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Classiques Garnier

Préfaces

  • Type de publication : Chapitre d’ouvrage
  • Ouvrage : Poèmes antiques et modernes
  • Pages : 3 à 8
  • Réimpression de l’édition de : 1914
  • Collection : Société des Textes Français Modernes, n° 96
  • Thème CLIL : 3436 -- LITTÉRATURE GÉNÉRALE -- Oeuvres classiques
  • EAN : 9782406101604
  • ISBN : 978-2-406-10160-4
  • ISSN : 2777-7715
  • DOI : 10.15122/isbn.978-2-406-10160-4.p.0033
  • Éditeur : Société des Textes Français Modernes
  • Mise en ligne : 06/01/2020
  • Diffusion-distribution : Classiques Garnier
  • Langue : Français
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~Iô22~
INTRODUCTION =.


Dans quelques instans de loisir j'ai fait des vers inu- tiles ; on les lira peut-être, Inais on n'en retirera aucune leçon pour nos temps. Tous plaignent des infortunes qui- tiennent aux peines du coeur, et peu d'entre mes ou-
s orages se rattacheront à des intérêts politiques. Puisse du moins le premier de ces Poëmes n'être pas sorti in- fructueusement de ma plume ! Je serai content s'il
échauffe un coeur de plus pour une cause sacrée.
Défenseur de toute légitimité, je nie et je combats celle ro du pouvoir Ottoman.

NOTE 2.

On éprouve un grand charme à remonter par la pensée jusqu'aux temps antiques : c'est peut-être le même qui
x. Cette «Introduction » (ainsi l'intitule la table des matiéres de l'édition de r8zz), bien qu'elle soit placée en tête du recueil, est spécialement destinée 1 présenter Héléna au lecteur. — La der- niére phrase fait allusion aux polémiques soulevées dans la presse de r8zr par l'insurrection Itellénique. Certains journalistes euro- péens avaient qualifié les Grecs de rebelles et d'ennemis de leur souverain légitime. Dans son numéro du t°° juillet, le Jo:~rual des Débats inséra une longue lettre â lui adressée «par un savant distin-
gué originaire de la Gréce n. L'auteur, qui signe N. P., protestait
énergiquement contre cette «absurdité ». La question fut discutée et résolue contre la domination turque par de Bonald dans un article des Débuts (Sur la Tstrquie, zo septembre r8zr), qui semble avoir trouvé un écho dans quelques vers d'Hélétaa (chant I°~, v. r~8-r8o).
z. Cette «Note » (le titre est fourni par la table des matiéres) est iusérée dans le volutne aprés le poéme d'Hélét:a, et sert de préfiice aux autres Poén:es, répartis en trois groupes : Poémes Antiques —Poèmes Judaïques — Poèmes Modernes.
34 q. PRÉFACES
entraîne un vieillard à se rappeler ses premières années d'abord, puis le cours entier de sa vie. La poésie, dans
:5 les âges de simplicité, fut tout entière vouée aux beautés des formes physiques de la nature et de l'homme ;chaque pas qu'elle a fait ensuite avec les sociétés, vers nos temps de civilisation et de douleurs, a semblé la mêler à nos arts aïnsi qu'aux souffrances de nos âmes ; à présent,
so enfin, sérieuse comme notre religion et la destinée, elle leur emprunte ses plus grandes beautés; sans jamais se décourager, elle a suivi l'homme dans son grand voyage, comme une belle et douce compagne.
J'ai tenté dans notre langue quelques-unes de ses cou— zs leurs, en suivant aussi sa marche vers nos jours.
35 PRÉFACES 5


[i8z~. — Deuxiéme éditio~a].


Nous réunissons ici, pour la première fois, des poèmes qui furent composés et publiés de temps à autre, çà et là, à travers la vie errante et militaire de l'auteur. Plusieurs nouveaux poèmes en remplacent d'autres, qui ont été 5 jugés sévèrement par lui-même et retranchés de l'élite de
ses oeuvres.
Le seul mérite qu'on n'ait jamais disputé à ces compo- sitions, c'est d'avoir devancé en France toutes celles de
ce genre, dans lesquelles presque toujours une pensée
:o philosophique est mise en scène sous une forme épique ou dramatique.
Ces poèmes portent chacun leur date :cette date peut être à la fois un titre pour tous, et une excuse pour plu- sieurs ;car, dans cette route d'innovations, l'auteur se ~S finit en marche bien jeune, mais le premier.
36 G PRÉFACES

[i8zg. — Troisiénae édition] _.
SUR LA TROISIÈME ÉDITION

Ces poèmes viennent d'être réimprimés, et voilà qu'on les imprime encore peu de jours après. Lorsqu'ils parurent il y a neuf ans z, ils furent presque inaperçus du public.
5 Tout cela devait être. Les choses se sont bien passées.
De part et d'autre on peut étre content. Chaque idée a
son heure.

C'est bien peu de chose qu'un livre comme celui-ci ; mais s'il plaît aujourd'hui, c'est qu'alors il étonna; c'est
xo peut-être qu'il prévenait un désir de l'esprit général, et qu'en le prévenant il acheva de le développer ; c'est qu'une goutte d'eau est remarquée lorsqu'elle jaillit au delà d'une mer ou d'un torrent, nue étincelle lorsqu'elle dépasse les flammes d'un grand foyer.
IS Si ce n'était appliquer de trop vastes idées à un humble
sujet, on pourrait dire encore que la marche de l'huma-
nité dans la région des pensées ressemble à celle d'une
grande armée dans le désert. D'abord la multitude
s'avance et n'aperçoit ni ses éclaireurs perdus en avant


I. En tête de cette troisiéme édition, iuunédiatement avant le mor- ceau ci-dessous, se trouve reproduite, sans aucun changement, la
préface de la deusiéme édition, sous ce titre PRÉFACE DE LA
DEUYIITIE LDITION. 1VIAI 1828.

z. Inadvertance d'Alfred de Vigtty. En x8zg, il y avait non pas atersf ans, mais seulement sept qu'avaient paru les premiers Poérrres (18zz).
37 PRÉFACES 7
~~ d'elle, au delà de l'horizon, ni les traînards qu'elle sème en arrière sur sa route ;elle sent bien le besoin du mou- vement, mais elle en ignore le terme ; chaque nouvel aspect, elle croit l'avoir découvert ; elle prend possession de l'espace ; et quoiqu'elle ne porte sa vue qu'à une
25 étendue très bornée, elle marche incessamment dans des régions sans bornes ; elle s'aperçoit qu'on l'a précédée seulement lorsqu'elle trouve l'empreinte des pas sur le sable, et un nom d'homme gravé sur quelque pierre ; alors elle s'arrête un moment pour lire ce nom, et con-
3o troue sa marche avec plus d'assurance, Elle dépasse bien- tôtles traces du devancier, mais ne les efface jamais. Que ce pas ait été rencontré à une grande ou courte distance, sur la montagne ou dans la vallée, qu'il ait fait découvrir un grand fleuve ou un humble puits, une vaste contrée
35 ou une petite plante, une pyramide ou le bracelet d'une momie, on en tient compte à l'homme qui l'osa faire. Ce faible pas peut servir à créer une haute renomméé, tant la destinée de chacun dépend de tous.
Dans cette rapide et continuelle traversée vers l'infini, qo aller en avant de la foule c'est la gloire, aller avec elle c'est la vie, rester en arrière c'est la mort inêine.
reg juillet 1829.
38 8 PRÉFACES


[1$37] r.

Ces poëmes sont choisis par l'auteur parmi ceux qu'il composa dans sa vie errante et militaire. Ce sont les seuls qu'il juge dignes d'être conservés.
Plusieurs nouveaux poëmes en remplacent d'autres 5 qu'il retranche de l'élite de ses créations.
L'avenir accepte rarement tout ce que lui lègue un poëte. Il est bon de chercher à deviner son goût et de lui épargner, autant qu'on le peut faire, son travail d'épura- tions rigides. Si cela est praticable, c'est, cousine ici,
ro Iorsque doivent paraître des oeuvres complètes sous les yeux de leur auteur et lorsqu'il sait se connaître lui-même et se juger sévèrement.
Le seul mérite qu'on n'ait jamais disputé à ces compo- sitions, c'est d'avoir devancé, en France, toutes celles de rj ce genre, dans lesquelles une pensée philosophique est mise en scène sous une forme Fpique ou Dramatique. Ces poëmes portent chacun leur date. Cette date peut être à la fois un titre pour tous et une excuse pour plusieurs ;car, dans cette route d'innovations, l'auteur se zo mit en marche bien jeune, mais le premier.
Aoùt 183.
8 : D, qu'on peut le faire.
z. Cette préface est reproduite, seule et sans aucun changement, sauf la variante ci-dessus, dans toutes les éditions ultérieures.