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Classiques Garnier

La voix des évêques dans les textes fictifs du XVIIe siècle

  • Type de publication : Article de revue
  • Revue : Revue Bossuet Littérature, culture, religion
    2019, n° 10
    . varia
  • Auteur : Lachaume (Agnès)
  • Résumé : Entend-on des personnages d'évêques parler dans les textes fictifs du xviie siècle ? Force est de constater que le lieu commun du prélat éloquent du Grand Siècle, pour être une réalité historique, ne se traduit pas dans ce corpus. L'enquête menée dans cet article aboutit plutôt à un non-lieu. Laïcisation de la fiction et respect de la parole d'autorité ecclésiastique semblent l'expliquer ; c'est bien plutôt le xixe siècle qui construit ce type romanesque, tout en ciblant davantage la figure du casuiste.
  • Pages : 17 à 31
  • Revue : Revue Bossuet
  • Thème CLIL : 4027 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Lettres -- Etudes littéraires générales et thématiques
  • EAN : 9782406097983
  • ISBN : 978-2-406-09798-3
  • ISSN : 2494-5102
  • DOI : 10.15122/isbn.978-2-406-09798-3.p.0017
  • Éditeur : Classiques Garnier
  • Mise en ligne : 29/10/2019
  • Périodicité : Annuelle
  • Langue : Français
  • Mots-clés : évêque, casuiste, fiction, roman, théâtre
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La voix des évêques
dans les textes fictifs du xviie siècle

Si François de Sales, grand modèle dévêque tridentin, appréciait et recommandait la fiction, lun de ses disciples les plus connus, Jean Pierre Camus, quil ordonna évêque de Belley dès 1609, est lauteur de très nombreuses nouvelles tragiques, par lesquelles il fait entendre sa voix par le truchement de lécrit fictif. Ce ne fut pas, on le sait, le seul, et lon pense évidemment à Fénelon qui écrivit le Télémaque au moment où il devenait archevêque de Cambrai (autour de 1695). De ces écrits à visée édifiante, les enjeux et les modalités ont été amplement étudiés. Tout en restant pleinement évêques, sans quitter la perspective des missions que leur confère le Concile de Trente par ailleurs favorable à la christianisation des arts, ces auteurs entendaient toucher et enseigner par le détour de la fiction, absente de la chaire ou des écrits habituellement liés à leur fonction.

Mais la question qui a initialement guidé le présent travail est quelque peu différente : entend-on des personnages dévêques parler dans les textes fictifs du xviie siècle ? Dans limaginaire collectif en effet – du moins dans certains cénacles – la figure de lévêque éloquent du Grand siècle semble assez nettement établie. Mais donne-t-on la parole à des évêques dans des textes de fiction dès le xviie siècle ? Cette époque voit la floraison dun très grand nombre de textes fictifs (on parle notamment de constitution du genre romanesque en France, d« essor du roman »), susceptibles de semparer de cette figure, surtout dans la première moitié du siècle, marqué par ce quon a pu appeler « lhumanisme dévot ». Et si cest le cas, sil y a bien des personnages fictifs dévêques, sagit-il dévêques qui parlent ? Cest à cette période que se produit la spiritualisation de la figure de lévêque sous limpulsion borroméenne, appelé par le Concile de Trente à être prédicateur plus que seigneur. Et pourtant, cette transformation ne se fait pas de manière automatique, beaucoup restant marqués par 18laction politique et la complaisance envers la cour. Les personnages fictifs dévêques savèrent-ils dhumbles « voix devant la Parole » ? Si leur voix se fait entendre, selon quelle modalité ? est-elle éloquente et au service de la parole divine, comme la fonction le demande ? Est-elle révérée ou caricaturée ? déployée et amplifiée ou abrégée ? mise en scène ou présentée dans lintimité – ce que permettrait pleinement le dispositif de la fiction ?

Deux siècles plus tard, les romanciers nhésiteront pas à créer de nombreux personnages dévêques, fort construits et fort éloquents si bien que la même étude portant sur le xixe siècle serait bien plus vaste. Dune part, des figures sanctifiées, comme linoubliable Mgr Myriel, dit Bienvenu, évêque de Digne, dont on se remémore les paroles sublimement humbles dans Les Misérables, alors quil sadresse à un ancien forçat dans une relation personnelle et non à ses ouailles du haut dune chaire1. Dautre part, des prélats beaucoup plus ambigus : pensons à Fabrice del Dongo, créé par Stendhal coadjuteur de lévêque2 et prononçant des sermons édifiants en chaire dans lespoir très personnel que sa Clélia vienne ly écouter !

Mais pour revenir à notre période, la quête dun corpus adéquat savère malaisée. Très peu dévêques sont présents, et ils parlent très peu. Pourquoi ?

Pas dévêques dans le théâtre ni les romans

Regardons tout dabord du côté du théâtre qui, au xviie siècle, nest pas une chaire, et ne fait guère entendre de voix decclésiastiques ou encore moins dévêques. Malgré le sujet religieux, le Polyeucte de Corneille nen contient pas. Tartuffe nest quun faux dévot, et au 19vu de lampleur de la querelle suscitée par la pièce, on imagine quil aurait été encore plus scandaleux dattaquer un homme dÉglise. Cest à linitiative des évêques, et non du Pape, que les comédiens français font lobjet dune excommunication mineure : les prélats sont donc des ennemis naturels de la profession, qui ne les loue guère, quand sen moquer ne ferait quaggraver la condition des hommes de scène. On peut trouver des exceptions, comme dans la pièce que labbé Nicolas Soret composa pour des écoliers sur son saint patron, LÉlection divine de Saint Nicolas à larchevêché de Myre (1624), où tous les personnages sauf un ange sont des évêques, qui évoquent la difficulté de faire le bon choix lors du synode et chantent des chœurs entre chaque acte, mais il sagit plus dhagiographie que de fiction. Dailleurs, les textes de Bossuet le prouvent, plus le siècle avance, plus saccentue la défiance de lÉglise à légard des fictions, notamment théâtrales, qui arrêtent lesprit dans les passions au lieu de lélever au-delà delles.

Quen est-il dans les romans ? À lévidence, les évêques nappartiennent guère au personnel des romans pastoraux tels que LAstrée, des romans précieux tels que Artamène, ou le Grand Cyrus, et le genre héroïque (Polexandre, etc.) ne leur accorde aucune place non plus. Si Mme de Lafayette en évoque dans ses Mémoires, quand elle rappelle les enjeux politiques du choix de tel prélat par exemple, aucun napparaît dans ses textes fictifs. Même les histoires comiques, à la veine parodique, ne les mettent pas en scène.

Les histoires tragiques semblent en revanche plus susceptibles de leur laisser un rôle. Les textes de François de Rosset et Jean-Pierre Camus, notamment, passent pour représenter toutes les couches de la société. Mais si lon y trouve de nombreux clercs, des religieux pas des plus vertueux3, des nobles vilipendés, aucune figure dévêque ny apparaît4. On peut émettre plusieurs hypothèses pour expliquer cela. Rappelons avec Anna 20Karolina Dubois que lauteur sinspire peut-être de son expérience de confesseur. Si cest bien le cas, les évêques ne sont pas les personnes quil absout le plus souvent. De plus, il entend intéresser un large lectorat, qui ne côtoie guère dévêques au quotidien. Peut-être, humblement, ne veut-il pas mettre en lumière des gens qui lui ressemblent. Ajoutons quil serait peut-être inconvenant de les mêler au registre tragique et sanglant de ces histoires. Choisi par le roi et investi par le Pape depuis le Concordat de Bologne en 1516, lévêque a une double fonction politique et religieuse. Cette fonction apparaît peut-être comme trop sacrée ou trop liée à une logique administrative pour être mêlée à la fiction. Plus subtilement enfin, on peut soutenir que la voix de lévêque est tout de même celle qui domine dans ces nouvelles brèves dans la mesure où elles ne délèguent guère la parole aux divers protagonistes, alors que le narrateur camusien, ne quittant jamais sa mission épiscopale, demeure omniprésent dans le texte.

Comme cela a été montré par Stéphan Ferrari, la voix de lévêque de Belley est en effet partout, au début, à la fin, mais aussi au cœur des nouvelles pour affirmer linterprétation dévote quil faut tirer des scènes sanglantes dépeintes, dans un usage pédagogique de limage très tridentin. Il fait en sorte que le lecteur ne senlise pas dans limage sensible, par un usage abondant de la prétérition, notamment dans les scènes de séduction, pour élever limagination et tourner lesprit vers la dévotion. Il reprend des enseignements du Concile de Trente, blâmant les ordres religieux qui ne se sont pas réformés dans son sillage, chargeant les parents tyranniques qui veulent marier les enfants contre leur gré alors que la nature sacramentelle et non contractuelle des noces a été rappelée dans la xxive session.

De même, sa diatribe de ladultère est aussi féroce que le concile était ferme, réclamant lexcommunication des femmes comme des hommes, alors que le droit était plus favorable à ces derniers. Labsence de la moindre indulgence à légard des Réformés hostiles aux bonnes œuvres, et même un certain royalisme peuvent encore relever de cette mise en œuvre des recommandations du Concile5.

Cest ainsi que débute lune de ces histoires, « Les Injustes parents ».

21

Continuons à voir les malheureux succès de ceux qui empêchent leurs enfants de se consacrer à Dieu en la vie religieuse. [] Ils allèguent la loi de Dieu qui commande lhonneur et lobéissance aux parents [fallacieusement]. Mais cet ouvrage nétant pas tant destiné aux autorités comme aux exemples et aux exemples singuliers, je men vais vous en représenter un qui vous fera connaitre combien il est dangereux de se jouer de Dieu, soit en fait, soit en parole, et quil ny a point de conseil humain comme nous apprennent les saintes pages qui puisse soutenir la force de la divine Sagesse. À Milan lune des plus grandes et plus puissantes villes dItalie, lun des plus riches et honorables citoyens que nous appellerons Eutrope vivait en une fort grande concorde avec Honorate sa femme et eût fait un ménage heureux si celle-ci eût été aussi heureuse à élever ses enfants quà être féconde, mais de plusieurs quil eut delle durant son mariage il ne put (encore à grande peine) élever que Théophore, qui fut lenfant de leurs peurs et de leurs pleurs, de leurs alarmes et de leurs larmes, de leurs vœux et de leurs inquiétudes. Car il eut de si grandes maladies et sa complexion délicate promettait si peu de vie quà tout propos il était aux portes de la mort et ôtait à ses tristes parents lespérance de le conserver6.

Lhistoire se développe ensuite tout en restant assez brève. Lusage de la première personne du pluriel souligne limplication de lauteur dans un propos qui rejoint celui des « saintes pages ». Sa visée démonstrative et didactique est introduite par « Continuons à voir », et le propos narratif justifié de préférence aux arguments théoriques pour donner une illustration particulière : cest que le terme « exemple » est à prendre au sens dexemplum, élément traditionnel de la prédication depuis le xiiie siècle (les recueils dexempla pouvaient être constitués par des évêques comme Jacques de Voragine ou Jacques de Vitry). Les prénoms Eutrope, Honorate et Théophore, signifiant respectivement « tourné vers le bien », « digne dhonneurs » et « qui porte Dieu » montrent lambition moralisante. Les parents vont finalement savérer injustes (ce dont le lecteur est prévenu dès le titre) en sopposant à la vocation religieuse de leur fils unique.

Ainsi la fiction est-elle un outil pour faire entendre sa voix dévêque au public le plus large. Il ne quitte pas lethos dévêque en délivrant un enseignement mais le rend agréable par le détour narratif, non sans recours au delectare (on aura noté par exemple les paronomases sur le chiasme peurs/pleurs, larmes/alarmes). La particularité de ses histoires est de sadapter au goût baroque pour lextrême violence (dans cette histoire-ci 22assez modérée au demeurant, hormis la mort soudaine dHonorate nayant pas respecté son serment de laisser Théophore entrer chez les Théatins quoiquil eût obtenu par ses prières la naissance dun petit frère). Les lecteurs ultérieurs plus délicats répugneront à cette violence, et ce genre propre à lhumanisme dévot naura pas de postérité, dautant que Boileau soutient la laïcisation de la fiction en bannissant le merveilleux chrétien de la fable7. Dailleurs les évêques ne sy livreront pas dans la suite du siècle et lentreprise de Fénelon avec Les Aventures de Télémaque, si elle connut un grand succès dans toute lEurope, était initialement vouée à demeurer confidentielle. Il y parle avec la voix du précepteur du fils du Dauphin plus que celle dun archevêque, voix qui se fait principalement entendre à travers les enseignements de Mentor. Et cest à peu près tout pour le théâtre et le roman.

Plus de casuistes que dévêques
dans les textes fictifs non romanesques

De même, la moisson semble bien maigre dans les textes les plus connus fictifs sans être romanesques ni théâtraux. On pourrait sattendre à trouver des portraits fictifs dévêques dans le chapitre « De la Chaire » des Caractères de La Bruyère où dès la première édition lauteur remarque que « [l]orateur cherche par ses discours un évêché » (remarque 21). Dailleurs il le mérite à ses yeux si cest apostoliquement quil prêche, comme le fit Fénelon (quil mentionne)8. Ainsi la voix passe pour permettre de devenir évêque. Mais rien ne signale que ses Théodore, Théodat ou Théodule dont il tire brièvement le portrait aient déjà un tel rang, et aucun discours nest rapporté deux.

Pas le moindre petit mot dévêque chez La Fontaine, pas non plus chez Perrault qui mentionne tout au plus un casuiste prêt à autoriser linceste dans son conte « Peau dÂne »

23

[Le Roi] alla follement saviser

Que par cette raison il devait lépouser.

Il trouva même un Casuiste

Qui jugea que le cas se pouvait proposer9 .

De fait, il aurait été plus fructueux de se concentrer sur la voix des casuistes car ce sont eux qui monopolisent la délégation de la parole dans les Lettres Provinciales de Pascal, appréciées de Bossuet, dont on considère communément que les dix premières sont les plus fictives. Le Provincial cite certes quelques évêques (saint Augustin, un peu saint Jean Chrysostome), tout comme le bon Père jésuite que raille le Provincial fait authentiquement parler des Papes (Pie IV, Pie V) pour tâcher de justifier que des clercs se rendent ad lupanar (« Sixième Lettre10 ») : mais si lon entend brièvement des voix dévêques, ils sont tous authentiques, morts et au statut particulier (car papes ou pères de lÉglise). Au total, dans les Provinciales, ce sont des Sorbonnards qui ferraillent théologiquement et non des évêques. Les évêques sont plutôt considérés comme voués à simplement appliquer les conseils de ces Messieurs de la Sorbonne : « si Messieurs les évêques exécutent dans leurs diocèses les conseils que vous leur donnez de contraindre à jurer et à signer quon croie une chose de fait quil nest pas véritable quon croie, et quon nest pas obligé de croire []11 ». Il nest pas certain quil y ait là ironie. Remarquons dailleurs quil est rare que des évêques controversent entre eux et la querelle entre Bossuet et Fénelon apparaît en cela comme dautant plus singulière dans le siècle. LAigle de Meaux et le Cygne de Cambrai sont-ils parodiés en fiction ? Nous nen avons pas trouvé trace, pas plus que de représentation de Jansenius, évêque dYpres12.

24

Je ne mattarderai pas très longtemps sur La Pucelle ou la France délivrée de Chapelain (1656). On peut y relever tout de même quoutre le discours de sacre assez convenu de larchevêque de Chartres, on a un très long discours accusant Jeanne dArc visant à semer le trouble dans le camp qui est tenu par Satan mais Satan

Qui [] pour gagner créance, & nêtre point suspect

Du Grand-Prêtre Renaud prend la forme & laspect [cest-à-dire de larchevêque de Chartres]

Visible, malgré lombre, il en revêt limage,

Il en imite lair, il en feint le langage13.

Quand donc un évêque se méprend à ce point et tient des discours mensongers pour faire croire au complot, cest tout simplement parce que lon est en présence de… Satan travesti ! Grâce à la fiction, lévêque est excusé. Discours qui dailleurs na rien de proprement épiscopal, sinon lethos de lautorité. Lautre évêque que lon entend, cest un évêque notoirement dans lerreur, Pierre Cauchon, évêque de Beauvais. Chapelain peut sans risque en montrer une vision négative car cette figure est historique et sa condamnation cautionnée par le jugement de lÉglise qui révisa le procès quinze ans après lexécution de la jeune fille. Mais louvrage qui devait compter XXIV livres sarrête au douzième, quand Jeanne dArc est emprisonnée, et ne laisse pas du tout entrevoir le procès dirigé par lévêque de Beauvais. Au livre XII, il est présenté comme un simple traître orgueilleux lorsquil demande en 16 vers de transférer Jeanne à Rouen après lavoir fait soigner pour mieux la juger : « Pierre, le fier Prélat, que cette longue guerre / A toujours vu confiant pour la fière Angleterre ». Mais dans lultime discours quil tient pour inciter les Anglais qui la gardent à se méfier des phénomènes merveilleux qui entourent Jeanne, il est si efficace quil réjouit Satan lui-même :

La Sorcière, en nul lieu, nest pour vous innocente :

A votre vie encor, dans ses fers, elle attente.

Quoique près du bûcher, elle suit ses desseins,

Et cache ses Démons sous la forme de Saints,

Recueillez, renforcez vos soupçons & vos craintes.

Lors que ses actions vous semblent les plus saintes.

25

Sur ce thème, sa rhétorique réinvestit tout de même des lieux communs du catéchisme catholique (méfions-nous des ruses du démon), mais cest évidemment à rebours de la réalité et les vers finaux montrent Satan exultant de retour aux Enfers, laissant « sa bande » assurer son triomphe (les Anglais ? Cauchon ? Chapelain élude lexplicitation !). Louvrage tourna court, certes surtout à cause de la médiocrité de ses alexandrins, mais sans doute nétait-il pas aisé de prendre pour un des personnages principaux du procès tout au long de XII autres chants un évêque servant moins lÉglise que le démon.

Nous trouvons un autre évêque peu héroïque sous la plume de Boileau. Il y a bien en effet dans le poème héroï-comique Le Lutrin un personnage dévêque, contre lequel le poète exerce son art de la satire. Composé en 1674 suite au défi dune discussion littéraire où Boileau soutenait quun poème héroïque doit avoir peu de matière, le texte raconte un combat entre le trésorier (évêque) et le chantre de la Sainte-Chapelle pour savoir où placer un lutrin imposant. Lanecdote remontant à 1667 est authentique et concerne Claude Auvry, ancien évêque de Coutances, mais les préfaces antérieures à 1683 la présentent tout dabord comme fictive. Lévêque en est bien le piètre héros, comme lannonce Boileau, parodiant Virgile : « je chante les combats, et ce prélat terrible… ». Boileau, conformément au genre épique, accorde à ses personnages de longs discours dans les six chants, mais ce prélat a beau en être le protagoniste principal – et victorieux –, il ne lui accorde que treize puis deux vers de discours direct sur un total de 1206 alexandrins. Dans le premier tableau, il est surpris en train de dormir et de rêver, puis de manger (il ne parle donc pas). On apprend tout de même leffet produit sur sa voix par le potage : « la couleur lui renaît, sa voix change de ton » (I, 119) mais ce nest quà la fin dun festin bien peu maigre (jambon, vin) quil prend la parole devant ses partisans pour se plaindre du chantre qui mène les processions et bénit à sa place, menaçant de lui ravir le rochet et la mitre. Ce discours dimprécation est prononcé « dune voix conforme à son malheur » :

Illustres compagnons de mes longues fatigues,

Qui mavez soutenu par vos pieuses ligues,

Et par qui, maître enfin dun chapitre insensé,

Seul à Magnificat je me vois encensé ;

Souffrirez-vous toujours quun orgueilleux moutrage ;

26

Que le chantre à vos yeux détruise votre ouvrage,

Usurpe tous mes droits, et ségalant à moi,

Donne à votre lutrin et le ton et la loi ?

Ce matin même encore, ce nest point un mensonge,

Une divinité me la fait voir en songe :

Linsolent semparant du fruit de mes travaux,

A prononcé pour moi le Benedicat vos !

Oui, pour mieux mégorger, il prend mes propres armes.

Le prélat à ces mots verse un torrent de larmes.

Il veut, mais vainement, poursuivre son discours ;

Ses sanglots redoublés en arrêtent le cours. (I, v. 129-144).

Le choix dun nombre de vers impairs souligne encore cette interruption non maîtrisée dun discours plaintif, insistant davantage sur loutrage personnel que sur le manquement au respect de la hiérarchie ecclésiastique. Certes la plainte intègre des noms de prière latine, et réclame la justice au nom dune autorité implicite sur les compagnons fidèles, mais rien ne transparaît de la spécificité dune parole épiscopale. Seul laumônier fidèle parvient à ranimer le discours, lui qui « pour lui rendre la voix fait rapporter à boire » et lui permet de donner lordre (nouvel acte dautorité, en seulement deux vers, v. 200-201) de tirer au sort trois de ses hommes qui iront dresser de nouveau le lutrin. Dailleurs Boileau ne fait plus reparler lévêque, qui se contente de dormir avant de souper et de consulter les oracles. On entend ensuite soit des discours de personnages secondaires, comme le perruquier chargé de déplacer nuitamment le lutrin, qui échange avec la perruquière, soit des prosopopées, comme celle de la Charité contre les Tartuffe qui aspirent aux évêchés :

Ce nest donc pas assez, quau mépris de tes lois [celles de la justice]

LHypocrisie ait pris et mon nom et ma voix :

Que sous ce nom sacré, partout ses mains avares

Cherchent à me ravir crosses, mitres, tiares ! (VI, v. 15-18).

Ce dernier trait semble condamner plus le chantre que le trésorier évêque et, comme toujours chez Boileau, lordre établi triomphe. Lattaque demeure donc minime, et lévêque présenté dans son droit finit par lemporter à la fin contre le chantre inférieur hiérarchiquement.

Cependant, on sait bien que lauteur nest guère ennemi de lÉglise catholique : quel motif peut donc le pousser à caricaturer ainsi (quoiquavec une certaine modération) un évêque ? Outre la dimension de défi littéraire 27déjà mentionnée, on trouve communément lidée que Claude Auvry, proche de Mazarin, avait soutenu la bulle papale dInnocent X condamnant les doctrines dites jansénistes que plusieurs amis de Boileau soutenaient. La fiction comme dans les Lettres provinciales nest alors quun détour pour continuer les débats théologiques bien contemporains. Autre élément : Claude Auvry nest quun ancien évêque de Coutances au moment des faits, même si sa charge de trésorier de la Sainte-Chapelle lui confère certains ornements épiscopaux. Il avait en effet été suspendu de son évêché, au prétexte davoir procédé à des ordinations en labsence du cardinal de Retz et de ses vicaires généraux, et sans doute plus probablement parce quon ne lui a pas pardonné ses sympathies avec Mazarin pendant la Fronde. En attaquant le personnage, Boileau ne met donc pas vraiment en scène un évêque, mais un ancien évêque, comme si cette fonction demeurait sacrée même en fiction. De plus, malgré lauthenticité de lanecdote, cest toujours sous le couvert de la fiction prétendue. Pendant seize ans après les faits, quatre ans avant la mort de lintéressé, les préfaces de Boileau prétendent que ce personnage est fictif, et quand il avoue en 1683 que le différend entre un trésorier et un chantre à Paris est « tout ce quil y a de vrai », il prend soin de préciser (malicieusement ?) que « tous les personnages y sont non seulement inventés, mais [] dun caractère directement opposé au caractère de ceux qui desservent cette église ». Si donc lanecdote nest pas fictive, le personnage est censé le demeurer. Quoi quil en soit, sa ridicule parole semble ne pas parvenir à se déployer dans le poème héroïque, qui dailleurs tourne court, abrégé au bout de VI chants comme sen excuse Boileau, sans doute parce que lexercice est difficilement tenable.

Ainsi, après un tour dhorizon le plus vaste possible, nous observons une rareté de ce type de personnages, et, quand ils existent, une difficulté à leur donner la parole (elle est toujours moins développée que ce que lintrigue pourrait permettre). Si lévêque peut, comme Jean-Pierre Camus, instrumentaliser la fiction, la fiction ne peut instrumentaliser lévêque, en ces temps dévots et respectueux de lautorité. Il faut peut-être aussi y voir un symptôme du divorce de plus en plus accentué entre la parole hiérarchique de lÉglise et la fiction purement laïcisée. Le second xviie siècle voit saccentuer un augustinisme qui ne recourt aux dépouilles des Égyptiens, quà la condition de les christianiser explicitement et den 28faire les vecteurs de lapologétique. Cest ce que les remarquables travaux de Fabrice Preyat autour du petit Concile de Bossuet ont montré14. Le roman profane porte donc peu dintérêt à cette figure.

Un personnage forgé plutôt au xixe siècle

Quoiquil en soit, ce nest pas que les évêques du xviie siècle nauraient aucun potentiel romanesque. Si, en guise de prolongement et pour ne pas finir trop bredouille, lon veut modifier quelque peu lenquête et trouver des personnages dévêques du xviie siècle dans des textes de fiction, on peut regarder du côté des romans historiques du xixe siècle. Comment ne pas penser alors à Aramis, un des trois célèbres mousquetaires (qui sont quatre), dont on suit lascension au long de la trilogie dAlexandre Dumas (1844-1845-1847) ? Si le premier tome le voit mousquetaire aux poches pleines de mouchoirs de dentelles féminins aspirant à être abbé, et quil est abbé aux allures de mousquetaire dans Vingt ans après, le voici devenu évêque de Vannes puis général des Jésuites dans Le Vicomte de Bragelonne. Il sagit dailleurs là dune évolution purement fictive du personnage, alors que les autres évêques de lintrigue, quon trouvait déjà pour la plupart dans le roman Cinq-Mars dAlfred de Vigny, de 1826 sont historiques – et on les entend beaucoup parler, cest-à-dire selon la vision du romancier conspirer, que ce soient les tout-puissants cardinaux Richelieu et Mazarin ou lambitieux coadjuteur Gondi, frondeur et charmant les femmes, qui nest autre que le futur cardinal de Retz. Mgr Séguier, évêque de Meaux, nest que rapidement mentionné, alors quil est connu notamment pour avoir baptisé Louis XIV15. Et Aramis, sympathique quoique provocateur, intrigant, maître de lart 29du complot, dépositaire de secrets, tâchant de remplacer Louis XIV par son jumeau caché, est le seul des quatre héros à survivre. Quelles sont les particularités de sa voix ?

Il nest pas le plus bavard : son portrait semble au contraire lier son habileté à son emploi mesuré de la parole ! Ainsi est-il présenté au chapitre ii : « Dhabitude il parlait peu et lentement, saluait beaucoup, riait sans bruit en montrant ses dents, quil avait belles et dont, comme du reste de sa personne, il semblait prendre le plus grand soin » ou au chapitre vii « Quant à Aramis, tout en ayant lair de navoir aucun secret, cétait un garçon tout confit de mystères, répondant peu aux questions quon lui faisait sur les autres, et éludant celles que lon faisait sur lui-même ». Pourtant sa parole est de poids, mais hors-champ, car il se refuse à répéter une information capitale contée à Porthos la veille. Il brille par son esprit et sattire pour cela ladmiration de Porthos « A-t-il de lesprit, cet Aramis ! Quel malheur que vous nayez pas pu suivre votre vocation, mon cher ! quel délicieux abbé vous eussiez fait ! – oh ce nest quun retard momentané16 ». Cest le dernier à parler lorsquil se fait gourmander par M. de Tréville, ne répondant dabord rien avant de « hasarder une prière » « de grâce » [cachons la blessure dAthos]17 : dès quil parle, il utilise sans cesse des termes de dévotion, motivés par une recherche de comique de caractère.

Cest toutefois le personnage qui maîtrise le mieux lécrit : tout mousquetaire quil est, il versifie beaucoup, et rédige sa thèse en latin en vue de son ordination, cest lui qui se charge des missives délicates notées de sa « charmante petite écriture de femme18 ». Sil cite volontiers la Bible dans le premier tome, sa condition dabbé dans le second loriente vers un usage assez immoral de la casuistique (il serait prêt à tuer le fils de Milady sans autre forme de procès), préfigurant son ascension parmi les jésuites. Ultimement, sa voix paraît guidée par le delectare plus que le docere et ne sefface nullement devant la parole divine. Certes, conformément au Concile de Trente, il est fidèle à la cause monarchique (plus que dArtagnan), et plus lucide politiquement selon Dumas (il défend Charles Ier dAngleterre dans Vingt ans après alors que dArtagnan commence par servir Cromwell).

30

Le cliché de lart du sermon permettant de devenir évêque est repris, comme en témoigne cet extrait du Vicomte de Bragelonne, où dArtagnan cherchant Aramis retrouve son valet Bazin qui le prévient quAramis est en son diocèse :

– Il est donc évêque ?

– Mais doù sortez-vous donc, dit Bazin assez irrévérencieusement, que vous ignoriez cela ?

– Mon cher Bazin, nous autres païens, nous autres gens dépée, nous savons bien quun homme est colonel, ou mestre de camp, ou maréchal de France ; mais quil soit évêque, archevêque ou pape… diable memporte ! si la nouvelle nous en arrive avant que les trois-quarts de la terre en aient fait leur profit. [] Où est le diocèse de ton maître ?

– Monseigneur René est évêque de Vannes.

– Qui donc la fait nommer ?

– Mais M. le surintendant, notre voisin.

– Quoi ! M. Fouquet ?

– Sans doute.

– Aramis est donc bien avec lui ?

– Monseigneur prêchait tous les dimanches chez M. le surintendant, à Vaux ; puis ils chassaient ensemble.

– Ah !

– Et Monseigneur travaillait souvent ses homélies… non, je veux dire ses sermons, avec M. le surintendant.

– Bah ! il prêche donc en vers, ce digne évêque ?

– Monsieur, ne plaisantez pas des choses religieuses, pour lamour de Dieu19 !.

Ici on retrouve, mais toujours hors champ, lévocation des sermons réussis de lhomme aspirant à être évêque, mais le fidèle Bazin suggère surtout des intrigues politiques (Ce nest pas pour avoir prêché à Fouquet quAramis a été nommé, mais pour avoir travaillé ses sermons avec lui). Plus loin, un effet comique est tiré de lefficacité de sa parole, non point pour évangéliser, mais pour se jouer du roi, lorsque Fouquet fait allusion à la parabole du grain semé en bonne terre : « Monsieur dHerblay [cest un des titres dAramis], vous savez que toute parole de vous est un germe qui fructifie dans ma pensée ; je vais au Louvre20 ». Par un jeu dinversion dans la création des types de personnages, Aramis savère porteur dune parole moins sage et moins profonde que celle 31dAthos : « Athos ! Athos ! murmura dArtagnan rêveur, je vous lai dit une fois, le jour où vous prêcherez, jirai au sermon21 ». Au total, les évêques intéressant le romancier sont hommes daction dissimulée, et non de parole proclamée (la trilogie ne fait aucune allusion à Bossuet, pourtant concerné par la période, et montre le roi Louis XIV allant à la messe distraitement et nentendant aucun sermon).

Tout comme les textes du xviie siècle faisaient la part belle aux casuistes, le plus célèbre des évêques fictifs du Grand Siècle est donc un Jésuite. Les jésuites assument lidée de se mêler au monde pour le christianiser. Le personnage ecclésiastique le plus représenté en fiction est donc celui qui condamne le moins le monde, quitte à être caricaturé comme immoral, et cette surreprésentation semble avoir marqué limaginaire collectif davantage que la figure de lévêque éloquent. Ainsi quand bien même on parviendrait à lépiscopat par le talent de la parole, cela nest jamais transcrit dans la fiction du xviie siècle. Notre enquête aboutit à un non-lieu. Cette absence ne sestompe quau xixe siècle mais avec la même fascination pour le type du jésuite plus que pour celui de lévêque22. Même un Bernanos qui sintéresse bien davantage à des prêtres de paroisse quaux jésuites (labbé Donissan, labbé Menou-Segrais, le curé de Torcy…) laisse peu de place aux évêques. Il y a bien un évêque de Paumiers dans La Joie et lImposture, mais on pourra méditer sur ce qui nous en est dit : « Les idées de lévêque de Paumiers, ou du moins ce que sa suffisance nomme ainsi, sont celles du plus pauvre universitaire ».

Agnès Lachaume

Professeur en classes de CPGE, Toulouse

1 Dans ce même roman, le personnage étudiant en droit des Amis de lABC que lon surnomme Bossuet na pas déloquence particulière mais doit ce sobriquet à un calembour : son père, Lesgle, fut nommé à Meaux.

2 Un évêque ou archevêque coadjuteur est un évêque nommé, comme un évêque auxiliaire, aux côtés dun évêque diocésain, mais avec droit de succession immédiate sur le siège de lévêque à qui il est adjoint après la démission ou le décès de ce dernier. En pratique les évêques sollicitaient souvent cette fonction pour un neveu (Bossuet demande en 1703 sans succès la coadjutorerie pour son neveu, labbé Bossuet ; le futur Cardinal de Retz fut coadjuteur de son oncle archevêque de Paris).

3 Voir « LAvare infortuné », « La Sanglante chasteté », « La Fin misérable », le Père Celse dans « La Confession révélée », le prédicateur brillant mais dans un cloître pour « La Tardive repentance » (rapide éloge de Borromée vanté dans « Les Injustes parents »), in Jean-Pierre Camus, Amphithéâtre sanglant, éd. Stephan Ferrari, livre I. Et dans le best-seller de François de Rosset, lhistoire III : De lhorrible et épouvantable sorcellerie de Louis Goffredy, prêtre de Marseille., (Les Histoires memorables et tragiques de ce temps où sont contenues les morts funestes et lamentables de plusieurs personnes, arrivees par leurs ambitions, amours desreiglees, sortileges, vols, rapines et autres accidents divers).

4 Dailleurs ses histoires ne se présentent pas vraiment comme de la fiction (car si les faits ne sont pas vrais, ils servent une réalité plus haute qui lest, selon lauteur).

5 Ce paragraphe reprend Stéphan Ferrari, « Lhistoire tragique au service de la cause tridentine. Exemplarité et foi religieuse dans LAmphithéâtre sanglant et Les Spectacles dhorreur de Jean-Pierre Camus », Littératures classiques, vol. 79, no 3, 2012, p. 112-126.

6 Jean-Pierre Camus, Les Spectacles dhorreur, éd. S. Ferrari, Paris, Champion, 2001, I, 3, « Les injustes parents ». Nous soulignons.

7 Nicolas Boileau, Art poétique, 1674, III, « De la foi dun chrétien les mystères terribles / Dornements égayés ne sont point susceptibles » (v. 199-200).

8 La Bruyère écrit encore : « [Q]uel plus beau talent que celui de prêcher apostoliquement, et quel autre mérite mieux un évêché ? Fénelon en était-il indigne ? » (Les Caractères, « De la Chaire », remarque 30).

9 Charles Perrault, Contes, « Peau dÂne », éd. M. Soriano, Paris, Garnier-Flammarion, 1991, p. 224.

10 Blaise Pascal, Les Provinciales, édition M. Le Guern, Paris, Gallimard, « Folio classique », p. 101.

11 Ibid., « Fragments dune dix-neuvième lettre adressée au Père Annat », p. 312-313.

12 Il existe bien un bref poème satirique anonyme, mais qui ne passe pas par le détour de la fiction : « Si Bossuet, touchant le pur amour, / A Fénelon est si contraire, / Il parle en évêque de Cour / Qui ne connaît que lamour mercenaire » (Poème anonyme de 1698 cité par Barbier, Pierre et Vernillat, France, Histoire de France par les chansons, Paris, Gallimard, 1957. Tome III, Du jansénisme au Siècle des Lumières, p. 32). Parler en évêque de Cour, cest moins adopter un style précis quune position sociale qui rend incapable de concevoir le désintéressement.

13 Au livre VIII, petit discours au roi Charles de larchevêque Renaud de Chartres (non nommé comme tel) : « Et Dieu même en sa gloire, au milieu de ses Saints / Descend du Paradis pour toindre par mes mains []. Pense à quoi ce bienfait toblige désormais / et soutiens dignement la grandeur de ce faix » (jai ajouté un point.)

14 Voir Fabrice Preyat, Le Petit Concile de Bossuet et la christianisation des mœurs et des pratiques littéraires sous Louis XIV, Berlin, Lit Verlag, 2007. Voir par exemple p. 326 : « sciences, lettres et arts nétaient réellement nuisibles [aux yeux de Bossuet et de son entourage] que lorsquils se détachaient de la tutelle théologique ». Tout louvrage évoque la tentative dune résistance et dune riposte organisées à la sécularisation progressive de lÉtat et de la culture.

15 Alexandre Dumas, Vingt ans après, Paris, Gallimard, 1962, chapitre 50, p. 1174 par exemple.

16 Alexandre Dumas, Les Trois Mousquetaires, Paris, Gallimard, 1962, chap. 2 (« LAntichambre de M. de Tréville »), p. 32.

17 Ibid., chap. 3 (« LAudience »), p. 37.

18 Ibid., chap. 48 (« Affaire de famille »), p. 519.

19 Alexandre Dumas, Le Vicomte de Bragelonne [1850], Paris, Omnibus, 1998, chap. 17 (« Où lon cherche Aramis, et où lon ne trouve que Bazin), p. 108-109.

20 Ibid., chap. 74, p. 441.

21 21 Ibid., chap. 32, p. 202.

22 Le xxe siècle na pas hésité à remettre lévêque sur scène, avec Le Balcon de Jean Genet (1956), mais le personnage qui ouvre et clôt la pièce (premier et neuvième tableaux) est un personnage au sens littéral, cest-à-dire un masque. La fonction épiscopale y est réduite à un jeu de rôle pervers et illusoire. Jen profite pour mentionner que je nai pas mené lenquête dans les romans licencieux du xviie siècle.