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Classiques Garnier

Une curieuse invention du Père Mersenne La psophologie et la musique du cœur

  • Type de publication : Article de revue
  • Revue : Revue Bossuet
    2016, n° 7
    . varia
  • Auteur : Gominet-Brun (Julien)
  • Résumé : L’importance de l’œuvre musicale du Père Mersenne n’est plus à démontrer : ses travaux en acoustique ont fait date dans l’histoire des sciences. En 1634, il publie l’acte de baptême d’une curieuse invention, la psophologie. Cette nouvelle « science des sons » est l’enfant d’un homme dont les recherches s’inscrivent dans une démarche de foi. Méditation joyeuse sur les beautés d’un monde qui ne cesse de chanter la gloire de son Créateur, ce texte est l’expression d’une spiritualité qui se chante autant qu’elle se dit.
  • Pages : 87 à 102
  • Revue : Revue Bossuet
  • Thème CLIL : 4027 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Lettres -- Etudes littéraires générales et thématiques
  • EAN : 9782406066798
  • ISBN : 978-2-406-06679-8
  • ISSN : 2494-5102
  • DOI : 10.15122/isbn.978-2-406-06679-8.p.0087
  • Éditeur : Classiques Garnier
  • Mise en ligne : 22/12/2016
  • Périodicité : Annuelle
  • Langue : Français
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UNE CURIEUSE INVENTION
DU PèRE MERSENNE

La psophologie et la musique du cœur

La musique fut la grande affaire de Marin Mersenne. Outre ses écrits latins, il composa en 1627 un Traité de lharmonie universelle, Les Préludes de lharmonie universelle, datant de 1634, suivis deux ans plus tard de son chef-dœuvre, lHarmonie universelle contenant la théorie et la pratique de la musique. Pour cet esprit encyclopédique, la musique est à la fois un art et une science qui fait la synthèse de plusieurs spécialités : sintéressant aussi bien à la physique et aux mathématiques, quà la métrique et à lorganologie, Mersenne élabora une somme à la structure harmonieuse pour révéler la « perfection de la Musique1 » et inspirer au lecteur le goût de son étude.

Malgré lampleur de son travail, le Minime ne laissa aucune création musicale. Paradoxe sil en est, cest en tout cas ce que retint Robert Lenoble dans la célèbre thèse quil lui consacra en 1943 : « Mersenne na rien dun artiste. La poésie, la métrique, se résolvent pour lui en combinaisons théoriques, comme la musique nest pour lui quune physique appliquée. Esprit essentiellement abstrait, il reste à peu près étranger aux préoccupations proprement esthétiques2. » Sil est vrai quil ne composa pas et que sa plume, parfois aride, ne retint lattention que dun public érudit, le Minime navait pas moins une idée précise de la vocation du musicien. Pour lui, lart navait pas pour but essentiel de susciter un plaisir dordre « esthétique », mais, plus profondément, d« exciter les affections de ses auditeurs à la pieté, et au service divin3. » Démarche édifiante qui est aussi celle de lauteur de lHarmonie : Mersenne ne se contente pas denseigner 88mais il convertit le lecteur à sa cause en déployant au fil des pages une poétique harmonieuse, à la fois variée, dynamique et plaisante. Même sil nécrivit pas de musique ou de vers, le Minime ne laissa pas de jouer avec les mots pour produire des effets parfois équivalents.

Prenons pour exemple les Questions théologiques, quil publia la même année que les Préludes. Dans ce traité de vulgarisation scientifique, Mersenne présente une suite de problèmes mathématiques, physiques ou encore musicaux, comme dans la Question XXXIV bis, « A sçavoir si lon peut établir une nouvelle science des sons, qui soit nommée Psophologie, ou de tel autre nom que lon voudra4. » Ajouté dans la seconde édition, ce texte est une « ouverture » curieuse aux « livres de larmonie universelle [sic] » : lauteur entend fonder une nouvelle philosophie de la nature sur des bases musicales, la « Psophologie », et de la substituer à la physique dAristote. Dans ce discours où science et musique ont partie liée, lordre qui règne na pourtant rien de méthodique, ou pour mieux dire, sa logique échappe à celle de la raison. Car au-delà de létrange polémique quil soulève, le Minime vise moins à enseigner quà édifier : méditant sur lintelligibilité dun monde que la science néclaire quen surface, le physicien sélève à la « Sapience », science suprême à lorigine de toute vérité. Dans ce prélude poétique à lHarmonie universelle, le cœur et la raison saccordent sous la plume dun écrivain qui invite le lecteur à écouter avec lui le grand concert du monde.

Les préludes
dune « nouvelle science des sons »

Une ouverture en musique

Dans lexergue à la Question, Mersenne énonce une thèse dont la concision na dégale que la complexité des problèmes quelle soulève. Derrière son caractère anodin, le Minime ambitionne rien de moins que de réformer la philosophie par la musique :

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Si lon avoit la parfaite connoissance des sons, et que lon sçeut tout ce qui peut estre cognu par leur moyen, lon auroit une science plus generale, plus certaine et plus particuliere de tous les corps de la nature que nest la Physique ordinaire, car lon pourroit discerner les proprietez par leur son5

La nouvelle science se fond dans le moule dune syllogistique à caractère démonstratif : énoncées sur un mode hypothétique, les deux prémisses – « si lon avoit la parfaite connoissance des sons, et que lon sçeut tout ce qui peut estre cognu par leur moyen » – conduisent à une conclusion indubitable – « lon auroit une science plus generale, plus certaine et plus particuliere de tous les corps de la nature. » Propositions reformulables en ces termes : si le psophologue connaît les sons, et que ceux-ci permettent de « discerner les propriétez [] de tous les corps de la nature », alors le psophologue est le nouveau physicien. Le son est un moyen terme élevé au rang de principe, qui se substitue ou sajoute – les modalités restent à définir – à celui de la « Physique ordinaire », cest-à-dire le mouvement. Formule laconique qui engage la musique dans une lutte ouverte avec la philosophie de lÉcole, visée de façon explicite. Contre toute la tradition, Mersenne privilégie louïe au détriment de la vue et des autres sens6. Ce faisant, loreille devient la principale porte dentrée du monde vers celui, intérieur, de lesprit, où la nouvelle science, triplement qualifiée, prendra forme : si lon savait « tout ce qui peut estre connu par [le] moyen [des sons et de louïe], lon auroit une science plus generale, plus certaine et plus particuliere. » Prestige qui nest nullement usurpé selon lui, puisque louïe embrasse toutes les « proprietez des choses » que le son récapitule.

Cette affirmation a dailleurs des conséquences insoupçonnées, car en faisant de la musique une nouvelle physique, Mersenne bouleverse tout le champ du savoir :

Car lon pourroit discerner les proprietez par leur son, et les representer tellement par la voix, et par la parolle que tous les hommes qui cognoistroient les proprietez des choses par le moyen du son, sentendroient les uns les autres, de sorte que la langue, dont on useroit, pourroit estre appellée naturelle et universelle, dautant quelle representeroit la nature des corps par des voix 90et des articles qui imiteroient les sons que font lesdicts corps pour instruire les hommes7.

Lharmonisation de la nature a pour corollaire lharmonisation des sciences et des langues. Mersenne esquisse le programme dune nouvelle encyclopédie ordonnée en fonction de critères musicaux. Mais contrairement aux autres sciences, le psophologue compose avec un langage spécifique, composé uniquement de sons qui entrent en sympathie avec ceux du monde : « la langue, dont on useroit, [] representeroit la nature des corps par des voix et des articles qui imiteroient les sons que font lesdicts corps. » Cette imitation opère au-delà des artifices du signe, et réduit lécart entre le mot et la chose : « de sorte que la langue, dont on useroit, pourroit estre appellée naturelle et universelle. » Plus quune nouvelle méthode, la psophologie « instrui[t] les hommes » en leur apprenant le langage de la nature :

Car quand les corps sonnent, il semble quils sarraisonnent avec nous, et quils nous dient, considere ma voix, et mon son, affin de comprendre mes proprietez, et ma nature, puisque mon Createur ma donné le langage pour tenseigner mes proprietez8

Et si les êtres se réduisent en quelque façon à « leur son », cela revient à nier la division des savoirs traditionnels, comme entre la « Physique ordinaire » et les mathématiques. Il sagit donc moins dinventer une énième science quune capable den faire la synthèse. Derrière la question de « savoir si lon peut établir une nouvelle science des sons » se dessine ainsi une réflexion portant sur les conditions de réalisation dune mathesis universelle et sonore. Rêve encyclopédique que le psophologue est sur le point de concrétiser. Mais pour cela, encore faut-il que la thèse initiale soit vraie car sans la « parfaite connoissance » de la nature du son, il lui sera impossible de parvenir à ses fins. Question qui est dailleurs loin dêtre anodine car ce phénomène invisible et immatériel est une sorte dénigme naturelle. Pour le Minime, tout reste à définir : quest-ce que cette « connoissance » implique pour être « parfaite » ? La question confine à laporie, et pour la résoudre, le psophologue devra engager une double réforme : celle de la musique par la physique, puis, comme en contrepoint, celle de la physique par la musique.

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« La parfaite connoissance des sons »

Telle semble être la perspective adoptée dans la suite du texte. Pourtant, à la question de savoir ce quest le son et « si lon [peut en avoir] la parfaite connoissance », Mersenne répond de façon peu orthodoxe : les principes de la psophologie sont si évidents quaucune démonstration nest selon lui nécessaire. Cest ce quil suggère plus loin non sans une certaine dérision :

Il faut seulement remarquer quil ny a quasi nul corps dans toute la nature qui nayt un son particulier, comme il ny a point dhommes qui nayent la voix differente : cest pourquoy lon peut dire que les sons servent de voix à la nature, puisque tous les peuvent entendre, si lon excepte les sourds, à qui les autres actions et les proprietez des corps sensibles servent de guide, et de voix intelligible pour monter aux causes des effets quils remarquent9.

La nature a le son en partage, et il est dans lordre des choses que tous ou presque en fassent lexpérience. En tant que principe, le son se donne moins à connaître quà sentir, intuition dont Pascal se souviendra10. Mais ce qui apparaît évident repose en réalité sur une conception originale de sa nature et de sa perception, question que le Minime aborde dans la suite du passage :

Car lon peut dire que toutes les impressions que les objects font sur nos sens, ne sont autre chose quune espece de sons puisque elles consistent dans un mouvement, par lequel les corps nous communiquent leurs proprietez, et nous enseignent ce quils peuvent, et ce quils sont, et que toute sorte de mouvement faict un son, ou plutost que le son, et le mouvement sont une mesme chose, comme jay prouvé dans le premier livre de la Musique11.

Mersenne décrit le mécanisme de laudition de façon élémentaire, en sinspirant de lanalyse quen fit Aristote dans son traité De lâme, laquelle fut constamment reprise et glosée jusquà Francisco Suarez, auteur dun De anima publié en 162112. Bien que le Minime prenne cette théorie 92comme modèle, son interprétation sen éloigne sensiblement. Loriginalité tient au rapprochement quil opère entre le son et le mouvement, corrigeant incidemment sa phrase pour en préciser le sens : « toute sorte de mouvement faict un son, ou plutost [] le son, et le mouvement, sont une mesme chose. » Lamendement est significatif car identifier le son au mouvement qui en est lorigine contrevient à lexplication de Suarez : pour le Jésuite, le son, produit dun choc qui fait vibrer lobjet (une cloche ou une corde par exemple), est une « qualité sensible », cest-à-dire une réaction quasi instantanée de louïe qui est affectée par lair13. Pour Mersenne a contrario, le son se propage jusquà loreille à une vitesse et selon une durée mesurables, à la manière dun projectile, thèse quil développera « dans le premier livre » de lHarmonie universelle14.

Il nest dès lors plus utile de distinguer le mécanisme de propagation du son de celui de sa génération, contrairement au De anima : si pour Suarez, le son résulte du tremblement dun corps, lénergie du mouvement initial ne se propage pas jusquà louïe puisque le son nest pas quelque chose de transposable15. Chez Mersenne a contrario, dès lors que le son se meut, il ny a plus de distinction à faire entre le tremblement initial et le mouvement qui en résulte. Ce principe lamène ensuite à décrire détranges expériences ; observant les tremblements de la flamme dune chandelle, il y voit un rapport avec les vibrations produites par un tuyau dorgue :

Or il faut icy remarquer que si tous les mouvemens égaux en vistesse produisent des sons égaux, cest-à-dire unisons, que le mouvement de la flamme, ou de la lumiere des chandelles de suif faict quasi lunisson avec un tuyau dorgue de 32 pieds de long, car cette lumiere tremble 10 fois, ou environ dans lespace dune seconde minute16

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Mersenne établit un rapport entre la hauteur du son et la fréquence des vibrations : « tous les mouvemens égaux en vistesse produisent des sons égaux, cest-à-dire unisons. » Cette hypothèse sinspire de la loi des cordes vibrantes établie par le Hollandais Isaac Beeckman, que le Minime exposa dans lHarmonie17. Il en étend ici règle à dautres objets, le tuyau dorgue mais aussi, plus étrangement, la chandelle, et même si lanalogie est erronée – il compare un mouvement périodique, celui des vibrations du tuyau, à celui, apériodique, de la flamme –, cette règle était suffisamment claire à ses yeux pour quil létendît à « tous les corps de la nature », même à ceux qui, comme la chandelle, produisent des sons « trop grands ou trop petits pour tomber soubs nos sens18. »

Et puisque le monde entier est à portée doreille, tout le mécanisme de laudition doit être repensé. Auditeur du grand concert de lunivers, lhomme en saisit les moindres modulations, non seulement par louïe mais à travers tout son être :

Car lon peut dire que toutes les impressions que les objects font sur nos sens, ne sont autre chose quune espece de sons puisque elles consistent dans un mouvement, par lequel les corps nous communiquent leurs proprietez, et nous enseignent ce quils peuvent, et ce quils sont, et que toute sorte de mouvement faict un son, ou plutost que le son, et le mouvement sont une mesme chose19

Mersenne harmonise les sensations en occultant le rapport quétablissait Aristote entre les sens et les sensibles, le son pour louïe, la couleur pour la vue &c. La confusion tient au fait que le son, sensible propre à louïe, est identifié au mouvement, qui est un sensible commun à plusieurs sens, comme la vue ou le toucher : « toutes les impressions [] ne sont autre chose quune espece de sons puisque elles consistent dans un mouvement. » Mersenne identifie la pression exercée sur louïe à la propagation du son. Chez Suarez, de façon plus abstraite, loreille est affectée par 94lair qui la sépare de lobjet ; une fois ébranlé, lair communique son affection à louïe20. Transformation qui sapplique aux quatre autres sens : « toutes les impressions que les objects font sur nos sens ne sont autre chose quune espece de sons… » Sorte de nouveau sens commun, louïe devient le modèle de toutes les expériences, principe sur lequel le psophologue sappuiera.

« Tout ce qui peut estre cognu par leur moyen »

Prétendre à la « parfaite connoissance » de la musique implique den réformer les principes. Le statut de la science en est dès lors bouleversé, car dans lenseignement universitaire hérité de la tradition médiévale, la musique, discipline du quadrivium, était une science mathématique appliquée à létude du nombre sonore. En comparant la psophologie à « la Physique ordinaire », Mersenne accorde à la musique un statut inédit, celui dune science naturelle que Joseph Sauveur baptisera plus tard du nom d« acoustique » : « si lon avoit la parfaite connoissance des sons, et que lon sçeut tout ce qui peut estre cognu par leur moyen, lon auroit une science plus generale, plus certaine, et plus particuliere [] que nest la Physique ordinaire. » Cest en vertu des principes acoustiques édictés que le psophologue en infère une connaissance « plus generale » de la nature. Dans cette syllogistique harmonieuse, le son est un moyen terme inédit entre lexpérience individuelle et la connaissance universelle. S« il ny a quasi nul corps dans toute la nature qui nayt un son particulier », et que lon puisse en déduire toutes ses « proprietez », rien, semble-t-il, ne peut échapper à loreille du psophologue, pas même le bruit de la lumière :

Si lon pouvoit remarquer le nombre des mouvemens, et des tremblements de la flamme des chandelles de cire, de celle des lampes à huile, et de la lumiere du Soleil, lon sçauroit toutes leurs raisons, et consequemment les consonances, et les dissonances qui sont entre leurs sons, et leurs mouvemens21.

Quand un corps se meut, il est possible, du moins en théorie, de calculer le « nombre des [] tremblements » et de rendre compte du degré de 95concordance quil entretient avec les autres : « lon sçauroit toutes leurs raisons, et consequemment les consonances, et les dissonances qui sont entre leurs sons. » La certitude à laquelle prétend le psophologue est de nature arithmétique : le calcul des vibrations faisant du son une réalité quantifiable, ceci prouve que le livre de la nature est écrit dans un langage fait de rapports et de proportions numériques. Aussi, loin de vouloir soustraire la musique aux mathématiques, Mersenne repense-t-il leurs liens en profondeur. Science physico-mathématique, la psophologie met en pratique le programme dune arithmétique spéculative dont les principes sétendent à « tout ce qui peut estre cognu » dans lunivers22 :

Si lon cognoissoit la vistesse de la lumiere, et du mouvement quelle fait dans lair, et dans lœil, et le mouvement, ou limpression que les autres objects impriment sur nous, lon pourroit determiner, et expliquer leurs raisons, et leurs Analogies par le moyen des sons ; doù lon infereroit leurs vertus, et leurs proprietez23.

Les corps ne se réduisent pas à leur étendue, comme laffirmait Descartes24, mais à ce que Mersenne baptisera plus tard du nom de « nombre harmonique25. » Cest donc en vertu de son exemplarité que la musique permet de repenser le monde, et par conséquent, lencyclopédie des savoirs : « parce que les raisons sont mieux cognuës, et plus aysées à concevoir, à veriffier, et à expliquer dans les sons, que dans les autres objets, lon en tireroit de la lumiere pour toutes les autres sciences26. » Autant de questions auxquelles le Minime répondra « dans les livres de larmonie universelle », car, pour linstant, « il suffit davoir donné louverture à cette science » pour méditer sur ses conditions dapplication et sur sa dimension spirituelle.

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La musique du cœur

Les acouphènes de la raison

« Quand les corps sonnent » et « quils sarraisonnent avec nous », quelles qualités nous révèlent-ils ? Dans ce prélude, le Minime envisage les applications de son invention de façon sommaire, assez néanmoins pour faire écouter au lecteur un échantillon de lHarmonie universelle :

Or pour establir la science des sons, il faudroit faire des observations de tous les sons differents quont les corps de mesme grandeur et remarquer la difference que les differens milieux apportent aux sons, par exemple, combien leau, le vin et les autres liqueurs abbaissent le son que les corps font dans lair ; combien le son dun corps est plus aigu, plus grave, plus rude, plus doux, et plus ou moins resonant que celui des autres corps de mesme grandeur, et de mesme figure. En apres il faudroit remarquer le son des differentes liqueurs, qui sont enfermées dans les tonneaux, car lon rencontre des hommes qui cognoissent la bonté du vin au son du tonneau, et qui sçavent sil y a quelquun, ou sil ny a personne dans les chambres au bruit que fait la porte quils frapent27.

Avant linvention du microphone, le psophologue constitue un répertoire acoustique de la nature : attentif aux variations de hauteur, de timbre et dintensité du son, il examine des paramètres qui permettent, selon lui, de déduire la « grandeur » et la « figure » des corps, mais aussi peut-être leur composition, soumise à dinfinies variations en fonction du milieu qui les entoure, que ce soit « leau, le vin » ou bien « lair. » Expériences qui ne sont pas sans difficulté car si des oreilles sont suffisamment exercées pour reconnaître « la bonté du vin au son du tonneau » où il est stocké, il y a encore tous ces sons, trop subtils pour être entendus, mais dont on soupçonne lexistence :

Les animaux ont semblablement de grandes cognoissances par les sons, quoy quils nous soient insensibles ; delà vient que les souris senfuyent long temps avant que les bastimens tombent, et que plusieurs oyseaux prevoyent la tempeste, et les autres injures du temps : et si lon remarquoit les differens mouvemens, et les sons que font les fueilles des arbres, lon pourroit peut estre prevoir les changemens du temps28.

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Mersenne a lintuition que la nature produit des sons dont la fréquence dépasse les capacités de loreille humaine, mais malgré cela, il est certain que lunivers obéit à la loi qui fait chanter la « lumiere des chandelles » à lunisson d« un tuyau dorgue de 32 pieds. » Aussi, rien nempêche de penser que « les changemens du temps » ne soient prévisibles à cause de quelque dissonance produite dans la nature : réalité qui na rien de commun avec la musica mundana, lantique harmonie des éléments, du ciel et des saisons quaucun homme, selon Boèce, ne put jamais entendre29.

Le lecteur, quant à lui, nentend pas les raisons du psophologue qui, se fiant à un sens quil sait limité, doit finalement reconnaître lincongruité de son entreprise :

Mais cette science est reservée aux bien-heureux, qui nont pas besoin des sens pour cognoistre la nature des choses, et la proportion de leurs mouvemens, dont la vistesse et les nombres sont trop grands ou trop petits pour tomber soubs nos sens. Cest pourquoy nostre cognoissance est tres imparfaicte, et ne nous doit servir quà nous faire aspirer à la science des Saincts, affin que nous disions eternellement avec eux, cor meum et caro mea exultaverunt in Deum vivum30

La raison, humiliée devant tant de difficultés, contemple labîme qui la sépare du vrai, dont la perfection est étrangère à ce monde. Placée sous le signe dune dénégation radicale, celle de la misère de lhomme, louverture de lHarmonie semble alors sachever dans une tonalité mineure. Néanmoins, cet anéantissement ne confine pas le psophologue dans le doute et le désarroi : désireux de parvenir à la science la « plus certaine » qui soit, cest dans la joie quil sachemine, accompagné de son lecteur, sur le chemin de la Vérité.

« Monter du ruisseau à la source »

Ardent défenseur de La Vérité des sciences contre les Sceptiques, Mersenne ne veut pas contraindre lintelligence à se convertir dans linquiétude. 98Loin décrire la parodie dun discours de la méthode, il donne au contraire loccasion au lecteur de méditer sur les rapports que tissent, au fil des lignes, la foi et la science :

En effect toutes les actions, et passions, et les proprietez des choses sensibles doivent servir de degrez aux justes, et aux Chrestiens pour sélever à la source, dont elles sont émanées, puisque cest le devoir dun vray Philosophe, et de celuy qui ayme la verité, de monter du ruisseau à la source, et de leffect à la cause31

Le physicien sélève avec saint Paul par-dessus le monde visible pour atteindre la « premiere cause » de toute chose, le Dieu du « vray Philosophe, et de celuy qui ayme la verité », sensible au cœur32. Cest donc au-delà delle-même que la science trouve sa raison dêtre, en cette « source » de Sagesse dont elle émane et à laquelle elle reconduit :

Lon ne sçait rien parfaictement, si lon ne cognoist la principale, et la premiere cause de ce que lon sçait, à sçavoir Dieu, dont la cognoissance sappelle une Justice parfaite, et consommée, dans le 15. chapitre de la Sapience, nosse enim te, consummata justitia est, et scire justitiam, et virtutem tuam, radix est immortalitatis. Dautant que lors que lon cognoist ceste cause souveraine, lon na point de fausses imaginations des choses dont on acquiert les veritables idées, et consequemment on les estime ce quelles sont, et ce quelles vallent suivant le rang et lordre quelles tiennent dans les idées divines, et lon ne prefere jamais les secondes, ou les troisiesmes aux premieres33

Placé par la « premiere cause » au milieu des « secondes, ou [] troisiesmes », lhomme distingue pour chaque créature le « rang » quelle tient, selon Augustin, en fonction de son degré de perfection34. Le psophologue entend lui aussi cette Harmonie quil tente de retranscrire :

Car quand les corps sonnent, il semble quils sarraisonnent avec nous, et quils nous dient, considere ma voix, et mon son, affin de comprendre mes proprietez, et ma nature, puisque mon Createur ma donné le langage pour tenseigner 99mes proprietez, et ma puissance, dont tu dois user pour len remercier, puis quil ne nous a faits que pour ton service, et pour sa gloire35. »

La nature donne de la voix pour chanter la « puissance » de son Créateur. Phénomène aux harmoniques spirituelles, le son élève le psophologue à la vision de Dieu. Cette attitude incite la raison et loreille à se convertir pour « recognoistre les marques de la divinité que Dieu a gravées dans chaque creature, qui [en] est comme un abbregé36. » Ainsi, Mersenne donne à son invention un statut doublement symbolique : en faisant du nombre harmonique le principe de « tout ce qui peut estre cognu », il accorde lordre de la raison à celui que son cœur lui inspirait déjà dans la foi. Dans cette harmonie intérieure, la perspective est renversée avec un Dieu qui ne se laisse pas seulement connaître mais qui connaît celui qui le cherche :

Or parce que cecy ne se peut faire que Dieu ne nous donne ce quil nous a promis, et que tout le bien que lon fait pour luy estre agreable, suppose la cognoissance que lon a de ce quil est, suivant ce que requiert lApostre en celuy qui veut servir Dieu, accendentem ad Deum credere oportet quia est, cette cognoissance, de Dieu, est appellée racine de limortalité37.

Une fois la cadence du cœur enclenchée, les syncopes de la raison se résolvent. Le texte prend alors un nouvel éclairage. Pour le psophologue, il ne sagit pas dinventer la science parfaite, mais de sinitier à travers elle au mystère insondable de Dieu :

En suitte dequoy lon peut dire que la science des sons approche davantage de cette racine, quelle est plus propre pour nous faire cognoistre lautheur de lunivers, que les autres sciences, si elle nous donne une plus grande cognoissance des proprietez de ce qui est sensible, affin de nous faire monter plus promptement à la première cause, sans laquelle lon ne peut rien sçavoir parfaictement38.

La psophologie exerce lesprit à saffranchir des réalités corporelles pour « cognoistre lautheur de lunivers. » Par cette formule surprenante et 100néanmoins décisive, Mersenne établit au cœur de son épistémologie une mécanique mystique dinspiration augustinienne : leffort dexactitude que poursuit le musicien sinscrit dans une dynamique de conversion qui en justifie lusage39.

Une méditation musicale

La teneur spirituelle du texte montre que, au-delà de sa curiosité, lauteur y délivre une vérité de foi qui résonne jusquà la péroraison :

Cest pourquoy nostre cognoissance est tres imparfaicte, et ne nous doit servir quà nous faire aspirer à la science des Saincts, affin que nous disions eternellement avec eux, cor meum et caro mea exultaverunt in Deum vivum40

Même « imparfaicte », la nouvelle science excite la dévotion dun homme qui, soucieux den communiquer linvention, initie une recherche à laquelle, consciemment ou non, chacun de « nous [] aspir[e]. » Son ton na pourtant rien de dogmatique, et cette ouverture sapparente moins à un traité quà la forme ouverte et poétique dune méditation musicale. Sans goûter encore pleinement à la « science » que les « Saincts » ont en partage, lécrivain s« approche davantage » de ce mystère en jouant une musique intérieure, sorte dhymne en prose à ladresse de Dieu, si proche, par sa facture et par sa tonalité, des psaumes quil se plaît à citer41.

Entre science et spiritualité, sa composition donne pourtant limpression dune réflexion désordonnée, sans plan ni logique apparents. Dun point de vue structurel en effet, tout se passe comme si Mersenne tentait 101daccorder de façon artificielle le livre de la Nature à celui des Écritures : les développements scientifiques sont en quelque sorte justifiés par une collection de citations scripturaires, sur le modèle desquelles il compose une suite de variations rythmant sa méditation. Le motif de la radix immortalitatis (Sg 15, 3) en est lexemple le plus éloquent. Le Minime tourne et retourne la citation quitte à en détourner la signification ; à la métaphore végétale, qui désigne une connaissance vitale, principe de « Justice parfaite, et consommée » chez Salomon, il greffe un réseau lexical pour figurer le mouvement délévation, par lequel le « vray Philosophe » passe des réalités corporelles aux incorporelles : conscient quil est du devoir « de celuy qui ayme la verité, de monter du ruisseau à la source, et de leffect à la cause », le psophologue invente une science qui lui permet de « monter plus promptement à la premiere cause », pour s« approche[r] davantage de cette racine » Toutefois, le désordre quinspire le procédé nest quapparent, car entre la science, la musique et lexégèse, cest toujours de Dieu dont parle le Minime, et cest à lui que, par un effet de répétition similaire à celui du refrain dun psaume, il revient toujours. Sans quil le soupçonne, le lecteur pénètre dans lharmonie dun cœur que le concert de la Création réjouit. Lauteur médite avec lui sur lœuvre de Dieu dont il désire sapproprier le mystère : il y applique toutes les ressources de son être, lesprit, limagination mais aussi « chaque sens » qui, « comme une oreille42 », entend les louanges adressées par la Nature à son Créateur.

Le dynamisme de cette méditation, toute baroque sil en est, conduit ainsi lauteur à alterner, par un savant jeu de modulations, les passages didactiques et les moments deffusion lyrique, jusquà lélévation finale où sa joie éclate dans toute sa plénitude :

Nostre cognoissance est tres imparfaicte, et ne nous doit servir quà nous faire aspirer à la science des Saincts, affin que nous disions eternellement avec eux, cor meum et caro mea exultaverunt in Deum vivum, et que nous nayons autre chose dans la bouche que les loüanges que le Prophete Royal donne à Dieu dans son admirable psalme 103, qui commence Benedic anima mea Domino, que le plus grand esprit de ce siecle a mis en ces vers, dont je fais plus destat que de toute lIliade dHomere. Je ne mets icy que les premiers quatrains des 38, quils contiennent. Esprit qui fais mouvoir mes nerfs et mes arteres, Qui formes 102ma parole, et distingues ses sons, Qui consacres ma bouche et louvres aux mysteres. Benis le Souverain en tes sainctes chansons43

Comme le psalmiste ou le poète qui le paraphrase44, lécrivain célèbre les beautés de la Création en attendant de jouir de la béatitude éternelle. La louange revêt ainsi une dimension eschatologique, faisant de la musique lexpression la plus épurée du jubilé intérieur, « langue [] naturelle et universelle » que parlent tous les cœurs :

Si nous pouvions voir la maniere dont la moindre de toutes les creatures depend immediatement de Dieu, et dont elle reçoit son estre, et ses proprietez de sa bonté, nous serions éternellement ravis en admiration, et ne voudrions avoir autre pensée que celle de Dieu, qui nous mettroit ce beau verset dans la bouche pour loüer sa divine Majesté, Beati qui habitant in domo tua Domino, in saecula saeculorum laudabunt te. Heureux qui loge en ta demeure, Il te chante et loüe à toute heure45.

Le lyrisme trouve ainsi sa pleine justification théologique, et du plaisir musical à la joie éternelle, il y a une continuité métaphorique que lécrivain inspire en faisant chanter sa plume. Instrument de dévotion et de conversion, la psophologie révèle finalement au lecteur la profondeur dune vérité quil ne soupçonnait pas, effet de « cet agréable [] lui-même pris du vrai », ainsi que le dira Pascal46. Cest sur un accord plaisant que Mersenne conclut le prélude au grand récital quil donnera deux ans plus tard dans lHarmonie universelle.

Julien Gominet-Brun

Université Montpellier 3, IRCL

1 Marin Mersenne, Les Préludes de lharmonie universelle, Paris, H. Guenon, 1634, éd. A. Pessel, Paris, Fayard, 1985, Question V, « Quelle doit être la capacité, et la science dun parfait Musicien », p. 609.

2 Robert Lenoble, Mersenne ou la naissance du mécanisme, Paris, Vrin, 1943, seconde édition, 1971, p. 521.

3 Marin Mersenne, ibid.

4 Marin Mersenne, Questions théologiques, Paris, H. Guenon, 1634, texte revu par A. Pessel, Paris, Fayard, 1985, p. 403-408.

5 Marin Mersenne, Questions théologiques, p. 403.

6 Sur le primat de la vue, voir Platon, Timée, 46e-47c, et Aristote, Métaphysique, A, 1, 980a21-28.

7 Marin Mersenne, Questions théologiques, éd. citée, p. 403-408.

8 Ibid.

9 Marin Mersenne, Questions théologiques, éd. citée, p. 405.

10 « La connaissance des premiers principes, comme quil y a espace, temps, mouvement, nombres, [est] aussi ferme quaucune de celles que nos raisonnements nous donnent [] Les principes se sentent, les propositions se concluent. », Pensées, éd. Ph. Sellier, Paris, Garnier, 1991, fr. 142.

11 Marin Mersenne, Questions théologiques, éd. citée, p. 405.

12 Francisco Suarez, Partis secundae summae Theologiae Tomus alter Complectens tractatum secundum, Lyon, J. Cardon & P. Cavellat, 1621, repris dans Opera omnia, Tractatus tertius. De anima, T. III, éd. A. André, Paris, Vivès, 1861.

13 Ibid., III, c. 19, § 1, p. 676 : « Sonus est qualitas sensibilis proveniens ex violentia percussione, vel divisione in corpore apto ad illam recipiendam. Quod qualitas sit, patet tum ex definitione patibilis qualitatis : nam sonus passionem causat in sensu ».

14 Voir Marin Mersenne, Harmonie universelle, Paris, S. Cramoisy, 1636, éd. Lesure, Paris, CNRS, 1965, Pr. I, p. 1.

15 Voir François Baskevitch, Les représentations de la propagation du son dAristote à lEncyclopédie, thèse effectuée sous la direction de P. Bailhache, Université de Nantes, 2008, HAL-id 00423362, p. 144 : « Pour les scolastiques, il ny a quun seul mouvement, celui qui “précède” le son, puisque cest celui du choc des corps sonores [] On ne pouvait pas sortir de cette confusion tant que ces deux types de mouvements, le mouvement de “tremblement” du corps sonore communiqué à lair, et le mouvement de propagation du son, navaient pas été identifiés ».

16 Marin Mersenne, Questions théologiques, p. 407.

17 Marin Mersenne, Harmonie universelle, Livre troisième des mouvements et du son des cordes, Pr. I, p. 157. Sur ses rapports avec Beeckman, voir larticle de Frédéric de Buzon, « Science de la nature et théorie musicale chez Isaac Beeckman », in Revue dhistoire des sciences, Tome 38, no 2, 1985, p. 102.

18 Il y reviendra dans lHarmonie universelle : « Sil y a quelque chose de démontrable dans la musique, lon ne peut, à mon avis, y procéder avec une meilleure méthode, que celle dont je me sers en tous les traités de cet œuvre. Car le nombre des battements dair se trouve partout, aussi bien aux cordes, comme dans les cloches… », Préface, éd. citée, p. ii.

19 Marin Mersenne, Questions théologiques, éd. citée, p. 405.

20 Laudition consiste en la réception des espèces intentionnelles du son, cest-à-dire une représentation immatérielle qui émane de lobjet : « Conclusio est Aristotelis, lib. 2, de Anima, c. 12, dicentis sensus recipere species sine materia » (F. Suarez, De anima, III, c. 2, § 9, éd. citée, p. 618.

21 Marin Mersenne, Questions théologiques, éd. citée, p. 407.

22 Voir à ce sujet létude de David Rabouin dans Mathesis universalis, Lidée de « mathématique universelle » dAristote à Descartes, Paris, PUF, 2009, p. 246-248 : selon lui, lintérêt de Mersenne pour la théorie des proportions, dans La Vérité des sciences contre les Sceptiques, « considérée comme universelle [] [et] comme fondamentalement arithmétique », montre quen 1625 déjà, celui-ci sintéressait à lélaboration d« un programme de mathématique universelle. »

23 Marin Mersenne, Questions théologiques, éd. citée, p. 406.

24 René Descartes, Règles pour la direction de lesprit, XIV, in Œuvres philosophiques, Paris, Bordas, 1988, éd. F. Alquié, p. 170.

25 Marin Mersenne, Cogitata physico mathematica, Paris, A. Bertier, 1644, p. 261 : « Est igitur numerus Harmonicus, non is quem Euclides, & alii Geometrae [] abstracte, seu absque materia considerant [] Numerum igitur motuum, seu percussionum aeris, quibus potest auditus affici, ac moveri, Harmonicum appello. »

26 Marin Mersenne, Questions théologiques, éd. citée, p. 406.

27 Ibid.

28 Ibid.

29 « Mundana, in his maxime perspicienda est, quae in ipso caelo vel compage elementorum vel temporum varietate visuntur. Qui enim fieri potest, ut tam velox caeli machina tacito silentique cursu moveatur ? Etsi ad nostras aures sonus ille non pervenit, [] non poterit tamen motus tam velocissimus ita magnorum corporum nullos omnino sonos ciere », Traité de la musique, éd. C. Meyer, Turnhout, Brepols, 2004, I, 2, p. 32.

30 Marin Mersenne, Questions théologiques, éd. citée, p. 407, citation du Ps. 84 (83), 3, « mon cœur et ma chair crient vers le Dieu vivant » (Ancien Testament, Traduction Oecuménique de la Bible, Paris, Cerf, 1980).

31 Ibid., p. 403-404.

32 Rm 1, 20.

33 Marin Mersenne, Questions théologiques, éd. citée, p. 403-404 ; citation de Sg 15, 3, « Savoir qui tu es conduit à la justice parfaite et reconnaître ta souveraineté est la racine de limmortalité » (traduction citée).

34 Voir Augustin dHippone, La Cité de Dieu, XIX, 13, 1, Paris, Bibliothèque augustinienne, 37, éd. G. Bardy et G. Combès, 1993, p. 108 : « Ordo est parium dispariumque rerum sua cuique loca tribuens dispositio ».

35 Marin Mersenne, Questions théologiques, éd. citée, p. 403.

36 Marin Mersenne, ibid., p. 405.

37 Marin Mersenne, loc. cit., citation de He 11, 6, « celui qui sapproche de Dieu doit croire quil existe » (TOB, éd. citée).

38 Marin Mersenne, Questions théologiques, éd. citée, p. 404.

39 Augustin voit dans létude du nombre sonore un moyen de sélever au-dessus des choses sensibles en contemplant ce quil y a déternel en elles : « officiosus labor [] quem non ob aliud suscipiendum putavimus, nisi ut adolescentes, vel cujuslibet aetatis homines, quos bono ingenio donavit Deus, non praepropere, sed quibusdam gradibus a sensibus carnis atque a carnalibus litteris, quibus eos non haerere difficile est, duce ratione avellerentur, atque uni Deo [] incommutabilis veritatis amore adhaerescerent » (Augustin dHippone, Dialogues philosophiques IV : La musique, VI, 1, éd. G. Finaert et F.-J. Thonnard, 1947, Paris, Bibliothèque augustinienne, 7, p. 356).

40 Marin Mersenne, Questions théologiques, éd. citée, p. 407, citations du Ps. 84 (83), 3.

41 Voir à ce propos lanalyse de Christian Belin, La Conversation intérieure, La Méditation en France au xviie siècle, Paris, H. Champion, 2002, p. 144 : « Depuis Augustin, la méditation sest toujours coulée sans difficultés dans le moule des belles lettres. [] La méditation ignore la séparation de genres dont elle serait plutôt le fédérateur ; elle sait même en investir plusieurs, de manières oblique ou transversale. Le paysage littéraire de la méditation, au xviie siècle, confirme ces tendances et semble infirmer par avance tout effort de taxinomie générique. »

42 Marin Mersenne, Questions théologiques, éd. citée, p. 405. Le procédé de lapplication des sens est inspiré par les Exercices spirituels de saint Ignace ; voir Ignace de Loyola, Exercices spirituels, éd. J.-C. Guy, Paris, Seuil, 1982, no 121, p. 88.

43 Marin Mersenne, ibid., p. 407, citation du Ps. 104 (103), 1, « Bénis le Seigneur, ô mon âme » (trad. citée).

44 Il sagit du cardinal Jacques Davy Du Perron, Les Diverses Œuvres de lillustrissime cardinal Du Perron, Paris, A. Estienne, 1622, 2e partie, Paris, Actes Sud-Papiers, 1988, p. 5-9.

45 Marin Mersenne, Questions théologiques, éd. citée, p. 405-406, citation du Ps 84 (83), 5, et de la paraphrase de Philippe Desportes, Les CL Pseaumes de David, mis en vers françois, Paris, A. LAngelier, 1603, éd. B. Petey-Girard, Paris, Société des Textes Français Modernes, 2006, Ps. LXXXIII, v. 15-16, p. 422.

46 B. Pascal, Pensées, éd. citée, fr. 547.