Résumés
- Type de publication : Article de collectif
- Collectif : Portraits de pays illustrés. Un genre phototextuel
- Pages : 333 à 337
- Revue : La Revue des lettres modernes
- Série : Lire et voir, n° 3
- Thème CLIL : 4027 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Lettres -- Etudes littéraires générales et thématiques
- EAN : 9782406056478
- ISBN : 978-2-406-05647-8
- ISSN : 0035-2136
- DOI : 10.15122/isbn.978-2-406-05647-8.p.0333
- Éditeur : Classiques Garnier
- Mise en ligne : 29/09/2017
- Périodicité : Mensuelle
- Langue : Français
Résumés
Laureline Meizel, « Autour d’Au pays d’Hamlet (1894). L’émergence du portrait de pays photoillustré, entre ambitions esthétiques et affirmations nationalistes »
En situant le contexte de production et la réception d’Au pays d’Hamlet (1894), cet article démontre que, malgré l’investissement des photographes, il revient aux éditeurs professionnels de concevoir et d’implanter dans le paysage éditorial le livre illustré de photographie. Un type d’ouvrage qui, entre ambitions esthétiques et affirmations nationalistes, expérimente les différentes fonctions de la photographie dans le livre et substitue aux silhouettes de véritables portraits de pays photoillustrés.
Laury-Nuria André, « De la Grèce fragmentée à la constitution d’une Méditerranée odysséenne. Le portrait paysager dans l’œuvre de Victor Bérard »
L’œuvre de Bérard se singularise d’autres travaux contemporains par la place qu’il accorde à la photographie de paysage au sein de son système de pensée. Cette contribution montre la façon dont il construit le portrait de la Grèce, en la détachant de son substrat historique, par le biais d’un dispositif texte-image complexe autour de la figure de la ruine. Le processus entrepris permet de constituer l’image d’une Grèce métamorphosée en Méditerranée, affranchie du temps et de l’espace, rendue disponible à tous.
Myriam Boucharenc, « Portraits de pays réservés au corps médical »
Disposant d’importants budgets publicitaires, les laboratoires pharmaceutiques ont multiplié, à partir des années 1920, l’édition de revues « réservées au corps médical », dans lesquelles des vues photographiques et/ou littéraires du monde alternent de manière surréaliste avec des réclames pour les vitamines, les veinotoniques ou les cholagogues. L’article s’interroge sur la composition et la sémiologie de ces « portraits de pays », destinés à soulager les praticiens des pesanteurs de leur office.
334Zacharie Signoles-Beller, « Mac Orlan et la Tunisie. Portrait d’un pays en mutation dans la presse de l’entre-deux-guerres »
Quel visage offre la Tunisie dans la presse de l’entre-deux-guerres ? L’exemple de « Tunisie 1937 », que l’écrivain-reporter Mac Orlan rédige dans Marianne, dévoile les enjeux du portrait de pays en régime journalistique. Travaillée par le mouvement indépendantiste et la présence coloniale, les clichés exotiques et la modernisation de ses institutions et de son espace urbain, l’image de la Tunisie est celle d’un pays éclaté. Ce portrait révèle combien la Tunisie est un objet à la fois politique et littéraire.
Susana S. Martins et Anne Reverseau, « Portraits de villes et portraits de pays au-delà de la différence d’échelle »
Cet article compare des portraits de pays photoillustrés et des portraits de villes publiés entre les années 1930 et les années 1960, en se concentrant sur leurs différences. La comparaison, en termes de temporalité, d’auctorialité puis d’esthétique, montre que les premiers sont plus conservateurs que les seconds, qui participent au changement. Le changement d’échelle entre ville et pays n’est pas seulement un resserrement ou un élargissement du cadre : on pense différemment ce qu’on voit différemment.
Alessandra Panigada, « La collection “Merveilles de la Suisse” des éditions Jean Marguerat. Un portrait illustré de la Suisse romande »
Marquées par le discours de la « défense spirituelle », les années 1930-1940 voient le lancement de collections de livres photographiques consacrées aux différentes régions suisses. Inscrite dans ce contexte politique et culturel, la collection « Merveilles de la Suisse » des éditions lausannoises Jean Marguerat est un bon exemple de ce genre de produits éditoriaux : elle étale le répertoire du patrimoine monumental, artistique et paysager des villes, régions et cantons francophones, se présentant comme un portrait en série de la Suisse romande.
Galia Yanoshevsky, « Portrait du pays en jeune État. L’Encyclopédie d’Israël en images 1950-1952 »
L’Encyclopédie d’Israël en images, publiée durant les années fondatrices de l’État d’Israël, documente la façon dont s’est conçue la propagande à destination 335des fondateurs, des immigrants, ainsi que d’un public international susceptible de le soutenir, est aujourd’hui devenue un symbole d’identité nationale. En l’analysant sur les plans visuel, textuel et graphique, cet article montre l’appareil rhétorique visant un auditoire composite qu’elle est, ainsi que sa transformation en objet de patrimoine culturel.
Jean-Pierre Montier, « La France de profil. Du portrait de pays au territoire photolittéraire »
La France de profil est un ouvrage majeur de ceux réalisés en collaboration, ici entre un photographe (Strand) et un écrivain (Roy). Une « légende » l’accompagne : partant d’une des photographies de Strand, Boujut publiera Le Jeune homme en colère, dans lequel l’enquête sociologique et historiographique côtoient la fiction. Cet article reconstitue sa genèse, explicite comment l’ouvrage se revendique pleinement de la photolittérature, enfin comment il se prête à des relectures ayant le caractère d’une « légende ».
David Martens, « L’hier et l’aujourd’hui dans le portrait de pays. Neutralisations de l’historicité »
La modernisation accompagnant les Trente Glorieuses confronte les auteurs de portraits de pays sous forme d’albums photographiques à une double dimension temporelle : l’ancien et le nouveau. Comment composent-ils avec cette tension qui malmène l’identité dont il faut pourtant rendre compte de façon synthétique ? Cet article situe les enjeux de la représentation dans la temporalité, et se focalise sur les deux principales modalités de neutralisation – le contraste et l’analogie – de l’historicité mises en œuvre.
Jean-Michel Rietsch, « Nicolas Bouvier, les visages du Japon »
En 1964, Bouvier est engagé pour être l’auteur et le photographe d’un ouvrage consacré au Japon. S’interrogeant sur la légitimité de toute forme de guide de voyage, Japon se présente comme un guide paradoxal, multipliant les points de vue interrogatifs. Bouvier ménage à la photographie une place primordiale : mieux que l’écriture, elle parvient à rendre intact le mystère des visages d’acteurs Nô ou de paysans. Ces portraits permettent alors, par métonymie, d’imaginer le portrait de tout un pays.
336Danièle Méaux, « La Mission Photographique Transmanche. “Défense et illustration” d’un territoire »
La « Mission Photographique Transmanche » ausculte les transformations apportées au sein de ce territoire par le percement du tunnel sous la Manche. Le chantier présente des enjeux importants pour cette région très touchée par la désindustrialisation. Les vingt-sept cahiers publiés proposent le résultat du travail des photographes dont les regards composent le « portrait d’un pays ». Ce projet collectif possède une valeur performative, travaillant à la re-considération de cette région du Nord de la France.
Ari J. Blatt, « Tours et détours en France. Sur la route avec Jean-Christophe Bailly et Raymond Depardon »
Cet article étudie les liens qui unissent Le Dépaysement, Voyages en France de J.-C. Bailly et le travail du photographe R. Depardon, au travers de son exposition La France. Tous deux offrent une vision progressive d’une nation qui reconnaît son passé tout en évoluant vers un monde multiculturel et global. Ainsi, ils s’opposent aux prétentions belliqueuses de certains critiques qui se plaignent du déclin et de la « déculturation » inévitable de la France en adoptant des positions chauvines et réactionnaires.
« “Des livres qui donnent envie de voyager”. Xavier Canonne évoque des portraits de pays, de villes et des livres de voyage ». (Propos recueillis par Anne Reverseau)
Dans ce texte, Xavier Canonne, directeur du Musée de la Photographie à Charleroi, commente des livres qui peuvent être considérés comme des portraits de pays ou des portraits de villes. Il se souvient de l’émotion particulière portée par ces ouvrages qui « donnent envie de voyager » mais évoque aussi leurs enjeux esthétiques, touristiques et politiques. On perçoit alors en filigrane alors les évolutions et les glissements des livres de voyage depuis les années 1950 jusqu’à la période contemporaine.
337« En bord de pays : “le territoire, c’est l’autre”. Entretien avec Chantal Vey, artiste photographe ». (Propos recueillis par Anne Reverseau)
Chantal Vey, photographe et vidéaste, évoque son travail artistique basé sur la rencontre et sur le territoire, en mettant l’accent sur aRound Belgium, itinéraire photographique au plus près de la frontière belge, et Contro-corrente (encore en cours), un tour d’Italie sur les traces de Pier Paolo Pasolini, porté par les rencontres avec la population. Inspirés des théories de Michel Maffesoli et du collectif italien Stalker, ces projets, que Chantal Vey appelle « errances », sont des portraits de pays en mouvement on ne peut plus contemporains.