Aller au contenu

Classiques Garnier

Introduction à la deuxième partie

  • Type de publication : Chapitre d’ouvrage
  • Ouvrage : Poétique de l’extase . France, 1601-1675
  • Pages : 223 à 223
  • Collection : Lire le xviie siècle, n° 53
  • Série : Littérature, libertinage et spiritualité, n° 10
  • Thème CLIL : 4027 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Lettres -- Etudes littéraires générales et thématiques
  • EAN : 9782406081340
  • ISBN : 978-2-406-08134-0
  • ISSN : 2257-915X
  • DOI : 10.15122/isbn.978-2-406-08134-0.p.0223
  • Éditeur : Classiques Garnier
  • Mise en ligne : 22/04/2019
  • Langue : Français
223

Le constat dune marginalisation de lextase dans des discours sur lextase entre 1601 et 1675 doit maintenant être complété par lanalyse poétique de discours de lextase à cette même période. Le changement de dénomination des corpus étudiés voudrait signaler le passage à une analyse poétique littéraire, cest-à-dire menée sur le terrain des pratiques discursives du sens. Cette analyse ne consistera en effet pas à déterminer comme cela a été le cas jusquici de façon principalement thématique la façon dont lextase a été articulée à des pratiques non exclusivement langagières, mais ce que lextase fait avec des discours, dans les conditions historiques énoncées dans la partie précédente. En dautres termes, je travaillerai à exposer ce que lon pourrait appeler une logique de lextase, telle que linscription de lextase dans un discours détermine certaines règles de son fonctionnement. Cette deuxième partie sera consacrée à la poétique narrative de lextase. Le problème spécifique auquel cette poétique doit répondre est dordre temporel : la poétique narrative de lextase vise à favoriser larticulation de deux temporalités difficilement superposables lune à lautre, une temporalité historique et une temporalité providentielle. Ce problème sera abordé à travers deux cas, lun de lextase visionnaire mise au service dun récit de sainteté dans la Vie de Thérèse dAvila (chapitre « Récit dextases et de sainteté dans la Vie de Thérèse dAvila »), lautre de lextase invisible dans les Relations autobiographiques de Claudine Moine, qui prend le contrepied du cas précédent en refusant de mener à bien une semblable auto-hagiographie (chapitre « Lécriture de lextase invisible et continue dans les Relations spirituelles de Claudine Moine »). Ces deux récits ne doivent pas être considérés comme représentatifs des innombrables biographies spirituelles qui sécrivent durant la période, mais comme deux cas extrêmes illustrant cette tension, accentuée par leur narration autobiographique, entre litinéraire spirituel et lexistence historique. Ils renvoient aux deux configurations sémiologiques de lextase mises en lumière dans les chapitres précédents, à savoir la sémiologie de lexcès de lextase de suspension, et la sémiologie du défaut de lextase invisible, envisagées en tant quelles sont investies dans une sémiotique narrative. Étudier lun et lautre récit doit donc permettre daborder les deux extrémités du spectre des modalités possibles de constitution narrative du sens de lextase au xviie siècle.