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Classiques Garnier

Préface

  • Type de publication : Article de collectif
  • Collectif : Perspectives cavalières du Moyen Âge à la Renaissance. Mélanges offerts à François Bérier
  • Auteurs : Boulic (Nicolas), Jourde (Pierre)
  • Pages : 7 à 9
  • Collection : Rencontres, n° 57
  • Série : Civilisation médiévale, n° 5
  • Thème CLIL : 4027 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Lettres -- Etudes littéraires générales et thématiques
  • EAN : 9782812412561
  • ISBN : 978-2-8124-1256-1
  • ISSN : 2261-1851
  • DOI : 10.15122/isbn.978-2-8124-1256-1.p.0007
  • Éditeur : Classiques Garnier
  • Mise en ligne : 21/10/2013
  • Langue : Français
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Préface

C’est à un maître que traditionnellement on offre un volume d’hommages. Un maître, François Bérier l’aura été, même si sa modestie le pousserait à récuser ce terme. Il l’aura été dans la pleine acception du terme, par sa grande érudition, sa rigueur, son exigence, sa liberté d’esprit, et aussi par la profonde bienveillance qui constitue l’apanage du vrai maître. Un maître est quelqu’un qu’on n’approche pas sans en tirer un enrichissement intellectuel et moral. C’est bien pourquoi François Bérier manquera cruellement à l’université Grenoble 3, et au pôle universitaire de Valence, où il a longtemps enseigné la littérature du Moyen Âge et de la Renaissance, à des étudiants qu’il aura marqués comme il aura marqué ses collègues. François Bérier incarne l’université telle qu’elle était depuis le Moyen Âge, telle qu’on s’emploie activement de toutes parts à la faire disparaître : une institution dédiée à la recherche et à la transmission des connaissances, sans jamais dissocier l’une de l’autre, dans des conditions de liberté intellectuelle et politique qui sont inséparables de l’élaboration du savoir authentique.

François Bérier a lui-même eu des maîtres, généreux de leur savoir : Mgr Pierre Gardette, qui dirigeait l’Institut de linguistique romane à l’université catholique de Lyon, et fut directeur de recherches au CNRS ; Gilbert Ouy, également directeur de recherches au CNRS, qui l’orienta vers l’auteur auquel il a consacré la plus grande partie de ses travaux, Nicolas de Clamanges, théologien qui, au tournant du xive et du xve siècle, soutint Benoît XIII, pape d’Avignon durant le grand schisme d’Occident. Après avoir soutenu sa thèse à l’université Paris X, sous la direction de Robert Marichal, de l’École pratique des hautes études, en présentant une édition des Opuscula de Clamanges, François Bérier devint assistant à l’université de Strasbourg, en 1970. Après une carrière de chercheur et d’enseignant bien remplie, c’est à la veille de prendre sa retraite qu’il est parvenu au terme d’un long et minutieux travail de recherche, l’édition monumentale du Commentaire

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sur Isaïe, un important inédit de Clamanges. Cette édition, à paraître, permettra aux chercheurs d’accéder à une mine d’informations sur la pensée d’un théologien dans lequel la Réforme voudra trouver une partie de son inspiration.

Nous espérons que ce volume soit à la hauteur de celui à qui il est offert. Toute son ambition est d’en refléter la curiosité intellectuelle et l’érudition. Ces Perspectives cavalières, donc, ne portent pas seulement ce titre par allusion à la passion de François Bérier pour l’équitation. Elles abordent les œuvres du Moyen Âge et de la Renaissance, ses périodes de référence, sous des angles le plus souvent inattendus, notamment en les mettant en relation avec d’autres périodes ou d’autres genres. On verra ainsi Calvin abordé par le biais d’un roman catholique édifiant du xixe siècle, La Chanson de Roland relue à la lumière des théories anthropologiques de René Girard, Du Bellay placé dans la perspective d’Ovide, le goût de Rabelais pour la théâtralité souligné par ses emprunts aux mystères médiévaux, les fatrasies du xiiie siècle confrontées au surréalisme ou aux loufoques du xixe et du xxe siècle. Un thème récurrent de ces contributions, et ce n’est sans doute pas un hasard, est celui de la transmission du savoir, de l’imitation et de la relation du maître et de l’élève. Le Laborintus, art poétique d’Évrard l’Allemand, est étudié par le biais de la figure du maître. Les relations de Dante et de son père spirituel Brunet Latin, auteur italien puis français, sont l’occasion d’une réflexion sur le sens aussi bien éthique qu’esthétique du choix de la langue littéraire. Le thème de la paternité chez Montaigne soulève des questions qui sont au cœur même de la pensée de l’auteur des Essais. Chez Montaigne encore, on verra abordé le problème de l’exemplarité historique et de l’enseignement que l’on peut recueillir dans les vies des grands hommes.

Mais, par-delà les lignes de cohérence de ce recueil, c’est au plaisir caractéristique de tout volume de mélanges qu’il invite le lecteur : celui, tout imprégné de l’esprit de la Renaissance, de la varietas.

Nicolas Boulic et Pierre Jourde

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Ce volume a pu voir le jour grâce à une subvention de l’équipe de recherche RARE (Équipe d’accueil 3017), aux travaux de laquelle a bien souvent contribué François Bérier. Les auteurs de ce volume voudraient ici remercier M. Francis Goyet, le directeur de RARE, pour l’enthousiasme avec lequel il a accompagné cette publication.