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Classiques Garnier

De l’évêque de Meaux à l’encyclopédiste Yvon, l’histoire du christianisme

  • Type de publication : Article de revue
  • Revue : Revue Bossuet Littérature, culture, religion
    2017, n° 8
    . Réceptions de Bossuet au xviiie siècle
  • Auteur : Albertan-Coppola (Sylviane)
  • Résumé : Bossuet fournit à Yvon un modèle permettant de concilier histoire ancienne, providentialisme et théorie absolutiste. Cependant, Yvon n’adhère pas entièrement au discours répressif de Bossuet. Marqué par sa propre expérience de contributeur à l’Encyclopédie, il défend la tolérance civile envers les hérétiques, sinon envers les athées et les déistes (tout en soutenant la nécessité de l’intolérance ecclésiastique), et contribue ainsi à l’infléchissement de l’image de Bossuet dans le camp chrétien.
  • Pages : 97 à 105
  • Revue : Revue Bossuet
  • Thème CLIL : 4027 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Lettres -- Etudes littéraires générales et thématiques
  • EAN : 9782406071341
  • ISBN : 978-2-406-07134-1
  • ISSN : 2494-5102
  • DOI : 10.15122/isbn.978-2-406-07134-1.p.0097
  • Éditeur : Classiques Garnier
  • Mise en ligne : 01/09/2017
  • Périodicité : Annuelle
  • Langue : Français
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De lévêque de Meaux
à lencyclopédiste Yvon,
lhistoire du christianisme

À première vue, tout oppose lillustre évêque de Meaux à lobscur abbé Yvon. Si ce dernier sest attiré en son temps quelque notoriété, cest sur fond de scandale, en raison de sa participation à la thèse de labbé de Prades, condamnée par la Sorbonne en 1752. Et si lon parle encore aujourdhui de ce théologien, cest plus pour sa collaboration à lEncyclopédie de Diderot que pour sa contribution à lhistoire du christianisme. Il est pourtant lauteur dune série douvrages consacrés à la religion, par lesquels il a tenté de rentrer en grâce auprès de son archevêque, Christophe de Beaumont. On lui doit des Lettres à monsieur Rousseau (1763) destinées à soutenir le mandement de larchevêque de Paris contre lÉmile, un Abrégé de lHistoire de lÉglise (1761-1767), un Accord de la philosophie avec la religion ou Histoire de la religion, divisée en XII époques (1782) dans laquelle il sefforce de concilier christianisme et philosophie. Il a rédigé aussi pour lEncyclopédie des articles de métaphysique dont certains ont pu être contestés dans leur détail mais qui affichent une apparente orthodoxie. Cest évidemment dans son histoire de lÉglise et son histoire de la religion que le nom de Bossuet apparaît le plus souvent et que son influence sexerce le plus largement.

Les qualificatifs et périphrases qui le désignent dans lAbrégé de lHistoire de lÉglise sont très laudatifs : cest à plusieurs reprises « le grand Bossuet1 », « lillustre Bossuet2 » ou encore « ce docte prélat3 », « ce grand écrivain4 », quand ce nest pas « le plus éloquent évêque de 98France5 ». Dans la « onzième époque » de lHistoire de la religion consacrée au milieu du xviie siècle, il est cité parmi les grands esprits qui permirent la « dépuration » de la religion, troublée par les controverses nées de la Réforme : « Ce moment était arrivé, lorsque les Pascal, les Bossuet, les Fénelon et les écrivains de Port-Royal parurent. La vérité si longtemps obscurcie par les passions, commença à surnager sur une infinité derreurs que lhérésie avait accumulées ». Bossuet est même érigé en une sorte de modèle à reproduire contre les « philosophes anti-chrétiens » du siècle des Lumières6.

Aussi est-il plusieurs fois cité par Yvon à lappui de sa démonstration. Dans lHistoire de la religion, il est utilisé pour prouver que la société religieuse nécessaire pour conserver les dogmes révélés par Dieu a été instituée par les apôtres, choisis par Jésus-Christ parmi les plus humbles : « Il fallait, dit Bossuet, que toute la gloire de létablissement de la Religion retournât à Dieu, qui a fait un si grand ouvrage, comme il avait fait lunivers, par sa seule parole7 ». Dans lAbrégé de lHistoire de lÉglise, il est brandi contre Voltaire qui, dans son Traité sur la tolérance (1763), avait mis dans la bouche de la Nature personnifiée une plainte contre les atteintes portées par les superstitions humaines à son encontre. À son tour, Yvon compose une prosopopée dans laquelle la Nature répond au philosophe que lui et ses amis lont dénaturée à travers leurs systèmes matérialistes ou déistes :

Mon Auteur et le Dieu de lhomme lavait introduit dans le monde, où, de quelque côté quil tournât les yeux, la sagesse du Créateur reluisait dans la grandeur, dans la richesse et dans la disposition dun si bel ouvrage. Lhomme cependant la méconnu : les créatures, qui se présentaient pour élever son esprit plus haut, lont arrêté : lhomme aveugle et abrutie les a servies ; enfin il a oublié la raison jusquà les déifier8.

Bossuet est alors appelé à la rescousse dans une note qui renvoie le lecteur au Discours sur lhistoire universelle (1681), « où ce morceau est traité en grand, et tout-à-fait dune manière sublime9 ».

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Plus tard, Yvon citera deux paragraphes du Discours sur lunité de lÉglise de lévêque de Meaux pour établir la souveraineté de lÉglise, en sappuyant sur la conversion de lempereur Constantin :

« Quand après trois cents ans de persécution, parfaitement établie et parfaitement gouvernée durant tant de siècles sans aucun secours humain, il paraîtra clairement quelle ne tient rien de lhomme ; venez maintenant, ô Césars, il est temps. Tu vaincras, ô Constantin, et Rome te sera soumise ; mais tu vaincras par la Croix : Rome verra la première ce grand spectacle ; un Empereur victorieux prosterné devant le tombeau dun pêcheur et devenu son disciple » (Bossuet dans son Discours sur lUnité de lÉglise)10

Labbé mentionne aussi en note la Défense de la Déclaration du Clergé de France parmi les sources de sa démonstration de lorigine divine de lÉglise et de lÉtat (ibid.).

On trouve même plus loin un étonnant passage dans lequel Yvon ne se contente plus de citer Bossuet ou de renvoyer à son œuvre, mais entrelarde son propre texte de larges extraits de lauteur, au point daboutir à une pure et simple compilation11. Il semble dailleurs lui-même sen apercevoir puisque, au bout de six pages dun tel collage, il finit par juger préférable de céder directement la parole à Bossuet : « Je ne saurais mieux faire que de copier ici le grand Bossuet sur lusage que les Pères ont fait des comparaisons en parlant de la Trinité ». Bossuet devient ainsi, durant sept nouvelles pages12, non plus seulement la source mais le relais dYvon, pour démontrer quil ne faut pas prendre au sens littéral certaines expressions des Pères de lÉglise qui, tout en facilitant laccès des fidèles aux mystères chrétiens, risquent de les dénaturer. Par exemple, la comparaison de la Trinité avec le soleil et ses rayons – tirée de Tertullien13 – qui montre bien comment le Père et le Fils peuvent avoir « la même nature, la même éternité, la même puissance », risque de dégénérer : « si lon voulait chicaner, ne dirait-on pas que le rayon, sans se détacher du corps du Soleil, souffre diverses dégradations, ou comme parlent les peintres, que les teintes de la lumière ne sont pas également vives ? ». Cest pourquoi saint Justin a eu recours à une autre image, qui est celle du feu, pour remédier à 100linégalité que semble introduire celle du soleil entre le Père et le Fils : un flambeau peut en allumer dautres sans diminuer sa propre flamme14. La polémique de Bossuet contre Jurieu qui avait lancé des traits contre les Pères des trois premiers siècles de lÉglise (à partir dHuet et de Pétau) se trouve donc réactualisée pour défendre les mystères sacrés. Ailleurs, la réponse de Bossuet à Jurieu est utilisée par Yvon contre ses contemporains Mosheim et Brucker qui soutenaient que les dogmes de lÉglise romaine avaient varié sous linfluence des philosophes éclectiques :

Cest ce même système que le ministre Jurieu a prétendu contre la foi de tous les monuments, établir par une sorte de récrimination contre lillustre Bossuet, qui des innovations de la réforme, avait tiré cet argument invincible, que cest à tort quelle sarroge le titre de véritable Église ; puisquun des principaux caractères de la Cité sainte est de professer, dans tout le cours de sa durée, la même foi, laquelle se perpétue et se propage dans le canal dune tradition pure et inaltérable15 ».

Ce ne sont pas uniquement des arguments ponctuels quYvon va chercher chez son brillant prédécesseur. Lillustre Bossuet exerce sur ce modeste abbé une influence plus profonde en lui fournissant la méthode qui sous-tend lensemble de son Abrégé de lHistoire de lÉglise. Concevant les faits établis dans lhistoire de lÉglise comme autant de preuves de la divinité du christianisme, Yvon se heurte en effet à une difficulté, qui est de répondre aux critiques des incrédules attachés à les discréditer : sengager dans de « longues dissertations » pour les défendre risquerait de nuire à « lintérêt » de la narration16. Cest pour pallier ce genre de difficulté quil décide de suivre lexemple de Bossuet, parvenu à un juste équilibre entre récit dHistoire et traité dérudition :

Le grand Bossuet a tenté deux fois avec succès dêtre tout ensemble Historien et Dissertateur, lune dans son éloquent Discours sur lhistoire universelle, et lautre dans son excellente Histoire des variations. Le raisonnement est si heureusement entrelacé dans ces deux ouvrages avec le récit des événements, que le Théologien y est toujours Historien ; et les faits y prennent une telle dose dérudition, quen ne croyant lire quune Histoire, on lit de très savants Traités sur les matières que présente lHistoire17.

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La méthode de « ce docte prélat », qui permet de tirer « un suc salutaire » des événements narrés en les accompagnant de « solides réflexions » est aux yeux dYvon « la seule quon doive employer dans des ouvrages de cette nature ». Elle a dailleurs été imitée par plusieurs savants protestants18.

Yvon sappuie également sur Bossuet pour construire son propre plan. Il annonce dans le « Discours sur lHistoire de lÉglise » qui précède son Histoire quil divisera celle-ci en Histoire externe et Histoire interne, laquelle donnera au lecteur « lidée de ce quil y a de plus important dans la forme de son gouvernement, dans ses dogmes, dans ses mœurs et dans sa discipline, en même temps quelle [l] instruira de ses destins prospères ou malheureux ». « Ces deux parties jointes en “un tout solide et régulier” seront précédées d“annales” rapportant les principaux événements quil nest pas permis dignorer », afin de remédier au défaut de lEssai sur lHistoire générale [Essai sur les mœurs] de Voltaire, qui na pas lié les événements quil raconte19. Pour ce faire, Yvon inscrit résolument ses pas dans ceux de Bossuet :

Mes deux parties historiques figureront à peu près dans le tableau où je dois peindre les destinées de lÉglise, comme figurent dans le Discours sur lHistoire universelle de lillustre Bossuet les deux parties, dont lune nous fait admirer la suite des conseils de Dieu dans les affaires de la religion, et lautre nous montre lenchaînement des affaires humaines. Mais de même que ce grand écrivain, avant de reprendre en particulier, premièrement les faits qui nous font entendre la durée perpétuelle de la religion, et ceux qui nous découvrent les causes des grands changements arrivés dans les empires, les fait dabord aller ensemble, selon le cours des années, jai cru quil convenait que je liasse également à lordre des temps, les faits relatifs à lHistoire tant externe quinterne. Je les ferai donc rouler ensemble dans ce grand mouvement des siècles, où ils ont, pour ainsi dire, un même cours, avant que je les détache les uns des autres, pour les reprendre en particulier avec les réflexions nécessaires20.

Limitation de Bossuet dans lAbrégé de lHistoire de lÉglise passe parallèlement par tout un réseau métaphorique, dont la portée dépasse celle de simples ornements du discours. On reconnaît aisément dans la prose dYvon des images qui apparaissaient déjà sous la plume de Bossuet, à commencer par lassimilation de lHistoire universelle à une carte générale 102dont les cartes particulières que sont les Histoires propres à chaque contrée ne seraient que le détail, de façon à offrir au lecteur un « grand spectacle » :

[] nous plaçant au-dessus du détail des événements particuliers pour dominer sur eux et pour voir dans un plus grand lointain, jetons un coup dœil rapide sur chacune des quatre grandes époques. Ce quelles nous montreront de lÉglise dans une espèce de Mappemonde, chaque siècle nous le fera voir, pour parler ainsi, dans des Cartes particulières. Ce discours est la mappemonde, et les Cartes particulières seront lHistoire même21.

Yvon tire également de Bossuet la comparaison de lÉglise à une armée en bataille :

Lillustre Bossuet lavait comparée avant moi à une Armée environnée dEnnemis, ne marchant jamais quen bataille, ne logeant que sous des tentes, toujours prête à déloger et à combattre. Cest dans cet état dunion, qui la lui montre comme un grand Corps, dont chaque partie correspond à lensemble, avec toute la convenance et la proportion qui les assortit lun avec lautre, que, de quelque côté quil la considère, il la voit belle, semblable à ces pavillons de Jacob si sagement arrangés, que Balaam, à la vue dun spectacle si merveilleux, ne put sempêcher de les bénir, au lieu de les maudire, comme on voulait ly contraindre22.

Lombre de Bossuet est donc partout présente dans les deux ouvrages historiques dYvon, particulièrement dans son Abrégé de lHistoire de lÉglise, même si la préface souvre sur un hommage aux huit discours qui ornent lHistoire ecclésiastique de Fleury. Yvon souhaite composer sa propre Histoire dans le même esprit que le cardinal : « Par cet esprit que je ne crains point de nommer philosophique, il sut envisager les événements en grand ; et nayant de respect que pour la vérité, il rendit à la vraie religion un hommage digne delle23 ». Il entend par là ne pas recourir à des mensonges pour cacher les vices de ses pontifes. Il nempêche que, quelques pages plus loin, il loue la méthode de Bossuet qui entrelace raisonnement et narration, en déclarant que « la manière de M. Bossuet [] est la seule quon doive employer dans des ouvrages de cette nature24 ». En alliant ainsi la manière de Bossuet à la méthode de Fleury, Yvon poursuit un but apologétique :

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Une histoire tracée sur mon plan, et exécutée avec succès, serait sans doute un ouvrage neuf, et en quelque sorte nécessaire. Ce serait peut-être le meilleur traité quon eût jamais donné de la vérité de la religion chrétienne. En effet, une histoire qui occuperait les esprits dune narration intéressante, où les événements préparés dans leurs causes, et revêtus de leurs circonstances, se passeraient sous les yeux, où la providence serait rendue sensible par son ascendant sur la politique humaine, ne serait-elle pas préférable à un ouvrage didactique, dans lequel une subtile dialectique exerce son pouvoir plutôt sur des raisonnements que sur des faits25 ?

Aussi son histoire de lÉglise est-elle clairement dirigée contre les penseurs de son temps portant atteinte au christianisme, tel le protestant Mosheim quand il critique les images employées par les Pères à propos des mystères et surtout Voltaire qui a prétendu dans le Traité sur la tolérance que les hommes ont ébranlé lédifice de la Nature en lui ajoutant de vaines parures. Labbé rétorque au philosophe : « Ce que vous traitez dornements bizarres, grossiers et inutiles dans lédifice de la religion, est précisément ce qui la maintenu. Ils font toute sa gloire ainsi que toute sa force26 ». Quels que soient son talent narratif et sa finesse philosophique, lauteur de lEssai sur les mœurs a méconnu selon Yvon ce qui devait rendre sublime son Histoire27.

La présence de Bossuet est évidemment beaucoup plus discrète dans les articles donnés par Yvon à lEncyclopédie de Diderot et dAlembert, qui sont des articles de philosophie, morale, logique, métaphysique, théologie et non pas dhistoire ecclésiastique. Et quand son nom apparaît, cest à titre secondaire : lévêque de Meaux ne fournit plus de plan dexposition ni de modèle de raisonnement, il intervient plutôt à lappui dune démonstration au moyen dune rapide citation. Tel est le cas dans larticle Athées où la pensée de Bossuet sintercale entre une citation de Plutarque et un passage de La Bruyère pour appuyer lidée que lathéisme peut être « un moindre mal » que le polythéisme ou lhérésie. En loccurrence, cest au Trialogue de Wiclef quYvon, à la suite de Bossuet, sen prend :

M. Bossuet ayant donné le précis de la théologie que Wiclef a débitée dans son trialogue, ajoute ceci : « Voilà un extrait fidèle de ses blasphèmes : ils se 104réduisent à deux chefs ; à faire un dieu dominé par la nécessité ; et ce qui en est une suite, un dieu auteur et approbateur de tous les crimes, cest-à-dire un dieu que les athées auraient raison de nier : de sorte que la religion dun si grand réformateur est pire que lathéisme28.

Les références dYvon à Bossuet sont plus intéressantes dans un petit ouvrage controversé sur la tolérance quil a commis en 1754 durant son exil à Londres suite à laffaire de Prades. Lœuvre, qui sintitule Liberté de conscience resserrée dans des bornes légitimes, prône la tolérance civile à légard des hérétiques et, si dans la première partie Yvon convoque Bossuet contre Jurieu pour justifier lautorité infaillible de lÉglise romaine29, dans la seconde il prend fermement parti contre celui quil nomme « lintolérant Bossuet30 » au sujet de la nécessité de soumettre lhérésie « au glaive du magistrat31 ». Il lui reproche davoir suivi saint Augustin qui sappuyait sur lÉpître aux Romains (XIII, 2) pour légitimer la condamnation de ceux qui résistent aux puissants et donc à lordre de Dieu :

Or est-il vraisemblable que Dieu ait donné dans lÉvangile un ordre si cruel, si inhumain et si propre à déshonorer le christianisme ? Il ny a que de barbares raisonneurs qui puissent le trouver dans le passage de st Paul cité par st Augustin et après lui par Mr Bossuet32.

Je ne comprends pas comment Mr Bossuet sest laissé entraîner par le torrent des théologiens dans le parti de lintolérance, à laquelle ses principes sopposent de toutes leurs forces33.

Dans lœuvre de cet abbé philosophe dont la position à légard de lorthodoxie religieuse de son temps est très ambiguë, le recours à Bossuet sert donc aussi bien à exalter lhistoire victorieuse de lÉglise quà combattre lintolérance.

Lexemple dYvon confirme les résultats de lenquête menée par Sébastien Drouin sur linfluence de Bossuet chez les antiphilosophes 105au xviiie siècle : cest en grande partie à son Discours sur lhistoire universelle quelle est due. Lévêque de Meaux a fourni aux défenseurs du christianisme un modèle permettant de concilier histoire ancienne, providentialisme et théorie absolutiste. Il convient cependant démettre une réserve sagissant de cet apologiste ambigu quest labbé Yvon : sil soutient apparemment le Trône et lAutel, il nadhère pas au discours répressif de Bossuet. Son engagement dans lEncyclopédie et les tracas qui en ont résulté pour lui linclinent à défendre la tolérance civile envers les hérétiques, sinon envers les athées et les déistes, tout en soutenant la nécessité de lintolérance ecclésiastique. Par linfléchissement quil fait ainsi subir à limage de Bossuet dans le camp chrétien, Yvon offre un cas intéressant pour lhistorien : bien quobscur, Yvon nen a pas moins joué son rôle dans lévolution des idées. Cest là toute lambiguïté et à la fois la modernité de ce théologien philosophe, on serait tenté de dire ce chrétien éclairé du xviiie siècle.

Sylviane Albertan-Coppola

Université dAmiens

1 Claude Yvon, Abrégé de lHistoire de lÉglise depuis son origine jusquà nos jours, Paris, Panckoucke, 1767, t. III, p. 146, 639, 640.

2 Ibid., p. 568, 635, 636, 724.

3 Claude Yvon, Abrégé de lHistoire de lÉglise depuis son origine jusquà nos jours, Paris, Panckoucke, 1766, t. I, p. 9.

4 Ibid., p. 16.

5 Claude Yvon, Abrégé de lHistoire de lÉglise depuis son origine jusquà nos jours, Paris, Panckoucke, 1767, t. III, p. 647.

6 Claude Yvon, Accord de la philosophie avec la religion ou Histoire de la religion, divisée en XII époques, Paris, Valade, 1782, p. 118.

7 Ibid., p. 66-67.

8 Claude Yvon, Abrégé de lHistoire de lÉglise depuis son origine jusquà nos jours, Paris, Panckoucke, 1766, t. I, p. 344.

9 Ibid.

10 Abrégé de lHistoire de lÉglise depuis son origine jusquà nos jours, Paris, Panckoucke, 1767, t. III, p. 262.

11 Ibid., p. 634-639.

12 Ibid., p. 640-646.

13 Ibid., p. 633, 643.

14 Ibid., p. 642-643.

15 Ibid., p. 568.

16 Claude Yvon, Abrégé de lHistoire de lÉglise depuis son origine jusquà nos jours, Paris, Panckoucke, 1766, t. I, p. viii.

17 Ibid., p. ix.

18 Ibid., p. x.

19 Ibid., p. 15.

20 Ibid., p. 16-17.

21 Ibid., p. 20.

22 Ibid., p. 2.

23 Ibid., p. iv.

24 Ibid., p. x.

25 Ibid., p. xxi-xxii.

26 Ibid., p. cccxlv.

27 Ibid., p. 16.

28 Claude Yvon, Encyclopédie, art. « Athées ».

29 Claude Yvon, Liberté de conscience resserrée dans des bornes légitimes, Londres, s. n., 1754, p. 89-94.

30 Ibid., p. 176.

31 Ibid., p. 119.

32 Ibid., p. 123.

33 Ibid., p. 149.