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Classiques Garnier

François de Sales, gentleness and reformation

  • Publication type: Journal article
  • Journal: Revue Bossuet Littérature, culture, religion
    2019, n° 10
    . varia
  • Author: Michon (Hélène)
  • Abstract: The reputation of gentleness of Francis de Sales could suggest a kind of systematic attenuation of places of conflict, in words or in action; but this is not the case, and he has implemented a vast movement of reformation, fulfilling in the conduct of his diocese what he had successfully experienced in the individual spiritual guidance. That is how he escaped two major pitfalls, going too fast from reformation to revolution, and going too slowly and therefore undertaking and accomplishing nothing.
  • Pages: 33 to 50
  • Journal: Bossuet Studies
  • CLIL theme: 4027 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Lettres -- Etudes littéraires générales et thématiques
  • EAN: 9782406097983
  • ISBN: 978-2-406-09798-3
  • ISSN: 2494-5102
  • DOI: 10.15122/isbn.978-2-406-09798-3.p.0033
  • Publisher: Classiques Garnier
  • Online publication: 10-29-2019
  • Periodicity: Annual
  • Language: French
  • Keyword: François de Sales, gentleness, reformation, spiritual guidance
33

François de Sales,
douceur et réformation

La réputation de douceur de François de Sales nest plus à faire : de son vivant déjà, il jouissait de cette renommée, que nont fait que confirmer ses nombreux biographes puis les dépositions faites pour son procès de canonisation. Mais cette douceur pastorale jointe à une spiritualité de la suavité ou à une dévotion civile pourrait laisser croire, sinon à une mièvrerie de mauvais aloi, tout au moins à une sorte datténuation systématique des lieux de conflit, en parole ou en action.

Or nous savons que lagir sacerdotal puis épiscopal du Docteur de Genève prend place dans un contexte historique de luttes intestines violentes et quil prit toute sa part au combat. Il la prit en acte et en paroles puisque celle-ci trouve sa source dans la controverse théologique. Elle se continue dans son action dévêque réformateur de son diocèse, tant pour la formation des prêtres que pour la réformation des couvents, et se poursuit dans ses orientations aux confesseurs, proches de la ligne de Charles Borromée mais différentes dans la formulation. Enfin, on en voit la trace dans son travail de directeur de conscience, dont la correspondance donne un large écho. Laissons-le dresser le portrait du vrai pasteur :

On en distingue quatre classes. I. Il y en a qui nagissent ni ne parlent ; ils sont très ignorants et dépourvus dintelligence. Hélas ! Combien nos pères ont connu de ces hommes, et plût au Ciel quil nen existât plus !

2. Dautres disent et ne font pas (Mt 23,3), ils détruisent par le scandale de leur vie la doctrine de vie.

3. Dautres font, mais ne parlent pas ; ceux-ci sont encore supportables, car sils nédifient pas beaucoup, ils édifient pourtant et ne détruisent rien.

4. Dautres enfin parlent et agissent ; voilà les meilleurs : toutefois, ils parlent non seulement par la prédication, mais encore par les commandements quils donnent et par des entretiens utiles1.

34

Quest-ce que cette douceur, mariée de si près à une vigoureuse énergie pour corriger et une grande fermeté pour diriger ? Lun de ses proches rapporte, en effet, que le saint avait coutume de dire :

Cest une faute de croire quon peut tolérer le mal dans les ecclésiastiques dans la crainte de leur faire outrage ou de les éloigner. Il est certain que le seul moyen davoir un bon et nombreux clergé est de garder une bonne discipline2.

Cest à cette vertu mal connue ou mal perçue de la douceur que nous voudrions nous attacher.

Formation et réformation

Le formateur

La première tâche de lévêque avant la réformation est celle de la formation et en premier lieu de celle de son clergé. En effet, ordonné le 8 décembre 1602, le nouvel évêque a le souci dengager les réformes demandées par le Concile de Trente (1545-1563) : « Je désire, écrivait-il à lun de ses confrères nouvellement nommé évêque de Dol, Mgr de Revol, que vous ayes la Vie du bienheureux Cardinal Borromee, escritte au long par Charles a Basilica Petri en latin, car vous y verrés le modelle dun vray pasteur ; mais sur tout ayés tous-jours es mains le Concile de Trente et son Catechisme3 ».

Fidèle à lesprit de la réforme in capite et in membris, François de Sales commence la sanctification de son diocèse par sa personne et sa propre maison. Il mène une vie sobre : il réduit au minimum le personnel de sa maison, se contente dune table frugale et distribue constamment des aumônes en public et en secret. Chaque matin, il prie une heure, étudie deux heures et célèbre la messe. On se souvient de sa formule soulignant limportance de 35létude : « Je vous conjure de vaquer sérieusement à létude, car la science, à un prêtre, cest le huitième sacrement de la hiérarchie de lÉglise4 ».

Pour ce faire, il applique strictement un décret tridentin qui visait à promouvoir une sélection théologique entre les candidats pour ne confier une charge dâme quà de jeunes gens suffisamment préparés. Ainsi le père Philibert de Bonneville rapporte-t-il que François de Sales disait veiller à limpartialité du concours pour deux raisons :

La première est de soulager ma conscience dans le plus important devoir de ma charge ; la seconde cest que je ne crois pas quil soit possible dimaginer une plus excellente méthode déprouver le mérite que celle du concursus5.

À mesure quil réorganise les paroisses, François de Sales na rien qui lui tienne plus à cœur que dy placer de vrais ministres du Seigneur : le choix, la formation, la sanctification de ceux-ci sont lobjet de ses constantes sollicitudes, comme leur entretien matériel la cause de lourdes préoccupations. Il préside ainsi les concours pour la collation des bénéfices, et doit se défendre de certains personnages qui sarrogent le droit de nomination, ou bien de lingérence de seigneurs puissants, de princes même qui protègent des candidats ignorants ou indignes. Il soppose aux prétentions de tel jeune ecclésiastique et tranche régulièrement les différends entre bénéficiaires, ou entre curés et paroissiens. Ainsi affirme-t-il dans sa correspondance, après des années de ministère épiscopal :

Mays quun prestre, sans tiltre ni vray ni coloré, se tienne dans une cure par force, ne veuille reconnoistre lauthorité de lEvesque, rejette lœconome qui est legitimement envoyé, empesche que lEvesque. ne face inventaire de ce qui est dans une mayson presbiterale, appelle comme dabus dune tres legitime authorité, tout ainsy que si du moins le soin des benefices de ma charge, tandis quilz sont vacans et jusques a tant quilz soyent prouveuz, ne mappartenoyt pas : tout cela, je ne le puis ni treuver bon, ni civil, ni supportable6.

Dès octobre 1603, François de Sales convoque un synode diocésain à Annecy, qui lui donne loccasion dun premier contact avec son clergé. 36Il fait ensuite le tour de son diocèse et quelques mois plus tard, fait imprimer plusieurs Constitutions Synodales concernantes principalement la police de son Clergé et le règlement que les Curez ou Vicaires devaient tenir en ladministration des Sacrements. Les indications comportent des indications sur labsence de femme dans les presbytères « sous peine de rigoureuse punition », linterdiction de recevoir de largent pour donner la communion, linjonction de former les sages-femmes à ladministration du baptême, et linterdiction pour tous les ecclésiastiques de fréquenter tavernes et cabarets.

Cest que les bons curés ne sont pas moins nécessaires que les bons évêques, et les évêques travaillent en vain sils ne sont pas soigneux de pourvoir leurs églises paroissiales de curés dévots, de vie exemplaire et de suffisante doctrine, parce que ce sont les pasteurs immédiats qui doivent marcher devant les brebis, leur enseigner le chemin du ciel et leur donner lexemple quelles doivent suivre7.

le réformateur

François de Sales se veut aussi un évêque réformateur car létat des monastères et abbayes de son diocèse est plus que préoccupant8 :

Il nest rien de meilleur que les bons Religieux, rien de pire que les mauvais. Les anciens lont dit et de nos jours lexpérience le vérifie si bien quon pourrait justement citer à ce propos la parole de Jérémie : Si les figues sont bonnes, elles sont très bonnes ; mauvaises, elles sont très mauvaises. Or, de toute la chrétienté, le diocèse le plus exposé au fléau des mauvaises figues cest celui de Genève9.

Il dénonce, dans un rapport fait à Paul V en novembre 1606, le total relâchement des abbayes et monastères :

Il est surprenant de voir à quel point la discipline régulière est partout ruinée dans les abbayes et prieurés de ce diocèse (jexcepte les Chartreux et les Mendiants). Chez tous les autres, largent sest changé en scorie et le vin a été mêlé deau (Is 1,22), bien plus, sest transformé en venin [] On peut 37remédier à ce mal, soit en envoyant des sujets meilleurs pris dans dautres Ordres, soit en faisant des visites annuelles et en employant des moyens de coercition, soit enfin en remplaçant les Religieux par des chanoines séculiers. Le premier remède est très facile ; le troisième est très utile et, vu les besoins de cette province, serait excellent pour procurer la plus grande gloire de Dieu ; le second est très difficile et très incertain, car ce qui sobtient par la force est presque comme nexistant pas10

De fait, il cherche dans un premier temps à substituer aux Cisterciens, les Feuillants ; aux Chanoines réguliers de cette ville dAnnecy, les Barnabites ; et ainsi pour les autres. Il valorise la solution du « grand remplacement », étant convaincu, comme il lécrit, que « le meilleur remède à ce mal, au dire de personnes éclairées, cest de choisir dans les Congrégations nouvellement réformées, embrasées et enflammées du feu du Saint-Esprit, de vrais Religieux afin de les substituer à ceux qui, pour ne rien dire de plus, ont occupé indignement la terre11 ».

Mais il est souvent sollicité par des supérieures qui veulent engager une réforme. Ainsi en est-il du couvent de Montmartre, de celui des Filles de Dieu : il privilégie alors le retour progressif à lexigence. Cest ce quil explique à lAbbesse du monastère du Puits dOrbe. Cest sans doute son titre de cadette – petite sœur de la présidente Brûlart – qui a tenu lieu de vocation à la vie religieuse à Rose Bourgeois de Crépy. Touchée par les exhortations de François de Sales, celle-ci résolut de réformer non seulement sa vie privée mais encore son abbaye et entretint à cet effet une correspondance suivie avec le saint évêque.

Mais tenes la methode que je vous ay dite, de commencer par lexemple ; et bien quil vous semblera prouffiter peu au commencement, ayés neanmoins de la patience, et vous verrés ce que Dieu fera. Je vous recommande sur tout lesprit de douceur, qui est celuy qui ravit les cœurs et gaigne les ames. Tenes bon et ferme en ce commencement a bien faire tous vos exercices, et prepares vous aux tentations et contradictions (Eccles 2,1) ; car le malin esprit vous en suscitera infiniment pour empescher le bien quil prevoit devoir sortir de vostre resolution ; mais Dieu sera vostre protecteur12.

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Malheureusement, les oppositions du dedans jointes à des influences défavorables du dehors firent échouer ce projet. Le transfert de la Communauté à Châtillon-sur-Seine (21 décembre 1619) ne ramena pas la régularité. Mais celle qui lui succéda, Jeanne de Chauvigny de Saint-Agoulin, parvint en revanche à rendre au monastère la prospérité et la ferveur.

À labbesse du couvent de Montmartre, des Filles de Dieu, il écrit : 

Je pense que le plus grand empêchement à votre réforme, cest de vous imaginer que le mal et le défaut soit petit et léger, ne pouvant guère me persuader que si vous le jugiez grand vous voulussiez y persévérer et le permettre. Encor treuvé je ce mal en vostre mayson bien grand parce quil y est maintenu, parce quil y est en repos et quil y sejourne comme habitant ordinaire ; cest le grand mal que jy voy, que ces particularités sont meshuy bourgeoises. Pour petit que soit le mal, il croist aysement quand on le flatte et quon le maintient : nul ennemy, disent les soldatz, nest petit quand il est mesprisé13.

Mais lexemple le plus frappant est sans celui de labbaye de Talloires. En effet, en 1609, François de Sales reçoit lordre de rétablir lordre de Saint-Benoît dans labbaye de Talloires. Il adresse alors un courrier au supérieur du monastère, qui décrit lesprit selon lequel il envisage la réforme, une réforme tout en douceur :

Monsieur, puis que Dieu a choisi un nombre de personnes fort petit et encor des moindres de la Mayson, en aage et en credit, il faut que le tout sentreprenne avec une très grande humilité et simplicité, sans que ce petit nombre fasse 39semblant de vouloir reprendre ou censurer les autres, par paroles, ni par gestes exterieures, ains que simplement il les édifie par bon exemple & conuersation [] Le commencement estant si petit, il faut auoir une grande longanimité à la poursuite, & se ressouuenir que nostre Seigneur apres trente-trois ans ne laissa que six vingts disciples bien assemblez, entre lesquels il y en eust encor beaucoup de discoles14.

De nouveaux désordres firent échouer ce premier essai de restauration monastique. Le 25 octobre 1610, le saint revenait à Talloires, muni de pleins pouvoirs, assisté cette fois de D. Jacques de Prades, vicaire de lAbbé de Savigny, de qui le prieuré dépendait, et du sénateur de Buttet. IL fit procéder à lélection dun prieur claustral, malgré lopposition de quelques Religieux. Claude-Louis-Nicolas de Quoex ayant été élu, les opposants descendirent aux pires violences. Le prestige du saint, sa prudente fermeté eurent bientôt raison de ces fanatiques ; ils durent se retirer et il ne resta dans le monastère que les Religieux sincèrement désireux de lobservance. Cest pour éclairer le nouveau prieur sur la conduite du petit troupeau demeuré fidèle, que François de Sales lui adressa les présentes instructions. Jusquà sa mort, le saint entretint lardeur des convertis par des visites annuelles, Plus dune fois il dut sentremettre, tant auprès du Pape quauprès du duc, pour garantir la tranquillité des religieux, menacée de temps à autre par les abbés commendataires ou par les moines non réformés. Il songea un moment à introduire les Feuillants dans le prieuré. Celui-ci fut détaché par le Saint Siège de labbaye de Savigny (juillet 1624), institué par Urbain VIII, chef dordre de la Congrégation des Bénédictins de Savoie, ou Congrégation des Allobroges, et uni plus tard par Clément X à la Congrégation du Mont Cassin. Labbaye de Talloires subsista jusquà la grande Révolution.

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La prise de parole : le controversiste,
le catéchiste et le prédicateur

La controverse 

François de Sales, ses biographes le soulignent à lenvi, était doux de nature et appréhendait la dispute comme contraire à la charité :

Je hais par inclination naturelle, par la condition de ma nourriture (éducation), par lapprehension tiree de mes ordinaires considerations, et comme je pense, par linspiration céleste, toutes les contentions et disputes qui se font entre les catholiques, desquelles la fin est inutile et encor plus celles desquelles les effectz ne peuvent estre que dissensions et differens, mais sur tout en ce tems plein despritz disposés aux controverses, aux mesdisances, aux censures et a la ruyne de la charité15

On se souvient quen 1606 François de Sales reçoit des lettres dAnasthase Germonio, proche de Clément VIII puis de Paul V, lequel veut en finir avec une épineuse querelle théologique qui divise les esprits du temps, notamment les dominicains et les jésuites, et qui nest pas exempte de considérations politiques : la fameuse querelle De auxiliis, portant sur les rôles respectifs de la grâce et du libre-arbitre dans le salut de lhomme. Mgr Germonio, qui connait personnellement François de Sales, lui demanda son avis : malheureusement, la réponse est perdue mais le contenu est connu. La dispute, affirme-t-il, est dangereuse et possède en ses extrémités des hérésies. À partir de là :

il y a beaucoup dautres choses dont lÉglise gémit et desquelles il faut plutôt avoir soin quà léclaircissement de cette question, qui napporterait pas de bien à la République chrétienne mais ferait du mal : en effet, ne pouvant atteindre la vérité, on lèserait la charité16.

Paul V écoute et se range à lavis de François de Sales et le 28 août 1607, il impose silence aux uns et aux autres et renvoie chacun chez soi.

41

Cependant, contre les hérétiques la controverse est une arme maniée depuis le début avec grande clarté. Ainsi, dans le Code Fabrien, traité de théologie de controverse, notre doux évêque nhésite pas à caractériser lesprit des hérétiques dune dixième caractéristique : De lesprit de médisance, dinsolence, de moquerie et de calomnie. De même, sa réponse à laffirmation luthérienne quil ne faut pas combattre les Turcs est claire :

La troisième proposition est encore de Luther : « Combattre contre les Turcs, cest sopposer à Dieu, qui visite nos iniquités par leur moyen. » Que peut-on dire, je le demande, de plus insensé, de plus inique et de mieux fait pour perdre toute la République chrétienne que cette proposition ? [] Il est en effet certain que les hommes pervers qui tourmentent les bons, le font pour que, avec la permission de Dieu, ceux-ci soient visités par Dieu et corrigés. Faudra-t-il ne pas combattre la peste par les remèdes, la famine par les approvisionnements de diverses sortes, uniquement parce que, au moyen de ces afflictions, Dieu, non seulement nous visite et nous châtie, mais nous éprouve, nous traite comme siens et nous perfectionne17 ?

Et voici ce quil affirme contre Luther :

La moindre des injures quil lance contre eux, cest de les traiter de « porcs, dânes, de très sots satellites de Satan » et autres choses de ce goût. Et cela si souvent et avec tant dimportunité, que si lon supprimait de ses Œuvres toutes les injures, lon réduirait facilement à un seul huit tomes de ses écrits18.

Quant à la ville de Genève, il ne mâche non plus ses mots :

Je najouterai rien au sujet de Genève, car ce que Rome est pour les Anges et les Catholiques, Genève lest pour le diable et les hérétiques19.

Cependant, si lévêque ne cesse dencourager au combat, lune des clefs qui guide son chemin de controversiste, cest de considérer que les hérésies se nourrissent des mauvais exemples : cétait déjà le cas dans la harangue restée célèbre de la prévôté :

Cest par la charité quil faut ébranler les murs de Genève, par la charité quil faut lenvahir, par la charité quil faut la recouvrer. [] Voulez-vous une méthode facile pour emporter rapidement une ville dassaut ? Je vous prie de lapprendre de lexemple dHolopherne [] Il est un aqueduc qui 42alimente et ranime pour ainsi dire toute la race des hérétiques : ce sont les exemples des prêtres pervers, les actions, les paroles, en un mot, liniquité de tous, mais surtout des ecclésiastiques. Cest à cause de nous que le nom de Dieu est blasphémé chaque jour parmi les nations, et cest avec pleine raison que le Seigneur sen plaint si amèrement par ses Prophètes. Voilà leau de contradiction qui me paraît étancher la soif brûlante des hérétiques, boisson vraiment digne de ceux qui la prennent, cest notre iniquité que boivent ces hommes iniques, ainsi quil est écrit : « Ils boivent liniquité comme leau20 ».

Cela continue dans une lettre adressée à un confrère évêque en 1609 :

Or, Monsieur, continuez de servir dinstrument à la divine Sapience, rembarrant lerreur des heretiques par la doctrine des controverses, et conduisant les volontez depravées au chemin de la vertu par vos traictez de pieté et de devotion. Cest sans doute que la reformation des mœurs esteindra les heresies avec le temps, comme la depravation les a causées, puis que lheresie nest jamais le premier peché21.

Ainsi la douceur dans la controverse vient indéniablement de la personne de François de Sales mais également dune attitude qui consiste à reconnaître en premier lieu les torts des catholiques pouvant avoir engendré la réaction des réformés. Intraitable sur la doctrine, François de Sales ouvre une porte de conciliation en renvoyant dos à dos mauvaise doctrine et mauvais exemples.

Le catéchiste et la discipline

Il est, en outre, lié damitié avec le cousin de ce dernier, Frédéric Borromée. François décide dinstituer le catéchisme afin de diffuser, de faire connaître et comprendre la foi catholique aux croyants de son diocèse. Chaque dimanche, peu avant midi, on voit dans les rues un jeune garçon vêtu de bleu qui sonne une clochette et parcourt les rues en criant : « Venez à la doctrine chrétienne, on vous y enseignera le chemin du Paradis. »

Le Sousprieur et Admoniteur prendront pareillement garde quil ne se fasse point de bruit, autrement ilz en feront signe tacitement au Silencier ; [] 43apres quoy il recitera lorayson accoustumee destre faitte devant la dispute, et [] il les fera monter en lieu eminent doù ilz puissent estre veuz, les uns dun costé et les autres de lautre. Ces enfans ayant formé le signe de la Croix et prononcé les parolles hautement, reciteront la partie du Cathechisme qui leur aura esté assignée, ceux cy en interrogeant, ceux la en respondant. Il les fera quelquefois arrester et leur demandera ce quil voudra, affin de les rendre par ce moyen plus prudens et plus attentifz. Toutefois, quil prenne garde que la dispute se fasse des choses qui auront esté dittes [] Et prenant occasion de ce qui aura esté recité, il fera un brief discours et abbregé, affin que tous puissent mieux imprimer ceste doctrine en leurs espritz ; et sil ne peut pas le faire, il en priera quelquun des maistres ou officiers22.

c) Le prédicateur 

On sait limportance que revêt la prédication pour François de Sales qui nhésite pas à affirmer quun évêque qui ne prêche pas est une moitié dévêque, fût-il le plus capable du monde de gouverner son diocèse23. Cette prédication na pas seulement la tonalité affective quon lui a souvent reconnue mais également une dimension clairement apologétique :

Jay de plus quelques materiaux pour lintroduction des apprentifz a lexercice de la predication evangehque24, laquelle je voudrois faire suivre de la methode de convertir les heretiques par la sainte predication. Et en ce dernier livre, je voudrois, par maniere de prattique, desfaire tous les plus apparens et celebres argumens de nos adversaires ; et ce, avec un style non seulement instructif mais affectif, a ce quil proffitast non seulement a la consolation des Catholiques, mais a la reduction des heretiques25.

Le Père Philibert de Bonneville, qui fut son premier historien, a déposé ce qui suit lorsquil fut appelé à donner son témoignage pour le procès de béatification du serviteur de Dieu :

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Jadmiray sa charité le caresme premier que jeus le bien de prescher en sa presence ; car il vint tout expres à sainct Dominique en la presente ville, me disant quon leust diverty en son logis, me donnant plusieurs advertissements remarquables pour prescher fructueusement, ce quil fit avec une charité plus que paternelle, me tirant en un cabinet à part, se mit contre la table, disant quelques periodes pour menseigner la façon de gouverner la voix et faire les actions et gestes, madvertissant de ne charger pas tant mes predications de sentences, mais de les peser davantage, et avec une doulceur non pareille me donnoit courage de memployer serieusement à la predication26.

François de Sales définit ainsi lévêque comme celui qui prêche et donne envie de prêcher.

Serait-ce également que lobjet de la prédication est moins exigeant que celui de ses prédécesseurs ? Le discours de la maîtrise des passions est par endroits très classique : commentant la circoncision du Seigneur, il conclut à la circoncision spirituelle des passions et des vices que chacun doit faire sil veut être sauvé, il nen pas moins novateur. Cependant, analysant de près ce quAugustin appelle la concupiscence, mot paradoxalement quasi-absent du vocabulaire salésien, il précise :

Ces passions ce sont des passions naturelles, qui ne sont point peché en elles mesmes. Il ne faut pas penser quand vous sentez des esmotions et des repugnances que vous pechiez et offenciez tant soit peu. O nullement, car cela est independant de nous ; ces divers mouvemens ne sont point coulpables, ce nest pas là sur quoy il faut poser le couteau de la circoncision. Plusieurs se trompent simaginant que tout consiste à ne rien sentir, et quand ils esprouvent quelque rebellion des passions il leur semble que tout soit perdu27.

Un autre motif qui explique la douceur salésienne est que pour celui-ci la vérité est persuasive delle-même :

La verité est si belle et si excellente en elle mesme, questant clairement et naïfvement mise a la veuë de nostre entendement, il nest pas possible quil ne lembrasse avec un amour et playsir extreme28.

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On est finalement assez loin de la tradition augustinienne du style efficace, permettant la « victoire » sur ladversaire29. La vérité est attirante en elle-même car le cœur de lhomme est en adéquation avec celle-ci. De fait, dans ce que lon a appelé la charte de sa prédication, la lettre à Mgr Fremyot datée du 5 octobre 1604, notre sermonnaire écrit :

Je sçai que plusieurs disent que, pour le troisiesme, le predicateur doit delecter ; mays quant a moy, je distingue, et dis quil y a une delectation qui suit la doctrine et le mouvement. Car qui est cette ame tant insensible qui ne reçoive un extreme playsir dapprendre bien et saintement le chemin du Ciel, qui ne ressente une consolation extreme de lamour de Dieu30 ?

De fait, notre prédicateur, comme Jean-Pierre Wagner la bien montré31, est bien souvent un prédicateur de la Croix du Christ :

Je demande maintenant pourquoy Nostre Seigneur voulut estre tout nud sur la croix [] la principale rayson fut pour nous enseigner comment il faut, si nous voulons luy plaire, nous despouiller et reduire nostre cœur en la mesme nudité questoit son sacré corps, le despouillant de toutes sortes daffections et pretentions, à fin quil nayme ni desire autre que luy. Cest le second fruit de la meditation de la Passion que ce despouillement, car le premier cest lamour32.

Le confesseur et le directeur

Outre la prise de parole collective, celle du catéchiste ou du prédicateur, il existe la prise de parole individuelle, celle du confesseur ou du directeur.

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Le confesseur 

Commençons par ce que dit de lui lévêque de Vence, Antoine Godeau :

Le travail dentendre les confessions est grand ; mais le B. François sait quun évêque est ordonné pour travailler. Il se met donc au confessionnal et il y passe des journées entières. Il ne rebute personne. Il entend plus volontiers les pauvres que les riches ; il console ceux-là et il ne flatte point ceux-ci. Il est doux à la vérité, mais ce nest pas dune douceur corrompue. Il trempe la lancette dans lhuile, mais il a fait entrer jusquau fond de la plaie [] Enfin cest un utile trompeur qui ne promet en apparence que suavité, et qui en effet a toute laustérité nécessaire33.

Une fois devenu évêque, François de Sales rédige des Avertissements aux confesseurs que lon a souvent rapproché des indications célèbres de saint Charles Borromée34. Or, celui-ci clôt le premier chapitre avec la mention attendue de linfinie miséricorde :

Quand vous rencontreres des personnes qui, pour des enormes pechés, comme sont les sorcelleries, accointances diaboliques, bestialités, massacres et autres telles abominations, sont excessivement espouvantees et travailles en leurs consciences, vous deves par tous moyens les relever et consoler, les asseurant de la grande misericorde de Dieu, qui est infiniment plus grande pour leur pardonner que tous les pechés du monde pour les damner, et leur promettes de leur assister en tout ce quilz auront besoin de vous pour le salut de leurs ames35.

Mais quelques chapitres plus loin, il détaille :

Il faut de plus examiner le penitent sur la diversité des degrés du peché [] la malice se peut redoubler et multiplier en une seule action : par exemple, celuy qui desrobbe un escu fait un peché ; celuy qui en desrobbe deux ne fait aussi quun peché, et tout de mesme espece, mais toutesfois la malice de ce second peché est double au pris du premier. De mesme, il se peut faire quavec un mauvais exemple on scandalizera une seule personne, et avec un autre mauvais exemple de mesme espece on [en] scandalizera trente ou quarante, 47et ny a point de proportion entre lun et lautre peché ; cest pourquoy il faut particulariser, tant quil se peut bonnement faire, la quantité de ce quon a desrobbé, des gens quon a scandalizés par une seule action ; et ainsy consecutivement des autres pechés, desquelz la malice croist et decroist selon la quantité de lobject et de la matiere36.

En outre, on est loin de lexamen de conscience prôné par les jésuites des Provinciales ; ici, les pensées peuvent être des péchés :

Il faut [] esplucher les mauvaises pensees, encor quelles nayent esté suivies de desir et de la volonté. Par exemple : celuy qui prend playsir a penser en soy mesme a la mort, ruine et desastre de son ennemy, encor quil ne desire point telz effectz, neanmoins, sil a volontairement et a son escient pris delectation et res-jouissance en telles imaginations et pensees, il a peché contre la charité et doit sen accuser rigoureusement37.

Ainsi si la miséricorde est présente dans labsolution, lexigence lest dans lexamen précédent et dans la concrétisation de laveu. Là encore, la douceur est bien trompeuse ou plutôt se concentre dans lécorce mais le noyau est tout aussi dur.

Le directeur38 

Selon la coutume du temps, François de Sales fait un usage de titres et dappellations tirées des relations familiales ou sociales, comme père, mère, frère, sœur, fils, fille, oncle, tante, neveu, nièce, compère, commère, serviteur. Une fois il écrira à une angoissée : « Je vous lordonne comme cela au nom de Dieu », mais cest pour lui enlever ses scrupules (XII 393). Mais son autorité reste humble, bonne, tendre même ; son rôle envers les dirigés, dit François de Sales dans la Préface de lIntroduction, est surtout de les « assister », terme qui apparaît deux fois dans ce contexte (V 7,9).

48

Sil est un point qui lui est propre cest linsistance quil apporte à souligner la complémentarité qui doit exister entre une parfaite obéissance au directeur spirituel et une parfaite liberté intérieure, la première ne devant pas se substituer à la seconde. Ainsi écrit-il à Jeanne de Chantal :

Je loue infiniment le respect religieux que vous portez à votre directeur et vous exhorte de soigneusement y persévérer ; mais si faut-il que je vous dise encore ce mot. Ce respect vous doit sans doute contenir en la sainte conduite à laquelle vous vous êtes rangée, mais il ne vous doit gêner, ni étouffer la juste liberté que lEsprit de Dieu donne à ceux quil possède39.

De même, aux religieuses tentées de considérer la perfection comme un vêtement à enfiler, il leur rappelle vigoureusement leur responsabilité personnelle :

Cest que vous voudriez que je vous enseignasse une voie de perfection toute faite, ou une méthode de perfection tellement faite quil ny eût quà la mettre sur votre tête comme vous jetteriez votre voile, et que par ce moyen vous vous trouvassiez toute parfaite sans peine, cest-à-dire que je vous donnasse la perfection toute faite ; car, parce que je dis quil faut faire, cela nest pas trouvé agréable ; ce nest pas ce que nous voudrions. Oh certes, sil était à mon pouvoir, je serais le plus parfait homme du monde ; car si je la pouvais donner aux autres sans quil fallût rien faire, je la prendrais premièrement pour moi. Il nous semble que la perfection est un art ; que si lon pouvait trouver son secret, on laurait tout incontinent sans peine40.

Ainsi lart de la direction comporte-t-il deux écueils symétriques, la désobéissance dun côté et lassistanat de lautre. Il se montre exigeant vis à vis des deux.

En outre, sa direction spirituelle manifeste toujours une exquise politesse dans la formulation mais un réel souci de lutte ascétique. Il écrit par exemple à une femme très attachée aux vanités :

Sur votre départ, il me [vint] en la pensée de vous dire quil fallait retrancher le musc et les senteurs ; mais je me retins, sur ma méthode, qui est suave, de laisser lieu au mouvement que petit à petit les exercices spirituels ont accoutumé de faire dans les âmes qui se consacrent entièrement à sa divine bonté. 49Car vraiment mon esprit est extrêmement ami de la simplicité, mais la serpe avec laquelle on tranche ces inutiles rejetons, je la laisse ordinairement aux mains de Dieu [] Je nay jamais seulement voulu porter des bas destame, ni jamais des gans ni lavés ni musqués, des que je me suis voué a Dieu, ni jamais papier doré ni poudres ; ce sont des mignardises trop menuës et vaines a Dieu, quel cœur vous me donnes en vostre endroit, marchant de si bon pied !

Helas, ma chere Fille, il est certes vray : ces eternelz et irrevocables renoncemens, ces adieux immortelz que nous avons ditz au monde et a ses amitiés, font quelque attendrissement a nostre cœur41.

Là encore la douceur nest pas tant dans lobjet que dans lattitude de confidence qui est la sienne, se mettant à égalité de sa destinataire et créant une complicité de bon aloi pour encourager au dépouillement de soi.

Mais cest aussi loptique abordée qui a sans aucun doute, forgé sa réputation : ainsi écrit-il à lune de se dirigées, après lavoir encouragée à suivre son directeur qui lui conseille de rompre le jeûne, « puisque ladvis du medecin le porte » :

Vous deves avoir un grand soin de ranger vostre esprit a la paix et tranquillité, et estouffer ces mauvaises inclinations que vous aves, par une attention a la prattique des vertus contraires, en vous resolvant destre plus diligente, attentive et active a la prattique des vertus. Et marqués ces quatre paroles que je vous vay dire : vostre mal vient dequoy vous craignés plus les vices que vous naymés les vertus42.

François de Sales a été un bon évêque et il a assumé tous les aspects de sa charge de pasteur. Sans doute sa sainteté personnelle a permis de corriger sans heurt mais les difficultés étaient là et il sest lancé dans une vaste entreprise de réformation, sans doute plus ardue que ne lest celle de la formation. Pourquoi une telle réputation a pu voir le jour ? Sans doute – et cela se voit dans ses écrits et dans ses actes – parce quil a toujours compté avec le passage du temps : ce qui était vrai dans la conduite individuelle des âmes, il la également appliqué à la conduite de son diocèse.

Ce faisant, il a échappé à lécueil de celui qui voulant aller vite, passe de la réformation à la révolution, ce qui fut le cas dun Luther, et à 50lécueil symétrique de celui qui voulant aller trop lentement nentreprend rien et se nourrit de velléités. Il permet ainsi de tirer de son œuvre une sorte de théorie de laction opportune, aux antipodes et pourtant pas si éloignée de la ruse machiavélienne.

Hélène Michon

1 François de Sales, « Plan dun sermon pour le mardi après le deuxième dimanche de carême, 21 février 1617 », Œuvres de saint François de Sales, éd. établie par les religieuses de la Visitation du premier monastère dAnnecy, Annecy, Niérat, 1892-1964, 27 vol., t. VIII, vol. 2 des Sermons, 1897, p. 89.

2 Rapporté par dom Mackey, dans « Saint François de Sales et la formation du clergé », Revue du clergé français, 1895, 1901, vol. 25, p. 516-534, p. 528.

3 François de Sales, « Lettre CLXXXIV à M. Antoine de Revol, évêque nommé de Dol, du 3 juin 1603 », Œuvres, op. cit., t. XII, vol. 2 des Lettres, 1902, p. 99.

4 François de Sales, « Exhortation aux ecclésiastiques pour quils sappliquent a létude [1603-1605] », Œuvres, op. cit., t. XXIII, vol. 2 des Opuscules, 1928, p. 200.

5 Rapporté par dom Mackey, dans « Saint François de Sales et la formation du clergé », op. cit., p. 520.

6 François de Sales, « Lettre MDCI à M. de Quoex du 31 janvier 1620 », Œuvres, op. cit., t. XIX, vol. 9 des Lettres, p. 79.

7 François de Sales, « Sentiment sur la collation des bénéfices et la nomination des curés », Administration épiscopale, Œuvres, op. cit., t. XXIII, vol. 2 des Opuscules, p. 400.

8 Voir larticle de Frédéric Meyer, « Querelle des évêques et des réguliers dans les Alpes du Nord au xviie siècle ? François de Sales face aux ordres religieux », Histoire des Alpes – Storia delle Alpi – Geschichte der Alpen, Chronos Verlag, 2013, p. 73-89, disponible sur https://hal.univ-lorraine.fr/hal-01539706.

9 François de Sales, « Lettre à Clément VIII du 27 octobre 1604 », Œuvres, op. cit., t. XII, vol. 2 des Lettres, p. 187.

10 François de Sales, « Compte-rendu de létat du diocèse de Genève envoyé à sa Sainteté Paul V, Novembre 1606 », Œuvres, op. cit., t. XXIII, op. cit., p. 212.

11 François de Sales, « Lettre à Clément VIII du 27 octobre 1604 », Œuvres, op. cit., t. XII, vol. 2 des Lettres, p. 187.

12 François de Sales, « Lettre à Madame Bourgeois, Abbesse du Puits-dOrbe du 3 mai 1604 », Œuvres, op. cit., t. XII, vol. 2 des Lettres, p. 140.

13 François de Sales, « Lettre du 22 novembre 1602 aux Filles de Dieu de Paris, ordre de Fontevrault », Œuvres, op. cit., t. XII, vol. 2 des Lettres, p. 72. La maison des Filles-Dieu était primitivement (1225) un asile établi sur le chemin de Saint-Denis à Paris pour y retirer des femmes de mauvaise vie, converties par les prédications de Guillaume dAuvergne. Saint Louis favorisa cette maison, qui dans la suite changea de destination. LÉvêque de Paris recueillit les Filles-Dieu (1360) dans un hôpital dont il leur céda même la propriété, à condition quune partie des bâtiments serait réservée à lhospitalité de nuit. La Communauté ne retrouva pas néanmoins sa prospérité première ; en 1483, elle ne se composait plus que dun petit nombre de personnes, si bien que, pour la sauver dune ruine imminente, le Saint-Siège lincorpora à lOrdre de Fontevrault. Dès lors (1496) le monastère des Filles-Dieu ne fut plus quun prieuré dépendant de la célèbre abbaye. Les soins que prit saint François de Sales pour y rétablir la parfaite régularité durent sans doute être couronnés de succès, puisquun contemporain écrit : « La bonne observance reguliere y florit aujourdhui autant que jamais ; qui est cause que de 12 Religieuses quelles estoient au temps de la reformation [1496], le nombre est tellement augmenté quen ceste annee 1606, elles sont, tant Sœurs de chœur que converses dediees à la vie active », note 60 de lédition dAnnecy.

14 François de Sales, « Lettre au Père Claude-Louis-Nicolas de Quoex, Prieur du Monastère de Talloires, du 10 juillet 1609 », Œuvres, op. cit., t. XIV, vol. 4 des Lettres, p. 111.

15 François de Sales, « Lettre à Monsieur Bénigne Milletot du 5 septembre 1611 », Œuvres, op. cit., t. XV, vol. 5 des Lettres, p. 64.

16 Histoire du Bien-Heureux François de Sales, évêque et prince de Genève, par le Chanoine Charles-Auguste de Sales, t. II, Paris, Vivès, 1870, p. 11.

17 François de Sales, « Code Fabrien », Œuvres, op. cit., t. XXIII, op. cit., p. 154.

18 Ibid., p. 143.

19 Ibid., p. 217.

20 François de Sales, « Harangue de la Prévôté de Genève », fin décembre 1593, Œuvres, op. cit., t. VII, p. 97.

21 François de Sales, « Lettres à Mgr Pierre de Villars, archevêque de Vienne, du 25 janvier 1609, (Fragments) », Œuvres, op. cit., t. XIV, vol. 4 des Lettres, p. 251.

22 François de Sales, « Règlements pour lenseignement du Catéchisme », Œuvres, op. cit., t. XXIII, vol. 2 des Opuscules, p. 129.

23 Antoine Godeau, Éloges des évesques qui dans tous les siècles de lÉglise ont fleury en doctrine et en sainteté, Paris, chez François Muguet, 1665, p. 693-694.

24 Si le saint Missionnaire du Chablais avait eu le loisir de rédiger le Traité de prédication quil rêvait décrire, il y aurait fait entrer vraisemblablement la magistrale lettre à Mgr Frémyot, du 5 octobre 1604 (Lettres 2, lettre 229), et aussi un directoire manuscrit quil prêtait parfois à de jeunes prédicateurs, comme nous lapprend Jean-François de Blonay dans sa déposition. (Process. remiss. Gehenn. (1), ad art. 35).

25 François de Sales, « Lettre à Mgr de Villars », Œuvres, op. cit., t. XIV, vol. 4 des Lettres, p. 84.

26 Rapporté par dom Mackey, dans Étude sur saint François de Sales prédicateur, t. X, vol. 4 des Sermons, p. 18.

27 François de Sales, « Sermon pour la circoncision », daté du 1er janvier 1622, Œuvres, op. cit., t. X, vol. 4 des Sermons, p. 112.

28 François de Sales, « Sermon pour la vérité du saint sacrement de lautel », daté de juillet 1597, Œuvres, op. cit., t. VII, vol. 1 des Sermons, p. 129.

29 Pour lanalyse du sublime chrétien, voir les pages que M. Fumaroli consacre à ce sujet dans lÂge de lÉloquence, rhétorique et « res literaria » de la Renaissance au seuil de lâge classique, [1re éd. Droz, 1980], Albin Michel, 1994, p. 70 et sq.

30 François de Sales, « Lettre à Mgr Fremyot », Œuvres, op. cit., t. XII, vol. 2 des Lettres, p. 156.

31 Jean-Pierre Wagner, « Saint François de Sales prédicateur de la croix », Revue des Sciences Religieuses, 1998, 72-2, p. 176-197.

32 François de Sales, « Sermon pour le Vendredi Saint » daté du 28 mars 1614, Œuvres, op. cit., t. IX, vol. 3 des Sermons, p. 27.

33 Antoine Godeau, Éloges des évesques qui dans tous les siècles de lÉglise ont fleury en doctrine et en sainteté, op. cit., p. 690-691.

34 Ainsi voit le jour, au xviie siècle, un ouvrage intitulé Conduite des confesseurs dans le tribunal de la pénitence, selon les instructions de S. Charles Borromée, [et] la doctrine de Saint François de Sales : imprimée par lordre de monseigneur leveque de Bayeux, pour servir aux confesseurs de son diocese, publié à Lyon chez Pierre Bruyset.

35 François de Sales, « Avertissements aux confesseurs », Œuvres, op. cit., t. XXIII, p. 119.

36 Ibid., p. 191. On est certes tout près des conseils donnés dans lIntroduction à la vie dévote : « Il faut donq dire le fait, le motif et la duree de nos pechés ; car encores que communement on ne soit pas obligé destre si pointilleux en la declaration des pechés venielz, et que mesme on ne soit pas tenu absolument de les confesser, si est-ce que ceux qui veulent bien espurer leurs ames pour mieux atteindre a la sainte devotion, doivent estre soigneux de bien faire connoistre au medecin spirituel le mal, pour petit quil soit, duquel ilz veulent estre gueris. », IIe partie, ch. xix, p. 114-115 mais ici il sagit de former le confesseur à lart de poser les bonnes questions.

37 Ibid., p. 192.

38 Nous renvoyons à larticle de Morand Wirth, « François de Sales directeur », consultable en ligne, www.clerus.org/clerus/dati/2009-11/18-13/Wirth_fr.html.

39 François de Sales, « Lettre CCXXI à la baronne de Chantal du 14 juin 1604 », Œuvres, op. cit., t. XII, vol. 2 des Lettres, p. 144.

40 François de Sales, « VIe entretien », Entretiens spirituels, Œuvres, éd. A. Ravier, Paris, Gallimard, 1969, p. 1059.

41 François de Sales, « Lettre MDLXXXIII à Madame du Tertre du 19 décembre 1619 », Œuvres, op. cit., t. XIX, vol. 9 des Lettres, p. 61.

42 François de Sales, « Lettre DCCCLX, À Madame de la Croix dAutherin du 12 mars 1613 », Œuvres, op. cit., t. XV, vol. 5 des Lettres, p. 208.