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Classiques Garnier

Biographie et bibliographie de Carl J. Friedrich (1901-1984)

  • Type de publication : Chapitre d’ouvrage
  • Ouvrage : Pouvoir et fédéralisme
  • Pages : 31 à 34
  • Collection : PolitiqueS, n° 5
  • Thème CLIL : 3289 -- SCIENCES POLITIQUES -- Histoire des idées politiques -- Philosophie politique controverses contemporaines
  • EAN : 9782812441288
  • ISBN : 978-2-8124-4128-8
  • ISSN : 2260-9903
  • DOI : 10.15122/isbn.978-2-8124-4128-8.p.0031
  • Éditeur : Classiques Garnier
  • Mise en ligne : 29/01/2013
  • Langue : Français
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Biographie et bibliographie
de Carl J. Friedrich (1901-1984)

Né en 1901 à Leipzig d’une mère issue de la noblesse protestante, fille de l’ancien président de la Cour suprême, Carl von Bülow, et d’un célèbre professeur de chirurgie et de médecine générale, Carl Joachim Friedrich s’engagera d’abord dans la voie paternelle avant d’arrêter ses études de médecine, en 1921, pour suivre une formation universitaire en économie à Marburg. Il poursuit ses études à l’Université de Heidelberg, où il aura le frère de Max Weber, Alfred Weber, comme professeur, avant d’en devenir l’assistant. Il débute ses recherches en suivant l’axe ouvert par A. Weber et son collègue, Edgar Salin, d’une étude scientifique de l’État et de la société. Cette démarche intellectuelle allait aboutir à la création d’un nouvel Institut universitaire, l’Institut d’Heidelberg pour la science de l’État et de la société, où Friedrich trouve naturellement sa place. En collaboration avec Alfred Weber et Arnold Bergstraesser, il inaugure en 1925 un échange universitaire germano-américain en fondant le German Academic Exchange Service1 dont il est le président et représentant aux États-Unis. Après un travail de doctorat sur la possibilité de nationaliser le trafic ferroviaire aux États-Unis2, il se concentre sur les liens culturels entre l’Europe et l’Amérique. De cette période date la nouvelle édition de la Politica Methodice Digesta de Johannes Althusius, qu’il dirige en lui adjoignant une préface conséquente. Ses travaux lui valent d’être nommé lecteur à la prestigieuse Université de Harvard, à Cambridge, où il s’installera finalement en 1926, en raison d’une forte concurrence aux postes d’enseignement de l’Université de Heidelberg compliquant les chances d’intégrer le corps professoral, et de son mariage avec une étudiante américaine, Eleonore Pellham.

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Alors débute pour lui une vie universitaire très riche et diversifiée. Il devient professeur associé à l’Université de Harvard en 1931, puis professeur titulaire en 1936, pour intégrer la Harvard Graduate School of Public Administration3 en 1938. Il fonde et dirige, avec le sociologue Talcott Parsons, la Harvard School of Overseas Administration, qui projette dès 1941 la formation d’un personnel administratif spécialement destiné à prendre ses fonctions dans les territoires européens et japonais libérés. En 1947, il participe à l’élaboration du plan Marshall. Il est conseiller du général Clay, chef de l’administration militaire américaine en Allemagne, et collabore à la Déclaration d’indépendance de l’État d’Israël, ainsi qu’à l’établissement de la nouvelle Constitution de l’Allemagne de l’Ouest. En 1951-1952, il travaillera encore pour le gouvernement américain, en tant que consultant et théoricien politique, sur la situation de Porto Rico. Puis il sera membre, en 1952-1953, du Comité d’étude pour la Constitution européenne prévoyant l’institution d’une « Communauté politique européenne ». Il devient professeur-invité de l’université de Heidelberg en 1950, pour se partager entre Heidelberg et Harvard de 1954 à 1966. Il fut président de l’Association Américaine des Politologues (APSA) en 1962 pour plusieurs années, et choisi comme président de l’Association Professionnelle Internationale (IPSA) en 1967. Il a aussi œuvré pour différentes autres associations, comme l’Institut International de Philosophie Politique, l’Académie Américaine des Arts et des Sciences (AAAS), ou la Société Américaine de Philosophie Politique et Juridique (ASPLP).

Carl Joachim Friedrich fut conscient, dès les années trente, du développement autoritaire d’une nouvelle forme de régime qui allait perturber les racines mêmes de l’institution démocratique moderne, le National-socialisme. Il s’engage théoriquement et pratiquement en opposition à ce mouvement, sans en faire cependant le fer de lance de sa pensée ; il le théorise plutôt comme l’extrême opposé de la relecture constitutionnelle du pouvoir qu’il engage, en l’intégrant ainsi comme un possible de l’institution politique moderne. Son travail de chercheur et ses implications en tant qu’acteur civil s’en trouveront fortement déterminés, puisqu’il cherchera invariablement à extraire du constitutionalisme les outils nécessaires au renforcement de l’institution républicaine. On retrouve aussi, dans son parcours américain et international, l’empreinte

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de ses premières orientations conservatrices et libérales qu’il doit à sa formation initiale, ainsi que la première inflexion de sa recherche vers l’institutionnalisation du pouvoir étatique gardée de son début de carrière en Allemagne. Il décède en 1984, dans sa ferme du New Hampshire, des suites d’une longue maladie.

Bibliographie de Carl J. Friedrich4 :

Politica Methodice Digesta of Johannes Althusius (Althaus), réédition de la troisième édition de 1614, avec la préface de l’auteur à la première édition de 1603 et les lettres non publiées de l’auteur. Introduction de C. J. Friedrich, Harvard University Press, Cambridge, 1932.

–, et Taylor Cole, « Responsible Bureaucracy. A Study of the Swiss Civil Service », in Studies in systematic political science and comparative government, Cambridge/Mass., 1932.

Responsible Government Service under the American Constitution, New York-London, 1932.

Constitutional Government and Politics, nature and development, New York-London, 1937.

Foreign Policy in the Making. The search for a new balance of power, New York, 1938.

–, et J. Sayre, The Development of the Control of Advertising on the Air, Cambridge/Mass., 1940.

The New Belief in the Common Man, Boston, 1942.

American Policy toward Palestine, publ. sous les auspices du Conseil Américain des Affaires Publiques, Washington, 1944.

Inevitable Peace, Cambridge/Mass., 1948.

Constitutional Government and Democracy. Theory and Practice in Europe and America, (éd. retravaillée de Constitutional Government and Politics, Nature and Development, New York-London, 1937, trad. fr. La démocratie constitutionnelle, PUF, 1958), New York, 1950.

« Johannes Althusius », in Encyclopedia of the Social Sciences, New York, 1950, T. II, p. 13-14.

The New Image of the Common Man, (éd. retravaillée de The New Belief in the Common Man), Boston, 1950.

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The Age of Baroque, 1610-1660, The rise of modern Europe, Vol. 5, New York, 1952.

–, and Robert G. McCloskey, From the Declaration of Independence to the Constitution. The roots of American constitutionalism, introd. de –, « The American Heritage », New York, 1954.

Studies in Federalism, Carl J. Friedrich et Robert R. Bowie (dir.), Boston, 1954 (Trad. fr. Études sur le fédéralisme, Librairie Générale de Droit et de Jurisprudence, 1960).

« Die Philosophie des Rechts in historischer Perspektive », Wolfgang Kunkel (éd.), in Enzyklopädie der Rechts- und Staatswissenschaft, Berlin-Göttingen-Heidelberg, 1955.

« Grundsätzlichen zur Geschichte der Wissenschaft von der Politik », in Zeitschrift für Politik, N. F. I, 1954, p. 325-336.

Cours d’histoire des idées politiques ; évolution de la liberté constitutionnelle en Angleterre à travers les deux révolutions, Paris, 1956.

Établissements de formation : Proposition de création d’un centre de formation des fonctionnaires européens de la C.E.C.A. ou de semblables autorités supranationales, Paris, 1956.

–, et Zbigniew K. Brzezinski, Totalitarian Dictatorship and Autocracy, Cambridge/ Mass, 1956.

–, et Charles Blitzer, The Age of Power. The development of western civilization, New York, 1957.

Constitutional Reason of State. The survival of the constitutional order, Providence/Rhode Island, 1957.

Demokratie als Herrschafts- und Lebensform, Heidelberg, 1959.

Puerto Rico : middle road to freedom. Fuero fundamental, New York, 1959.

Man and His Government. An Empirical Theory of Politics, New York, 1963.

Zur Theorie und Politik der Verfassungsordnung. Ausgewählte Aufsätze, Heidelberg, 1963.

Transcendent Justice. The Religious Dimension of Constitutionalism, Durham, N.C., 1964.

Selected Trends and Issues in Contemporary Federal and Religion Relations, Washington, 1965.

Christliche Gerechtigkeit und Verfassungsstaat, Köln Opladen, 1967.

The Impact of American Constitutionalism Abroad, Boston, 1967.

An Introduction to Political Theory, New York, 1967.

Federalism. Trends in Theory and Practice, New York, 1968.

Europe : An Emergent Nation ?, New York, 1969.

–, Michael Curtis et Benjam Barber, Totalitarianism in Perspective. Three Views, New York, 1969.

The Pathology of Politics, New York, 1971.

1 Qui correspond à l’actuel DAAD (Deuscher Akademischer Austausch Dienst).

2 J. C. Friedrich, Aus der staatlichen Regelung des Eisenbahnwesens in den Vereinigten Staaten. Geschichtliche, rechtliche und wirtschaftliche Grundzüge der Regelung der Finanzen der amerikanischen Eisenbahn-gesellschaften unter dem Esh-Cummins-Act 1920, Dissertation de thèse, Université de Heidelberg, 1925.

3 L’actuelle John F. Kennedy School of Government.

4 C. Friedrich a énormément publié dans des revues et ouvrages collectifs, en plus de son travail conséquent d’éditeur et de directeur de publication. Nous ne citons ici que ses publications personnelles et les ouvrages utilisés par la présente préface. On trouvera une recension complète de son œuvre, et en particulier la liste des articles que nous traduisons dans Theory and Politics – Theorie und Politik, Festschrift zum 70. Geburtstag für Carl Joachim Friedrich, Klaus von Beyme (éd.), Martinus Nijhoff, Haag, 1971, p. 649-159.