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Classiques Garnier

Glossaire

  • Type de publication : Chapitre d’ouvrage
  • Ouvrage : Préludes à l’argumentation proustienne. Perspectives linguistiques et stylistiques
  • Pages : 683 à 688
  • Collection : Bibliothèque proustienne, n° 12
  • Thème CLIL : 4027 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Lettres -- Etudes littéraires générales et thématiques
  • EAN : 9782812447259
  • ISBN : 978-2-8124-4725-9
  • ISSN : 2258-9058
  • DOI : 10.15122/isbn.978-2-8124-4725-9.p.0683
  • Éditeur : Classiques Garnier
  • Mise en ligne : 23/10/2015
  • Langue : Français
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Analepse, prolepse (4) : En narratologie, lanalepse renvoie à ce qui précède et la prolepse (« anticipation ») annonce ce qui suit. Lanalepse est le retour sur des événements antérieurs au récit en cours, alors que la prolepse annonce des évènements postérieurs.

Anaphore, cataphore (2, 3, 4) : Lanaphore consiste à reprendre un élément du texte par un autre élément. Linterprétation de lélément anaphorique sappuie sur un élément antérieur du texte (antécédent). Une expression anaphorique peut reprendre un segment précis du texte antérieur (anaphore segmentale), ou bien constituer le résumé dun fragment du texte antérieur (anaphore résomptive, notamment avec cela), ou bien être en relation avec un élément du texte antérieur (anaphore associative, indirecte). Inversement, la cataphore consiste à annoncer un élément du texte par un autre élément. Lélément cataphorique représente un élément postérieur du texte.

Autonymie (2) : Emploi dun signe linguistique en mention, dans un contexte métalinguistique, par opposition à lemploi en usage, dans un contexte référentiel. Dans lemploi en mention, le signe autonyme est lobjet du discours (Albertine est un prénom féminin / a 9 lettres), alors quil sert à référer à une entité dans son emploi en usage (Albertine est disparue).

Clivage (2, 3) : Extraction dun constituant de la phrase, encadré par cest… qui / que. Cette extraction, qui aboutit à une phrase clivée (anglais : cleft sentence), constitue une opération de focalisation de lélément extrait.

Concession (2, 3, 4) : 1. Rhétorique. « Fait dabandonner à son adversaire un point de discussion » (GRob 2013). « Figure consistant à accepter, sans perdre lavantage, un argument ou une objection que lon pourrait réfuter. « Par la Concession, on veut bien accorder quelque chose à son adversaire, pour en tirer ensuite un plus grand avantage » (P. Fontanier 1968 [1827], p. 415) » (TLFi). Dans une perspective polyphonique, le locuteur concède à un adversaire potentiel un argument quil ne prend pas à sa charge comme énonciateur. La concession constitue la première étape du distinguo (infra). 2. Grammaire. Relation de restriction ou dopposition exprimée par un complément circonstanciel indiquant quun phénomène qui en entraîne normalement un autre na pas eu cet effet ou a eu un effet

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contraire. Bien quAlbertine ne le trompe pas, Marcel est jaloux. Cette relation sexprime dans une phrase complexe qui comporte une subordonnée concessive. Celle-ci comporte une assertion dont la vérité nest pas contestable. Mais sa relation causale avec la principale est inopérante ou refusée par le locuteur.

Connecteurs (1, 2, 3, 4) : Au sens large, les connecteurs servent à établir un lien entre deux fragments dune phrase ou dun texte, généralement des propositions ou des ensembles de propositions, sans être anaphoriques. Ils contribuent à lorganisation du texte en marquant des relations sémantico-logiques entre les fragments mis en relation. Les connecteurs peuvent être des adverbes, des groupes prépositionnels, des conjonctions, etc. On peut distinguer deux groupes de connecteurs : les connecteurs référentiels (spatiaux, temporels), qui ordonnent la réalité référentielle ;  les connecteurs logiques qui marquent les articulations du raisonnement (argumentatifs, énumératifs, etc.). Au sens étroit, on réserve lappellation de connecteurs aux termes de liaison entre des unités sémantiques dun texte. Au sens large, le terme connecteur peut désigner tout terme marquant une relation logique entre des propositions, même à lintérieur dune phrase, notamment les conjonctions de subordination (parce que, puisque…).

Cotexte (2,3) : Environnement linguistique dun mot, dun groupe, dune phrase, dune séquence textuelle, par opposition au contexte extralinguistique, qui regroupe les différents éléments de la situation dénonciation. (certains auteurs emploient aussi contexte pour cotexte).

Dislocation (2, 3, 4) : Une phrase disloquée comporte un terme qui se trouve au début ou à la fin dune proposition complète dont il semble avoir été détaché, et qui est repris ou annoncé, à lintérieur même de la proposition, par une expression coréférentielle, le plus souvent un pronom personnel (le port de Balbec, le héros la dabord imaginé / le héros la dabord imaginé, le port de Balbec).

Distinguo (1, 2, 3, 4) : Figure qui consiste à énoncer une distinction dans une argumentation et qui se décompose en deux parties : concedo (jaccorde) et nego (je nie) : Certes jaurais pu me dire quà Paris, si Albertine avait ces goûts, elle trouverait bien dautres personnes avec qui les assouvir. Mais chaque mouvement de jalousie est particulier et porte la marque de la créature qui la suscité.

Doxa (1) : Ensemble des opinions reçues sans discussion, comme une évidence naturelle, dans une civilisation donnée. Des doxas. Une doxa.  Doxique. (GRob 2013) « Chaque parler (chaque fiction) combat pour lhégémonie. Sil a le pouvoir pour lui, il sétend partout dans le courant et le quotidien de la vie sociale, il devient doxa, nature : cest le parler prétendument apolitique des hommes politiques, des agents de lÉtat, cest celui de la presse, de la radio, de la télévision, cest celui de la conversation… » (R. Barthes, Le Plaisir du texte, p. 47).

Emphase (2, 3) : Forme de phrase (facultative) qui sert à mettre en relief un constituant de la phrase, au moyen

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de deux procédés syntaxiques, la dislocation et lextraction (infra et supra).

Énallage (3) : Figure qui consiste en lemploi dune forme grammaticale non appropriée. On relève principalement des énallages de personne (il pour je, par exemple) et de nombre (le singulier pour le pluriel, ou inversement). Exemple de Britannicus : Néron dit : « Néron est amoureux ». Cest un énallage de personne (la 3e pour la 1re personne).

Énonciation : Acte individuel de production dun énoncé, destiné à un (ou plusieurs) allocutaire(s), dans une situation spatio-temporelle particulière. Lénoncé peut contenir des indices de lénonciation : marques du locuteur et de lallocutaire (je, tu…), marques de temps (maintenant) et de lieu (ici). O. Ducrot (1984) distingue lénonciateur qui est responsable de lacte de parole du locuteur, ou sujet parlant, être physique qui profère lénoncé. Cette distinction est nécessaire en cas de polyphonie (infra).

Enthymème (3) : Syllogisme incomplet (une prémisse manque, ou la conclusion).

Ethos oratoire (1) : En rhétorique, impression que lorateur donne de lui-même par ses propos (Perelmann, p. 429) (caractère ou « mœurs »), place assignée par le genre oratoire.

Extraction (2, 3) : voir clivage.

Focalisation (2, 3) : opération de création dun focus, le plus souvent au moyen de lemphase (cest… qui / que) : cest M. de Norpois qui a oublié ce chapeau.

Focus (2, 3) : élément le plus important de la phrase, élément saillant de linformation.

Hyperonyme / hyponyme (2, 3, 4) : Du point de vue de la sémantique lexicale, lhyponymie est une relation hiérarchique entre deux termes : lhyponyme est un terme subordonné et lhyperonyme est un terme qui lui est super-ordonné, le sens du premier incluant celui du second : un cheval (hyponyme) est un animal (hyperonyme).

Idiolecte (1) : Utilisation personnelle dune langue par une seule personne ; usage dune langue que lon peut induire de lensemble des discours dune seule personne. (G Rob 2013)

Illocutoire (1, 2) : Lacte illocutoire (ou illocutionnaire) est lacte de langage accompli en parlant (injonction, promesse…). Par convention, un type de phrase est associé directement à un acte de langage fondamental (assertion, injonction, interrogation). Lemploi dun verbe performatif à la 1re personne du singulier du présent de lindicatif, avec un pronom complément de 2e personne, permet également daccomplir un acte de langage déterminé (je te promets de venir demain : promesse). La visée illocutoire est lacte de langage visé par la production de lénoncé. Trope illocutoire : voir infra.

Interaction verbale (1) : Linteraction désigne les influences réciproques quexercent les uns sur les autres les participants dune situation dénonciation donnée, qui se trouvent en co-présence physique. Les moyens de linteraction sont verbaux (les discours de chacun) et non verbaux (gestes, mimiques, position dans lespace). Toute interaction répond à des règles,

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quelles soient institutionnelles (école, commerce, tribunal, …) ou quelles organisent des échanges informels. Les interactions verbales comportent différents actes de langage (voir p. 42).

Lemmatiser (2) : Regrouper (les formes différentes telles quelles apparaissent dans un texte) sous une forme unique, de manière à définir des unités lexicales. Lemmatiser les formes verbales, les variantes orthographiques dans un texte. (G Rob 2013) Lemmatisation

Macrostructure, microstructure, superstructure (1, 4) : En grammaire de texte, on distingue trois niveaux de structuration du texte : microstructure : relation locale entre les propositions ; macrostructure : organisation globale du texte, qui apparaît notamment dans le résumé du texte ; superstructure : organisation générale du texte, « plan de texte » (Adam 2005), déterminée par le type du texte (la superstructure dun texte argumentatif est différente de celle dun texte descriptif ou narratif). Ces trois niveaux sont interdépendants : ainsi, la superstructure détermine la macrostructure.

Marqueur (3) : Le terme marqueur est souvent employé comme synonyme de connecteur (supra) : marqueurs de prise en charge énonciative : ils indiquent le point de vue dune source de savoir déterminée (GMF 2009, p. 1049) : daprès N, selon N, pour N ; marqueurs de reformulation : ils introduisent la reformulation du discours : cest-à-dire, à savoir, autrement dit, en dautres termes ; marqueurs dintégration linéaire (MIL) : ils signalent une sériation (lun – lautre ; le premier – le deuxième…), une conclusion (bref, en résumé, en somme), etc.

Modalité (3) : Attitude prise par lénonciateur à légard de ce quil énonce (le dictum, mise en rapport dun sujet avec un prédicat). – Syn. : modus. (G Rob 2013).

Modifieur (2) : En grammaire distributionnelle, un modifieur (ou expansion) est un mot ou un groupe de mots qui peut sajouter à un terme principal pour apporter une information sémantique supplémentaire, sans changer la structure syntaxique existante. On distingue principalement les modifieurs du nom (adjectifs épithètes ou apposés, complément du nom, subordonnées relatives) et les modifieurs du verbe (adverbes ou équivalents). Ces différents modifieurs, qui sont facultatifs, peuvent se cumuler entre eux. Leur suppression naffecte pas la structure syntaxique, mais peut avoir des effets importants sur le sens ou la référence du groupe concerné.

Parémie : Le terme parémie désigne au départ les proverbes, conformément à son étymologie (du grec paroimia, « proverbe »). Puis, par extension de sens, il désigne aujourdhui les expressions apparentées au proverbe : sentences, maximes, préceptes, slogans, devises… « La parémie est, daprès nos études, un énoncé mémorisé en compétence qui se caractérise par la brièveté, la fonction utilitaire et didactique (fournir un enseignement) et lenchâssement dans le discours. » (Julia Sevilla Munoz, « Les proverbes et phrases proverbiales français, et leurs équivalences en

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espagnol », Langages, no 139, 2000, « La parole proverbiale », p. 100-101).

Polyphonie (1, 2) : Dans un même discours, les voix de plusieurs énonciateurs distincts peuvent être mêlées, même si le discours est pris en charge par un seul locuteur. Cest le cas des différentes formes du discours rapporté (discours direct, discours indirect et style indirect libre), mais aussi de la négation polémique, de la concession (supra), de lironie.

Progression thématique (2, 4) : voir thème (infra)

Prophrase (affirmative, négative) (1) : Un terme représente à lui seul globalement toute une phrase : oui pour une phrase affirmative et non pour une phrase négative.

Prototype (1) : Meilleur exemplaire dune catégorie (exemple : le moineau est le meilleur exemplaire de la catégorie oiseau) (Kleiber 1990, p. 60).

Pseudo-clivée (phrase) (ou semi-clivée) (2, 3) : Structure de phrase particulière combinant lextraction et le détachement en tête de phrase. Le premier élément de la phrase est généralement une relative périphrastique (Ce qui / que …), et le second élément, séparé par une pause, est constitué de cest suivi dun groupe nominal ou infinitif qui a le statut dun complément du verbe de la relative : Ce quon appelle se rappeler un être cest en réalité loublier.

Sociolecte (1) : Usage langagier spécifique dun groupe social, à lexception des usages liés à la zone géographique (dialectes). Syn. : dialecte social. (G Rob 2013).

Stéréotype (1) : Opinion toute faite, cliché, réduisant les singularités. Ensemble de constantes subsistant à travers les variations individuelles dun objet, et qui le définit comme tel. (G Rob 2013).

Thématisation (2) : Mise en position de thème dun élément de la phrase, généralement par son placement en tête de phrase. La dislocation est un des moyens de la thématisation, quand lélément détaché est antéposé. syn. topicalisation.

Thème / propos, rhème (2, 3, 4) : Communiquer consiste à transmettre une information à autrui, à lui dire quelque chose de quelque chose ou de quelquun. Ainsi, la proposition peut sanalyser sémantiquement en deux parties selon la répartition de linformation : le thème est lélément dont on parle, dont on dit quelque chose, qui est généralement connu, le support de linformation ; le rhème, ou propos, est ce quon dit du thème, il constitue lapport dinformation, généralement nouvelle. Cette distinction correspond à lopposition topique (topic) / comment (aire) dorigine anglo-saxonne. Dans le dynamisme communicatif de la phrase, la progression de linformation suit lordre linéaire : le thème, est généralement placé au début de la phrase et son pouvoir informatif est moins important que le propos qui le suit.  Dans la phrase canonique simple, le thème correspond au sujet grammatical, le rhème ou propos au groupe verbal (La terre | est ronde). Mais cet ordre est différent dans certaines structures de phrases, et lon peut rencontrer des phrases sans thème (phrases impersonnelles ou phrases à présentatif). Dans lorganisation dun texte, on distingue différents

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types de progression thématique, selon les thèmes qui se succèdent dune phrase à lautre (GMF 2009, p. 1025-1028). Dans un texte se produisent aussi des ruptures thématiques.

Thétique vs non thétique (2) : Est considéré comme non thétique tout ce qui met le procès en débat – interrogation, négation, hypothèse –, comme thétique tout ce qui pose le procès sans restriction dassertion.

Trope (1, 2) : En rhétorique, figure par laquelle un mot ou une expression sont détournés de leur sens propre. (G Rob 2013). Les trois principaux tropes sont la métaphore, la métonymie et la synecdoque. En rhétorique classique, on oppose les tropes, qui provoquent un changement de signification du mot (« sens figuré »), aux simples figures de rhétorique, qui apportent différentes modification de forme des mots ou des propositions. Dans le cadre de la théorie des actes de langage, C. Kerbrat-Orecchionni (Limplicite, 1986, p. 78) définit le trope illocutoire comme un sorte de détournement de sens dun énoncé, une « valeur dérivée qui impose à lénoncé sa fonction pragmatique dominante ». Elle distingue les tropes illocutoires lexicalisés, dont la valeur est inscrite en langue (Peux-tu me passer le sel ?) et les tropes illocutoires dinvention, identifié dans la situation de discours (Entrée des cuisines. Merci.).

Types et formes de phrases : Dans la tradition linguistique issue de la grammaire générative et transformationnelle de Chomsky, on distingue 4 types de phrases : assertif (ou déclaratif), interrogatif, injonctif, exclamatif et 4 formes de phrases : passive, négative, emphatique, impersonnelle. Le classement des phrases en types et formes ne fait pas consensus. Lun des désaccords entre linguistes réside notamment dans la pertinence du classement proposé en France par Dubois (1970), qui distingue, dune part, des types de phrase obligatoires et exclusifs et, dautre part, des formes de phrases facultatives et non exclusives. Un tel classement pose en effet quelques problèmes (GMF, p. 663-664) : ainsi, le type exclamatif, contrairement aux trois autres types obligatoires, ne correspond pas à un acte de langage fondamental (asserter, questionner, ordonner), mais il exprime la subjectivité du locuteur. Cest pourquoi la GMF (2009, p. 664) propose de revisiter ce classement, en distinguant les types énonciatifs (assertion, interrogation, injonction), les types logiques (positif vs négatif), les types de réarrangement communicatif (passif, emphatique, impersonnel) et le type exclamatif, parfois qualifié dexpressif.

1 Le numéro entre parenthèses indique la (ou les) partie (s) de louvrage où le terme est employé.