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Classiques Garnier

Avant-propos

  • Type de publication : Article de collectif
  • Collectif : Poétiques de la vengeance. De la passion à l’action
  • Auteurs : Bohnert (Céline), Borderie (Régine)
  • Pages : 7 à 8
  • Collection : Rencontres, n° 60
  • Série : Littérature générale et comparée, n° 4
  • Thème CLIL : 4028 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Lettres -- Etudes de littérature comparée
  • EAN : 9782812412820
  • ISBN : 978-2-8124-1282-0
  • ISSN : 2261-1851
  • DOI : 10.15122/isbn.978-2-8124-1282-0.p.0007
  • Éditeur : Classiques Garnier
  • Mise en ligne : 22/11/2013
  • Langue : Français
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Avant-propos

La vengeance ne constitue pas seulement un thème important de la littérature, du théâtre ou du cinéma : c’est une véritable matrice narrative. Provoquée par une offense, une injure, elle est volontiers inspirée par la passion, au sens ancien du terme (indignation, colère, ressentiment, haine…) et consiste en une action, immédiate ou différée, plus ou moins planifiée, qui peut à son tour s’accompagner d’autres passions ou en engendrer de nouvelles. C’est cette articulation de l’action et des passions – celles-ci pouvant être cause, mode, effet de l’action – que nous voudrions explorer dans ce volume, issu du colloque du CRIMEL (EA 3311) organisé à Reims les 8 et 9 décembre 2011.

L’objectif n’est pas de proposer une vision exhaustive de la question, ni même une vision unifiée pour un genre ou une période donnés, mais de rassembler des contributions diversifiées autour d’un sujet d’abord envisagé en termes de poétique, afin de donner un cadre ou un socle commun à des études qui proposent autant de coups de sonde dans différents territoires génériques, linguistiques, historiques et culturels, de la Renaissance à nos jours.

Même ainsi circonscrite dans le temps, cette démarche ne va pas sans risque – au premier chef le double risque de la dispersion et des lacunes. Il a fallu trouver la bonne mesure entre ces deux écueils : les textes réunis dans ce volume rayonnent de l’épopée renaissante au cinéma japonais et hollywoodien, des romans d’Imre Kertész à l’opéra lullyste en passant par la peinture romantique. Nous voudrions ainsi offrir un tour d’horizon, sans prétention à l’exhaustivité, prétention que la fécondité de la vengeance comme matrice narrative sapait à la base. Mais si certains manques sont voulus, pour des genres très explorés comme la tragédie française, d’autres sont circonstanciels. Ainsi la partie « Poésie épique » est illustrée par un seul article centré sur le xvie siècle, or on pourrait non seulement ouvrir à d’autres siècles, mais aussi s’intéresser à d’autres territoires de la poésie.

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De plus, le titre et le noyau de réflexion initial ont amené les participants à explorer des voies qui parfois déplacent ou retournent le point de vue choisi pour le colloque : certains articles, par exemple, mettent en question l’importance de la passion dans la vengeance, ou valorisent l’action plutôt que la passion, ou mettent l’accent sur les enjeux de celle-ci… On verra toutefois apparaître des points par lesquels plusieurs études passent, et des lignes de force que la postface s’efforcera de mettre au jour.

Cinq sections ont été distinguées : Poésie épique, Théâtre et opéra, Romans, contes et nouvelles, Cinéma, Beaux-arts, ordonnées chacune de façon chronologique. En visitant différents genres, elles mettent en avant les spécificités liées aux modes de représentation, à l’évolution propre de chaque forme et aux interactions avec le contexte.

Nous avons plaisir à souligner que la dernière section rend compte de la visite-conférence au musée des Beaux-arts de Reims proposée dans le cadre du colloque, visite qui nous a permis de saisir la richesse des œuvres du musée liées au sujet choisi. S’il n’était pas envisageable de reproduire pour le lecteur le parcours suivi par les participants, il lui sera possible de s’en faire une idée générale, et de se pencher plus particulièrement sur deux tableaux de Delacroix et Chassériau, très intéressants puisqu’ils s’inspirent de Shakespeare, dont l’œuvre paradigmatique est à plusieurs reprises convoquée dans les articles.

Au seuil de ce volume, nous tenons à remercier le CRIMEL et la Région Champagne-Ardenne qui ont tous deux rendu possible cette réflexion collective sur la poétique de la vengeance, en contribuant au financement du colloque. Nous remercions très vivement le musée des Beaux-arts de Reims pour son chaleureux accueil.

Céline Bohnert
Régine Borderie