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Classiques Garnier

Résumés

  • Publication type: Article from a collective work
  • Collective work: Perspectives facétieuses et esprit de connivence dans la première modernité
  • Pages: 311 to 314
  • Collection: Encounters, n° 502
  • Series: Symposiums, seminars, and conferences on the European Renaissance, n° 117
  • CLIL theme: 4027 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Lettres -- Etudes littéraires générales et thématiques
  • EAN: 9782406110866
  • ISBN: 978-2-406-11086-6
  • ISSN: 2261-1851
  • DOI: 10.48611/isbn.978-2-406-11086-6.p.0311
  • Publisher: Classiques Garnier
  • Online publication: 07-21-2021
  • Language: French
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Résumés

Dominique Bertrand, « Introduction »

La vogue facétieuse dans la première modernité participe dun esprit de connivence qui assigne aux usages sociaux du rire de nouvelles perspectives : lotium lettré valorise une nouvelle généricité conversationnelle autour de processus élitaires normatifs de distinction esthétique ; des auteurs plus engagés utilisent la facétie comme voile protecteur pour des usages satiriques risqués ; le dispositif herméneutique facétieux favorise plus largement lémancipation dune pensée anticonformiste.

Florence Bistagne, « Naissance et parcours de la facétie comme forme brève au Quattrocento. Des lectures antiques pour une forme moderne »

Le De Sermone de Pontano (1499-1502) a imposé les nouveaux contours dune généricité facétieuse hybridant des facéties disparates issues de la tradition antique des dicta et de la nouvelle latine, grecque et italienne. Ce texte fondateur, qui a influencé Castiglione et Guazzo, articule la nouvelle dignité poétique de la facétie à un positionnement éthique, constituant un modèle conversationnel à lusage dune élite dhommes bien nés.

Vincent Dupuis, « Le facétieux, une nouvelle catégorie pour létude de la comédie renaissante ? »

La facétie, négligée par la Pléiade, se voit soumise à un processus analogue de retour à lantique et de rupture avec la tradition vernaculaire, en simposant, dans les années 1570-1580, comme une composante majeure dans la rénovation de la comédie : la promotion dun registre facétieux, sensible dans les tromperies verbales, les bons tours, dans lexercice dune ironie humaniste cinglante contre la sottise, corrobore un processus obsessionnel de distinction socio-esthétique.

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Marie-Claire Thomine-Bichard, « Facéties fin de siècle. Le Recueil dAntoine Tyron (1578) et les Contes et Discours dEutrapel de Noël Du Fail (1585) »

À quelques années près, les ouvrages examinés offrent deux types de réemploi du matériau facétieux : Antoine Tyron produit une compilation danecdotes, nouvelles, bons mots et apophtegmes. Noël Du Fail, juriste et gentilhomme lettré, met en scène un entretien familier entre trois interlocuteurs qui se réapproprient des contes à rire. Ces œuvres très différentes dans leur ancrage culturel et leur réception, restituent chacune à leur manière lesprit facétieux de lhumanisme florentin, dans le sillage du Pogge.

Cécile Toublet, « Les métamorphoses romanesques de la facétie des recueils aux histoires comiques du xviie siècle »

Si le genre des histoires comiques intègre lhéritage gaillard des narrations facétieuses de la Renaissance, il a été amené à sen démarquer dans le traitement des anecdotes érotiques et scatologiques pour répondre au nouvel horizon dattente esthétique dun public soucieux de rire sans enfreindre les bienséances. Sorel a tenté de résoudre les contradictions inhérentes à cette double contrainte, en plaidant pour une restriction de la matière corporelle à la seule pointe verbale.

Nicolas Kiès, « Que fait la facétie ? Pragmatique de la parole enjouée dans les devis encadrants des recueils bigarrés »

À la Renaissance, le cadre visible de loralité partagée sous-tend larchitecture des recueils de joyeux devis : leurs propos encadrants, au-delà de lartifice littéraire, tendent bien à reconfigurer une forme dexpérience sociale vivante et vitale. La connivence facétieuse se construit dans un espace autonome, sur fond de troubles idéologiques majeurs et de fragilisation des appartenances religieuses et sociales, sauvegardant une possibilité utopique de faire communauté.

Bernd Renner, « “Icy ny ha seulement que pour rire ?”. Facétie et satire, une tentative de conciliation herméneutique »

Dans un contexte marqué par la censure, la prétendue innocence de la facétie recouvre les stratégies subtiles dun rire critique obligé de dissimuler ses enjeux véritables pour contourner la contrainte : on peut ainsi relire Boccace, 313Marguerite de Navarre, Castiglione, Le Pogge, Des Périers et Rabelais dans cette perspective serio-comique dun amusement à vocation sérieuse dont la facétie serait le voile protecteur et qui induit lherméneutique comique dune lecture complice, à double entente.

Ruxandra Vulcan, « Le sel de la facétie dans les Dialogues du désordre de Pierre Viret »

Les Dialogues du désordre du protestant Viret publiés à Genève en 1545, font servir lart du « devis » à un engagement religieux satirique et polémique. Viret récupère à des fins oratoires un dispositif dialogique facétieux influencé par lécriture rabelaisienne et le serioludere dinspiration lucianique : ce dialogue truculent, qui convoque le rabaissement carnavalesque pour stigmatiser les abus de la cour romaine, invite à repenser une éthique communautaire.

Christian Bonnet, « Facétie et identités dans le théâtre aquitain dexpression occitane. Ca. 1620-1650 »

Les usages limités de la facétie dans le théâtre aquitain occitan dexpression occitane ca. 1620-1650 trahissent des origines et influences espagnoles et peuvent intéresser pour leurs résonances politiques. LHausano de la Feuillade, tragi-comédie composée vers 1635, laisse affleurer, au-delà dun discours nataliste, et sous le couvert de gaillardises, qui en appellent à une connivence entre initiés, une parole féminine audacieuse révélatrice des jeux de pouvoirs et des conflits de genres.

Olivier Roux, « Facéties soréliennes »

Sorel oppose à une facétie mécanique qui se borne à susciter le rire, sans portée didactique, un style facétieux naïf qui lui permet de faire la promotion de son esthétique comique romanesque. Cette légitimation pro domo recouvre une pratique satirique et libertine de la facétie qui prend pour cible la sottise et les faux savoirs pédantesques, dans la tradition humaniste et que Sorel met en œuvre dans ses fictions narratives mais aussi dans des ouvrages sérieux, à des fins démystificatrices.

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Bruno Roche, « Lart libertin de la facétie dans les dialogues de La Mothe Le Vayer »

Les entretiens libertins du philosophe de La Mothe Le Vayer depuis les Dialogues faits à limitation des anciens de 1630 jusquà LHexaméron rustique, publié en 1670, font la part belle à des jeux facétieux indissociables de stratégies de dissimulation et dexhibition paradoxale des propos blasphématoires et hétérodoxes. Laissant au lecteur la responsabilité de décrypter une apologie épicurienne, la connivence facétieuse fonde une émancipation intellectuelle, cependant fragile et instable.

Tom Conley, « Du chien espagnol. À propos du “Colloque de Scipion et Bergance” (1615) »

La première transcription en français par le Sieur dAudiguier du fameux « Colloque de Scipion et Bergance » de Cervantès (Nouvelles Exemplaires) révèle les bénéfices paradoxaux de la traduction infidèle. En effaçant les signes de localisation de lénonciation, le traducteur favorise une rupture de perspective facétieuse qui libère une imagination poétique et décuple le plaisir de la méditation philosophique sur lordre et le désordre du monde.

Xavier Fontaine, « Du Volksbuch renaissant à lUlenspiegel de Charles De Coster. Éléments de caractérisation de la tradition du livre espiègle »

Le Volksbuch, hapax littéraire du début du xvie siècle, est le point de départ de la tradition du « livre espiègle » autour de la figure dUlenspiegel, et il a bénéficié, comme les Facéties du Pogge, dune large diffusion européenne, influençant notamment Rabelais. Sa postérité a été aussi durable, inspirant la joyeuse élaboration de La Légende dUlenspiegel de Charles De Coster (1867-1869), fondatrice pour la littérature francophone belge.