Aller au contenu

Classiques Garnier

Résumés

  • Type de publication : Article de collectif
  • Collectif : Quand l’art se dit et se pense. Les théories artistiques de l’Antiquité aux Lumières
  • Pages : 393 à 397
  • Collection : Rencontres, n° 310
  • Série : Lectures de la Renaissance latine, n° 10
  • Thème CLIL : 4027 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Lettres -- Etudes littéraires générales et thématiques
  • EAN : 9782406063995
  • ISBN : 978-2-406-06399-5
  • ISSN : 2261-1851
  • DOI : 10.15122/isbn.978-2-406-06399-5.p.0393
  • Éditeur : Classiques Garnier
  • Mise en ligne : 04/07/2018
  • Langue : Français
393

Résumés

Sylvie Perceau, « Avant la théorie. Mimèsis, poièsis, ekphrasis dans la poésie homérique »

Les ekphraseis homériques illustrent la façon dont lartiste archaïque conçoit sa création et obligent à reconsidérer la conception platonicienne du poiètès dépossédé de sa raison par un dieu ou pratiquant en magicien lart de lillusion. Il réalise des objets au destinataire unique dont la qualité exceptionnelle suscite ladmiration (thaûma). Artisan talentueux, il rend visible la tekhnè dans lobjet « bien achevé » qui vise non l« illusion de vie », mais le plaisir esthésique (terpsis).

Leopoldo Iribarren, « Le bouclier dAchille (Iliade, XVIII) comme objet théorique de lAntiquité tardive au xviiie siècle. Entre la concordance des arts et leur différence spécifique »

Cette étude retrace lhistoire de la réception conjointe de deux textes : le bouclier dAchille (Iliade, XVIII, 478-608) et laphorisme de Simonide qui dit « la peinture est une poésie muette et la poésie une peinture parlante ». La thèse est que le couple formé par ces deux textes – considéré comme un objet théorique à part entière – a contribué à donner forme à la réflexion sur le rapport entre arts de la parole et arts visuels au cours de quinze siècles.

Giorgio IeranÒ, « Les arts figuratifs, daprès la tragédie grecque »

Cet article analyse les différentes façons dont les images des arts figuratifs sont envisagées dans les textes de la tragédie grecque, des références explicites aux peintures et aux sculptures à lemploi des termes artistiques dans la poésie dramatique. Il étudie le lien entre le théâtre et les arts visuels, peinture et sculpture, à partir de la notion dópsis, en sappuyant sur les réflexions philosophiques contemporaines, de Gorgias à Platon, sur le pouvoir des images artistiques.

394

Gabrièle Wersinger Taylor, « Aux sources de lArt. Les concepts d“art nouveau” et de “génie” dans lélaboration de la théorie de la poièsis en Grèce ancienne »

Un examen du lexique grec ancien des notions de production, denfantement, de naissance, de genèse et de généalogie, dinvention et dinnovation (Homère, Hésiode, Les Hymnes homériques, le Papyrus de Derveni, Parménide, Empédocle, Platon, la tradition du prôtos heuretès, les néo-musiciens Timothée de Milet et Agathon) montre que lassimilation de ces notions est surtout orphique et culmine avec la Kainè mousikê.

Giovanni Lombardo, « Les métaphores de la construction dans la poétique ancienne »

Lattention que les Anciens portaient à la technique et à lhabileté manuelle se traduit par lusage de comparer les poèmes aux produits de la charpenterie et de lart de bâtir. Cet article étudie les diverses métaphores engendrées par ce rapprochement, les analogies reliées à lidée de kósmos en tant que construction harmonique, le rapport entre construction et illusion, en particulier chez Denys dHalicarnasse dans sa théorie de la composition stylistique.

Frédérique Ildefonse, « Le feu artiste »

Cet article cherche à comprendre ce que lexpression stoïcienne de « feu artiste » (pûr tekhnikon), qui, chez Diogène Laërce (VII, 156), qualifie la nature (« la nature est un feu artisan qui avance méthodiquement en vue de la génération »), nous apprend, tant sur la tekhnè stoïcienne que sur les rapports entre nature et tekhnè et met en évidence que le feu artiste constitue un troisième terme entre limmanence de la démiurgie naturelle et lextériorité de la tekhnè par rapport à ses œuvres.

Émilie Séris, « De la gymnastique grecque à la théorie humaniste du nu »

En Grèce ancienne, le modèle du nu était lathlète, incarnation de lhygièia hippocratique, mais la médecine galénique a défini la santé et la beauté comme létat médian entre leucrasie – la constitution excellente – et la maladie. La critique de la gymnastique a marqué les théories de lart humaniste : si lathlète antique demeure le modèle anatomique par excellence, le nu robuste, 395contraire à la grâce et à la délicatesse, est unanimement blâmé à la Renaissance, notamment dans les figures de Michel-Ange.

Pierre Caye, « Architecture et encyclopédisme. Du De architectura de Vitruve à lEncyclopédie méthodique dArchitecture de Quatremère de Quincy »

Architectura est le nom antique de la technique, le paradigme qui rend raison de la conception et de la réalisation dun grand nombre de machines diverses. Elle est pour Vitruve un savoir architectonique structurant une encyclopédie des savoirs théoriques et pratiques au service de la technique. Larticle étudie la place de cet idéal dans la dernière grande synthèse vitruvienne de larchitecture, lEncyclopédie méthodique dArchitecture (1788-1825) de Quatremère de Quincy.

Florence Malhomme, « La naissance de Terpsichore ou lapologie de la danse nue »

Subordonnée à la Renaissance au quadrivium, la danse ne saurait se réduire à un exercice mathématique, mais requiert avant tout la beauté et la grâce du corps vivant. Elle savère en outre être sagesse : une danse nue qui, dépouillant lhomme de ses paroles et passions vaines, lui confère la joie du geste pur ; une sagesse du pied, qui est un art de la maîtrise de soi et de la tenue ; un art de la solitude enfin, qui enracine lhomme en lui-même, suspend son errance et le rend maître du temps.

Hélène Casanova-Robin, « Splendeur et magnificence de lornement dans lœuvre de Giovanni Pontano. Entre jubilation esthétique et idéal éthique »

Si Giovanni Pontano nest pas un théoricien de lart, son œuvre est riche dune réflexion sur lesthétique, jamais dissociée dun idéal éthique. Lornement y est conçu comme un élément échappant à la nécessaire mesure qui doit régir lesprit de lhomme de bien : il incite à lélévation de lâme et tend vers le sublime. Létude prend appui sur les traités De magnificentia et De splendore et examine un extrait du De Hortis Hesperidum où se déploie une illustration poétique de cette réflexion.

396

Laurence Boulègue, « La puissance de limage et la théorie de linspiration chez Jean-François Pic de la Mirandole »

Cet article analyse, du De imaginatione (1501) aux lettres De imitatione (1512-1513), la conception de limagination dans la théorie de la connaissance de Gianfrancesco Pico della Mirandola. Celle-ci prend naissance dans la révision de la psychologie péripatéticienne jusquà la critique de la mimèsis comme acte créateur. Limagination se révèle une puissance dune plasticité étonnante, embrassant les facultés de lintellect, quelle surpasse. Souvre alors un nouvel espace créatif.

Valérie Naas, « Pline lAncien et les théories de lart. La construction dune auctorialité ? »

Après avoir rappelé comment sest établi et a évolué le statut de Pline lAncien comme auteur sur lhistoire de lart, larticle analyse lexistence et la nature dune pensée plinienne sur lart. Celle-ci est marquée par la perspective politique, idéologique et morale de lHistoire naturelle. Longtemps considéré comme autorité sur les théories de lart dans lAntiquité, Pline savère lauteur dun discours personnel sur lart, dans le cadre dun stoïcisme romanisé et dun impérialisme assumé.

Marcello Ciccuto, « Le Pline des humanistes entre récit et image »

Cet article décrit les diverses façons dont la réception de lHistoire naturelle de Pline a évolué tout au long du xve siècle. En passant par la conception de la critique dart de Pétrarque, linclusion de la peinture parmi les arts libéraux par Alberti, la diffusion du texte grâce au travail des humanistes napolitains en particulier, larticle étudie enfin les différentes versions illustrées de lencyclopédie plinienne, qui contribuent à donner une forme moderne à la pensée artistique classique.

Emmanuelle Hénin, « La critique des anecdotes pliniennes »

Les anecdotes de Pline sur la peinture antique constituent le socle de la théorie artistique. À partir du xviie siècle, elles donnent lieu à une triple critique. La critique historique démythifie ces apologues en les passant au crible de la raison. La critique technique pointe la méconnaissance plinienne 397en matière de technique picturale, qui retire toute crédibilité à son propos. La critique anthropologique traite les anecdotes pliniennes comme des fables recélant des vérités cachées.

Baldine Saint Girons, « Aux origines de lesthétique. Philosophie ou rhétorique ? »

Sans doute lesthétique napparaît-elle à titre de vocable quau xviiie siècle ; mais on peut avec dexcellentes raisons parler desthétique antique du fait quun grand nombre de concepts-clés de lesthétique ont été inventés par les Grecs et les Latins. Faut-il, cependant, chercher lesthétique davantage du côté des Idées et des principes de la philosophie ou bien des catégories de la rhétorique ?

Pierre Caye, « Cosa mentale. Statut et fonction de la théorie en art »

Cette étude questionne, en guise de conclusion, le rôle de la théorie sur le développement des compétences artistiques et sur la logique même de la création de lœuvre dart. Elle insiste tout particulièrement sur le fait quau contraire de la philosophie de lart, la théorie de lart naît de la pratique et revient à la pratique : elle est lexpression même de la vie de lart, à la fois dans son processus dautoformation et dans ses actes de création. Elle est bien lart lui-même qui se dit et qui se pense.