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Classiques Garnier

Résumés

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Résumés

Pierre Dockès, « Jean-Michel ou la socioéconomie »

Jean-Michel Servet à lœuvre. Sa découverte des Diola et la « fable du troc », ses travaux sur la genèse de la monnaie, les Walras, la confiance et léconomie sociale et solidaire. Sa critique des propositions dEsther Duflo ou de ses épigones et des pratiques de la Grameen Bank, doù limportance accordée à la solidarité, à la lutte contre lexclusion, en particulier financière, laccent mis sur la réciprocité, le partage ou le don, la citoyenneté, le rôle quil faut attribuer aux communs.

Jérôme Blanc, « Farinet ou la monnaie »

Le faux-monnayeur Farinet produit un trouble sur lauthenticité et plus largement sur la nature multidimensionnelle de la monnaie. Si le Farinet historique soccupait dabord de ses bénéfices, le Farinet de fiction est une figure de la souveraineté de lindividu. On utilise ici cette dualité pour revenir sur lessence de la monnaie dans le cadre des « monnaies du lien ».

Jean-Pierre Warnier, « Biens inaliénables et monnaies du lien »

Annette Weiner articule à frais nouveaux les liens de filiation, dalliance et de consanguinité en faisant la distinction entre biens aliénables et biens inaliénables. Elle rompt avec le structuralisme lévi-straussien fondé sur léchange et la communication. Ce qui ne circule pas, ce qui est partagé à titre de communs, ce qui fait dépôt, ce qui sinscrit dans la transmission apparaît alors comme essentiel aux monnaies du lien.

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Josette Rivallain, « Pratiques monétaires en Afrique, du début du premier millénaire à la conquête coloniale »

Comment aborder les aspects mutidimensionnels de la monnaie sans oublier que les sociétés évoluent sans cesse ? LAfrique davant la colonisation nous est connue à travers les multiples monnaies du commerce à longue distance. Ce qui nentre pas dans ce cadre reste dans lombre. Malgré tout, les étrangers, en sadaptant aux exigences locales, ont modifié leurs pratiques ; en retour, les habitants du continent ont modifié les leurs. Lapproche des monnaies traditionnelles et leur réalité actuelle en dépendent.

Cyril Fouillet et Solène Morvant-Roux, « Au-delà de la microfinance, linclusion financière comme rouage de la construction de lÉtat »

Le chapitre revient sur un élément central des travaux de Jean-Michel Servet : la notion dinclusion financière en lien avec la financiarisation accélérée des économies domestiques dans les pays du Sud. Larticle avance lidée que par-delà lapparente progression du marché via la marchandisation des transactions financières quotidiennes, cest bien une nouvelle posture de lÉtat quil faut entrevoir et interroger.

Isabelle Guérin, « Pour une socioéconomie de la dette »

La socioéconomie de la dette met en évidence sa dimension à la fois universelle, tragique et émancipatrice. Universelle, puisque la dette est une forme élémentaire et fondamentale de linterdépendance entre les êtres humains ; tragique, puisque la dette est une source essentielle dexploitation et de domination ; et enfin émancipatrice, puisque la dette est aussi un vecteur possible de solidarité, entendue ici comme interdépendance recherchée, de reconnaissance et dintégration sociale.

Hadrien Saiag, « La financiarisation par les marges en Argentine. Plaidoyer pour la reconnaissance et lextension de créances non libérables »

Ce chapitre analyse les transformations des pratiques financières du monde populaire argentin. Entre 2009 et 2015, la mensualisation des revenus induite par les transformations du système de protection sociale a ouvert la voie au recours au crédit à la consommation. Il en résulte une nouvelle forme 377dexploitation fondée sur le décalage entre le temps de la finance et celui du travail. Pour lutter contre celle-ci, nous proposons le concept de créances non libérables fondées sur la citoyenneté.

Eveline Baumann, « Quand “épargner” rime avec “protéger”. À propos du renouvellement des ressources naturelles (Mali, Géorgie) »

En ménageant les ressources naturelles, les acteurs – individus, familles, groupes dappartenance divers – renoncent à la consommation immédiate, tout en veillant à leur propre reproduction, matérielle et symbolique. Cette épargne pas comme les autres est analysée à travers la pêche en milieu sahélien et lagriculture dans le Caucase du Sud. Elle nécessite des arrangements institutionnels spécifiques que lintervention dune force extérieure, en loccurrence lÉtat, est susceptible de perturber.

Bruno Théret, « La dette (et le don) contre le partage ? »

Depuis 2015 Jean-Michel Servet voit dans le « partage au sens de bien commun » une forme du principe de réciprocité dont il conteste lassimilation au don. Il rejette aussi la conception de la monnaie qui la rapporte au concept de dette de vie, car elle occulterait lexistence du partage. Le chapitre discute ce point de vue en en récusant avec minutie largumentation. Il montre que le partage ne saurait être assimilé à la réciprocité telle que la définissent R. Thurnwald, B. Malinowski, M. Mauss et K. Polanyi.

Marlyne Sahakian, « Réciprocité, householding et solidarité. Liens et tensions avec léconomie du partage »

À partir de six exemples suisses, lhétérogénéité et la diversité de léconomie du partage sont mises en avant, allant de léconomie sociale et solidaire (ESS) au renforcement de léconomie de marché fondée sur la concurrence. Le householding de Karl Polanyi, compris comme une forme de partage entre pairs, est proposé comme cadre pertinent pour mieux comprendre le fonctionnement de cette économie. Limportance des contextes institutionnels dans lesquels le partage opère est soulignée.

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David Vallat, « Une alternative au dualisme État-marché. Léconomie collaborative, questions pratiques et épistémologiques »

Léconomie collaborative, par ses valeurs (ouverture, collaboration, égalité, empowerment, réciprocité) serait à même de proposer une alternative au capitalisme. Larticle tente de caractériser cette forme déconomie en questionnant ses intentions (grâce à une grille de lecture polanyienne), son mode de gouvernance (en commun) et son rapport à laction de produire.

Sophie Swaton, « Léconomie sociale et solidaire. Une économie de la réciprocité fondée sur une philosophie de la personne »

Selon une approche socioéconomique courante, léconomie sociale et solidaire (ESS) constitue une alternative au capitalisme. En mobilisant la philosophie économique, le texte identifie une dimension alternative de lESS au niveau de lidéologie, et linterprète comme incarnant une philosophie personnaliste opposée à lindividualisme. Le type dinterdépendance promu, propre au principe de réciprocité, constitue un modèle possible démancipation.

Isabelle Hillenkamp, « Léconomie solidaire, un sujet politique ? Propositions de recherche à partir de lexpérience brésilienne »

Ce texte interroge la contribution de Jean-Michel Servet à léconomie solidaire dans son rapport au politique. Il relève son apport à une épistémologie non déterministe de lémancipation, les principes économiques pouvant être soumis à une volonté démocratique et un agir solidaire. À partir de lexpérience brésilienne, il considère la démocratisation dans sa dimension économique et politique, les pratiques économiques ne pouvant être tenues pour logiquement premières par rapport aux mobilisations politiques.

André Tiran, « La traduction comme activité scientifique »

La question de la traduction, au sens courant du terme, est fondamentale. Le défaut dattention aux problèmes de traduction est la règle plutôt que lexception chez les chercheurs. Le problème nest pas seulement celui des concepts et de leur traduction, mais de la façon dont ces concepts sélaborent dans la construction même du texte et dans la façon dont largumentation est conduite.