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Classiques Garnier

Résumés

  • Type de publication : Article de collectif
  • Collectif : Pouvoir, rhétorique et justice
  • Pages : 385 à 390
  • Collection : POLEN - Pouvoirs, lettres, normes, n° 16
  • Thème CLIL : 4027 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Lettres -- Etudes littéraires générales et thématiques
  • EAN : 9782406088554
  • ISBN : 978-2-406-08855-4
  • ISSN : 2492-0150
  • DOI : 10.15122/isbn.978-2-406-08855-4.p.0385
  • Éditeur : Classiques Garnier
  • Mise en ligne : 29/07/2019
  • Langue : Français
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Résumés

Jean-Marc Joubert et François Ploton-Nicollet, « Préambule »

Ce recueil se présente comme une réflexion collective autour du thème choisi, sur lequel il a semblé pertinent de croiser les approches de plusieurs disciplines. La question du pouvoir intéresse historiens et juristes ; celle de la justice est commune à ces derniers et aux philosophes ; quant à la rhétorique, instrument indispensable de pouvoir comme de contre-pouvoir, elle se devait dunir autour delle leurs réflexions, enrichies de lapproche littéraire.

Maria Protopapas-Marneli, « Le fondement aristotélicien de la rhétorique stoïcienne »

La tradition veut que la philosophie stoïcienne ait été influencée par Héraclite et Platon dans la mesure où Zénon, par sa parenté, appartient au cycle des socratiques, par lintermédiaire de son maître Cratès le Cynique, élève de Diogène de Sinope, lui-même élève dAntisthène. Létude montre que Zénon fut aussi influencé par la Rhétorique dAristote, à laquelle la rhétorique stoïcienne est généralement redevable.

François Ploton-Nicollet, « Latone, assoiffée, demande de leau à des paysans lyciens. Droit naturel et rhétorique judiciaire dans les Métamorphoses dOvide (6, 339-362) »

Avant de se consacrer à la poésie, Ovide avait été formé au droit et à la rhétorique. Linfluence de ces deux disciplines affleure dans son œuvre poétique, où elle cause souvent un plaisant effet de décalage. Il en est ainsi dans un très célèbre passage du sixième chant des Métamorphoses, où Latone, assoiffée par une longue route, est confrontée à des paysans lyciens qui refusent de lui offrir de leau. La déesse déploie alors une rhétorique judiciaire à tous égards paradoxale.

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Albert Foulon, « La rhétorique au service de la justice. Quelques exemples relatifs à la rhétorique judiciaire dans les Lettres de Pline le Jeune »

À linitiative de Quintilien, qui fut son professeur de rhétorique, Pline le Jeune a consacré une quarantaine des 247 lettres que compte sa Correspondance à formuler des principes théoriques sur les liens complexes quentretiennent rhétorique et droit : avocat et parfois juge dans des causes privées et publiques en tant que défenseur ou accusateur, il a proposé de nombreux exemples tirés de sa propre expérience dont on fournit ici quelques illustrations significatives.

Alain Le Gallo, « LApologie dApulée. Une rhétorique judicaire paradoxale »

Le jeune et talentueux Apulée, de passage à Oea, lactuelle Tripoli, y a épousé une riche veuve. Sa belle-famille, furieuse de ce quelle estime être un détournement de fortune, clame partout quil a séduit Pudentilla par sorcellerie, crime alors passible de mort. Apulée contraint ses diffamateurs au procès, et devant son juge, Maximus, proconsul et philosophe, use systématiquement de ce quon lui reproche, détournant lintégralité du processus judiciaire à la faveur dune rhétorique paradoxale.

Lydia Paparriga-Artémiadi, « Théorie rhétorique et herméneutique juridique à lépoque byzantine. Vers une méthode de contrôle et de rectification du droit »

Prenant pour point de départ une illustration succincte des principales influences de la théorie rhétorique de lintention sur linterprétation du droit au cours de la période romaine et des premiers siècles de Byzance, létude sattache à repérer des éléments des « constitutions des causes » rhétoriques (lapplication analogique dune règle de droit, linvocation de notions axiologiques) dans certains textes dun traité juridique du xiie siècle, lEcloga librorum I-X Basilicorum.

Francesca Prometea Barone, « La réception du principe de Non bis in idem dans le christianisme des premiers siècles entre rhétorique et exégèse »

Le principe de Non bis in idem nest pas formulé dans la Bible. Cependant, les chrétiens des premiers siècles semblent avoir repris cette règle de droit 387positif et lui avoir donné un fondement biblique, bien que les interprétations de son contenu divergent selon les auteurs considérés. On examine ici les moyens par lesquels les auteurs des premiers siècles chrétiens intègrent ce principe de droit païen dans les systèmes théologique et disciplinaire du christianisme, en voie de construction.

Christian Talin, « Justice et rhétorique à la Parousie chez saint Augustin »

La rhétorique, à vocation didactique et apologétique, assume la médiation indispensable entre la parole de Dieu et sa créature. Dans lhistoire du salut néo-testamentaire, la rhétorique permet dinstruire les hommes sur le sens de la « très juste » justice de Dieu à la Parousie. Pour mieux la comprendre, le verbe augustinien sappuie sur lacrostiche, la catachrèse, limage, la métaphore… Ainsi la poésie religieuse prophétique illustre la promesse de la Jérusalem céleste pour les bienheureux.

Éléni Procopiou, « Le rôle de la rhétorique dans la théorie de la justice de saint Thomas dAquin »

La question du rapport entre rhétorique et justice est liée à la nature même du discours philosophique sur le droit et la justice. La rhétorique, en tant que méthode de la dialectique, provient de lexpérience même du droit et fait valoir la question fondamentale des sources du droit. Dans lœuvre de saint Thomas dAquin et dAristote, les concepts juridiques ont été expliqués dans le cadre dune théorie objective de la justice servie par le discours rhétorique.

Yves Sassier, « Un exemple de rhétorique judiciaire au xe siècle. Le procès de larchevêque Arnoul de Reims, traître à Hugues Capet »

Les actes du concile de Saint-Basle qui, en 991, eut pour tâche de juger larchevêque de Reims pour crime de lèse-majesté ont été rédigés par Gerbert dAurillac, le plus célèbre intellectuel de son temps. Ils offrent un remarquable exemple dutilisation des modèles rhétoriques hérités de lAntiquité, notamment de Cicéron, grand diffuseur de la rhétorique aristotélicienne, ce que lon sefforce de souligner ici dans le prolongement de la belle étude réalisée naguère par Claude Carozzi.

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Sébastien Cazalas, « “Et en faisant justice, vous le faites pour lamour de Dieu…” Pour une lecture littéraire dAudite illos (1432) : le grand discours sur la justice de Jean Juvénal des Ursins »

Après une brève présentation de la carrière de Jean Juvénal des Ursins (1388-1473), juriste et évêque du temps de Charles VII, on se propose détudier le premier discours conservé du prélat, Audite illos (1432). Il apporte un éclairage sur le contexte de rédaction dun texte qui pourrait passer pour un memento de droit processuel, mais qui fait cependant lobjet dune puissante construction rhétorique et met en place, au-delà de topoi littéraires, le positionnement éthique dun jeune évêque.

Luigi-Alberto Sanchi, « Idées et expressions de la justice dans lœuvre de Guillaume Budé »

Lœuvre du grand humaniste français Guillaume Budé comporte un volet juridique, dont témoignent ses Annotationes in Pandectas (1508) et dautres textes qui contiennent, à côté des aspects philologiques prépondérants, une réflexion politique et philosophique originale autour des idées de justice et de droit, dont le pivot réside en la reconnaissance du prince comme être autonome sur la base de la justice distributive dAristote.

Guillaume Bernard, « La critique de la justice en France au second xvie siècle »

Dans la seconde moitié du xvie siècle, la critique de la justice sarticulait autour de trois axes. Les attaques contre les juristes visaient lusage malhonnête de leur art oratoire ; lorganisation judiciaire était critiquée ; la méthode employée pour rendre la justice était objet de critique. Larbitraire du juge était dénoncé comme exercé sans fondements raisonnables, soit que le juge utilisât la méthode dialectique des autorités, soit quil exerçât sans morale.

Alain Lanavère, « Justice et rhétorique chez La Fontaine. Le droit, les beaux parleurs, le fait, la force »

La Fontaine évoque souvent la justice des hommes : juges injustes, plaideurs naïfs. Le Droit, notamment international, est un vain discours. Cest que, pour lui, il nest de droit que de la force. Dans de telles conditions, la rhétorique serait superfétatoire. Mais par lantirhétorique des Fables, la parole sert à ruiner nos illusions sur le Droit.

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Jean-Marc Joubert, « Rhétorique et justice chez Jean-Jacques Rousseau »

Par principe hostile à lartifice, Rousseau aurait dû condamner la rhétorique. Mais si celle-ci procède du cœur et porte la marque de la sincérité ? Et si elle peut témoigner de son innocence foncière ? Larticle explore les voies dune rhétorique vraie quimpose la situation de celui qui ne peut se faire entendre. Sous ce dernier rapport, il rapproche les cas de Rousseau et dAlthusser.

Jean-Baptiste Amadieu, « Criminaliser un texte bénin, décriminaliser une œuvre mauvaise. Deux romans de Dumas au crible de lart rhétorique censorial »

Un double rapport censorial de lIndex, rédigé par le même consulteur en 1863, conclut de manière paradoxale que La Régence et Louis XV de Dumas père est impie et immoral mais non dangereux, alors que La Guerre des femmes du même auteur est considéré comme périlleux pour le lecteur, en dépit de son absence dimmoralité. La différence de jugement ne tient pas aux canons doctrinaux ou moraux, qui restent stables, mais relève de lanalyse rhétorique et littéraire des deux ouvrages par le censeur.

Anne Pinot, « La rhétorique au prétoire. La rhétorique en procès chez Dostoïevski »

Dans Les Frères Karamazov, Dostoïevski met en scène un véritable procès ; cest pour lui loccasion de dénoncer le caractère de mascarade que peut revêtir un tel événement. Il fait aussi apparaître, en même temps que lefficacité incontestable de la rhétorique judiciaire, la vanité de tout art oratoire employé au service dun système de pensée ou de représentation et qui séloigne de la quête de la vérité – laquelle, selon lui, peut seule donner force et légitimité à la parole.

Frédéric Gai, « François Mauriac à la marge de la rhétorique et de la justice »

À lorée de, mais toujours en proximité avec lart du langage et le lieu de la sentence légale, François Mauriac a construit une poétique du mouvement pour capter, avec le plus de justesse possible, la vérité des âmes, en se détournant de la chaire, du barreau ou de la tribune. Appliquant à lui-même les mêmes exigences de « marginalité », il sest affirmé comme un écrivain engagé, 390où la quête individuelle de vérité étreint les contraintes institutionnelles de la justice et de la rhétorique.

Golfo Maggini, « Au-delà de la parole. Sur les implications politiques de la phénoménologie de laffectivité chez le premier Heidegger »

Dans notre étude, nous nous proposons de reconstituer litinéraire philosophique de Martin Heidegger de 1922 à 1925 à travers des textes qui portent, non pas sur léthique, mais sur la rhétorique aristotélicienne, afin de découvrir un sol de questionnement souvent inaperçu qui est celui de lesquisse dune phénoménologie du politique chez le premier Heidegger à travers lélaboration des thèmes de la quotidienneté, de laffectivité, de la parole et du vivre-avec dans une communauté politique.

Constança Marcondes Cesar, « La méditation sur la Rhétorique. Ricœur critique de Perelman »

Lœuvre de Perelman envisage les procédures logiques, la vérité et les valeurs caractéristiques du Droit, dans sa nouvelle rhétorique ; en réfléchissant sur la sagesse pratique, Ricœur sinspire dAristote et de Kant pour construire une philosophie qui dépasse la perspective strictement logique de la réflexion sur la justice et le Droit qui caractérise la pensée de Perelman.

Doukas Kapantais, « Lanalogie platonicienne entre lâme et la cité. Sur déventuels préjugés actuels »

Larticle dévoile et analyse le préjugé moderne qui est à lorigine de la mauvaise interprétation de Bernard Williams dans Lanalogie entre la cité et lâme dans la République de Platon : pour Platon, si la cité juste rend à terme possible le comportement lui-même juste de ses membres, elle ne le requiert pas au départ ni nen dépend pour en recevoir légitimement la qualification.