, ainsi l’image de la « Chiesa del Dio vivente » comme l’Église des pauvres, que Manzoni utilise dans la Pentecoste :
Per Te sollevi il povero
Al ciel, ch’è suo, le ciglia,
Volga i lamenti in giubilo,
Pensando a Cui somiglia :
Cui fu donato in copia,
Doni con volto amico,
Con quel tacer pudico,
Che accetto il don ti fa.
En effet, le rythme, le langage et les concepts sont identiques à ceux employés par Bossuet dans son Sermon sur la Pentecôte. Un autre exemple est fourni par le traitement du thème de la « joie malicieuse » dont parle Bossuet et qui est reprise dans La Passione d’Alessandro Manzoni :
E tu, Madre, che immota vedesti
Un tal Figlio morir sulla croce,
Per noi prega, o regina de’ mesti,
Che il possiamo in sua gloria veder :
Che i dolori, onde il secolo atroce
Fa de’ boni più tristo l’esiglio,
Misti al santo patir del tuo Figlio,
Ci sian pegno d’eterno goder.
Pour Manzoni, attentif aux questions religieuses et morales, l’évêque de Meaux est le porte-parole le plus influent de la tradition catholique, fortement ébranlée par des luttes externes et internes, qui menaçaient son unité. Les sermons de Bossuet, à partir desquels il est possible de mettre en évidence les grands principes du christianisme, furent pour Manzoni et pour sa femme Henriette Blondel un modèle de haute spiritualité qui contribuera de manière décisive à leur conversion, sans toutefois impliquer une adhésion parfaite de l’auteur des I Promessi Sposi à la pensée de Bossuet. Manzoni par exemple n’a jamais pu accepter ni la conception de l’évêque français d’une alliance entre le trône et l’autel, ni sa critique des romans et du théâtre.
Manzoni ne peut donc être considéré comme un disciple de Bossuet, bien que l’évêque de Meaux reste pour lui un interlocuteur, le plus 116privilégié, avec lequel dialoguer – comme en témoigne l’orchestration, dans l’œuvre de Manzoni, du thème de la Providence. Par rapport à la conception de Bossuet qui, grâce à la Providence, essaye de donner un sens aux guerres, aux calamitées, aux grands maux, Manzoni assume une position plus prudente et équilibrée, parce qu’il n’affirme ni ne nie l’influence de la Providence sur les évènements humains et naturels. En effet, la Providence pour Manzoni, plus que pour Bossuet, reste et restera toujours un mystère religieux.
Une distance se creuse par ailleurs entre Manzoni et Bossuet, selon Luciano Parisi, en raison de l’humour qui accompagne l’évocation, par Manzoni, du personnage tragicomique de don Abbondio, le curé pusillanime du roman I Promessi Sposi. Cette description, selon Parisi, éloignerait Manzoni non seulement de Bossuet mais aussi du jansénisme et de Pascal, qui critiquait le divertissement. Cette conception des jansénistes et de Pascal comme des auteurs rigoristes, misanthropes et boudeurs, qui condamneraient toute forme d’amusement est pourtant contestable, car la notion pascalienne de divertissement est très complexe et articulée. Elle représente la tentative de détourner nos pensées et nos soucis de la vérité de la condition humaine – la mort, la misère, l’ignorance – vers l’illusion du jeu, de la chasse et de tout ce qui est nécessaire pour n’y point penser.
Nonobstant ces misères, il veut être heureux, et ne veut être qu’heureux, et ne peut ne vouloir pas l’être. Mais comment s’y prendra-t-il ? Il faudrait, pour bien faire, qu’il se rendît immortel. Mais ne le pouvant, il s’est avisé de s’empêcher d’y penser.
Les hommes n’ayant pu guérir la mort, la misère, l’ignorance, ils se sont avisés, pour se rendre heureux, de n’y point penser20.
Qui est donc l’homme vraiment heureux ? Sans doute n’existe-t-il pas :
Quelque condition qu’on se figure, où l’on assemble tous les biens qui peuvent nous appartenir, la royauté est le plus beau poste du monde. Et cependant, qu’on s’en imagine accompagné de toutes les satisfactions qui peuvent le toucher. S’il est sans divertissement et qu’on le laisse considérer et faire réflexion sur ce qu’il est, cette félicité languissante ne le soutiendra point. Il tombera par nécessité dans les vues qui le menacent des révoltes qui peuvent arriver 117et enfin de la mort et des maladies, qui sont inévitables. De sorte que s’il est sans ce qu’on appelle divertissement, le voilà malheureux, et plus malheureux que le moindre de ses sujets qui joue et qui se divertit21.
Néanmoins le divertissement n’est pas complètement absurde. Il a sa raison d’être, que « les demi-savants » critiquent et considèrent comme la folie du monde :
Le peuple a les opinions très saines. Par exemple :
[…] D’avoir choisi le divertissement, et la chasse plutôt que la prise. Les demi-savants s’en moquent et triomphent à montrer là-dessus la folie du monde. Mais par une raison qu’ils ne pénètrent pas on a raison22.
Cela ne fait aucun doute ; cependant il faut remarquer que le divertissement, qui nous empêche de penser à notre misère, est la plus grande de nos misères :
La seule chose qui nous console de nos misères est le divertissement, et cependant c’est la plus grande de nos misères. Car c’est cela qui nous empêche principalement de songer à nous, et qui nous fait perdre insensiblement. Sans cela nous serions dans l’ennui, et cet ennui nous pousserait à chercher un moyen plus solide d’en sortir, mais le divertissement nous amuse et nous fait arriver insensiblement à la mort23.
Or, il faut remarquer que, de toutes les œuvres pascaliennes, l’évêque de Meaux préférait les Provinciales, à tel point que Francesco Ruffini parle d’un Bossuet philo-janséniste24. D’ailleurs, les Provinciales représentent l’œuvre pascalienne sur laquelle Manzoni a le plus travaillé, comme le montrent les annotations qu’il est possible de voir aujourd’hui encore dans la copie personnelle des Provinciales, conservée à bibliothèque de sa maison de Milano. C’est pourquoi l’humour dont Manzoni se sert pour décrire la figure de don Abbondio, et que nous rencontrons en effet tout au long du roman, n’est pas un élément de division, mais un point ultérieur d’union entre Bossuet et Manzoni. Bref, le curé de campagne, lâche et peureux comme un lièvre, ne correspond pas au modèle de la morale rigoriste d’Alessandro Manzoni, mais il reste une 118figure indispensable dans I Promessi Sposi pour dénoncer une société corrompue, où tous se moquent de la couardise de don Abbondio, alors qu’ils plient lâchement le genou non seulement devant les puissants de ce monde, mais aussi devant le tyranneau du village.
Une autre œuvre de Bossuet qui a influencé Alessandro Manzoni est l’Exposition de la doctrine de l’Église catholique25, au sein de laquelle il est possible d’entrevoir des traces dans les Osservazioni sulla morale cattolica du penseur italien, attentif, comme nous avons dit, aux divisions qui menaçaient l’unité de l’Église catholique. Cette œuvre de Bossuet, l’Exposition de la doctrine de l’Église catholique, fut utilisée par le janséniste Eustachio Degola dans ses leçons à Henriette Blondel : à ces leçons de Degola était présent Manzoni aussi, qui rédigea trois cahiers de notes, malheureusement perdues, intitulés Ristretti di dottrina cristiana cattolica. Manzoni, dans ses Osservazioni sulla morale cattolica, se propose de défendre le catholicisme des accusations de Sismondi et dans ses pages nous trouvons les thèmes traités par Bossuet dans son Exposition : le culte des images, la théorie de la justification, les valeurs des sacrements, l’autorité inconditionnelle de l’Église et de sa tradition.
Quoi qu’il en soit, les nombreuses traductions italiennes des œuvres de Bossuet à partir du xviiie siècle sont l’expression d’un intérêt très vif de sa pensée non seulement dans le domaine théologique, mais aussi dans le domaine philosophique. Nous pensons évidemment au Traité du libre arbitre, au Traité de la concupiscence et au Traité de la connaissance de Dieu et de soi-même. Ce sont des œuvres qui ont toutes comme objet l’homme et ses passions, et qui offrent au lecteur des conseils et des maximes pour lui éviter de se nourrir d’illusions. D’où l’exhortation de Bossuet à ne pas adorer le monde, où tout est corruption, et à se démarquer de l’orgueil, la plus grande perversion de l’homme.
Or, ces arguments ne sont pas un désaveu total des passions de l’homme, ni ne peuvent être considérés comme une invitation, pour employer les termes pascaliens, à haïr le moi pour reverser notre amour seulement à Dieu. La concupiscence est amour propre sans Dieu, amour égoïste qui répudie la véritable grandeur de l’homme. Cela invalide la thèse de Manlio Sgalambro, auteur d’une introduction à 119une traduction italienne du Traité de la concupiscence26, dans laquelle il exalte la concupiscence comme la forme la plus haute de la vitalité de l’homme, dont le principium individuationis est lié à la Chute, en raison de laquelle la concupiscence est l’expression de la grandeur de l’homme27.
En vérité, nous savons avec Pascal que la concupiscence éloigne l’homme non seulement de Dieu, mais aussi de soi-même. De cette manière, l’homme est victime de son amour propre, de son égoïsme et n’affirme pas son identité. On sait, en effet, que la grandeur de l’homme s’affirme dans la relation avec l’autre, une relation fondée sur l’amour de soi qui n’est pas opposée à l’amour de Dieu, mais qui est même son prolongement. Par la suite, l’amour de soi-même est aussi nécessaire qu’indispensable pour s’affirmer soi-même, s’ouvrir aux autres et conséquemment à Dieu.
En 2002, le Traité de la concupiscence est traduit par Domenico Bosco28 qui, dans son introduction, souligne comment cet ouvrage non dépourvu de rudesse constitue non seulement la théodicée de Bossuet mais aussi l’incipit du Discours sur l’histoire universelle. Le thème de la concupiscence s’inscrit dans l’étude de l’homme et le besoin de découvrir son intériorité menacée par le moi titanesque qui l’a renvoyée de Dieu et donc de soi-même. La dichotomie entre l’amour propre et la charité signe la dichotomie entre le monde de l’homme et le monde crée par Dieu pour l’homme. L’homme a eu pour héritage le monde avec sa perfection « divine », mais son égoïsme et sa volonté de puissance ont détruit cette perfection en faveur d’un monde dominé par la concupiscence et la vanité. On sait que les effets de l’amour propre sont infinis ; d’où l’invitation de Bossuet à ne pas se laisser séduire par les tentations et à avoir crainte de Dieu, sans s’oublier soi-même.
On rejoint de cette manière un autre grand thème cher à Bossuet : la liberté. Sans aucun doute, le thème de la liberté est un sujet qui a intéressé la réflexion philosophique déjà depuis l’antiquité ; tous parlent de liberté, tous luttent pour la liberté, tous ont essayé de la définir. On comprend donc l’intérêt pour l’œuvre de Bossuet, le Traité du libre arbitre, 120qui serait traduit en italien en 173329 et en 179830, et encore de nos jours. Cette dernière traduction31, éditée par Maria Vita Romeo pour la collection Fonti e studi du « Centro Studi su Pascal e il Seicento », compte une ample introduction sur le thème de la liberté, et en particulier sur la conception chrétienne de la liberté, qui pose le problème du rapport entre la liberté de l’homme, esclave du péché, et le Dieu libérateur et Rédempteur. Il s’ensuit une réflexion sur le problème du mal, qui met en cause le problème du libre arbitre et de la volonté. Si l’homme, en effet, fait le mal parce que sa volonté est dans l’impossibilité de résister, au point d’annuler le libre arbitre, alors « nulla peccata sunt ». Car, si notre volonté n’était pas libre, alors il n’y aurait pas le péché moral.
Mais l’homme pèche et s’il y a le péché, alors il y a la liberté. De cette manière, le problème du rapport entre la liberté humaine et la grâce divine se présente à nouveau. Or, ce rapport – que le pélagianisme avait retranché et que saint Augustin avait essayé de rééquilibrer, en soulignant l’hypothèse que le péché en pesant sur la liberté humaine et en donnant ainsi à la grâce divine une importance au regard de la liberté humaine – avait besoin d’une nouvelle modulation. Après la Réforme et la Contre-Réforme, l’ancienne querelle, qui avait pour protagonistes Pélage et saint Augustin, se renouvelle ; de ces débats sur la manière de concilier la volonté de Dieu avec la volonté de l’homme naîtront de nouvelles réflexions sur le grand et difficile thème de la liberté. Ici s’insère la recherche de Bossuet exposée dans son Traité sur le libre arbitre, une œuvre qui, par sa clarté et sa brièveté, était destinée au grand public. Cela explique, en partie, sa grande diffusion tant dans les milieux culturels des xviiie et xixe siècles, que dans ceux d’aujourd’hui où la liberté reste encore une notion aussi centrale que débattue.
La troisième œuvre, qui en Italie a eu du succès, est le Traité sur la connaissance de Dieu et de soi-même, dont nous avons six traductions qui vont de 1736 à 1797, et une traduction récente (2017) éditée par Elisabetta Todaro32, autrice également d’une vaste introduction. Cette dernière 121traduction s’insère, elle aussi, dans la collection Fonti e studi du « Centro Studi su Pascal e il Seicento », qui promeut depuis plus de quinze années la diffusion de la pensée philosophique du xviie siècle. Comme on le sait, cette œuvre de Bossuet est le manifeste de sa pensée philosophique ; elle diffuse en quelque sorte un message philosophique très cher aux philosophes du xviie siècle : la connaissance de soi-même est la base de toute action morale. En analysant l’œuvre de Bossuet de manière précise et scrupuleuse, Elisabetta Todaro met en évidence trois sources de la pensée philosophique de l’évêque de Meaux : saint Augustin, saint Thomas et Descartes.
Ainsi, Bossuet, tout en partageant la thèse cartésienne des idées claires et distinctes, propose une théorie des passions sur le modèle de saint Thomas, une théorie qui se détache de Descartes. Sa théorie des passions, qui s’inspire du Doctor angelicus, révèle toute son importance dans le lien qui l’unit à la thèse des causes finales, à l’existence de la Providence et enfin à la théorie de la connaissance de soi-même. Se connaître soi-même constitue une démarche nécessaire non seulement pour accéder à Dieu, mais aussi pour trouver confirmation de notre propre existence grâce à la reconnaissance de l’autre, grâce à son visage qui nous permet de nous affirmer en tant que sujet. C’est le message le plus authentique de la philosophie, parce qu’il pose les fondements de la société humaine et de son éthique. Et il faut souligner que la force de la philosophie consiste non seulement dans son message, mais aussi dans la rigueur de la logique et dans la vigueur persuasive du philosophe qui, durant une période historique déterminée, s’approche des universaux et de la vérité « con mente pura » – selon le penseur napolitain Giambattista Vico – et qui décrit « una storia ideale eterna, sopra la quale corrono in tempo le storie di tutte le nazioni ne’ loro sorgimenti, progressi, stati, decadenze e fini33 ». C’est pourquoi l’attrait de Bossuet historien, philosophe, orateur et théologien demeure ; autant de facettes qui expliquent son succès en Italie et en Europe.
Maria Vita Romeo
Université de Catane
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Parisi, Luciano, , Manzoni e Bossuet, Alexandrie (Italie), Ed. dell’Orso, 2003.
Polenghi, Maria, Benigno Bossuet, Turin, SEI, 1935.
Ricuperati, Giuseppe, Un canone senza alterità. Jacques-Bénigne Bossuet e la storia universale, Florence, Leo S. Olschki, 2001.
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Romeo, Maria Vita, Le Retentissement des Provinciales en Italie, Paris, Classiques Garnier, 2000.
Rosso, Corrado, Uguaglianza e controuguaglianza nel pensiero morale del Seicento francese (Pascal, Bossuet), Bologne, Tipografia Compositori, 1975.
Rotta, Paolo, Un momento importante nella storia filosofico religiosa del secolo XVII, Leibniz-Bossuet, Milan, S. Ghezzi, 1900.
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Sgalambro, Manlio, Piccola glossa al Trattato della concupiscenza, in J.-B. Bossuet, Trattato della concupiscenza, traduction de G. Beltrani, Catania, De Martinis, 1994, p. 7-10.
Testa, Francesco, Elementi della dottrina cristiana esposti in lingua siciliana ad uso della diocesi di Monreale, Monreale Palerme, Gaetano Bentivegna, 1764.
Todaro, Elisabetta, L’uomo di Bossuet, in J.-B. Bossuet, Trattato sulla conoscenza di Dio e di se stessi, éd. E. Todaro, Soveria Mannelli, Rubbettino, Fonti e Studi, Cespes, 2017, p. 7-32.
ŒUVRES DE BOSSUET TRADUITES EN ITALIEN
Relazione intorno al quietismo. Composta in francese da monsignor vescovo di Meaux consigliere ordinario di Stato, già precettore del serenissimo Delfino, Paris, Anissone, 1698.
Discorso sopra la storia universale per dilucidare la continuazione della religione e le mutazioni degl’imperi, dal principio del mondo sino all’imperio di Carlo Magno. Di monsignore Jacopo Benigno Bossuet … traduit en italien par Selvaggio Canturani, Venice, Paolo Baglioni, 1712.
Del libero arbitrio, e della concupiscenza. Opera istruttiva di monsignor Jacopo Benigno Bossuet vescovo di Meaux, Padoue, imprimerie du séminaire, Manfré, 1733.
Catechismo o sia Istruzione di Monsignore Benigno Bossuet vescovo di Meaux. Ultimissima ad ogni sorta di persone, per insegnare, e per apprendere quanto s’aspetta alla Cattolica Religione, e le massime della Pieto, Padoue, imprimerie du séminaire, Manfré, 1734.
124Introduzione alla filosofia, ovvero Della cognizione di Dio e di sé medesimo, Venise, Francesco Pitteri, 1736.
Trattato del libero arbitrio di monsignor Jacopo-Benigno Bossuet vescovo di Meaux, Venise, Pietro Zerletti, 1798.
Orazione funebre per il principe di Condé, éd. Maria Teresa Ricci, Rome, Manifestolibri, 1996.
Trattato della concupiscenza, Préface de M. Sgalambro, Catane, De Martinis, 1994.
Trattato della concupiscenza, éd. D. Bosco, Brescia, Morcelliana, 2002.
Trattato sul libero arbitrio, éd. M. V. Romeo, Soveria Mannelli, Rubbettino, Fonti e Studi, Cespes, 2016.
Trattato sulla conoscenza di Dio e di se stessi, éd. E. Todaro, Soveria Mannelli, Rubbettino, Fonti e Studi, Cespes, 2017.
1 J.-B. Bossuet, Relazione intorno al quietismo. Composta in francese da monsignor vescovo di Meaux consigliere ordinario di Stato, già precettore del serenissimo Delfino, …, Paris, Anissone, 1698.
2 J.-B. Bossuet, Discorso sopra la storia universale per dilucidare la continuazione della religione e le mutazioni degl’imperi, dal principio del mondo sino all’imperio di Carlo Magno. Di monsignore Jacopo Benigno Bossuet …, trad. Selvaggio Canturani, Venise, Paolo Baglioni, 1712.
3 J.-B. Bossuet, Del libero arbitrio, e della concupiscenza. Opera istruttiva di monsignor Jacopo Benigno Bossuet vescovo di Meaux, Padoue, imprimerie du séminaire, Manfré, 1733.
4 J.-B. Bossuet, Introduzione alla filosofia, ovvero Della cognizione di Dio e di sé medesimo, Venise, Pitteri, 1736.
5 Voir J.-B. Bossuet, Catechismo o sia Istruzione di Monsignore Benigno Bossuet vescovo di Meaux. Utilissima ad ogni sorta di persone, per insegnare, e per apprendere quanto s’aspetta alla Cattolica Religione, e le massime della Pietào, Padoue, Imprimerie du séminaire, Manfré, 1734.
6 F. Testa, Elementi della dottrina cristiana esposti in lingua siciliana ad uso della diocesi di Monreale, Monreale Palerme, Gaetano Bentivegna, 1764.
7 G. Milluzzi, Storia del seminario arcivescovile di Monreale, Milan, Paoline, 2019, p. 164.
8 Voir F. Di Natale, Francesco Testa il “Bossuet siciliano”. Chiesa e catechesi a Monreale nel Settecento, Messine, Elledici, 2006.
9 Ibid., p. 124-183.
10 Voici le passage en sicilien : « Prima di ogni cosa bisogna ‘nsignari a li picciriddi di farisi lu signu di la Cruci, e avvizzarili a farisillu lu chiù spissu chi po’, e specialmenti quannu vannu a durmiri, quannu si levanu, e a lu principiu e a lu fini di lu manciari. Poi cci si ponnu fari spissu li siguenti interrogazioni, e ‘nsignarici, e faricci ripetiri continuamenti, li currispundenti risposti ». Le passage en italien : « Prima di ogni cosa bisogna insegnare ai bambini a farsi il segno della croce, e abituarli a farselo il più possibile, e specialmente quando vanno a dormire, quando si svegliano, e all’inizio e alla fine del pasto. Poi si possono fare spesso le seguenti domande, e insegnare loro, e far ripetere continuamente, le corrispondenti risposte » (F. Testa, Elementi della dottrina cristiana esposti in lingua siciliana ad uso della diocesi di Monreale, op. cit., p. 1)
11 Biografia degli uomini illustri della Sicilia ornata de’ loro rispettivi ritratti. Compilata dall’Avvocato dott. Giuseppe Emanuele Ortolani e da altri letterati. Dedicato questo primo volume all’eccellentissima signora Donna Lucia Migliaccio duchessa di Floridia, t. I, Naples, Presse Niccola Gervasi, 1817.
12 J.-B. Bossuet, Orazione funebre per il principe di Condé, éd. M. T. Ricci, Rome, Manifestolibri, 1996.
13 J.-B. Bossuet, Oraisons funèbres de Bossuet évêque de Meaux, Paris, Didot, 1802, p. 229-230.
14 E. Bonora, Manzoni. Conclusioni e proposte, Turin, Einaudi, 1976, p. 65.
15 L. Parisi, Manzoni e Bossuet, Alexandrie (Italie), Edizioni dell’Orso, 2003.
16 Voir M. V. Romeo, Le retentissement des « Provinciales » en Italie, Paris, Garnier, 2020.
17 A. Accame Bobbio, La formazione del linguaggio lirico manzoniano, Rome, Edizioni di storia e letteratura, 1963.
18 A. Manzoni, Osservazioni sulla morale cattolica, a cura di G. De Rienzo, Milan, Arnoldo Mondadori, 1997, p. 27.
19 J.-B. Bossuet, Oraisons funèbres de Bossuet évêque de Meaux, op. cit., p. 232-233.
20 B. Pascal, Pensées, in Pensées, opuscules et lettres, éd. Ph. Sellier, Paris, Classiques Garnier, 2011, fr. 166.
21 Ibid., fr. 168.
22 Ibid., fr. 134.
23 Ibid., fr. 33.
24 F. Ruffini, La vita religiosa di Alessandro Manzoni, Bari, Laterza, 1931, p. 386-399.
25 L. Parisi, La ricezione dell’Exposition de la doctrine de l’église catholique di Bossuet in Degola e Manzoni, in « MLN », vol. 110, n. 1, Baltimore, Maryland, The Johns Hopkins, University Press, 1995, p. 32-48.
26 J.-B. Bossuet, Trattato della concupiscenza, presentazione di M. Sgalambro, Catane, De Martinis, 1994.
27 Ibid., p. 9.
28 J.-B. Bossuet, Trattato della concupiscenza, éd. D. Bosco, Brescia, Morcelliana, 2002.
29 J.-B. Bossuet, Del libero arbitrio, e della concupiscenza. Opera istruttiva di monsignor Jacopo Benigno Bossuet vescovo di Meaux, Padoue, Imprimerie du séminaire, Manfré, 1733.
30 J.-B. Bossuet, Trattato del libero arbitrio di monsignor Jacopo-Benigno Bossuet vescovo di Meaux, Venise, Pietro Zerletti, 1798.
31 J.-B. Bossuet, Trattato sul libero arbitrio, éd. M. V. Romeo, Soveria Mannelli, Rubbettino, 2016.
32 J.-B. Bossuet, Trattato sulla conoscenza di Dio e di se stessi, éd. E. Todaro, Soveria Mannelli, Rubbettino, 2017.
33 G. B. Vico, La Scienza Nuova Seconda, liv. II, sect. V, § 393, Bari, Laterza, 1953, p. 156.