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Classiques Garnier

Bossuet vu par Barbey d’Aurevilly

  • Publication type: Journal article
  • Journal: Revue Bossuet
    2016, n° 7
    . varia
  • Author: Gallina (Bernard)
  • Abstract: Barbeyd’Aurevilly frequently mentions Bossuet. What he sees as Bossuet’s masterpiece is the Discourse on Universal History, which for him revisits Ezechiel and Isaiah’s texts. He views Bossuet as a fighter, a Condé in literature, to whom he identifies. However, when Bossuet attacks Rome and Pope Gregory VII, when he becomes the voice of Gallicanism, then Barbey claims to be “furiously ultramontane”, and declares his loyalty to Joseph de Maistre.
  • Pages: 119 to 140
  • Journal: Bossuet Studies
  • CLIL theme: 4027 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Lettres -- Etudes littéraires générales et thématiques
  • EAN: 9782406066798
  • ISBN: 978-2-406-06679-8
  • ISSN: 2494-5102
  • DOI: 10.15122/isbn.978-2-406-06679-8.p.0119
  • Publisher: Classiques Garnier
  • Online publication: 12-22-2016
  • Periodicity: Annual
  • Language: French
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BOSSUET VU
PAR BARBEY DAUREVILLY

Barbey évoque à maintes reprises la figure de Bossuet dans ses articles de critique littéraire1 et dans sa correspondance avec Trébutien2, pour ne citer que les œuvres où il le mentionne le plus souvent. Homme attaché à lAncien Régime, il éprouve une authentique admiration pour lun des plus illustres représentants du « Grand Siècle », et surtout il présente maintes affinités avec lui. Tous les deux profondément attachés à leur foi catholique, ils se mettent au service de celle-ci et défient ceux qui ne partagent pas leur credo, sen éloignent ou le critiquent, avec un tel courage, une telle ardeur, une telle andrèia, quils oublient quelquefois la tempérance, la juste mesure, la sophrosyne. Dans une lettre à Trébutien qui porte la date du 27 février 1856, Barbey lui répète quil a reçu le livre que consacre à lévêque de Meaux A. P. Floquet3. Appelé à en faire le compte rendu dans Le Pays, il émet un jugement très sévère sur cette œuvre :

Cest votre ami que Floquet. Cest un Normand. Cest un catholique. Cest un honnête esprit et cependant son livre…

Je regrette davoir à en rendre compte, car la vérité est plus forte que moi. Mon ami, figurez-vous le plus épais morceau dÉrudition, taillé dans lennui avec un Eustache, grand comme une hache de charpentier, voilà la chose au plus ressemblant et au plus juste ! Si on pouvait dégoûter dadmirer un grand homme, il en dégoûterait. Il ne regarde pas Bossuet à la face, son regard ne monte pas plus haut que le genou. Et puis la phrase de Bossuet, sans lesprit de 120Bossuet pour lemplir ! Or, en matière de forme littéraire, cest ce quon verse dans le vase qui fait la bonté de lAmphore, autrement on na plus quune cruche, et la cruche de Floquet est vide ! Quoi ! ce brave homme se nomme Floquet ! Quel anti-nom ! [] Il na pas même le flot majestueux de la soutane moirée de ce grand homme quil devait nous peindre en pied – comme Philippe de Champagne a peint le cardinal de Richelieu ! Ah ! M. Floquet, M. Floquet, appelez-vous bloquet plutôt, – ou trébuchet, car votre livre en a été un fameux pour moi.

Ce critique ne possède pas aux yeux de Barbey la capacité de faire lever de sa tombe la dépouille mortelle de Bossuet, quil considère comme un grand homme. À la sévérité de son jugement sur louvrage de Floquet sajoute le persiflage à son égard, avec les variations sur son nom, ou plutôt son « anti-nom ». Dans une lettre quil écrit à Trébutien le 6 mars, il mentionne un autre ouvrage sur lévêque de Meaux, celui du cardinal de Bausset publié en 1814 :

Je patauge en ce moment dans le Floquet, que jai tout lu (Oime !) avec le Bausset4 sous les yeux, – deux bœufs du même attelage, lents, graves, laborieux, pesants, mais… Mais vous savez ce qui les fait bœufs ? Il fallait un Taureau intellectuel pour mugir un peu plus loin la gloire de Bossuet, et Floquet et Bausset (quels noms de bœufs !) la beuglent, et piteusement encore ! Mon article doit être à Paris dimanche ou lundi au plus tard. Je nai donc pas de temps à perdre… ou à gagner avec vous, mon cher Trébutien.

Il émet un jugement négatif sur leurs ouvrages, affirmant en substance quils ne sont pas à la hauteur de la tâche à laquelle ils se sont attelés en bœufs, bœufs incapables datteindre la vigueur dun Taureau intellectuel (allusion à Bossuet), pour reprendre la métaphore filée et leffet de paronomase quil crée à partir de bos. Quelques lignes plus loin, Barbey émet une série de chefs daccusation contre Floquet, et, en même temps, attaque durement le gallicanisme, Bossuet et sa Déclaration des quatre articles :

Il faut que je me souvienne que Floquet est votre ami, quand je voudrais quil fût Bertrand ! [] Une condamnation en passant par la Ligue, un éloge de 121Henri IV, un éloge des Provinciales, la Liberté de lÉglise gallicane5 saluées de loin, linfaillibilité du Pape mise en suspicion… Voilà des commencements qui promettent pour plus tard, quand il sagira de la déclaration de 1682. À ce moment-là, mon ami, nous ne demandons pas à Floquet de nous [envoyer] son ou ses volumes, ou alors je vous brouillerais avec lui. Vous vous ne lui aviez donc pas dit que nous étions un Ultramontain enragé ?

À cet authentique portrait-charge il ajoute de nouveaux traits dans une lettre écrite quelques jours après, le 12 mars :

Jai envoyé hier à Paris mon article sur votre ami Floquet. [] Quelle bonne humeur je me serais permise contre ce niais, affourché, les jambes ballant, le nez en lair, toujours sur la même phrase quil a prises dans les écuries de Bossuet !

Tout en stigmatisant la conduite de Floquet, il népargne pas celle de Bossuet en ajoutant plus loin :

Quel incomparable Dadais en attendant quil soit… ce que je prévois quand il aura à toucher un [au] crime des quatre articles. Heureusement pour vous et pour moi, mon cher ami, que ces trois gros volumes finissent avant quil soit arrivé à la vie compromise de Bossuet. Je ne pourrais dire au Pays toute ma pensée à cause de cette vieille servante dArchevêque de Paris qui est le plus affreux graillon de toutes les cuisines gallicanes. Jai donc pu me jeter dans lérudition dudit Floquet, un ramasseur de rabats sales, et dire quelle était étonnante. Jai coloré dune tonne deau fraîche avec un atome de carmin. Puis jai phrasé à côté, jai parlé du Bossuet CACHÉ sous le Bossuet OFFICIEL.

Il considère comme un crime la Déclaration des quatre articles, la charte du gallicanisme, rédigée par le précepteur du dauphin en 1682. Crime, Crimen, comportement interdit par la morale, manquement à la loi qui sont à lorigine de ce que Barbey appelle la vie compromise de Bossuet. Il regrette de devoir châtier sa pensée, à cause de linfluence que peut exercer lArchevêque de Paris sur Le Pays auquel, rappelons-le, il collabore – ce qui ne lempêche pas en aparté daccabler ce prélat dinjures atroces et dignes dun cocher de fiacre, pour reprendre un passage de Stendhal6. Il ne mâche pas ses mots à lencontre de Floquet, dont il 122reconnaît cependant une fois encore lérudition. Barbey prend la décision de faire disparaître le vieux crépi gallican qui couvre, ternit limage de Bossuet pour lui donner des couleurs nouvelles ; de mettre en relief non le chef de lÉglise de France sous Louis XIV mais lhomme, le croyant, le théologien, le philosophe, lécrivain. Dans le compte-rendu qui paraît dans Le Pays du 1er avril 1856 dont le titre est A. P. Floquet, il condamne tout dabord sans rémission louvrage de Bausset :

Écrasé par le sujet auquel il avait osé mettre la main, lhistorien [il sagit de Bausset] nen avait pas moins écrit son nom à la suite du nom de Bossuet, et les rayons du nom flamboyant se projetaient sur le nom fait pour rester obscur. Mais, pour qui savait voir, ils en éclairaient mieux le néant. Pour qui savait lire, il était évident que cétait là une histoire à refaire, et que ce livre de Bausset nétait pas un monument qui pût effrayer ou désespérer personne7.

Ensuite il rend hommage à Floquet : celui-ci rentre en grâce, trouve grâce à ses yeux. Comment expliquer ce brusque revirement ? Par la dichotomie entre louvrage de Bausset et celui de Floquet, quil juge nettement supérieur à celui de son prédécesseur ? Toujours est-il quil y relève des aspects qui ne se limitent pas à un « épais morceau dÉrudition, taillé dans lennui », comme il laffirme dans sa correspondance avec Trébutien (lettre du 29 février 1856), mais qui assument des valeurs positives :

Un écrivain qui a voué à Bossuet un culte véritable et qui, pour mieux vivre tête à tête avec lui, sest retiré intellectuellement de son siècle et na plus 123habité que celui de cet imposant génie, Floquet, a entrepris de nous donner un livre nouveau sur Bossuet, et, quoique sa modestie le cache avec un goût parfait sous ce nom respectueux dÉtudes, ce livre, dune érudition vaste et détaillée, nen est pas moins une biographie.

Barbey salue cette biographie qui ne se penche que sur la première partie de la vie de Bossuet, environ un tiers de celle-ci, avec une attention privilégiée pour la période 1652-1669. Avec une focalisation caractérisée par un angle original, « oublié8 », Floquet nous fait entrevoir « un Bossuet inattendu et touchant9 ». Il montre que sous le Bossuet de lHistoire faisant entendre sa voix sous les plafonds de Versailles, rugissant comme une bête féroce, devenant « le lion de son époque10 », émerge un homme dune grande sensibilité, dune profonde tendresse ; il décèle linfluence de la vie intime, cachée sur lâme, la destinée de ce prélat. Parlant de sa foi, il affirme quil rencontre dès ses plus jeunes années, la voie qui le conduit vers le Tout-Puissant : « Famille, vocation, facultés, mouvement naturel à son âme, tout était daccord et le poussait du même côté, – du côté de Dieu11 ». Élu de Dieu, doué de facultés prodigieuses, il se tourne vers lapprofondissement des sciences sacrées, part à la recherche de la Vérité éternelle. Loin de se confiner dans un cloître, dopter pour une vie solitaire, il choisit de faire connaître la voix du Très-Haut : « Apôtre futur de Celui qui à douze ans enseignait dans le temple, il jaillit docteur par la force seule de son génie, à lâge où les autres jeunes gens ne sont que des bégayeurs des sciences apprises, mais non pénétrées12 ». Il faut ajouter quà la lecture de Floquet Barbey phrase à côté, pour reprendre lexpression quil emploie dans sa lettre à Trébutien du 12 mars 1856. Il établit une série de parallèles entre Fénelon et Bossuet, Bossuet et de grands auteurs du xixe siècle. Il sarrête un instant sur Chateaubriand avant dinvoquer Sainte-Beuve et dadopter le jugement quémet Lacordaire sur lévêque de Meaux. Contestant lopinion selon laquelle les dons de Bossuet ne résident que dans la grandeur, lélévation, la véhémence, il affirme quil fait preuve dune grande tendresse, comparable à celle de Fénelon qui lui est souvent opposé13. Il avance que le bonheur de Bossuet 124réside dans son cœur, dans sa grande sensibilité, tandis que celui de Goethe tient surtout à son insensibilité14. Sinterrogeant sur la source de la mélancolie, « la profondeur de rêverie » que relève Chateaubriand chez Bossuet sans parvenir à se lexpliquer15, et qui suscite également lintérêt de Floquet, ce dernier la décèle dans les longues heures que passe le futur évêque dans léglise de Metz :

ce Bossuet ponctuel comme le Devoir et comme lHumilité, qui arrivait, quarantième manteau noir, pour loffice de la nuit, pendant dix-sept ans, à sa place accoutumée dans le chœur de léglise assombrie, a beaucoup frappé Floquet, qui nest pas un rêveur, mais un esprit solide. Aussi se demande-t-il, en vrai psychologue et en observateur profond, ce que dut gagner lesprit de Bossuet dans ces longues heures passées au chœur, dans les loisirs vigilants de la Contemplation et de la Prière ; et il se répond comme se répondrait Sainte-Beuve, le grand critique des influences, quil y apprenait la mélancolie16.

Il embrasse le point de vue de Lacordaire sur lévêque de Meaux :

Enfin, il se faisait lentement ce Bossuet dont un moine de ces derniers temps a pu dire, pour montrer quil y avait aussi bien en lui la douceur résignée, le sentiment de limmolation, – toute la mélancolie chrétienne quon lui refuse, – que la force quon ne lui nie pas : « Il avait la main droite sur le lion de Juda, et la gauche sur lagneau immolé avant tous les siècles. » Mot le plus plein et le plus résumant qui ait été dit sur Bossuet17 !

Barbey relève enfin que Floquet est tellement imprégné de son sujet quil finit par subir, accuser linfluence de celui quil considère également comme un maître à écrire :

Au point où il mène son histoire, Bossuet nest encore quun grand sermonnaire, un grand controversiste, un prêtre de génie, mais un prêtre. Ce sont les œuvres et les travaux du prêtre quil fallait dire, et Floquet les a dits avec 125une phrase forgée un peu trop peut-être sur la phrase de Bossuet ; car lamour aime la dépendance18.

En substance, il lui reproche davoir adopté la langue du Bossuet de Versailles, et non celle de Metz plus adaptée à son sujet ; mais il finit par lui pardonner cette erreur.

Ce compte-rendu est le seul que consacre Barbey à un ouvrage sur lévêque de Meaux. Barbey ne cessera cependant dévoquer la figure de celui-ci dans ses articles de critique littéraire, saisissant chaque fois loccasion qui se présente pour évoquer la figure de celui quil considère comme lun des hommes principaux du xviie siècle avec Louis XIV et Condé19. À partir dun article sur Joseph de Maistre, il effectue de nouvelles variations sur la personnalité de Bossuet. Il affirme que ces deux hommes présentent une caractéristique communes : la foi profonde en une unité supérieure, qui est la source de leur pensée, le foyer de leur rayonnement :

Pour moi, je crois bien quil ny a quune seule loi qui gouverne ces esprits de premier ordre quon appelle des hommes de génie, – et celle loi, évidente dans lœuf du génie de Joseph de Maistre aussi bien que dans lœuf du génie de Bossuet, par exemple, nest peut-être que lapparition instantanée dune seule idée qui va se préciser et faire lunité et la puissance de leur vie intellectuelle, à ces esprits étonnants qui ne changent pas, mais se développent, mobiles dans limmobilité comme Dieu, dont ils sont bien plus près que nous20 !

Nous reviendrons sur le parallèle entre Bossuet et Joseph de Maistre. Relevons pour linstant que Barbey met en évidence une constante chez Bossuet, sa fidélité à la foi catholique, sa grandeur extraordinaire qui ressuscite le souvenir des prophètes :

Ce nest pas un homme, cest un miracle. Il sest couché sur les Prophètes morts, comme Samuel sur la femme quil rappela à la vie, et ces grands morts ressuscitèrent dans son génie. Bossuet, qui composait ses sermons à genoux comme saint Charles Borromée, nest pas un orateur humain, cest un inspiré21.

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Il affirme que lévêque de Meaux présente lui aussi, à linstar de sainte Thérèse, de Fénelon, du curé dArs, « cet air de prophète qui ne vient aux plus grands quà force de regarder Dieu22 » ; quil ne cesse de « se rallumer à la flamme divine des Écritures23 », la Bible constituant le fond de son génie24.

Barbey affirme que Bossuet condamne sans pitié ceux qui nient le Dieu de la Bible, comme lhistorien italien Ferrari25 ou bien qui séloignent de lui, comme les déistes. Il cite à plusieurs reprises la phrase de lévêque de Meaux : « le déisme nest quun athéisme déguisé26 » ; et surtout il sappuie sur son autorité pour prendre pour cible ceux qui professent cette croyance quil considère comme des « Esprits sans hardiesse qui sarrêtent, dhorreur et et de lâcheté, dans le déisme, comme déjà Bossuet le leur reprochait dans son temps27 ».

Il sétend sur le combat qua conduit lévêque de Meaux contre la Réforme :

Bossuet, dans ses admirables Variations, armé du glaive de saint Paul, avait scindé laffreux dragon dans toutes les articulations de son être. [] Bossuet a fait voir dans Luther le grand hérésiarque, le descendant de tous les hérésiarques, ses précurseurs, Cerinthe, Pélage, Arnaud de Brescia, Bérenger, Abailard, Pierre de Vaud, Jean Huss, Wickleff [sic], les dépassant tous et montant jusquà la taille dArius28 !

Il évoque également la polémique qui a opposé Bossuet et le calviniste Jurieu, saisissant cette occasion pour faire une rapide allusion aux problèmes que soulève lindépendance absolue de la conscience individuelle, la ligne imperceptible entre le protestantisme et la philosophie29.

Après sêtre penché sur la théologie de lévêque de Meaux, Barbey concentre son attention sur sa philosophie. Il y relève tout dabord linfluence cartésienne :

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Descartes est, en effet, une puissance qui règne toujours. Génie au bras long, il embrassa tout en France, de Malebranche et de Bossuet à Cousin, et il a ramassé dans le vaste cercle de son axiome toute lEurope pensante, depuis Berkeley et Spinosa jusquà Kant, Fichte et Hégel [sic]30.

Dans son analyse de louvrage de labbé Gratry, De la Connaissance de Dieu, Barbey affirme quil partage avec ce dernier son admiration pour la théodicée de Bossuet, pour sa capacité de prouver lexistence de Dieu par la raison31. Celle-ci le cède à la foi, sy soumet : le critique souligne loriginalité de lévêque de Meaux dans le domaine de la philosophie de lhistoire, la primauté quil accorde au mysticisme sur la raison, laudace dont il fait preuve dans son Discours sur lhistoire universelle32. Partant du principe que pour les chrétiens aucun mouvement de civilisation na dépassé le christianisme, qui constitue « une révélation religieuse, primitive, écrite, inébranlable dans ces textes33 », Barbey avance que Bossuet ne peut que nier la foi dans le progrès, dans « la perfectibilité indéfinie et cette ascension chimérique de lhumanité on ne sait vers quoi34… », quil établit un bastion en mesure de résister aux attaques des rationalistes modernes, notamment à celles de Voltaire et de Hegel, et ce pour ne pas citer Condorcet ; constituant un point de référence pour des penseurs tels que Roselly de Lorges qui nhésitent pas devant

lintroduction vaillante du mysticisme chrétien dans lhistoire, en vue dexpliquer des faits trop grands pour être naturels. Avec les tendances du xixe siècle et le despotisme tracassier de la raison, ceci est une audace, et cette audace, on ne lavait pas vue se produire un seule fois, depuis cette tentative dinvasion sacerdotale, le Discours sur lhistoire universelle de Bossuet35.

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Barbey sinterroge sur les rapports entre la foi et la politique chez lévêque de Meaux ; il voit chez lui un lien direct entre la Bible et la recherche du bien public. Dans le compte rendu des Progrès de la Philosophie de Beauverger, il tonne contre ce dernier :

Quil prenne, sil le veut, Fénelon, lauteur du Télémaque et le précepteur du duc de Bourgogne, mais quil ne mette la main ni sur Suarez, ni sur Bellarmin, ni sur Bossuet lui-même, car Bossuet, comme saint Augustin, na pas cessé dêtre un évêque, et sa politique nest point tirée de lordre philosophique, mais de lÉcriture Sainte. De pareils hommes ne peuvent satteler, ni de gré ni de force, au joug dun système qui regarde comme progrès lesprit politique du dix-huitième siècle, et qui le glorifie dans le Quinze-Vingt de sa propre pensée, laissé par le dédain de Bonaparte, accroupi dans les ténèbres de sa constitution impossible, – labbé Sieyès36.

Barbey imagine deux grands prédicateurs du « Grand Siècle » appelés à donner leurs opinions sur la situation du Second Empire à la fin des années cinquante :

Bourdaloue et Bossuet, ressuscités parmi nous, seraient donc tenus de jeter sur le temps, – sur le détail des questions de temps, – ce regard pénétrant qui na jamais manqué au prêtre, si naturellement pratique. Ils nenseigneraient plus seulement une Royauté entre toutes ; lIndividu Royal, pour ainsi dire, mais ils referaient les notions défaites, et leurs sermons, comme ceux du père Ventura, sappelleraient le pouvoir chrétien. Le pouvoir, voilà lUcalégon qui brûle ; le pouvoir chrétien, cest le pouvoir éteint et sauvé ! Bourdaloue et Bossuet, au dix-neuvième siècle, auraient compris, ces grands hommes, quelle initiative est maintenant de rigueur pour ceux-là qui tiennent lanneau de Salomon dans leur main37.

Sil valorise le rôle des hommes dÉglise dans la vie de leur temps, Barbey admet que Bossuet doit se plier à la toute-puissance de Louis XIV, et même renoncer à évoquer certains éléments de ce règne, à devenir le peintre des mœurs de ce monde à part que fut la cour de Versailles :

Ce nest pas La Bruyère, qui a buriné son temps avec un burin dor, mais sur du verre ; ce nest pas Bossuet, lhomme des catafalques, lévêque qui naurait jamais été saint Ambroise devant Théodose, Bossuet, le prédicateur 129de la prise de voile de La Vallière, le plus sublime des prédicateurs, mais des prédicateurs de cour, qui pouvaient nous donner une idée de cette cour, dont ils touchaient en tremblant les mœurs38.

Cette situation de soumission explique-t-elle, voire justifie-t-elle lattitude de Bossuet aux yeux de Barbey ? Lon sait quau moment de laffaire de la Régale où saffrontent le pape et le roi au sujet des bénéfices ecclésiastiques, Bossuet rédige tout dabord le discours sur lUnité de lÉglise où il affirme la primauté disciplinaire et doctrinale du pape et, en même temps, proclame ce quon appelle alors « les libertés de lÉglise gallicane » ; et ensuite quil écrit – en grande partie – la Déclaration des quatre articles, qui restreint le pouvoir du pape en affirmant quil est purement spirituel, limité par les conciles généraux, et que les monarques ne peuvent donc pas lui être soumis. Cela ressuscite le souvenir de précédents tels que les Dictatus papae et surtout tels que la « Querelle des investitures » qui, à la fin du xie siècle, met aux prises le pape Grégoire VII et lempereur Henri IV : le Souverain Pontife affirme alors que toute la chrétienté ecclésiastique aussi bien que laïque est soumise à son autorité, et que la prérogative de donner linvestiture aux évêques lui revient. En ce qui concerne la France, il faut signaler que Louis IX revendique lui-même lindépendance du roi de France dans ses rapports avec le Saint-Siège lors de son conflit avec lévêque de Beauvais en 1234 ; quen 1438 le clergé de France, réuni à Bourges, adopte le décret Sacrosancta qui établit la suprématie du concile sur le pape, affirme que le roi de France ne sera soumis à aucune autorité supérieure, peut nommer les personnes de son choix à tous les bénéfices, devient pratiquement le maître de lÉglise de France ; cest ce quon nomme habituellement « la Pragmatique Sanction de Bourges ». Or la figure de Grégoire VII est lobjet de maintes réflexions chez Bossuet : celui-ci, notamment dans sa Défense de la déclaration du clergé de France touchant la puissance ecclésiastique, lance maintes attaques contre ce Souverain Pontife qui proclame la prééminence des papes sur les monarques, la subordination de lordre laïque à lordre sacerdotal. Les critiques quémet lévêque de Meaux déchaînent de violentes ripostes de la part de Barbey dans larticle quil consacre aux ouvrages sur « le moine Hildebrand », en particulier sur celui de Voigt qui vient de paraître :

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[] Mais létoile de Grégoire VII a subi loutrage de bien des nuées, et des nuées soufflées par des bouches qui auraient dû les dissiper et qui les apportèrent, comme, par exemple, pour nen citer quune, la plus puissante et la plus coupable, la bouche auguste de Bossuet39 !

Barbey redouble ses contre-attaques en affirmant que lévêque de Meaux contribue lui aussi, à linstar de Bayle, de Voltaire, et même de certains prêtres, à « diminuer le grand homme absolu qui fut Grégoire VII40 ». Et il finit par lancer une authentique philippique contre lui :

Et comme si ce nétait pas assez encore, parmi ces prêtres, il y eut un évêque qui, à lui tout seul, fit plus contre Grégoire et sa renommée que tous les autres réunis, depuis Henri IV, qui laccusa de sorcellerie, jusquà Voltaire ; et cet évêque, qui ne séleva pas contre Grégoire, mais qui se baissa jusquà la frange de son manteau pontifical pour la ternir, ce fut Bossuet ! Coûte que coûte, il faut bien le dire ! Ce fut Bossuet. Les autres, avant ou depuis Bossuet, nauraient pas compté. [] Mais Bossuet, cétait une autre affaire ! Bossuet, qui avait reçu son génie pour dautres besognes, fit celle-là de diminuer et de déshonorer un Pape impeccable. Avec une mesure, une modération et une prudence trop admirables pour ne cacher des lâchetés ; et cette diminution et ce déshonneur, accomplis par laigle de Meaux avec un art vulpin que ne connaissent pas les aigles, sétablirent dans lHistoire et dans la tête des hommes sur le fondement du nom de Bossuet, qui leur fit une assise formidable. Dans ce monde où presque toutes les fascinations sont coupables, celle du génie de Bossuet pouvait être éternelle41.

Malgré ladmiration quil garde à son égard en le qualifiant encore de génie, Barbey juge Bossuet coupable dans son attitude à légard de Grégoire VII42. Et il répète ce jugement à propos de sa position sur la Pragmatique sanction :

Ils sont même allés, pour prouver quen Saint Louis le Roi foulait aux pieds quelque fois le Saint, jusquà inventer cette fameuse Pragmatique si longtemps invoquée, qui fit, jusque de Bossuet, une dupe si coupable, et dont une Critique plus avisée et plus savante a démontré récemment la fausseté43.

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Il condamne celui quil nomme le « grand évêque anglican44 ». Il critique à plusieurs reprises ses analyses historiques. Il lui reproche dentériner une rumeur infondée relative au règne de Louis XI : « Bossuet y compromit son grand nom. Il avala cette hideuse histoire comme une hostie45 ». Il le blâme pour ne pas avoir compris la personnalité complexe de Cromwell, tout en lappelant « ce Maître en Histoire46 ».

Il partage cependant son admiration pour lun des plus célèbres maréchaux de son temps : « Bossuet, sous sa soutane violette, était un homme de guerre, et cest pour cela quil a parlé si magnifiquement du grand Condé47 ». Il met en relief sa réflexion sur lhistoire de Rome, et la situe dans la lignée de lévêque dHippone :

Lhistoire nest quun échiquier, dont les pions sont les faits, mais le pion de Dieu, cest le joueur, le joueur qui a cent manières de gagner et de perdre la partie, cent manières de recommencer. Aujourdhui nous avons les idées sur Rome de M. Amédée Thierry, qui en a eu linitiative, après saint Augustin et Bossuet cependant48.

Barbey évoque la figure de lévêque Grégoire de Tours pour montrer la grandeur de lévêque de Meaux : le premier eut « lidée dune histoire universelle, quil ne réalise pas, il est vrai, comme Bossuet49 ». Cest avec un grand enthousiasme quil salue lœuvre quécrit le précepteur du dauphin en 1681 ; sa « force majestueuse », pour adopter lexpression de Voltaire50 :

Ainsi, quand Bossuet nous fait, à coups si rapides, son Discours sur lhistoire universelle, cest sa marque surtout à lui, cest le trou de boulet fait par sa puissante tête quil laisse dans lhistoire, beaucoup plus quune histoire dans la rigueur et la responsabilité du mot quil écrit51.

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Barbey décèle un fond de lyrisme chez lévêque de Meaux ; à propos du compte rendu sur lhistoire des Pyrénées quécrit Cénac-Moncaut, il avance que cet ouvrage « nous a paru avoir la profondeur et la mâle mélancolie de Bossuet lui-même, quand Bossuet est seulement historien52 ».

Barbey salue la grandeur de Bossuet écrivain, voit en lui un maître dans ce quil nomme « lart décrire53 », à la fois biblique et homérique54. Il nhésite pas devant les parallèles les plus prestigieux, le comparant à Homère55, ou montrant ses affinités avec Dante56. Il décèle chez lui linfluence de la « petite méthode » de saint Vincent de Paul : ce dernier constitue pour son jeune confrère à la fois un maître à penser et un maître à écrire :

[Labbé Maynard] Il a cité beaucoup de lettres et une grande quantité de discours de saint Vincent de Paul à la compagnie de Saint-Lazare ou à ses missionnaires, dans cette éloquence sans modèle dont Bossuet surpris admirait la familiarité spirituelle, et que saint François de Sales lui-même navait pas. Langue sans nom dhumanité volontaire, que Vincent, ce grand artiste en abaissements, sétait faite57.

À son tour, lévêque de Meaux constitue une autorité à la fois scripturaire et scripturale pour Barbey qui affirme :

Nous qui savons combien, en toutes choses, la tradition doit être obéie, nest-ce pas le cas de nous rappeler le mot de Bossuet : « Hier on croyait ainsi, et aujourdhui on doit croire de même58 ».

Appelé à écrire le compte rendu des Moines dOccident de Montalembert, il garantit ceci :

Si un mot étincelant ou pénétrant caractérise avec éclat et profondeur une institution ou un homme, cest que ce mot est de Bossuet, de Bossuet, qui fait rentrer du coup dans lombre toute la page où il est cité59 !

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Rien détonnant, donc, sil émaille ses réflexions de maintes citations de Bossuet. Nous renonçons à en dresser linventaire, nous bornant à citer celles qui ont frappé le plus lesprit de Barbey. À commencer par ce quil nomme un mot sublime, « Le Christ aux bras étroits60 ». En constatant le retour de certaines images, telles que celle de la mort « qui offusque tout de son ombre61 ». En relevant la force de certaines formules, comme : « Le repentir est plus beau que linnocence62 », ou bien : « Il ny a que Dieu qui fasse de la lumière pour les aveugles, avec de la boue et du crachat63 ! ».

En conclusion, Barbey considère Bossuet comme un génie, reconnaissant en lui la plus haute expression de la littérature de lépoque classique et lélevant au rang des plus grands prophètes ; il écrit un jour : « Bossuet, reconnu sans conteste pour le plus grand écrivain et le plus grand orateur du grand siècle, Bossuet, lÉzéchiel ou lIsaïe de lhistoire64 ». Et il fait sienne lexpression quadopte Nisard à propos de lévêque de Meaux : « Jamais regard plus hardi et plus ferme ne sest abaissé devant linvisible65 ». Il voit en lui lunité, une remarquable unité, du croyant, de lécrivain, de lhomme. Et pourtant sous cet aspect monolithique il relève des fissures. Cest tout dabord son attitude à légard de Grégoire VII, et plus en général de la papauté : comme nous lavons vu, lévêque de Meaux met en discussion la thèse que toute la chrétienté ecclésiastique, aussi bien que laïque, doit se soumettre à la magistrature du Souverain Pontife, affirmant les libertés de lÉglise de France en 1682 et rédigeant la même année les Quatre articles, les libertés de lÉglise gallicane, qui auront une énorme influence sur lhistoire de lÉglise de lHexagone. Barbey ne se limite pas à condamner le gallicanisme de Bossuet, il critique son cartésianisme qui, affirme-t-il en substance, introduisit dans la pensée philosophique ce que Luther avait introduit dans la pensée religieuse, juxtaposant le protestantisme philosophique et lorthodoxie, la résistance et lobéissance, lindividualisme et lesprit de communion, dunité :

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Le Cartésianisme a été accepté tranquillement par les esprits de la plus haute orthodoxie, comme Bossuet par exemple, lillustre auteur des Variations, le foudroyant adversaire de Jurieu ! En vérité, pour expliquer de telles anomalies, jimagine que saccomplissait dans ces grands esprits (et à leur insu, lamentables ténèbres) cette séparation de lÉglise et de lÉtat, qui est devenu le droit public du xixe siècle66.

Rien détonnant donc sil ne le range pas parmi ceux quil nomme les « voyants », les « Prophètes du Passé », où figurent Joseph de Maistre, Louis de Bonald, François-René de Chateaubriand et Félicité de Lamennais. Aux yeux de Barbey, Bossuet apparaît comme un homme dont lunité du croyant, de lécrivain, de lhomme coexiste avec lesprit dexamen, le respect de lAutorité avec lexigence de Liberté, un homme pour qui il éprouve une profonde admiration – et pourtant quil nhésite pas à critiquer, alternant à son égard léloge et le réquisitoire. Il ne faut donc pas sétonner sil lui préfère Joseph de Maistre ; dans un article quil consacre à ce dernier, il affirme :

Lunité, en effet, cest tout Joseph de Maistre ! [] Pour lui, la vérité du catholicisme fut surtout dêtre la religion de lunité. Il na pas fait, lui, de sermon sur lunité67, mais il lui est resté plus fidèle que celui qui en prononça un. Et voilà pourquoi il lemporte (à mes yeux du moins) sur Bossuet même ; car le génie, cest ce qui ne change pas, mais se tient immuablement – stat – dans lordre de la vérité68.

Marie-Françoise Melmoux-Montaubin affirme que Barbey énonce son exigence de vérité, la subordonne à la croix, à la balance et au glaive, entretenant un rapport polémique avec les idées de son temps69. Faisant allusion à la formule de Bossuet, « Le déisme nest quun athéisme déguisé », Barbey entreprend un long développement sur lopposition entre le catholicisme et le déisme, affirmant à propos des adeptes de cette nouvelle croyance :

En effet, depuis que le symbole de nos pères a cessé dêtre pour la majorité dentre nous le vraie et lunique symbole, et que la Foi, comme un flambeau 135renversé, sest éteinte dans la poussière des traditions abandonnées, il sest élevé une nombreuse race dhommes qui se disent religieux pourtant, et qui ont remplacé les formes nettes et les dogmes arrêtés du catholicisme par les aspirations maladives dune vague religiosité. Esprits sans hardiesse, moitié dathées qui sarrêtent, dhorreur ou de lâcheté, dans le déisme, comme déjà Bossuet le leur reprochait dans son temps, ils simaginent que la lettre dune loi religieuse, cette lettre qui prescrit et qui fonde, est un voile destiné à tomber devant lesprit, et pour cette raison ils la rejettent. Supérieurs – quelques-uns, du moins – par le sentiment aux tristes et secs théoriciens du rationalisme, ils ne valent pas mieux quant aux idées et lorsquon les force à descendre dans le fond des choses70.

En plus du déisme, il vise le rationalisme, lesprit révolutionnaire, ses principes et ses prodromes quil relève dans le protestantisme, quil fait à son tour remonter au paradis terrestre et quil caractérise et résume en sinspirant dun passage de lévêque de Meaux :

Et le chez soi du comte de Gasparin, cest le protestantisme. Non pas celui de Luther ou de Calvin ou de personne, ni même lapostolique du comte de Gasparin, – cette pointillerie, comme aurait dit Bossuet, dans le dédain du bon sens, cette pointillerie à examiner, travail de Pénélope toujours repris par la fantaisie de le reprendre, – mais le protestantisme primitif, éternel, qui date du paradis terrestre, disait Lacordaire et qui naquit le jour où Satan dressa contre Dieu le pourquoi de toutes les révoltes71

« Car ici, tout se tient », affirme Caroline Sidi72. Barbey ressent parfois une authentique empathie pour Bossuet, sidentifie tellement à lui quil puise chez lui des termes comme « pointillerie », mis de surcroît en évidence par litalique, néologisme dont il puise létymon dans un texte de lévêque de Meaux lui-même73 – le lecteur relève la présence 136de la modalisation impliquée par le conditionnel passé : « aurait dit Bossuet74 » – Barbey met en évidence les combats de ce prélat contre les hérésiarques du xvie siècle, et en même temps le lien de filiation entre Lacordaire et lui. Il faut signaler la répétition du terme « pointillerie », qui apparaît deux fois comme la cible quil désigne, le protestantisme – et lanaphore à laquelle il donne naissance. Et ce pour ne pas parler des allitérations en p : à ces deux termes, il faut ajouter « personne », « Pénélope », « primitif », « paradis », « pourquoi », le signifiant relançant ainsi la signifiance du signifié. Moins décoration, ornement que canon pointé contre ladversaire, pièce dartillerie disposée sur un champ de bataille, la citation révèle la personnalité profonde de Barbey. Nous souscrivons à lopinion de Catherine Mayaux qui affirme ceci :

la culture quil maîtrise avec magnificence relève chez lui dune forme dinnutrition et la littérature lui est assimilée comme le sang qui coule dans ses veines ; aussi semble-t-il peu pertinent de le soupçonner dune quelconque affectation dans lusage de la citation75.

Et nous souscrivons également à ce quelle ajoute dans la conclusion de son article :

Ce matériau citationnel semble occuper lesprit autant que la parole du critique à la manière dune littérature première à laune de laquelle se jugent travaux, opinions, textes et auteurs quaborde le polémiste76.

Cette authentique artillerie devient une arme redoutable aux mains dun homme qui hait son siècle, et en particulier lidéologie progressiste qui le traverse. Lydie Parisse met en relief la vocation de rupture, de dissidence qui se dégage de son œuvre :

Barbey dAurevilly est un de ces écrivains catholiques qui, face au matérialisme, opposent un spiritualisme à outrance, à lidéologie bien-pensante le 137scandale, au rationalisme et au naturalisme le surnaturel et ses prestiges, au progrès technique le passéisme et le retour au primitif, aux connaissances scientifiques le pouvoir occulte77.

Il faut ajouter quau gallicanisme dominant dans lÉglise de France il oppose un ardent ultramontanisme, se démarquant radicalement sous cet aspect de lévêque de Meaux dont il ne cesse de dénoncer sa compromission avec le pouvoir temporel sous Louis XIV. Cette dissidence saccompagne dune volonté de ressourcement. Gaëlle Guyot relève en substance que Barbey puise son inspiration, son élan intérieur dans les écrits dindividus vivant en retrait, opérant en marge des pouvoirs temporels et spirituels, hors du monde ou contre le monde :

Adossé à « [ces] livres dune simplicité transparente et brillante à la fois, et qui ressemble[nt] vraiment à de leau de source, traversée par le rayon du jour », le parcours critique auquel Barbey, « catholique idolâtre », convoque son lecteur se conçoit alors essentiellement comme un ressourcement, permettant une purification des âmes78.

Citons un exemple. Barbey rejoint Bossuet, partage avec lui, comme nous lavons vu plus haut, ladmiration pour « la langue sans nom dhumilité volontaire79 », pour les écrits et surtout pour la personnalité de saint Vincent de Paul. Et surtout il ne cesse de se plonger dans la lecture de la Bible, de sy embraser. Il exalte le Notre père, car il ne « sadresse pas quà Dieu. Il se réfléchit jusque dans le sein des mineurs de la famille, et cest un un rayon divin qui traverse le diamètre de lespace et de linfini80 ! »

Pierre Glaudes81 relève la présence fondamentale de la « folie de la croix » chez Barbey, présence que lon peut déceler, à notre avis, dans toute son œuvre ; Barbey affiche son catholicisme avec provocation, 138participant de cette apologétique laïque qui saffirme après la Révolution, saffranchissant de tout contrôle dogmatique exercé par le clergé, mais reconnaissant, ajoutons-nous, la grandeur de figures ecclésiastiques comme celles de Bossuet.

Bernard Gallina

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Bibliographie

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1 Nous renvoyons ici à la publication de lœuvre critique de Jules Barbey dAurevilly, sous la direction de Pierre Glaudes et Catherine Mayaux, qui paraît aux Belles Lettres à partir de 2004. Cet ensemble prend le titre collectif de Les Œuvres et les Hommes.

2 Jules Barbey dAurevilly, Correspondance avec Trebutien, 3-4, dans Œuvres complètes, Genève, Slatkine, 1979, vol. 7/4, p. 66.

3 Floquet Amable Pierre, Études sur la vie de Bossuet jusquà son entrée en fonctions en qualité de précepteur du Dauphin (1627-1670), Paris, Librairie Firmin Didot frères, 1855. Dans une lettre du samedi 25 février, il lui avait déjà dit quil avait reçu ce volume le 23 février.

4 Voir Louis-François de Bausset, Histoire de J.-B. Bossuet, évêque de Meaux, composée sur les manuscrits originaux par M. L.-Fr. De Bausset, Versailles, J.-A. Le Bel, 1814. Il est également lauteur dune Histoire de Fénelon (1809) qui obtint un grand succès. Mathieu-Mathurin Tabaraud a publié en 1822 un Supplément aux deux histoires de M. Bausset.

5 Sagit-il de louvrage de P. Pithou, Les Libertés de léglise gallicane (1594) ? Cest probable.

6 Voir Stendhal, LEnfer de la Faiblesse, t. II, chap. xxxiii, Le Rouge et le Noir, éd. Victor Del Litto et Ernest Emmanuel, Genève, Slatkine Reprints, 1986, p. 358. On ne saurait passer sous silence un précédent quévoque Barbey dans sa correspondance. Dans une lettre à Trébutien du 25 août 1853, il lui écrit ceci : « Mon dernier article, qui devait paraître hier, a été refusé parce que jattaquais trop vivement la Liberté Politique et le Gallicanisme. Oui, mon cher, ce brave La Guéronnière déjeune quelquefois avec larchevêque de Paris. Larchevêque de Paris est Gallican et il ne faut pas affronter le mécontentement de cet imbécile intrigant, par Cavaignac ! Voilà nos DOCTRINES. » (Jules Barbey dAurevilly Correspondance avec Trebutien, dans Œuvres complètes, Genève, Slatkine, vol. 6/1-2, 1979, p. 373).

7 Jules Barbey dAurevilly, Les Œuvres et les Hommes, éd. Pierre Glaudes et Catherine Mayaux, Paris, Belles Lettres, série iiie, vol. 1, 2013, p. 176. Barbey a-t-il été influencé par son ultramontanisme dans son jugement sur Bausset ? À propos de ce dernier, un critique affirme ceci : « It is said that the Histoire de Bossuet was written as an offset against the partiality which Bausset had shown to Fenelon ; if so, Bausset had a strange way of rehabiliting the subject of his second biography, praising Bossuets Gallicanism as Bossuet himself, tormented in his last years by the Defensio cleri gallicani, would not have wished it praise. Brunetière calls Baussets Histoire of Bossuet “la plus franchement gallicane de toutes”. » (Joseph Sollier, « Louis-François de Bausset », The Catholic Encyclopedia, New York, Robert Appleton Company, 1907, vol. 2, disponible en ligne, http://www.newadvent.org/cathen/02352c.htm (consulté le 11 septembre 2015).

8 Jules Barbey dAurevilly, Les Œuvres et les Hommes, éd. citée, série iiie, vol. 1, 2013, p. 182.

9 Ibid., p. 181.

10 Ibid., p. 178.

11 Ibid.

12 Ibid.

13 Voir ibid., p. 179.

14 Voir ibid.

15 Voir François-René de Chateaubriand, « Bossuet orateur », Génie du Christianisme, éd. Pierre Reboul, Paris, Garnier-Flammarion, 1966, Part. IIIe, liv. IVe, chap. iv, 1966, p. 21 : « Mais comment lévêque de Meaux, sans cesse au milieu des pompes de Versailles, a-t-il connu cette profondeur de rêverie ? Cest quil a trouvé dans la religion une solitude ; cest que son corps était dans le monde, et son esprit au désert »

16 Jules Barbey dAurevilly, Les Œuvres et les Hommes, éd. citée, série iiie, vol. 1, 2013, p. 182.

17 Ibid. Ce passage est précédé du fragment suivant : « Cest que Bossuet était de la race de ceux en qui lÉvangile nest diminué ni par le défaut de vues ni par les passions et linclémence du cœur. » (Henri-Dominique Lacordaire, Frédéric Ozanam, Paris, A. Bray, 1856, p. 49).

18 Jules Barbey dAurevilly, Les Œuvres et les Hommes, éd. citée, série iiie, vol. 1, 2013, p. 184. Barbey relève que Nisard décèle des défauts littéraires dans le livre de Floquet sur Bossuet. Voir Études sur la vie de Bossuet, dans Études de critique littéraire, Paris, Michel Lèvy frères, p. 169. Cf. également Les Œuvres et les Hommes, éd. citée, série iie, vol. 2, 2009, notes, p. 436.

19 Jules Barbey dAurevilly, Les Œuvres et les Hommes, éd. citée, série iiie, vol. 2, p. 97.

20 Jules Barbey dAurevilly, Les Œuvres et les Hommes, éd. citée, série iie, vol. 1, 2007, p. 70.

21 Jules Barbey dAurevilly, Les Œuvres et les Hommes, éd. citée, série ire, vol. 1, 2004, p. 212.

22 Jules Barbey dAurevilly, Les Œuvres et les Hommes, éd. citée, série iie, vol. 1, 2007, p. 219.

23 Jules Barbey dAurevilly, Les Œuvres et les Hommes, éd. citée, série iiie, vol. 2, 2014, p. 502.

24 Voir Jules Barbey dAurevilly, Les Œuvres et les Hommes, éd. citée, série ire, vol. 1, 2004, p. 1268.

25 Voir ibid., p. 454.

26 Voir Jules Barbey dAurevilly, Les Œuvres et les Hommes, éd. citée, série ire, vol. 1, 2004, p. 56 ; série iiie, vol. 2, 2014, p. 374.

27 Jules Barbey dAurevilly, Les Œuvres et les Hommes, éd. citée, série iiie, vol. 1, 2013, p. 140.

28 Jules Barbey dAurevilly, Les Œuvres et les Hommes, éd. citée, série ire, vol. 1, 2004, p. 594.

29 Voir Jules Barbey dAurevilly, Les Œuvres et les Hommes, éd. citée, série iiie, vol. 1, 2013, p. 786.

30 Jules Barbey dAurevilly, Les Œuvres et les Hommes, éd. citée, série iie, vol. 1, 2007, p. 260. Allusion sans doute au Traité de la connaissance de Dieu et de soi-même. On constate que Barbey glisse sur la réfutation du Traité de la nature et de la grâce de Malebranche et, plus en général, sur la condamnation du cartésianisme qui apparaît dans lOraison funèbre de Marie-Thérèse, et ce pour éviter de mentionner lanti-spinozisme de lévêque de Meaux.

31 Voir Jules Barbey dAurevilly, Les Œuvres et les Hommes, éd. citée, série iiie, vol. 1, 2013, p. 160 et sq.

32 Voir Jules Barbey dAurevilly, Les Œuvres et les Hommes, éd. citée, série ire, vol. 1, 2004, p. 444 ; ibid., série iiie, vol. 1, 2013, p. 539. Il cite également le cas de Paul Féval, auteur dun ouvrage ayant pour titre Merveilles du Mont Saint-Michel, où réapparaît la conception de lhistoire universelle et providentielle de Bossuet (voir ibid., série iiie, vol. 1, 2013, p. 541).

33 Jules Barbey dAurevilly, Les Œuvres et les Hommes, éd. citée, série ire, vol. 1, 2004, p. 293.

34 Ibid.

35 Ibid., p. 444.

36 Ibid., p. 231.

37 Ibid., p. 255. Allusion probable au sermon que prêche le père Ventura devant lEmpereur en 1857.

38 Jules Barbey dAurevilly, Les Œuvres et les Hommes, éd. citée, série ire, vol. 2, 2006, p. 1088.

39 Ibid., p. 1016. Il sagit de la traduction de lœuvre de Johannes Voigt, LHistoire du pape Grégoire VII et de son siècle, dont le premier volume paraît chez A. Vaton en 1854.

40 Ibid., p. 1021.

41 Ibid., p. 1025.

42 Ibid., p. 1038.

43 Jules Barbey dAurevilly, Les Œuvres et les Hommes, éd. citée, série iie, vol. 1, 2007, p. 340.

44 Jules Barbey dAurevilly, Les Œuvres et les Hommes, éd. citée, série iie, vol. 1, 2006, p. 1026.

45 Ibid., p. 940.

46 Jules Barbey dAurevilly, Les Œuvres et les Hommes, éd. citée, série iie, vol. 1, 2007, p. 720.

47 Jules Barbey dAurevilly, Les Œuvres et les Hommes, éd. citée, série iie, vol. 2, 2009, p. 726. Barbey affirme quune empathie réciproque liait ces deux hommes. Dans larticle A. P. Floquet, on relève ces lignes : « [Bossuet] Cet imberbe écolier dans lequel Condé semblait reconnaître quelque chose de son jeune génie à Rocroy, fut, dès les premier pas, le lion de son époque, ainsi que nous disons maintenant, et cette faveur méritée qui saccrut toujours et qui ne défaillit jamais, le suivit jusque dans sa vieillesse. » (2013, p. 179).

48 Jules Barbey dAurevilly, Les Œuvres et les Hommes, éd. citée, série iie, vol. 1, 2006, p. 442.

49 Ibid., p. 1129.

50 Voltaire, Le Siècle de Louis XIV, 3 t., nouvelle édition, augmentée dun très grand nombre de remarques, par M. de la B…, Francfort, Chez la veuve Knoch et J. G. Elsinger, 1753, t. I., p. 70.

51 Jules Barbey dAurevilly, Les Œuvres et les Hommes, éd. citée, série iiie, vol. 1, 2013, p. 766.

52 Ibid., p. 799.

53 Jules Barbey dAurevilly, Les Œuvres et les Hommes, éd. citée, série ire, vol. 1, 2004, p. 212.

54 Jules Barbey dAurevilly, Les Œuvres et les Hommes, éd. citée, série iie, vol. 1, 2006, p. 387.

55 Voir Jules Barbey dAurevilly, Les Œuvres et les Hommes, éd. citée, série iie, vol. 2, 2009, p. 235.

56 Voir Jules Barbey dAurevilly, Les Œuvres et les Hommes, éd. citée, série iiie, vol. 2, 2014, p. 182.

57 Jules Barbey dAurevilly, Les Œuvres et les Hommes, éd. citée, série iiie, vol. 1, 2013, p. 208.

58 Ibid., p. 39.

59 Jules Barbey dAurevilly, Les Œuvres et les Hommes, éd. citée, série ire, vol. 1, 2004, p. 210.

60 Ibid., p. 63.

61 Ibid., p. 459, 529.

62 Jules Barbey dAurevilly, Les Œuvres et les Hommes, éd. citée, série iie, vol. 1, 2007, p. 213.

63 Jules Barbey dAurevilly, Les Œuvres et les Hommes, éd. citée, série iiie, vol. 1, 2013, p. 381.

64 Ibid., p. 179.

65 Jules Barbey dAurevilly, Les Œuvres et les Hommes, éd. citée, série iie, vol. 1, 2006, p. 427.

66 Jules, Barbey dAurevilly Jules, Les Prophètes du passé, Paris, Léon Hervé, 1851.

67 Il sagit du sermon connu sous le nom de Sermon sur lunité de lÉglise.

68 Jules Barbey dAurevilly, Les Œuvres et les Hommes, éd. citée, série iie, vol. 1, 2007, p. 70.

69 Voir Marie-Françoise Melmoux-Montaubin, « Grandeur et décadence de la presse au xixe siècle selon Jules Barbey dAurevilly », dossier Barbey polémiste, éd. Pierre Glaudes et Marie-Catherine Huet-Brichard, Littératures, no 58-59, 2008, p. 95.

70 Jules Barbey dAurevilly, Les Œuvres et les Hommes, éd. citée, série iiie, vol. 1, 2013, p. 141. En ce qui concerne la citation de Bossuet, voir supra.

71 Jules Barbey dAurevilly, Les Œuvres et les Hommes, éd. citée, série iie, vol. 1, 2007, p. 368.

72 Caroline Sidi, « Limaginaire du combat dans la critique aurevillienne », dossier Barbey polémiste, éd. Pierre Glaudes et Marie-Catherine Huet-Brichard, Littératures, no 58-59, p. 114.

73 Voir ibid., p. 368, n. 17, que nous citons en entier : « “Cest une pointille indigne de théologiens de contester la réserve de communion pour les malades, puisquon demeure daccord de celle quon en faisait durant la santé”, Bossuet, Déf. De la trad. sur la communion, ii, 15 ». Selon Littré, pointille signifie : « contestation, dispute sur un sujet fort léger », et pointillerie signifie : « picoterie, contestation sur les bagatelles ». Le Littré dit ceci à propos de la lexie que met en évidence Barbey : « pointillerie. xviie siècle. Dérivé de pointiller. Vieilli. Contestation sur des bagatelles ; esprit de chicane. Entre eux, ce ne sont que continuelles pointilleries. » Le Grand Robert de la langue française, quant à lui, dit ceci : « Pointillerie. 1. Vx ou littér. Chicane, contestation futile ou mesquine – 2. Pointillage. 2. Parole blessante, petite vexation – Pointe (iv., 4), pointille ».

74 On relève également le conditionnel passé 2e forme, « eût dit Bossuet » (Jules Barbey dAurevilly, Les Œuvres et les Hommes, éd. citée, série iie, vol. 2, 2009, p. 750).

75 Catherine Mayaux « Références et citations littéraires comme instruments polémiques dans lœuvre critique de Barbey dAurevilly », dossier Barbey polémiste, éd. Pierre Glaudes et Marie-Catherine Huet-Brichard, Littératures, no 58-59, 2008, p. 168.

76 Ibid., p. 177.

77 Lydie Parisse, « Le phénomène visionnaire dans Un prêtre marié. La perte de soi comme arme polémique », dossier Barbey polémiste, éd. Pierre Glaudes et Marie-Catherine Huet-Brichard, Littératures, no 58-59, 2008, p. 214.

78 Gaëlle Guyot, « Introduction » à Barbey dAurevilly Jules, Les Œuvres et les Hommes, éd. Pierre Glaudes et Catherine Mayaux, Paris, Belles Lettres, série iiie, vol. 1, 2013, p. 20.

79 Jules Barbey dAurevilly, Les Œuvres et les Hommes, éd. citée, série iiie, vol. 1, 2013, p. 208.

80 Jules Barbey dAurevilly, Les Œuvres et les Hommes, éd. citée, série ire, vol. 1, 2004, p. 260.

81 Pierre Glaudes, « Barbey et la parabole », dossier Barbey polémiste, éd. Pierre Glaudes et Marie-Catherine Huet-Brichard, Littératures, no 58-59, 2008, p. 233-235.