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Classiques Garnier

Résumés

  • Type de publication : Article de collectif
  • Collectif : Relire L’Éducation sentimentale
  • Pages : 343 à 347
  • Collection : Rencontres, n° 331
  • Série : Études dix-neuviémistes, n° 39
  • Thème CLIL : 4027 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Lettres -- Etudes littéraires générales et thématiques
  • EAN : 9782406074595
  • ISBN : 978-2-406-07459-5
  • ISSN : 2261-1851
  • DOI : 10.15122/isbn.978-2-406-07459-5.p.0343
  • Éditeur : Classiques Garnier
  • Mise en ligne : 05/12/2017
  • Langue : Français
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Résumés

Yvan Leclerc, « LÉducation sentimentale ou la “difficulté de trouver un bon titre” »

Le titre LÉducation sentimentale, si évident pour le lecteur daujourdhui, a connu une genèse compliquée. Bien que présent dès le premier scénario, Flaubert ne sy résout que tardivement, plus quil ne le choisit. Ce titre paraît en effet trop restreint pour le contenu du roman, sauf si, en passant par lhéritage rousseauiste, on lui donne une extension telle quil convienne à toute la génération de 1848.

Éric Le Calvez, « Topographie et poétique du récit »

Flaubert a soigné ses descriptions en écrivant ses œuvres, ses manuscrits en témoignent, et LÉducation sentimentale néchappe pas à cette règle. Initialement basées sur des principes réalistes (lauteur doit respecter lespace tel quil est ainsi que les détails historiques des années 1840-1850), elles échappent à un simple souci de représentation, étant liées aux sensations des personnages et à laction, où elles jouent un rôle symbolique.

Stéphanie Dord-Crouslé, « Le personnage de Madame Arnoux »

Parmi les personnages féminins de LÉducation sentimentale, Mme Arnoux occupe une place particulière. Épouse et mère bourgeoise, elle ne paraît dotée daucune épaisseur psychologique propre. En outre, la dimension idéale dabord conférée à son personnage sestompe tandis que se manifeste au contraire, de plus en plus clairement, une médiocrité constitutive, résultant de complexes et sourds processus de dégradations physiques et morales.

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Boris Lyon-Caen, « Intérieur avec vue. Frédéric est-il un personnage de roman ? »

Flaubert prête à ses personnages les plus caractérisés un ensemble démotions, de croyances et didées. Mais il occupe leur psyché, dispose de cette vie donnée comme « intérieure » – et dépersonnalise, étrangement, Frédéric. Selon quelles stratégies ? Et à quelles fins ? Pourquoi et comment repenser, sur fond d« extimité » (Lacan), lhypothèse dune psychologie romanesque ?

François Vanoosthuyse, « La narration par “plans” dans LÉducation sentimentale »

Cet article décrit différents usages de la technique du découpage mise au point par Flaubert dans LÉducation sentimentale.

Éléonore Reverzy, « Le romanesque dans LÉducation sentimentale »

Le lecteur de LÉducation sentimentale est frappé par les rencontres et coïncidences qui ponctuent le récit. Elles rappellent un romanesque ancien dont dautres topoï (la rencontre est le plus célèbre) sont repris par Flaubert. Cest à la fonction de cette topique quest consacrée cette étude.

Guy Larroux, « “Il parle bien, Frédéric Moreau” »

LÉducation sentimentale est une mine pour qui sintéresse aux rites dinteractions. Il sagit, dans cet article, de reconsidérer le dialogue et en particulier la parole dun héros qui semble peu respectueux des règles de la conversation. Parmi les maximes de Grice, nous faisons un sort particulier à la règle de quantité car elle éclaire singulièrement le comportement dun Frédéric Moreau souvent laconique mais capable à loccasion de « bien parler ».

Gilles Philippe, « 1857-1869 : un changement de style ? »

LÉducation sentimentale serait, dit-on, le chef-dœuvre stylistique quannonçait Madame Bovary. Le roman de 1869 na pourtant pas totalement levé les contradictions qui sobservaient dans les choix rédactionnels du roman de 1857. Cest ce qui apparaît, si lon étudie toute une gamme de faits grammaticaux ou énonciatifs et quon les rapporte aux tendances évolutives générales de la prose narrative du temps.

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Jeanne Bem, « LÉducation sentimentale : modernité et mobilité »

Lidée de départ est que Flaubert est un romancier de la vie moderne. Modernité, urbanisation et mobilité vont de pair. Madame Bovary était déjà un roman de société et un roman de la Ville, comme le montre lanalyse dune scène de rue, lépisode du fiacre. Larticle explore ensuite diverses modalités de la mobilité urbaine dans LÉducation sentimentale, avec des références à Baudelaire, à Claude Monet, à Georges Perec, au cinéma et à la sociologie.

Christophe Reffait, « Logiques de largent et du récit dans LÉducation sentimentale »

Largent est omniprésent dans LÉducation sentimentale. Il ne se présente pas seulement comme affleurement textuel des prix et salaires des années 1840-1850, mais aussi comme puissance de configuration du récit, dans la mesure où les relations de crédit et la problématique de lérosion du patrimoine sont primordiales dans le roman. Simultanément, ce roman de la révolution laisse entendre lampleur des inégalités de revenus au xixe siècle.

Nicolas Bourguinat, « De Séville à Barcelone. LEspagne dans LÉducation sentimentale »

Rattaché à Madame Arnoux, avec son physique dAndalouse, et plus généralement à limagerie costumbrista, le thème de lEspagne prend un tour séducteur et fascinant, mais pour mieux tourner au fiasco dans la scène, trop rarement commentée, du « patriote de Barcelone », dont lapparition ruine les ambitions politiques de Frédéric, en même temps que, incarnant lhispanité sous les traits dun histrion, il réduit à néant la rêverie orientalisante quil projetait sur lhéroïne de LÉducation.

Gisèle Séginger, « Lhistoire des sentiments et des émotions »

« 89 a démoli la royauté et la noblesse, 48 la bourgeoisie et 51 le peuple. Il ny a plus rien, quune tourbe canaille et imbécile. – Nous sommes tous enfoncés au même niveau dans une médiocrité commune. Légalité sociale a passé dans lEsprit. » Ayant perdu ses grands sujets, lhistoire nest plus interprétée dialectiquement. Sinspirant de la manière décrire lhistoire de Michelet et de celle de la penser de Tocqueville, Flaubert raconte lhistoire morale de sa génération et anticipe sur lhistoire moderne des sensibilités.

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Jacques Neefs, « Le sentiment politique dans LÉducation sentimentale »

Flaubert, avec LÉducation sentimentale, développe une sorte dhistoire « à rebours », créant dans la durée longue du livre et par lintensité prosodique de lœuvre, un état de perception sensible par fragments successifs, et limprégnation proprement poétique dun « sentiment ». Ce sentiment est « politique » en ce quy sont impliquées les défaites dune aspiration et la violence du pouvoir, mais aussi lidée de liberté, dans linquiétude dun temps.

Pierre Glaudes, « Avatars du religieux dans LÉducation sentimentale »

« Histoire morale » dune génération, LÉducation sentimentale enregistre, parmi dautres phénomènes, les manifestations de la sécularisation. Dans les années 1840 où il situe son récit, Flaubert nappréhende pas ce phénomène comme une irrémédiable dégénérescence du religieux : il observe au contraire les conditions dans lesquelles, dans les domaines politique et sentimental, sopère un « transfert de contenus, de schèmes et de modèles » élaborés à lorigine « dans le champ théologique » (G. Waterlot).

Fabrice Wilhelm, « Amitié et envie dans LÉducation sentimentale » 

La question de lenvie, au sens du second péché capital, prend une importance centrale dans LÉducation sentimentale dont une des particularités narratives est de représenter un « héros », Frédéric, explicitement envié par son meilleur ami, Deslauriers. Lamitié et lenvie ne doivent plus être envisagées dans le seul cadre des comportements privés : leur relation engage une réflexion sociale et politique sur les possibilités de la philia dans la société moderne.

Juliette Azoulai, « “Le bonheur peut y tenir”. Conceptions du bonheur dans LÉducation sentimentale »

Il y a un paradoxe à envisager LÉducation sentimentale de Flaubert sous langle du bonheur, la réception de lœuvre mettant généralement laccent sur limpression de tristesse qui se dégage du livre. Il sagit pourtant dans cet article de saisir dans quelle mesure ce roman propose une véritable réflexion sur le bonheur – une eudémonologie en somme, selon le terme inventé par Schopenhauer pour désigner lart dêtre heureux.

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Jacques-David Ebguy, « “Quel est le sens de tout cela ?” LÉducation sentimentale, roman du retrait »

Cet article examine les modalités et les effets de lécriture flaubertienne du retrait, de sa singulière dramaturgie du sens. Quatre modes darticulation entre présence et absence des significations, quatre visages de lÊtre, sont plus précisément analysés – le battement, le vide, louverture et lambiguïté. Un triangle se dessine : LArt – malmenant la raison narrative et transfigurant lexistence – rend sensible et anime lécart entre le Sens et la Vie.