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Classiques Garnier

Index des proverbes et des locutions proverbiales

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INDEX DES PROVERBES
ET DES LOCUTIONS PROVERBIALES

Figurent ici, par ordre alphabétique du mot principal, les proverbes et sentences relevés des six pièces de ce volume.

I : Le Jeu de Pierre de La Broce ; II : Le Dit des quatre offices de l’ostel du roy ; IIIA, IIIB, IIIC : Le Jeu du Cœur et les cinq sens écoliers ; IV : Le Jeu des sept pechiés et des sept vertus ; V : L’Alliance de Foy et de Loyauté ; VI : Le Jeu de Pelerinage de vie humaine.

Le relevé et l’interprétation des proverbes se fondent sur les ouvrages suivants :

J. Leroux de Lincy, Le Livre des Proverbes français (Paris, 1859) Genève, Slatkine reprints, 2 vols., 1968 [abrégé : Leroux].

J. Morawski, Proverbes français avant le xve siècle, Paris, Champion, 1925 [abrégé : Mor.].

Randle Cotgrave, A Dictionarie of the French & English Tongues, Reproduced from the first edition, London, 1641, with introduction by William S. Woods, University of South Carolina Press, Columbia, 1950, second printing [abrégé : Cot.].

J. W. Hassel, Middle French proverbs, Sentences, and Proverbial phrases, Toronto, Pontifical Institutes, 1982 [abrégé : Has.].

E. Schulze-Busacker, Proverbes et expressions proverbiales dans la littérature narrative du Moyen Âge français : recueil et analyse, Genève, Slatkine ; Paris, Champion, 1985 [abrégé : SchB].

Giuseppe Di Stefano, Dictionnaire des locutions en moyen français, Montréal, CERES, 1991 [abrégé : Di Stef.]. R. Bidler et G. Di Stefano, Toutes les herbes de la Saint-Jean : les locutions en moyen français, Montréal, CERES, 1993 [abrégé Bid. /Di Stef.].

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Ami : Au besoin voit on l’ami (IV 298). Mor. 170 ; Has. A100 ; Leroux, II, 231-232. Voir Mistére du Viel Testament, éd. J. de Rothschild (SATF), 6 vols, Paris, Firmin-Didot, 1878-1891, v. 36006, 36016, 36026 : « Au grant besoing on congnoist ses amis ».

Ami : Son ami puet on au besoin / Essaier. (I 167-168). Sens : « le véritable ami se révèle lorsqu’on a besoin de lui. » SchB. 170 : Au besoing voit on l’ami, ou 171 : Au besoing voit on qui ami est.

Bouton : Ne valent mye .ii. boutons (IV 427). Sens : « ne valent rien ». Voir l’expression « valoir un bouton », Has. B166. ; Bid. / Di Stef. 82.

Chaiau : Or as esté com li chaiaus / Qui runge les sollers son mestre (I, 149-150). Absent des compilations consultées. L’ingratitude canine ici évoquée est proche de SchB. 2365 : Tel paist le chien de son pain qui le mort a la main.

Chastel : Bon chastel et son ame garde / Qui son cuer tient bien en sa garde (III, C9-10). Proverbe Bon chatel garde qui son cors garde relevé dans Leroux, II, 161 ; Mor. 270 ; SchB. 270.

Compaingnie : Avec bonne compaingnie / Fait il bon joyë mener (II 487-488). Le distique final du Jeu des quatre offices est un refrain chanté répandu depuis la seconde moitié du xiiie siècle. Son premier vers est connu sous deux formes (Avoec telle compaignie ; en si bonne compaignie) dont Eustache Deschamps offre en quelque sorte une synthèse. Plusieurs œuvres antérieures l’ont utilisé. Ce sont des ouvrages narratifs à insertion lyrique, comme le satirique Renart le Nouvel de Jacquemart Giélée (1289). Il apparaît aussi dans des poèmes construits à travers un tissage de citations, comme le salut d’amour du manuscrit de Paris, BnF, ms. fr. 837, fo 253d-255a. Le refrain est surtout lié à des jeux spectaculaires. Jacques Bretel le cite dans Le Tournoi de Chauvency, commémoration des fêtes organisées en 1285 par le comte de Chiny. Il est aussi l’une des répliques fameuses de Marion dans Robin et Marion d’Adam de la Halle : elle salue par lui l’arrivée des bergers et le début de leurs divertissements. La relation du refrain Avec telle compaignie avec l’art du spectacle et avec les fêtes de cour a pu inciter Eustache à terminer le Dit des quatre offices par un chœur entonnant ce distique connu du public. Voir N. van den Boogaard (éd.), Rondeaux et refrains du xiie au début du xive siècle, Paris, Klincksieck, 1969, refr. 200.

Coyart : Oncque coyart n’out belle amie (IV, 31). Sens : « Jamais le lâche aura une belle amie. » Has. C319 ; Bid. / Di Stef. 150. Voir Jean Molinet, Faictz et dictz, éd. N. Dupire, Paris, SATF, 1936-1939, II, 659 : Ja couart n’ara belle amie. Cot. : « faint heart never woon faire ladie ».

Denier : Denier vont toust, mains tard revinent (IV, 304). Cette formulation proverbiale est absente dans Mor. et Has.

Dieu : Dieu, mort, ciel [et] d’enfer la rage / Soyent toujours en ton corage (III, A15-16). Citation du distique Celum, mors, orcus et quicquid denique possint / Ante tue mentis, quocumque meas, oculos sint qui figure dans le Facetus. Rédigé au xiie siècle pour sa première version, cet ensemble didactique en hexamètres latins développe les Disticha Catonis et

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donne des conseils de bonne conduite. Il était particulièrement utilisé dans l’enseignement des petites écoles. Voir Le Facet en françoys (éd. et trad. du texte latin), éd. J. Morawski, Poznan, 1923, v. 30-31.

Dieu : Aidez vous, Dieu vous aidera (III, C110). Di Stef. 261 ; Bid. / Di Stef. 189 ; Has. 88.

Dolant : Plus arat / certes et plus dolant morat (IV, 1922-1923). Cette formulation proverbiale est utilisée comme refrain dans une ballade débitée par La Mort dans la Moralité du Lymon et la Terre (Recueil Trepperel, no XIX).

Home : Car home qui out et riens n’entent / Est come ceulx qui chace et rien ne prent (IV, 1006). Refrain de chanson ? Proverbe ? Absent dans Mor., mais relevé dans Has. B46 : « Besogne entreprise sans parfaire n’est que chasse sans prinse » (Perceforest, xive siècle).

Larron : Qui le larron torne de pendre / Ja li lerres ne l’amera (I, 44-45). Sens : « Qui sauve un voleur de la pendaison ne reçoit que sa haine ». Leroux, II, 492. Forme d’un proverbe dont on connaît des variations : Lerres n’amera ja celui qui le respite des fourches, Mor. 1048 ; SchB 1048 ; Li leres ne meregie qui lo restore de pendre, Mor. 1088.

Mal : Qui mal fet (…) mal trovera (I, 277-278). SchB. 1983. Proverbe fréquent, comme son antonyme Qui bien fera bien trouvera, SchB. 1843. Il est inspiré de la Bible (l’Escripture), particulièrement Prov. 11-19 : « Qui poursuit le mal trouve la mort ».

Nasse : Et car de soy fait une nasse / A l’ecole grant mal amasse (III, B49-50). Citation d’un distique des Dits et proverbes des sages : « Car qui fait de s’oreille nasse / Grant tourment a son cœur amasse ». Les Dits et proverbes des Sages, texte largement répandu depuis le milieu du xive siècle, propose un enseignement moral sous forme de quatrains rimés. Chaque quatrain est attribué à un penseur ou poète ou personnage biblique. Voir Les Diz et proverbes des sages (Proverbes as philosophes), éd. J. Morawski, Paris, PuF, 1924, quatrain 47, v. 3-4.

Oreille : Qui ne se met puce en l’oreille (III, C11). Sens : « qui ne s’inquiète pas ». Di Stef. 735 ; Bid. / Di Stef. 499-500.

Pain : Pain et vin / Qui est viande a pelerin (VI, 426-427). Mor. 1578 : Pain et vin est viande a pelerin. L’importance de la communion comme viatique du pèlerin est un lieu commun des prêches depuis le xiiie siècle. Voir J. Bataillon, La Prédication au xiiie siècle en France et Italie, Ashgate, 1993, p. 208, N. Bériou, L’avènement des maîtres de la parole, la prédication à Paris au xiiie siècle, Paris, Institut des études augustiniennes, 1998, t. 1, p. 551.

Poisson : Plus aise que poisson qui noe (I, 88). Sens : « être heureux comme un poisson dans l’eau. » Leroux, 126, Bid. / Di Stef. 485 : « Aise comme un poisson qui noe ».

Pendre : Il covient rendre ou pendre (IV, 1813). Sens : « Il faut rendre ou bien c’est la pendaison ». Mor. 1571 ; Bid. / Di Stef. 456 : « Ou pendre ou rendre ». Proverbe tiré de la Complainte du prévot Hugues Aubryot (1381). Voir Has. R24 ; Leroux, II, 412 : « Rendre ou pendre / Ou le gibet d’enfer attendre »

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(xvie s.). Voir Pathelin, le Drappier à Guillemette, v. 817 : « Il couvint rendre ou pendre ». Cot. : « Ou rendre, ou pendre, ou mort d’enfer attendre », « A thiefe must restore, or be hanged, or look to be damd ».

Reverture : Que tu viens en ta reverture … Quar mauvés est de tel nature (I, 56 et 62). Sens de la locution : « La nature du méchant revient toujours au galop. » Mor. 1329 : Nature a reverture. Ici, c’est la nature vicieuse de Pierre de La Broce qui est soulignée. Dans la Complainte de Pierre de la Broce, c’est son vilains cuers : Neporquant je fesoie selon ma reverture / Car vilains cuers si doit reperier a nature (éd. citée, 536, v. 55-56).

Rime : Rime y soit, maiz sans raison (III, C142). Leroux, II, 496. Variation sur le proverbe faire rime sans raison, Bid. / Di Stef. 521.

Tart : Plus tart se fait et pis en vient (III, A136) ; Variation sur le proverbe Mieux vaut tost que tart, Has. T63 ; Mieux vaut tart que jamais, Has.T13, et Mieulx vault tost que tart, et tart que jamais, Bid. / Di Stef. 597.