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Classiques Garnier

Note sur les manuscrits du cours de 1819-1820

  • Type de publication : Chapitre d’ouvrage
  • Ouvrage : Philosophie morale (1820)
  • Pages : 65 à 71
  • Collection : Textes de philosophie, n° 15
  • Thème CLIL : 3126 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Philosophie
  • EAN : 9782406071488
  • ISBN : 978-2-406-07148-8
  • ISSN : 2261-0693
  • DOI : 10.15122/isbn.978-2-406-07148-8.p.0065
  • Éditeur : Classiques Garnier
  • Mise en ligne : 03/06/2019
  • Langue : Français
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NOTE SUR LES MANUSCRITS DU COURS DE 1819-1820

En 1841 Etienne Vacherot édita, avec une introduction de son cru et des « Pièces justificatives », un petit volume de 133 pages intitulé Cours d'histoire de la philosophie morale au dix-huitième siècle professé à la Faculté des lettres, en 1819 et 1820, par VI Cousin. En 1885, dans Victor Cousin et son œuvre, parlant de ce même cours, Paul Janet critiqua cette édition en ces termes : En 1841, M. Vacherot a publié quelques-unes de ces leçons dans une brochure de cent cinquante pages, devenue fort rare, et qui est restée ignorée ; ces leçons, d'ailleurs mutilées comme nous allons le voir, ont perdu toute signification. Nous avons eu la bonne fortune de mettre la main sur le cours original et complet qui contient beaucoup plus que la publication de M. Vacherot. Celui-ci, en effet, ne renferme que sept leçons et le cours primitif en avait douze : deux de ces leçons ayant été réunies en une seule dans la publication imprimée, il reste quatre leçons entièrement inédites, et dans toutes les autres, de nombreuses différences et d'importantes additions. Le cours inédit renferme en réalité presque le double, ou tout au moins un tiers du cours publiéb En note Janet précisait que le manuscrit qu'il avait pu utiliser (et qu'il cita abondamment) lui avait été communiqué par « M. Delcasso, ancien élève de l'Ecole normale » et que celui-ci en avait fait don à la Eaculté des lettres de Paris. Il ajoutait qu'une autre rédaction manus¬ crite du cours (qu'il n'utilisa pas) avait été donnée à la même faculté par « M. Louis de Raynal, ancien procureur général à la Cour de cassation ». Ces deux manuscrits sont toujours conservés à la Bibliothèque interu¬ niversitaire de la Sorbonne, qui en possède encore deux autres, inconnus de Janet, et dont l'un appartient au fonds même de la bibliothèque de Victor Cousin. Ce sont donc^ :

1 Victor Cousin et son œuvre, Paris, Calmann Lévy éditeur, 1885, p. 123-124. 2 Ces quatre manuscrits ont été décrits par Jean-Pierre Gotten brièvement mais exactement dans « Victor Cousin et la "mauvaise métaphysique de l'Allemagne dégénérée" », dans

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1) SORBONNE MS 1906 Cours d'histoire de la philosophie, fait par Mr Cousin à la Faculté des lettres de Paris. Année scolaire 1819-1820. (Papier, 327 p., 210x 173 mm. Pleine reliure veau brun avec filets et dentelles.) Comme le signalait donc P. Janet, ce manuscrit a appartenu à Laurent Delcasso (Paris, 1797 — Paris, 1887), qui en a fait don à la Faculté des lettres de Paris. Il contient le cours du semestre d'hiver, réparti en 12 leçons : P. 1-6 : Remarques sur le cours (pages ajoutées lors de la reliure du manuscrit ; ces Remarques sont d'une main postérieure à celle qui a copié le manuscrit et qui ne paraît pas être celle de Delcasso'). P. 7 : D leçon, « Samedi Décembre 1819 » P. 30 : 2" leçon, « De la méthode en général et de son application aux questions philosophiques. Divisions et classement de ces questions. » P. 43 : 3" leçon, « Point de départ de la méthode : Moi, conscience » P. 63 : 4" leçon, « Analyse des facultés de l'âme » P. 89 : 5" leçon, « Retour sur la leçon précédente. La vie intérieure se compose de trois faits : raison, volonté, sensibilité » P. 116 : 6" leçon, « Sensibilité, volonté, raison » P. 149 : 7" leçon, « Du devoir, du bonheur et du souverain bien » P. 185 : 8" leçon, « De la tendance au bonheur ou de l'amour » P. 230 : 9" leçon, « Morale » P. 249 : 10" leçon, « Histoire de la raison » P. 269 : 1L leçon, « La Raison juge de la vérité » P. 289 : 12" leçon, «Application des données psychologiques à la morale individuelle et à la morale sociale » P. 327 : Table des matières (établie postérieurement par Mlle Daguillon) Le découpage en leçons numérotées est postérieur à la copie.

Jean Quillien (éd.), La Réception de la philosophie allemande en France aux x/x'' et xx'' siècles, Lille, Presses Universitaires du Septentrion, 1994, p. 85-107, ici p. 89-90 (note 13 de la p. 89), et de manière détaillée dans « Le cours du semestre d'hiver 1819-1820. Problèmes d'édition, problèmes d'interprétation », dans Eric Fauquet (éd.), Victor Cousin homo theologico-politicus. Philologie, philosophie, histoire littéraire, Paris, Kimé, 1997, p. 53-67, ici p. 58-62, ainsi que dans son inédite « Introduction philologique et doctrinale à l'édition du Manuscrit 1906 (Bibliothèque de la Sorbonne) », p. 1-6 (consultable à la bibliothèque Pierre Mendès France, Université Paris 1, cote R 96 : 171*^9. 3 Nous l'avons comparée à celle présentée par les lettres, il est vrai plus tardives, de Delcasso à Cousin (Sorbonne, MS 224).

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Le manuscrit du cours n'est pas de la main de Delcasso^, lequel n'a d'ailleurs sans doute pas été auditeur de Cousin cette année scolaire- là. En effet, entré à l'École normale en 1813, il résidait en 1819-1820 à Thionville, où il était régent de seconde, après avoir été nommé agrégé au collège royal de Douai (comme maître d'études) en 1818L Le texte a été corrigé par une première main qui est celle du copiste, puis par une seconde, dont il est difficile de dire si c'est celle de Delcasso. La rédaction des leçons est assez ample et diffère de celles des autres manuscrits conservés à la Sorbonne. 2) SORBONNE MS 1040 Cours d'histoire de la philosophie, fait par Mr Cousin à la Faculté des lettres de Paris. Année scolaire 1819-1820. (Papier, 252 p., 258 χ 172 mm. Demi-reliure basane.) Sur un feuillet de garde, on lit, de la main de Léopold Derôme (1833-1889), bibliothécaire de la Sorbonne : « Ouvrage inédit de Victor Cousin, rédigé et écrit de la main de M' le comte Duchatel, ministre de la monarchie de Juillet. Le manuscrit a appar¬ tenu à Jouffroy (cf. Jouffroy, Nouveaux mélanges, 1842, p. vu et viii de la préface, qui est de Damiron) ». Ce manuscrit comprend la quasi totalité des leçons du cours, soit : P. 1-142 : leçons du semestre d'hiver (cours de philosophie morale) P. 143-243 : leçons du semestre d'été (cours sur Kant), avec une lacune dans la 17^ leçon et un résumé de la 19^, à laquelle le rédacteur n'a pu assister. Les leçons, qui ne sont pas datées, sont présentées en continu, leur numérotation étant indiquée dans la marge. Leur rédaction diffère de celles des autres manuscrits et est assez succincte. 3) SORBONNE MS 1907 Victor Cousin. Cours inédit et articles philosophiques. (Papier, 232 p., 220 X165 mm. Cahier cartonné avec cachet de cire au contreplat supérieur.) 4 Voir note précédente. 5 Voir Jean-François Condette, Les Recteurs d'académie en France de 1808 à 1940. Tome II. Dictionnaire biographique, Paris, Service d'histoire de l'éducation / INRP, 2006, p. 140- I4l ; Françoise Huguet et Boris Noguès, « Les professeurs des facultés des lettres et des sciences en France au xix'' siècle (1808-1880)», juin 2011 [en ligne] http://facultesl9. ish-lyon.cnrs.fr

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Ce manuscrit a appartenu à Louis de Raynal (mention de possesseur, p. 1 : « L. Raynal »), qui en a fait don à la Faculté des lettres de Paris. Les leçons du cours ne sont pas numérotées, mais précisément datées. P. 3 : « Réflexion liminaire sur l'homme de caractère opposé à l'homme de tempérament » P. 7-74 : Cours de 1819-1820 à la faculté des lettres. 11 déc. 1819 [= 1" leçon] 18 déc. 1819 [= 2^ leçon] 8 janv. 1820 [= 3" leçon] 22 janv. 1820 [= 5" leçon] 5 fév. 1820 [= Τ leçon] 19 fév. 1820 [= 8" leçon] 26 fév. 1820 [= 9" leçon] 4 mars 1820 [= 10^ leçon] 18 mars 1820 [= 12^ leçon] P. 75-141 et 165-232 blanches P. 142-151 : « Du clair et de l'obscur dans les connaissances humaines ou de la spontanéité et de la réflexion » P. 151-164 : « Du beau réel et du beau idéal » Contrairement à ce qu'indique le catalogue électronique Calantes, le cours ne peut pas être constitué de « notes prises par Louis de Raynal, alors étudiant, qui, devenu procureur général près la Cour de Cassation en fit don à la bibliothèque de l'Université », car Louis-Hector Chaudru de Raynal (Bourges, 1805, château du Vernay, 1892), alors âgé de 15 ans, n'était pas encore étudiant à la faculté. Et de fait une note (de Raynal ?) indique : « Les deux premières leçons ont été rédigées par Paravay {sic) et revues par Cousin. Les suivantes ont été rédigées par Charles Cuvier. » La rédaction des leçons, qui diffère de celle des autres manuscrits, est très succincte. Dans ses Fragments philosophiques (3" éd., Paris, 1838, p. 374), Victor Cousin cite Paravey parmi ses jeunes auditeurs non normaliens mais « passionnés pour la philosophie [qui] se distinguaient dans les concours des collèges {sic) et remportaient toutes les palmes académiques"" » ; et dans son Cours d'histoire de la philosophie morale au dix-huitième siècle pendant l'année 1820, Troisième partie. — Philosophie de Kant (ΫΆύ·?,, 1842, p. vii-viii) 6 Voir aussi Pierre F. Daled, Le Matérialisme occulté et la genèse du «sensualisme ». Ecrire rhistoire de la philosophie en France, Paris, Vrin, 2005, p. 156.

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il explique : « Les rédactions de l'année 1820, sur lesquelles j'ai travaillé, sont l'ouvrage les unes de M. Paravey, aujourd'hui maître des requêtes au conseil d'état, les autres d'un jeune homme qui donnait de si belles espérances interrompues par une noble mort, M. Farcy, tué devant les Tuileries, le 28 juillet 1830. » Ce Charles-André-Joseph Paravey (Coblence, 1801 — ?, 1877), à ne pas confondre avec l'ingénieur et orientaliste Charles- Hippolyte de Paravey (1787-1871), remporta le premier prix de philosophie au Concours général des collèges de 1818, sur le sujet « De la loi morale^ ». Quant à Charles-Christ-Léopold Cuvier (Seloncourt, 1798 — Montbéliard, 1881), pasteur (« ministre du saint Evangile »), il fut reçu docteur ès-lettres, à Strasbourg, en 1826 (sa thèse française étant intitulée Considérations sur le goût dans ses rapports avec la morale^ et sa thèse latine Aphorisnii philosophici de sermoné^). 4) SORBONNE MS VC 77 Victor Cousin, cours de philosophie (1819-1820). (Papier, 104 if., 230 X 185 mm. Reliure parchemin.) Recueil de leçons de diverses mains sur des papiers différents. La première leçon (3") comporte une note de Barthélémy Saint-Hilaire qui indique « Le début est de la main de M. Cousin ; il y a ensuite une autre main que je ne connais pas ; la presque totalité est de la main de M. Bouillier corrigée par M. Cousin. » Une autre note manuscrite de Barthélémy Saint-Hilaire indique sur la 9" leçon « cette rédaction semble être de Ch. Paravey ». Ce recueil contient les leçons suivantes : 3" leçon, s.d. 6" leçon, 29 janv. 1820 7" leçon, 12 fév. 1820 8' leçon, 19 fév. 1820 9" leçon, 28 fév. 1820 10" leçon, 4 mars 1820 IT leçon, 11 mars 1820 7 Voir V. Cousin, Défense de lllniversité et de la philosophie, Y éd., Paris, Joubert, 1844, p. 348. 8 Considérations sur le goût dans ses rapports avec la morale, thèse de littérature présentée à la Faculté des lettres de l'Académie de Strasbourg, par Charles-Chr.-Léop. Cuvier, Strasbourg, F.-G. Levrault, 1826, in-4", 15 p. 9 Aphorisnii philosophici de sermone, quos pro gradu doctoris in Academia Argentoratensi ohtulit etpublice defendet Carolus-Chr.-Leop. Cuvier, Strasbourg, F.-G. Levrault, 1826, in-4", 20 p.

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La rédaction de ces leçons diffère de celle des autres manuscrits ; celle des premières est succincte ; celle des dernières étendue et sans doute complète. À ces quatre manuscrits il faut maintenant en ajouter un cinquième, que nous possédons et qui est celui que nous éditons ici : 5) COLL. S. MATTON Cours de Philosophie par Mr Cousin, ex-maître de conférences à l'ancienne école Normale, professeur suppléant de la philosophie moderne à la faculté des lettres de l'académie de Paris. (Papier, 397 p. - 3 ff. blancs, 210 χ 155 mm. Demi-reliure basane, dos orné.) Un signet de papier (un papier différent de celui du manuscrit) porte l'inscription, qui paraît être de la même main que celle du manuscrit : «Jean Dupuy m'*. [= médecin] du Roi », sur lequel nous n'avons rien su trouver. P. 1 : Programme du cours de philosophie de M. Cousin. Histoire comparée de la philosophie morale en Europe, pendant le dix-huitième siècle. P. 5 : Première leçon. P. 25 : 2^ leçon. P. 34 : y leçon. P. 49 : [séparation sans titre] P. 6l : Trois écoles dans le dix-huitième siècle. Ecole de la sensibi¬ lité, partie morale. P. 76 : Ecole rationnelle. P. 92 : [séparation sans titre = P^ leçon du semestre d'hiver, 11 déc. 1819.] P. 113 : [séparation sans titre = leçon du 18 déc. 1819.] P. 124 : [séparation sans titre = leçon du 8 janv. 1820.] P. l4l : [séparation sans titre = leçon du 15 janv. 1820.] P. 160 : [séparation sans titre = leçon du 22 janv. 1820.] P. 195 : [séparation sans titre = leçon du 5 fév. 1820.] P. 205 : [séparation sans titre = leçon du 19 fév. 1820.] P. 214 : De la tendance au bonheur ou de l'amour [= leçon du 26 fév. 1820.] P. 243 : [séparation sans titre = leçon du 4 mars 1820.] P. 256 : [séparation sans titre = leçon du 11 mars 1820.]

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P. 294 : [séparation sans titre = leçon du 18 mars 1820.] P. 346 : De l'Allemagne avant Kant. [= 1" leçon du semestre d'été.] P. 368 : [séparation sans titre = 9^ (?) leçon du semestre d'été.] Comme les manuscrits conservés à la Sorbonne, ce manuscrit est donc centré sur le cours du semestre d'hiver 1819-1820, et la rédaction de ce cours y est la même que celle du manuscrit Delcasso (MS 1906), mais les deux manuscrits sont indépendants l'un de l'autre, comme le prouve entre autres la non-identité de leurs omissions par homéotéleute. Notre manuscrit présente toutefois dans une première partie des leçons absentes des autres manuscrits et relevant du cours de 1818-1819 sur la philosophie sensualiste (sans que ces six leçons puissent être une à une clairement identifiées avec celles publiées par Vacherot en 1839 sous le titre de Cours d'histoire de la philosophie morale au dix-huitième siècle professé à la faculté des lettres en 1819 et 1820 par M. V Cousin·, Première partie. - Ecole sensualiste) ; en outre, il retient du cours du semestre d'été de 1820 sur Kant deux leçons (la première et la dernière), dont la rédaction dif¬ fère et de celle du manuscrit du comte Duchâtel et de celle que publia Cousin dans son Cours d'histoire de la philosophie morale au dix-huitième siècle pendant l'année 1820, Troisième partie. - Philosophie de Kant cité plus haut. Mais il apparaît que le choix tant des leçons sur l'école sensualiste que de celles sur Kant n'a pas été fait au hasard, et que ces leçons ont été retenues parce qu'elles exprimaient davantage la philosophie de Cousin que celle des auteurs étudiés (ou plutôt, ici, critiqués), qu'elles relevaient donc davantage de l'exposition de son « système » — comme Cousin aimait à l'appeler — que de l'histoire de la philosophie. Il est donc très possible, comme Renzo Ragghianti en a fait et justifié l'hypothèse, que ce manuscrit constitue un « travail préparatoire en vue de la composition d'une œuvre "dogmatique" que Cousin n'a jamais écrite mais que tout le monde lui réclamait'® ».

10 Voir ci-dessus p. 48-63.