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Classiques Garnier

Avertissement

  • Type de publication : Chapitre d’ouvrage
  • Ouvrage : Poésies choisies
  • Pages : LXXIII à LXXIV
  • Réimpression de l’édition de : 1989
  • Collection : Classiques Jaunes, n° 214
  • Série : Littératures francophones
  • Thème CLIL : 3436 -- LITTÉRATURE GÉNÉRALE -- Oeuvres classiques
  • EAN : 9782812414596
  • ISBN : 978-2-8124-1459-6
  • ISSN : 2417-6400
  • DOI : 10.15122/isbn.978-2-8124-1459-6.p.0079
  • Éditeur : Classiques Garnier
  • Mise en ligne : 08/04/2014
  • Langue : Français
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AVERTISSEMENT [pour la présente édition]

Les lettrés à qui s'adresse ce recueil jugeront qu'il a été composé pour faire mieux comprendre Ronsard, c'est-à- dire le faire mieux aimer. Tout y voudrait servir, le choix des meilleurs textes, le rajeunissement de l'orthographe et de la ponctuation, surtout la distribution des extraits en séries distinctes, correspondant à peu près aux inspirations diverses du poète et aux thèmes principaux abordés par lui au cours de sa vie. Ce dernier arrangement, sans gêner la liberté du lecteur, sert cependant à le guider, et lui per- met de s'orienter aussitôt dans une œuvre trop vaste et trop touffue pour ne pas décourager le débutant. Ronsard, à mainte reprise et presque d'une édition à l'autre, a changé la place de ses poèmes, non moins que le détail de leurs vers, disloqué et défiguré parfois ses recueils originaux. Rien n'oblige donc, pour un choix tel que celui-ci, à le puiser tout entier dans une même édition. On a pu, au contraire, se permettre de choisir, parmi des textes si fréquemment remaniés, soit le premier publié, qui a souvent plus de saveur que les autres, soit celui qui pré- sente le plus grand nombre de corrections heureuses et, à notre avis du moins, la plus satisfaisante réussite. Il ne s'agissait pas, bien entendu, comme l'a fait parfois Blanche- main, de mêler des textes d'âge différent, mais bien de saisir la pensée de Ronsard, pour une pièce entière ou un extrait de pièce, au moment où elle nous semble le plus près de la perfection. On trouvera, pensons-nous, quelque commodité à l'or- thographe adoptée et aussi à l'usage d'une simplification de ponctuation, qui prend parfois, dans ces anciens textes, l'intérêt d'un commentaire sur le sens. Peu de personnes regretteront l'abandon d'une ancienne orthographe qui a varié suivant les éditions et qu'on croit celle de Ronsard,

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alors qu'elle n'est souvent que celle de ses typographes. La plupart des collecteurs modernes ont même fait leur choix sur la première édition posthume ou celles du xvii® siècle. Au reste, nous avons été obligés de maintenir les formes anciennes dans un certain nombre de cas, soit pour garder le nombre de syllabes à l'intérieur du vers, soit à la fin pour justifier l'emploi d'une rime aujourd'hui vieillie. Le lecteur reconnaîtra aisément la raison de ces exceptions. Le choix a été guidé surtout par des raisons de goût littéraire, quelquefois par l'intérêt historique, très rarement par la pure curiosité. Pour ne pas surcharger un volume déjà trop rempli, l'annotation a dû se réduire à l'essentiel. On aurait souhaité l'étendre, notamment pour les passages d'anciens auteurs qu'a utilisés Ronsard par imitation volon- taire ou simple réminiscence. Le regret est encore plus vif pour tant de pages qu'il a fallu omettre. Plus d'un beau sonnet, plus d'une exquise chanson nous semblent manquer ici. Que de pittoresques morceaux restent à prendre dans les Poèmes ou dans les Hymnes ! N'est-ce pas sa longueur seule qui a fait écarter le récit Sur Véquité des vieux Gaulois, qu'il n'était pas possible de mutiler? Notre lecteur, s'il est mis en goût, peut toujours recourir aux réimpressions complètes. Les suppressions qu'on s'est permis de faire à l'intérieur des morceaux sont toujours indiquées par des points sus- pensifs. Un des défauts de Ronsard, on le sait trop, est la prolixité; son abondance verbale, qui produit quelquefois des jeux d'amusante virtuosité, alourdit fort souvent ses plus belles pages. Nous avons sacrifié des répétitions dénuées d'intérêt, des allusions mythologiques devenues pour nous fastidieuses, des redondances de développement qui eussent occupé sans profit une place précieuse. Parfois la suppres- sion de quelques vers a suffi pour rendre le texte plus vif ou épargner l'ennui d'un commentaire. Daigne Ronsard pardonner nos hardiesses ! Toujours dirigées par un respect filial et méditées pour servir sa gloire, elles aideront sans doute à le faire goûter plus facilement des générations nouvelles. Pierre de Nolhac.