Résumé : Comment rendre chrétiennement recevables des histoires moralement ambiguës, voire scabreuses, fussent-elles « tirées » de la sainte Écriture ? Tel est le défi que relève Racine dans Esther et dans Athalie. La notion de Providence suffira-t-elle à dissiper tout malentendu ? Racine, comme Bossuet, emprunte à saint Augustin une conception musicale de l’histoire qui lui confère une dimension spectaculaire en jouant sur ses effets de dissonance et de dissymétrie. Le mal participe à la manifestation d’une beauté enveloppée de pénombre. Ne serait-ce pas cet augustinisme-là, et non celui de la grâce, qui assure, dans Esther et dans Athalie, les fondements d’une esthétique théologique déployée en dramaturgie ?