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Classiques Garnier

Résumés

  • Type de publication : Article de collectif
  • Collectif : Pour une poétique des villes-fleuves du monde, entre géopoétique et écopoétique
  • Pages : 589 à 596
  • Collection : Rencontres, n° 571
  • Thème CLIL : 4027 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Lettres -- Etudes littéraires générales et thématiques
  • EAN : 9782406144823
  • ISBN : 978-2-406-14482-3
  • ISSN : 2261-1851
  • DOI : 10.48611/isbn.978-2-406-14482-3.p.0589
  • Éditeur : Classiques Garnier
  • Mise en ligne : 03/05/2023
  • Langue : Français
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Résumés

Patrick Voisin, « Prolégomènes à létude des villes-fleuves du monde sous le signe de Zeugma »

Létude des villes-fleuves du monde occupe la recherche chez les historiens, les géographes et les urbanistes, en lien avec les questions écologiques : comment envisager la relation entre ville et fleuve ? Or, dans le carrefour détudes des humanités environnementales, il y a aussi la littérature avec des courants tels que la géopoétique et lécopoétique. Mais y a-t-il unité dobjectifs et de moyens entre ces discours, ou ces derniers sont-ils sous le signe de zeugma ?

Pierre Schoentjes, « Petite écopoétique du fleuve chez Pierre Gascar »

Létude transversale de lœuvre de Gascar à partir de limage du fleuve, appuyée par certains rapprochements avec des événements biographiques majeurs, montre que, lorsquil sagit de penser un rapport à la nature, cest toujours contre un imaginaire de lenracinement quil écrit. Alors que lattachement excessif à une terre ouvre la porte aux dérives du nationalisme, lœuvre de Gascar adopte une perspective cosmopolite et privilégie le réseau de la mobilité et du mouvement.

Fatouma Quintin, « Beaucaire au fil de leau, au fil des lignes »

Par sa situation stratégique sur le trajet du Grand Rhône, la petite bourgade de Beaucaire, entre fleuve et mer, a acquis un grand destin de ville-fleuve. Les amours du fleuve et de la terre se traduisent par leurs liens intrinsèques et dans leurs échanges ; aussi se mesurent-ils, dune part, par ce quils sapportent mutuellement, de lautre, par leur disparition simultanée, sous la poussée industrielle, fossoyeuse dun monde naturel.

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Annie Rizk, « Paris au miroir de la Seine chez Balzac. Une mythologie sociale ? »

Dans le roman balzacien, la Seine acquiert une géographie symbolique, entre image de la conquête des ambitieux et gouffre où dautres tournent le dos à la ville et à la vie. Dès lors, la Seine est-elle au cœur de la mythologie sociale balzacienne ou bien a-t-elle une existence plus poétique et imaginaire étrangère à lurbanité ? Comment le mythe de lInconnue de la Seine a-t-il pu émerger et se perpétuer pour représenter les traces mystérieuses de lhistoire de cette ville-fleuve ?

Frédéric Picco, « La Seine ou Ponge à lépreuve de linforme »

Dans La Seine, Ponge rencontre à un double niveau la difficulté de donner une forme satisfaisante au fleuve. Premièrement, lexistence de clichés fait obstacle à la perception, il faut donc les liquider. Vient alors le malaise : le fleuve résiste à toute représentation et à toute domestication et renvoie à une réalité crue. Ponge recourt enfin à des actes de métrise/maîtrise du fleuve, en conjuguant science et poésie, sous le patronage de Lucrèce, son modèle depuis Le parti pris des choses.

Valérie Bordua, « Contre vents et marées… Bordeaux et son fleuve durant la guerre de Cent Ans »

La ville de Bordeaux a toujours suscité la convoitise des couronnes anglaise et française durant la longue guerre de Cent Ans. Le fleuve de la capitale bordelaise savère donc indéniablement être le centre de bien des enjeux par son triple intérêt militaire, économique et social.

Mayi Vincent, « Amsterdam ou la “nostalgie du présent”. Traversée-lecture de la ville qui avait canalisé son fleuve »

Cosmopolite, cannelée deau et dhistoire, Amsterdam est larchétype de la ville-fleuve pour les écrivains qui simmergent dans lexpérience thaumaturgique de son mouvement perpétuel, selon des itinéraires littéraires à la fois singuliers et jumeaux, sondant limage spéculaire dune ville darchitecture, deau, de lumière et de vent dont les reflets démultipliés entrelacent à linfini lintime et luniversel, ricochant dun miroir à lautre à la recherche de la gémellité perdue avec son double.

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Pierre Lavielle, « Londres et la Tamise. Théâtre de fictions contemporaines »

Un corpus dœuvres contemporaines, comprenant une bande dessinée, un manga ainsi que plusieurs films et séries télévisées, nous offre des conceptions singulières et variées des relations quentretiennent Londres et la Tamise. Le fleuve y est représenté comme un champ de bataille stratégique, un lieu propice au mystère et au crime, ainsi quune frontière ambivalente permettant lévasion ou favorisant au contraire lenfermement dans la ville.

Caterina Da Lisca, « Les villes aquatiques dans la littérature fin-de-siècle. Bruges, une topographie de lâme »

La cité sur leau occupe une place centrale dans la production littéraire fin-de-siècle. Bien plus quune toile de fond ou un élément descriptif, elle concrétise lexploitation dun thème spécifique à la sensibilité décadente et elle témoigne de la fascination pour un espace qui suscite la rêverie et la communication entre le sujet et lunivers. Or, les petites provinces flamandes, sous les brumes du Nord, constituent la géographie privilégiée de lâme et de limaginaire fin-de-siècle.

Marc Suttor, « Vivre la ville avec le fleuve. Lexemple des villes mosanes »

Létude des multiples liens unissant les villes aux fleuves nécessite de saffranchir des cloisonnements chronologiques, spatiaux, disciplinaires. Il faut observer le temps long, respecter les espaces de la nature, proposer des critères danalyse opératoires. Ensuite, on considérera les bateaux, les techniques de navigation, les infrastructures. On abordera enfin la vie urbaine en relation avec la rivière, par la pratique de lhistoire connectée, en sappuyant sur larchéologie et la géographie.

Simona Modreanu, « Lettres de “mon Danube” »

Panaït Istrati, Braïla, le Danube : la conjugaison heureuse de ces trois éléments configure un espace-temps particulier, aux saveurs multiples, à la musicalité sensuelle, aux contours estompés dans les limbes de la rêverie. Les récits de Panaït Istrati structurent un univers vertigineux, riche et dangereux, captivant et inquiétant, se forgeant une langue dexpression, le français, qui, tout en gardant son identité, se laisse malmener et vivifier par des sonorités étrangères.

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Farah Zaïem, « Danube de Claudio Magris. LHistoire et les histoires dun fleuve »

Danube, œuvre hautement littéraire, se lit aussicomme une élégie en hommage au fleuve centre-européen et à la diversité naturelle, ethnique, linguistique, culturelle et politique de la Mitteleuropa, « potamologie » ou « atlas » où le fleuve a un statut multisémiotique et fonctionne comme une référence prismatique. Initialement voie et itinéraire de voyage, il se résout en une poétique de la vie qui transmue le factuel géographique et humain en un objet hautement philosophique.

Gérard Chalaye, « Une Oum-Rbia littéraire. De Khénifra à Azemmour »

LOum-Rbia, second fleuve du Maroc par sa longueur, a inspiré des œuvres littéraires francophones, au cours des périodes coloniale et postcoloniale, dont la plus célèbre est peut-être La Mère du printemps de Driss Chraïbi. Il en est de même pour les villes et les sites que le cours deau traverse ou côtoie sur son parcours sinueux : Khénifra, la Kasbah de Boulaouane, Azemmour… dont les charmes et les rêves, historiques, religieux et philosophiques, peuvent nourrir un article de géopoésie.

Anna Madœuf, « Le Caire et le Nil. Diptyque dun paysage »

La géographie de lÉgypte a été façonnée par le Nil, figure synecdoque de lespace égyptien. Les représentations du Caire se sont également nourries de ce modelé singulier, où le fleuve savère être le déterminant du dispositif narratif. Partie prenante du récit de voyage, la description panoramique du paysage cairote, élaborée depuis le Nil, pose la trame dune image exogène convenue de la capitale et le cadre dun exercice littéraire et stylistique en vogue tout au long du xixe siècle.

Marcel Brou Bangah et Théodore Kanga Konan, « Le fleuve Bia. Une trajectoire de ville-fleuve »

Le fleuve, avant tout réalité géographique, revêt généralement une dimension littéraire, car il travaille limaginaire des peuples dont il charrie lhistoire et lidéologie. Ainsi la Bia offre-t-elle des particularismes tant dans son géopositionnement que dans lenrichissement du limon pour la création littéraire. 593Lonomastique est en mesure de révéler la poéticité des noms des lieux pour dévoiler, dans une approche géopoétique, la symbolique des espaces et leurs liens avec les hommes.

Patrick Voisin, « Un chassé-croisé entre villes et fleuves. Les Soleils des Indépendances dAhmadou Kourouma »

Le roman se déroule dans une triple spatialité : la capitale du pays, Bindia et Togobala. Il sagit de questionner les rapports que ville et fleuve entretiennent : ville-fleuve, ville sans fleuve, fleuve sans ville. Le fleuve apparaît comme ce qui semble toujours séparer les humains, même et surtout dans une ville, mais il peut être également, loin de la ville, lactant des retrouvailles dun individu avec lui-même. La géographie des lieux se prolonge dans une géographie du personnage.

Inès Lounda Kihindou, « Limage du fleuve africain par temps de guerre. La Traversée dHenri Djombo et Le Cri du fleuve de Katia Mounthault »

Le Congo, frontière ou pont entre ces deux villes fluviales que sont Brazzaville et Kinshasa, représente une garantie de survie pour les populations menacées, un moyen déchapper à la mort. Cependant, il apparaît également comme le complice idéal pour les belligérants, puisquils peuvent utiliser le fleuve comme moyen dextermination ou de dissimulation de leurs forfaits. Voie de passage, complice, témoin, tombeau… le fleuve donne lieu à différentes représentations, parfois contradictoires.

Esther Laso y León, « Manaus sur lAmazone, ville daventures »

Comment des écrivains et un illustrateur semparent-ils dun lieu réel pour en faire la scène dun récit fictionnel ? Cest ce que Manaus permet de vérifier, en observant les relations ville-fleuve, fleuve-transport/commerce, ville-nature, et la place de lhistoire de cette ville dans les romans, sans oublier desquisser le profil littéraire de la ville de Manaus, fondée par les Portugais en 1669 près du lieu où le Rio Negro et le Rio Solimões deviennent lAmazone, ville-fleuve par antonomase.

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Lisa Romain et Nicolas Chrétien, « Eddy L. Harris ou la réinvention de la ville-fleuve. Le Mississippi et le “patelin” postindustriel »

À trente ans dintervalle, lécrivain noir américain Eddy L. Harris descend le Mississippi en canoë. Chacun de ces voyages fait lobjet dun récit : Mississippi Solo (1988) et River to the Heart (2021). Dans lun comme dans lautre, lauteur en arrive à une célébration inattendue des « patelins » fluviaux sinistrés par la désindustrialisation. Ces deux cartographies littéraires du fleuve mettent alors en évidence limbrication des questionnements identitaires, urbanistiques et environnementaux.

Lamia Mecheri, « New York, une ville-fleuve vue du ciel »

Le film américain Sully du réalisateur Clint Eastwood retrace lincroyable amerrissage forcé et réussi du vol 1549 de lUS Airways, le 15 janvier 2009. Comment, à partir dune vue en surplomb, le réalisateur fictionnalise-t-il et représente-t-il de façon verticale et inédite lune des plus grandes villes-fleuves du monde dans son récit filmique ? Comment lavion devient-il un élément symbolique permettant de faire lexpérience des frontières territoriales, fluviales, et fictionnelles ?

Leyla Khelalfa, « Splendeurs et misères de Bagdad, une capitale au bord du Tigre »

Les relations daffinité quentretiennent la ville de Bagdad et ses deux fleuves, Tigre et Euphrate, est un sujet complexe. À laune de la géopoétique et de la mythanalyse, il apparaît que la relation entre la ville et ses fleuves fut de nature cosmogonique, leau étant le fondement sacré sur lequel la ville fut construite. Mais lanalyse écocritique dun texte dÉ. Malfatto expose la situation désastreuse actuelle à la fois de la ville et des fleuves dans une Bagdad livrée à la guerre et au chaos.

Manon Serrano, « Linterdépendance de Saïgon, Sadec et du Mékong dans LAmant de Marguerite Duras »

Alors que tout semble opposer Sadec et Saïgon dans LAmant de Marguerite Duras, le traversée du Mékong se revèle unificatrice. Lauteure pense cette vallée comme un nouvel espace romanesque : le fleuve est dabord une passerelle 595physique qui relie Sadec à Saïgon, mais celles-ci ne peuvent subsister sans le Mékong et la narratrice. Impétueux, menaçants, séduisants, cest ainsi que Marguerite Duras décrit les flots de ce fleuve ouvert vers le monde et lailleurs.

Johan Krieg et Émilie Crémin, « Le Gange à Varanasi. Controverses autour de la pollution dun fleuve “sacré” »

Lincapacité des autorités étatiques à faire face à la pollution croissante du Gange a conduit le chef dun des temples les plus importants de Varanasi (Inde du Nord) à créer lO.N.G. Sankat Mochan Foundation. Il convient dexaminer les solutions envisagées par ce responsable religieux pour protéger le fleuve, les légitimations quil tire de lenseignement de lhindouisme sur la nature et la façon dont il harmonise les premières et les secondes au nom de son autorité religieuse.

Claude Tuduri, « La part du fleuve à Chongqing. Une approche poétique de lespace urbain »

La part du fleuve, celle du Yangtsé et du Jialing, à Chongqing (Chine), ville-montagne, permet dinterroger les enjeux et les significations de son développement spectaculaire depuis 40 ans : les effets de ses ponts uniques au monde et du Barrage des Trois Gorges sur la vie des Chongqinois, la symbolique de leau, du commerce et des rêves dharmonie face à la nature indomptable, et, enfin, la présence déclinante mais tutélaire des « hommes du fleuve », les bang-bang, au cœur de la ville.

Hélène Moreau, « Des villes, des fleuves et des îles à Rome et dans le monde romain »

Les îlots qui ponctuent les cours deau sont une composante singulière du paysage des villes-fleuves. Situés au milieu des eaux, ils nappartiennent à aucune rive, mais, en dépit des contraintes techniques, les Romains nont cessé de tenter daménager, structurer, maîtriser ces lambeaux de terres fragiles au statut incertain. Les villes qui, comme Rome, Lutèce, Antioche, ou encore Augusta Emerita, ont pris possession de ces îlots, leur ont offert des rôles multiples et contrastés.

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Isabelle Bernard, « Patrick Deville et les villes-fleuves du monde. Une histoire dart et deau »

Les villes-fleuves devilliennes sont des points dancrage et dencrage pour lauteur, le dépaysement étant une donnée cardinale de son écriture. Cest une histoire dart et deau qui fonde sa littérature voyageuse, Deville sadonnant à la contemplation des paysages fluviaux avec son carnet de route tel le peintre avec ses couleurs. Mais lécrivain-voyageur envisage de plus en plus les enjeux environnementaux dans ses romans à la fois autobiographiques, poétiques et foncièrement écologiques.

Laëtitia Deudon, « Villes-fleuve de lEscaut et du Saint-Laurent. Les temps de leau entre métamorphose et imaginaire »

Les villes-fleuve de la vallée de lEscaut (France et Belgique) et de la vallée laurentienne (Canada) sont-elles représentatives des villes-fleuve du monde ? Lapproche géo-historique comparée permet de voir comment leurs dynamiques dévolution sont caractéristiques de grands temps de leau. Et, entre géocritique et écocritique, lenjeu est de cerner lévolution des rapports ville/fleuve à travers lanalyse des métamorphoses paysagères mais aussi des représentations culturelles du fleuve.

Marinella Termite, « Filets deau pour des villes “durables”. Les hypothèses de Salim Bachi et Pierre Patrolin »

Élément naturel capable de détruire et/ou de bâtir un écosystème, leau configure une déclinaison possible de la ville dans lécriture de lextrême contemporain où la notion de liquide en amplifie les conditions dinstabilité. Il sagit détudier les mécanismes de flux et de reflux – qui recréent lurbain – pour mettre à lépreuve du littéraire la notion de ville-fleuve et saisir ainsi la spécificité dune écriture fluviale qui se ferait fractale pour dire la quête dun espace durable.

Aimé Eyengué, « Épilogue aux villes-fleuves du monde. La ville est comme le fleuve »

Leau cest la vie. Et leau a donné de la vie à la ville. Cest cette réalité vivante et fluviatile qui peut recevoir le nom de « fleuvitude », concept pouvant être défini comme étant lart de léquilibre dans lordre des choses : léquilibre entre lhomme et son environnement par la symétrie de leau. Ne pouvant pas avoir un fleuve à tout coin de rue, lhomme moderne sest représenté le fleuve à sa manière. Or, la France nest-elle pas le territoire par excellence de la « fleuvitude » ?