Aller au contenu

Classiques Garnier

Résumés

  • Type de publication : Article de collectif
  • Collectif : Pierre Boaistuau ou le génie des formes
  • Pages : 459 à 465
  • Collection : Études et essais sur la Renaissance, n° 125
  • Série : Éthique et poétique des genres, n° 5
  • Thème CLIL : 4027 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Lettres -- Etudes littéraires générales et thématiques
  • EAN : 9782406109242
  • ISBN : 978-2-406-10924-2
  • ISSN : 2114-1096
  • DOI : 10.15122/isbn.978-2-406-10924-2.p.0459
  • Éditeur : Classiques Garnier
  • Mise en ligne : 05/04/2021
  • Langue : Français
459

Résumés

Nathalie Grande, « Avant-propos. Boaistuau auteur »

Alors que lhistoire littéraire ne conserve le souvenir de Boaistuau quà titre de minor, traducteur et compilateur, les articles qui composent cet ouvrage le font enfin apparaître comme un auteur au sens plein du terme, un créateur de formes qui na cessé de renouveler son inspiration au fil de ses œuvres. Son pessimisme ontologique lamène à une conscience politique aiguë, où il puise linspiration tragique qui lamène à séduire un large public.

Marie Barral-Baron, « LHistoire de Chelidonius Tigurinus de Pierre Boaistuau ou un miroir du prince désenchanté »

Cest en 1556 que Pierre Boaistuau publie lHistoire de Chelidonius Tigurinus sur lInstitution des princes chrétiens. Ce texte, au nom étrange, appartient au genre du miroir du prince, mais lauteur nhésite pas à jouer avec celui-ci, à en modifier subtilement les contours, afin doffrir à ses contemporains une réflexion singulière et tragique sur lart de gouverner à la fin des années 1550. En couvrant la nouveauté du manteau de la tradition, Boaistuau offre un miroir inédit, comme désenchanté.

Thibault Catel, « LHistoire de Chelidonius Tigurinus dans la tradition du miroir du prince »

Cet article propose de replacer LHistoire du Chelidonius Tigurinus dans la tradition du miroir du prince pour en apprécier loriginalité. Létude de ladaptation des sources et la comparaison avec des miroirs ou des institutions du prince connus de Boaistuau montrent que la singularité du Chelidonius réside dans un infléchissement du genre, passant de linstitution politique destinée au prince au miroir moral profitable à tous.

460

Tristan Vigliano, « Lhistoire de Mahomet par Pierre Boaistuau. Sources et formes dune digression sur lislam »

Lintérêt de Boaistuau pour lislam détermine-t-il dans son œuvre des modes décriture particuliers ? Comment ses développements sur le sujet sont-ils eux-mêmes déterminés par son information ? Quels liens peut-on établir entre la forme que prend chez lui le discours sur lislam et limage générale que la Renaissance se fait de cette religion ? Répondre à ces questions suppose détudier la digression sur Mahomet incluse dans le Chelidonius Tigurinus. Un apparatus fontium en est ici proposé.

Emily E. Thompson, « Déstructurer et reformer un genre. Les Histoires des amans fortunez »

Malgré sa mauvaise réputation, lédition de lHeptaméron faite par Pierre Boaistuau révèle les goûts changeants des lecteurs de nouvelles dans la deuxième moitié du xvie siècle. Les manipulations éditoriales de Boaistuau anticipent les histoires tragiques quil va introduire moins dun an plus tard avec beaucoup de succès. Rien quen changeant lordre des nouvelles il force une nouvelle lecture. En ajoutant une table des histoires, il affranchit de même la lecture de ceux qui suivent.

Jean-Claude Arnould, « Textes, mensonges et Bandello. La mystification comme instrument dinvention générique »

En écho à des pratiques observables dans ses autres œuvres, Boaistuau recourt, pour présenter ses Histoires tragiques, à un ensemble daffirmations qui entretiennent la confusion dans lesprit du lecteur, quand il ne sagit pas de mensonges patents. Ce dispositif de mystification lui permet de dégager un espace dinvention pour cette forme nouvelle en la situant à mi-chemin entre la traduction et lécriture, entre lhistoire et la fiction et en convertissant la novella en « histoire ».

Hervé-Thomas Campangne, « La rencontre des Histoires prodigieuses et des Histoires tragiques ? Interférences et divergences »

Les Histoires tragiques et les Histoires prodigieuses contiennent des récits « admirables », « véritables », « estranges » et « mémorables », dont les thématiques 461et les messages parénétiques sont proches. Chez les émules de Boaistuau et dans les canards de la fin du xvie et du début du xviie siècle, les deux genres se confondent. Cependant, les deux formes dHistoires créées par Boaistuau procèdent de conceptions différentes du récit court, dont il faut retracer les enjeux et les modalités.

Bénédicte Boudou, « Problématiques religieuses dans les Histoires tragiques de Pierre Boaistuau »

Dans ses Histoires tragiques, Boaistuau se démarque clairement de Bandello quil prétend traduire et dont il fait une lecture augustinienne. Il souligne combien les événements obéissent tantôt à la fortune, tantôt à la Providence, dont les desseins sont insondables. Il réfléchit à la valeur de pratiques contestées, comme le pèlerinage, ou au sacrement de la confession, et nest pas toujours très loin des positions réformées, si bien quon peut parler de son ambiguïté en matière religieuse.

Bérengère Basset, « Boaistuau et le genre de la declamatio (Le Théâtre du monde et le Bref Discours de lexcellence et dignité de lhomme) »

Cet article propose une étude comparée des deux textes de Boaistuau que sont Le Théâtre du monde et le Bref Discours ; il en envisage les contradictions en faisant le pari de lire ces deux textes comme un diptyque qui sinscrirait dans le genre de la declamatio tel quen hérite la Renaissance et tel quelle le transforme. Cette perspective nous conduit à envisager ces textes selon une triple approche, rhétorique, théologique et philosophique.

Alice Vintenon, « “Dun stile trop tragique”. Le rôle du paradoxe dans le Théâtre du monde »

La critique a invoqué la veine du paradoxe pour expliquer la publication de deux discours antagonistes, Le Théâtre du monde et le Bref discours de lexcellence et dignité de lhomme. Or, au sein même du Théâtre du monde, des éléments dialogiques autorisent à lire le texte comme un blâme paradoxal, qui exhiberait sa part dexagération pour montrer que la philosophie chrétienne, par le rôle quelle accorde au libre-arbitre et à la Providence, soppose aux visions trop pessimistes de la condition humaine.

462

Daniel Ménager, « La rhétorique de la miseria hominis dans le Théâtre du monde de Pierre Boaistuau »

Le « mépris du monde » est un thème si ancien quun compilateur comme lauteur du Théâtre du monde nest jamais, avec lui, à court de citations. Or le thème du théâtre part dans un autre sens. Il invite sans aucun doute à considérer le monde sans aucune illusion, mais aussi à l« anatomiser » et lauteur cache mal sa curiosité à légard de phénomènes étranges qui nillustrent pas du tout lidée de la misère de lhomme. Doù une œuvre intéressante, mais travaillée par les contradictions.

Ullrich Langer, « Condamnation et éloge de lamour dans le Théâtre du monde et le Bref Discours de Boaistuau »

Lamour occupe une place de choix dans Le Théâtre du monde et le Bref Discours. Il remplace le péché de luxure ; cest la version pétrarquéenne de lamour, la passion exclusive pour une seule personne, qui lemporte et qui pose des problèmes pour lhumanisme civil. La singularité du lien amoureux met en cause la ressemblance naturelle entre les hommes qui fonde le lien social : doù sa condamnation et sa pathologisation chez Boaistuau et certains parmi les auteurs dont il se sert dans ses compilations.

Frank Lestringant, « Sur les Histoires prodigieuses de Pierre Boaistuau »

Les Histoires prodigieuses de Pierre Boaistuau puisent à des sources traditionnelles comme Pline lAncien, et prétendent allier goût du sensationnel et visée morale. Elles sont placées tour à tour sous le signe de Dieu et du diable, celui-ci singéniant à parodier celui-là. Le propos se veut plus scientifique que moral, à condition toutefois que lexplication naturelle nexclue pas lexplication surnaturelle, et ne détourne pas du respect envers le Créateur.

Marianne Closson, « Pouvoirs de Satan dans lœuvre de Boaistuau »

Les continuateurs des Histoires prodigieuses font de Satan le maître des prodiges. En revanche, en dépit des illustrations de louvrage, Boaistuau adopte une conception orthodoxe des pouvoirs du démon : il ne saurait modifier lordre naturel du monde sans autorisation divine. Aussi Satan est-il avant tout celui qui, en suscitant schismes et hérésies, menace le chrétien. Les Histoires 463prodigieuses sont au service dun discours apologétique qui ne contredit pas les dogmes de lÉglise catholique.

Véronique Duché, « “Fueilleter, et quasi espuiser [les] auteurs grecz et latins”. Lart de la compilation selon Boaistuau »

Publié en 1558, Le Théâtre du Monde de Pierre Boaistuau, vaste encyclopédie de la miseria hominis, connut un vif succès européen. Cet article sattache tout particulièrement au principe dorganisation géométrique à lœuvre dans le traité du Nantais, pour montrer comment les figures de la ligne et du cercle permettent au compilateur de transmettre sa vision dun monde envahi par la violence et le monstrueux.

Bruno Méniel, « LHistoire des persécutions de Pierre Boaistuau et le genre de lhistoire ecclésiastique »

Comme le montre létude de son dispositif, lHistoire des persécutions participe de lesprit que le Concile de Trente a insufflé aux artistes et aux écrivains dobédience catholique : appuyée sur la Cité de Dieu dAugustin, elle tend à manifester que Dieu nabandonne pas ses fidèles et quobligeant ceux-ci à préciser leur doctrine, le combat contre lhérésie a une fonction sotériologique. Boaistuau dévoile ainsi lingéniosité de Dieu, qui se sert des menées du diable pour fortifier lÉglise.

Valerio Cordiner, « “Les couronnes des roys tombent par terre”. LÉglise contre les tyrans dans lHistoire des persécutions de Boaistuau »

Cette étude porte sur lHistoire des persecutions de lEglise chrestienne et catholique et en particulier sur la lutte acharnée qui oppose lÉglise primitive aux empereurs romains. Les analogies existant entre le texte de Boaistuau et les traités monarchomaques publiés à la fin du siècle, surtout par des auteurs catholiques, y sont établis et mis en valeur, notamment pour ce qui est du primat accordé au domaine spirituel sur le temporel.

464

Nathalie Grande, « Formes et usages de la brièveté chez Boaistuau. Un auteur “grand public” avant lheure ? »

À rebours dune certaine tradition rhétorique, Boaistuau na pas hésité à faire court par différents moyens (concentration, abrègement, accélération, usage de lallusion etc.). En frappant limagination du lecteur par une dramatisation pathétique, le Nantais visait ainsi à produire un effet sur le public, gage dune extension du lectorat. La forme brève en recueil ne cherche-t-elle pas aussi par sa modularité à répondre aux attentes et aux usages dun public élargi ?

Nora Viet, « “Aux vers tragiques faire honte”. Lillustration du récit bref sous la plume de Pierre Boaistuau »

Lorsque Pierre Boaistuau publie coup sur coup les Histoires des amans fortunez (1558), les Histoires tragiques (1559) et les Histoires prodigieuses (1560), il œuvre à lillustration dun genre, ou « hypergenre », resté à lécart du renouveau poétique qui anime la scène littéraire française : le récit bref. Létude montre comment le péritexte des trois recueils reflète lambition de Boaistuau dinscrire le récit bref français au temple des Muses et par quelles stratégies discursives il y parvient.

Witold Konstanty Pietrzak, « Lexemple dans les Histoires tragiques de Boaistuau face à la tradition du discours exemplaire »

Dans la majorité de ses œuvres, Boaistuau profite de la force de lexemple, révélateur de ses préoccupations morales. Le cas des Histoires tragiques fait exception à cette règle. Le but de mon article est de montrer que lauteur y abandonne les critères coercitifs du discours exemplaire pour créer une prose narrative souple, riche en nuances psychologiques, agréable à lire et invitant le lecteur à chercher les significations implicites de ses récits.

Concetta Cavallini, « Pierre Boaistuau et Poggio Bracciolini. Écriture et canon italien »

Le canon italien de Pierre Boaistuau va bien au-delà de lascendance directe entre les Histoires tragiques et les Novelle de Bandello. Les préceptes suivis par Bandello (brièveté, choix lexicaux, effets rhétoriques de pointe, de suspens, de 465rappels intérieurs, etc.) sinsèrent dans une tradition en langue vulgaire bien affirmée en Italie, quon peut faire remonter aux Facéties du Pogge. Une enquête approfondie sur les sources italiennes des Histoires tragiques serait nécessaire.

Bruno Méniel, « Postface. Boaistuau écrivain maniériste ? »

Adepte de la citation et de la compilation, Boaistuau propose une création de second niveau : il ninnove pas au plan de la matière mais à celui de la manière, de la constitution de recueils et de linvention de titres. Son art sapparente à un collectionnisme, qui rassemble des mirabilia pour inviter à lémerveillement et à la méditation sur la puissance divine, sans dissimuler la misère de lhomme. Son œuvre, comme celle des peintres maniéristes, relève dun art de cour.