Résumés
- Type de publication : Article de collectif
- Collectif : Regards croisés sur la Rome ancienne et les Lumières
- Pages : 421 à 425
- Collection : Rencontres, n° 577
- Thème CLIL : 4027 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Lettres -- Etudes littéraires générales et thématiques
- EAN : 9782406146872
- ISBN : 978-2-406-14687-2
- ISSN : 2261-1851
- DOI : 10.48611/isbn.978-2-406-14687-2.p.0421
- Éditeur : Classiques Garnier
- Mise en ligne : 21/06/2023
- Langue : Français
Résumés
Ida Gilda Mastrorosa, « Introduction. En revenant sur Rome par des chemins différents »
Cette introduction propose de souligner l’utilité de se servir de lentilles disciplinaires variées pour étudier l’approche de la Rome antique, de son histoire et de ses institutions par des membres d’élites culturelles et sociales du siècle des Lumières. Dans ce but, on se focalise sur des témoignages tirés de plusieurs domaines et sur la mise en valeur de la signification des vestiges conçue à cette époque-là comme collectionnisme de plus en plus conscient même sur le plan méthodologique.
Thomas E. Strunk, « Cato of Utica on the 18th Century Stage »
Caton d’Utique a fait son apparition sur la scène littéraire au début du xviiie siècle avec la représentation de la tragédie sur Caton par Joseph Addison en 1713. Le Caton d’Addison a été traduite en français, et des drames sur la mort de Caton ont bientôt suivi, écrits en français par François-Michel-Chrétien Deschamps et en allemand par Johann Christoph Gottsched. Les femmes, en particulier Luise Gottsched et Elise Reimarus, allaient aussi jouer un rôle important dans la réception de Caton.
Ida Gilda Mastrorosa, « Pompée stratège de la dissimulation pendant le siècle des Lumières. Les reproches parallèles de Montesquieu et de Mably »
Cette contribution analyse l’image de Pompée proposée par Montesquieu et Mably. Alors que le premier le tenait pour responsable de l’initiale attaque sérieuse contre le modèle politique de la Rome antique grâce aussi à ses stratégies de dissimulation, le second en stigmatisait la conduite en tant qu’homme plongé dans des machinations infructueuses, prêt à penser pouvoir manipuler ses adversaires à son profit, responsable d’avoir ouvert la voie à une gestion oligarchique du pouvoir.
422M. Stefania Montecalvo, « Le baron de Sainte-Croix et l’empire. Les pouvoirs d’Auguste entre dissimulation et réalité historique »
Pendant le printemps-été 1793, le baron de Sainte-Croix présenta à l’académie des Inscriptions et Belles-Lettres des mémoires sur l’autorité d’Auguste selon le témoignage de Dion Cassius, les Res gestae et d’autres vestiges archéologiques. Auguste est considéré très négativement, mais, en accord avec l’histoire providentielle, le princeps mériterait « la gratitude du genre humain », comme sauveur de la « civilisation » et pour avoir permis la véritable fermeture du temple de Janus.
Umberto Roberto, « Dioclétien, empereur philosophe. À propos de quelques articles du Dictionnaire philosophique (1764) de Voltaire »
L’Empire romain est pour Voltaire une période-clé dans l’histoire du progrès humain. Mais la civilisation romaine décline du fait de la diffusion du christianisme condamné par le philosophe. Nous analysons certains articles du Dictionnaire philosophique, notamment le jugement de l’auteur sur les empereurs qui, entre les iiie et ive siècles, ont marqué l’essor de la christianisation du monde romain. Voltaire admire Dioclétien, en raison de la lutte qu’il a menée contre le christianisme.
Stefano Trovato, « Julian: model of tolerance for the Enlightenment or a blood-thirsty persecutor for Christian apologists? »
Cette étude analyse la façon dont les écrivains italiens considèrent un aspect particulier de l’interprétation de la Rome antique au siècle des Lumières – à savoir la conception de l’empereur Julien comme souverain sage et tolérant – dans le cadre de la description voltairienne de Rome avec tolérance. Plus précisément, on remarque que certains écrivains italiens qui se sont opposés aux Lumières proposent plusieurs appréciations de l’Apostat dans leurs défenses du christianisme.
Katherine East, Federico Santangelo, « Ancient Gods and Enlightenment Theories of Idolatry. John Toland’s Third Letter To Serena »
Cet article examine la façon dont l’histoire de l’idolâtrie écrite par l’intellectuel radical John Toland (1670-1722) en 1704, dans ses Lettres à Serena, a affaire aux sources anciennes sur les pratiques religieuses païennes. 423En l’analysant dans le contexte de la notion d’« idolâtrie » et des développements scientifiques et intellectuels de l’époque des Lumières, notre étude évalue la contribution de Toland dans les débats religieux de l’Angleterre entre les xviie et xviiie siècles.
Jean-Jacques Tatin-Gourier, « L’opinion publique, la calomnie et la mémoire dans l’Essai sur les règnes de Claude et de Néron et sur les mœurs et les écrits de Sénèque (1782) »
Dans le premier chapitre de son ouvrage, Diderot examine les calomnies initiales contre Sénèque et leur impact sur sa mémoire. Diderot insiste sur l’irrationnel qui domine l’opinion dans les derniers temps de la tyrannie de Néron. Le philosophe insiste de plus sur la versatilité de cette opinion qui ne peut promouvoir une alternative politique. Le parallèle avec le dénigrement par Jean-Jacques Rousseau de ses anciens amis encyclopédistes revêt alors une importance fondamentale.
Daniel Kapust, « Three Images of Rome. Republicanism, History, and the American Experiment in Mercy Otis Warren’s History of the Rise, Progress, and Termination of the American Revolution »
Ce chapitre étudie la place de Rome dans l’œuvre de la jeune historienne américaine Mercy Otis Warren. Il examine trois images historiques de Rome. La première image est celle d’un modèle positif à imiter, la deuxième, celle de Rome vue comme modèle négatif à éviter, et la troisième, celle d’un prédécesseur à dépasser. Pour aller au-delà de Rome, et garantir la liberté de la république américaine, les Américains doivent éviter les erreurs de Rome, notamment la quête d’un empire.
Carlo Pelloso, « Tribunes and Negative Sovereignty in Rousseau’s The Social Contract »
Dans Le Contrat social, Rousseau esquisse une magistrature extra ordinem, simplement investie de pouvoirs négatifs en reformulant le modèle romain des tribuni plebis. L’approche semble indiquer que, quand un trait particulier de la République romaine était ouvertement anti-élitiste, Rousseau avait tendance à le critiquer, ou à le récupérer sous une nouvelle forme ; par contre, lorsque le modèle romain se révélait aristocratique, il avait l’habitude de le décrire le plus objectivement possible.
424Damien Crelier, « Historiographie et profondeur. Des arcana imperii de Tacite au projet de “dévoilement” de Saint-Simon »
Les similitudes entre Saint-Simon et Tacite ont été remarquées dès la fin du xviiie siècle ; la question n’avait cependant jamais fait l’objet d’une étude approfondie. Aussi s’agira-t-il ici de faire le point sur la présence de l’historien latin dans les Mémoires. Mais, au-delà des références explicites à Tacite, l’enjeu de cette étude est de comparer le refus saint-simonien d’une narration s’en tenant à l’« écorce » à la capacité de Tacite de sonder les profondeurs du pouvoir impérial.
Marco Cavalieri, « “Velleja […] est une des curiosités de ce siècle”. The Antiquitates of Veleia: collecting, archaeology and politics between Italy and France in the xviii century »
La ville de Velleja a été célébrée parmi les historiens comme la « Pompéi du Nord ». Le but de cet article est de situer la découverte de ce municipium romain dans le contexte historique et culturel du xviiie siècle. Les fouilles archéologiques, débutées en 1760, ont été immédiatement définies comme un tournant pour l’archéologie cisalpine naissante car elles encouragèrent le « culte » et l’étude du monde Antique dans l’Italie néoclassique, et cela, à des fins politiques ainsi que de recherche.
Irene Favaretto, « Collections d’antiquités et leur espace. Aménagements et décors dans les collections vénitiennes du xviiie siècle »
Du xvie au xviiie siècle à Venise et en Vénétie, les collections privées d’antiquités étaient nombreuses. La plupart ont été dispersées lors de la chute de la République de Venise, mais on a pu retrouver beaucoup des pièces qui sont actuellement exposées dans certains musées du monde entier. Le but est d’en recomposer au moins virtuellement l’aspect. Dans certains cas, leur décor a pu être rétabli, grâce à des documents d’archives et à des dessins, comme pour la Tribune Grimani.
François Pugnière, « Héritage antique et identité urbaine. Nîmes au siècle des Lumières »
Célèbre pour ses antiquités, Nîmes connut à la Renaissance l’émergence de constructions rhétoriques fondant sa légitimité. À la fin du xviie siècle 425s’épanouit toutefois une histoire « raisonnée », s’affirmant dans les années 1730-1750, qui ancra davantage l’héritage antique dans une perspective « universelle », en tant que mesure du goût. La mise en valeur, puis la restitution des monuments qui en découla dans les années 1770-1810, marqua et marque encore durablement l’espace urbain de la cité.