Éditorial Les habits neufs de M. de Meaux
- Type de publication : Article de revue
- Revue : Revue Bossuet
2015, n° 6. Réceptions de Bossuet au xixe siècle - Auteur : Ferreyrolles (Gérard)
- Pages : 9 à 10
- Revue : Revue Bossuet
- Thème CLIL : 4027 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Lettres -- Etudes littéraires générales et thématiques
- EAN : 9782812461002
- ISBN : 978-2-8124-6100-2
- ISSN : 2494-5102
- DOI : 10.15122/isbn.978-2-8124-6100-2.p.0009
- Éditeur : Classiques Garnier
- Mise en ligne : 04/04/2016
- Périodicité : Annuelle
- Langue : Français
ÉDITORIAL
Les habits neufs de M. de Meaux
La nouveauté chez Bossuet cousine dommageablement avec l’hérésie. Gageons toutefois qu’il n’eût pas jugé défavorablement de l’évolution choisie pour la revue qui porte son nom. Il ne s’agit pas en effet de suivre une autre orientation que celle qui a toujours été la nôtre d’une approche à la fois amicale et sereinement objective de son œuvre, mais d’un changement de domiciliation et donc de facture éditoriales.
Depuis un nombre appréciable d’années, et du temps même du bulletin Les Amis de Bossuet, nous travaillions avec les Éditions Nolin dont le directeur, Christophe Chantreau, nous a toujours fidèlement secondés, mais les difficultés de l’époque ne permettent plus à certaines entreprises en quelque sorte artisanales de persévérer dans leur activité. Nous avons donc rejoint une maison stable et reconnue, les Éditions Classiques Garnier qui, dans leur expansion remarquable, regroupent un nombre croissant de revues comparables à la nôtre – le Bulletin de la Société Paul Claudel, les Cahiers Mérimée, les Cahiers Tristan l’Hermite, la toute jeune Revue d’études proustiennes et beaucoup d’autres encore. Ce regroupement nous assure, outre une efficacité professionnelle dans la gestion de nos tapuscrits, un double bénéfice en termes financiers – grâce aux économies d’échelle – et en termes de « visibilité » : non seulement la Revue Bossuet se trouvera à la librairie Classiques Garnier du 6 rue de la Sorbonne, mais elle figurera dans le catalogue très largement diffusé de notre nouvel éditeur et dans la Bibliographie Littéraire de la France récemment mise en ligne, qui procède à un référencement détaillé des revues et permet même aux sociétaires et auteurs qui le souhaiteront un accès immédiat au contenu de la revue et à ses articles. Ce changement nous ouvre un autre espace, beaucoup plus vaste, de diffusion, qui nous impose de rester plus que jamais fidèles au choix que nous avons fait d’une rigueur universitaire dans la qualité des textes et de leur lisibilité par le grand public cultivé.
Avec le présent numéro, nous avons toutes raisons de penser que ces exigences conjointes ont été respectées dans la confrontation passionnante des lectures que le xixe siècle a menées de l’œuvre de Bossuet et des jugements qu’il a portés sur sa personnalité comme sur son action. C’est un siècle pivot dans la réception de Bossuet, l’Empire et la Restauration ayant marqué pour lui la sortie du « purgatoire » où l’avait confiné le siècle des Lumières avant qu’à cette unanimité quelque peu factice succède le clivage mémoriel de la IIIe République qui va poser, comme l’analyse brillamment Stéphane Zékian dans L’Invention des classiques, en Bossuet et en Voltaire deux « figures concurrentes d’identification nationale ». Tout ne pouvait être dit des lectures dix-neuviémistes de Bossuet, mais nous n’avons convoqué que de grands noms : Joseph de Maistre, Balzac, Lamennais, Lamartine, Flaubert, Huysmans – et si Chateaubriand manque à l’appel, c’est que son rapport à Bossuet a déjà été étudié de façon magistrale par Emmanuelle Tabet dans sa grande thèse sur Chateaubriand et le xviie siècle. Pour chacun de ces auteurs, des spécialistes éminents ont conjugué l’érudition avec la clarté, multipliant les points de vue contrastés – littéraires, philosophiques, théologiques, politiques – dans un miroitement où chaque lecteur d’aujourd’hui pourra peu ou prou trouver le reflet anticipé de ses propres réactions. Grâces soient rendues à Anne Régent-Susini pour avoir réuni ces contributeurs le 27 septembre 2014 en Sorbonne et rassemblé leurs communications dans ce volume nouveau ! Nous ne pouvions mieux accompagner l’élan que donne à la Revue Bossuet, et par elle à notre Association, notre nouveau partenariat éditorial.
Gérard Ferreyrolles
Président des Amis de Bossuet