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Classiques Garnier

Trente Avant-propos

  • Type de publication : Article de revue
  • Revue : Parade sauvage
    2019, n° 30
    . Revue d’études rimbaldiennes
  • Auteurs : Saint-Amand (Denis), St. Clair (Robert)
  • Résumé : Introduction générale de cette 30e livraison, qui marque un cap dans l’histoire de la revue.
  • Pages : 11 à 12
  • Revue : Parade sauvage
  • Thème CLIL : 4027 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Lettres -- Etudes littéraires générales et thématiques
  • EAN : 9782406099192
  • ISBN : 978-2-406-09919-2
  • ISSN : 2262-2268
  • DOI : 10.15122/isbn.978-2-406-09919-2.p.0011
  • Éditeur : Classiques Garnier
  • Mise en ligne : 27/01/2020
  • Périodicité : Annuelle
  • Langue : Français
  • Mots-clés : Arthur Rimbaud, interprétation, exégèse, commentaire, rimbaldisme
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Trente

Avant-propos

Tu tiens entre les mains, lecteur, la trentième livraison de Parade sauvage – étape importante dans le devenir de la revue et qui marque du même coup le trente-cinquième anniversaire de sa fondation par Steve Murphy. (Cest dire quil est plus vieux, ce vénérable périodique, que lun de ses deux directeurs actuels !)

Rimbaud, qui mobilise modérément la symbolique des chiffres, ne semble pas un grand amateur de la trentaine tout au plus est-il question dune hésitation performative entre « trente ou quarante chopes » dans le soliloque enivré d« Oraison du soir », où lénonciateur fort en gueule perd comiquement le compte de ses consommations. Que cela ne nous empêche pas de marquer le coup : trente numéros qui ont contribué à affiner et affermir notre connaissance dun poète qui, 165 ans après sa naissance, continue à fasciner un public dépassant largement le cercle restreint des herméneutes. Trente numéros et des centaines darticles, « singularités » et comptes rendus pour témoigner de lénergie communicative de « lhomme aux semelles de vent », de la densité et de la richesse de son œuvre, de lalacrité quil suscite partout dans le monde. Trente numéros et des dizaines de contributeurs zélés, capables de mettre en lumière les rouages des pièces rimbaldiennes les plus complexes, de se livrer à un véritable travail darchéologie culturelle et historique donnant à voir les conditions et circonstances sociales, politiques, et/ou littéraires dans lesquelles sest construit et diffusé cet étonnant opus, ce météore dautant plus éclatant que sa taille est modeste ; de mesurer les effets des phénomènes intertextuels qui unissent le poète à certains de ses prédécesseurs (Verlaine, Baudelaire, la nébuleuse parnassienne, Hugo, Lamartine ou Desbordes-Valmore, certes ; mais, plus en amont et dans une optique plus large : Villon, Rabelais, Ovide pour nen citer que quelques-uns…) et à ceux qui ont suivi ses vues (ses souffles, etc.) ; de saisir et de cataloguer avec autant de perspicacité analytique ses particularités 12formelles (métriques, grammaticales, syntaxiques ou graphiques), voire de lenvisager hors de ses écrits – cherchant des repères dans Charleville, manifestant sa déception vis-à-vis du petit monde des cafés et salons parisiens, bruxellois ou londoniens et choisissant de partir plus loin encore sur les routes dEurope et dAfrique.

Dans ce trentième numéro, nous avons, outre le plaisir daccueillir de nouveaux horribles travailleurs à la revue, celui de retrouver plusieurs fidèles compagnons de route de cette entreprise, à commencer par son instigateur, Steve Murphy. Loccasion pour nous de leur redire à tous, et à lui en particulier, notre gratitude : Parade sauvage est le fruit de leur passion, de leur application, de leur rigueur, de leur subtilité et de leur flair. Quil nous soit donc permis douvrir ce trentième numéro par un mot de remerciement pour le travail critique, exégétique, et éditorial de tous ceux et celles qui, bien avant que nous nayons assumé la charge de sa direction et au fil de ces trente numéros, ont fait vivre, se complexifier et sépanouir à travers les pages de Parade sauvage non seulement notre compréhension de lœuvre rimbaldienne, mais aussi – ou surtout – notre désir collectif de continuer de la lire. De répéter toujours et encore ce geste qui consiste à chercher des effets et stratégies de signification dans les recoins les plus déroutant, les plus déréglés du texte. Et à vouloir le(s) communiquer à autrui, les partager (cum municus, désignant après tout lentrée en relation avec lautre).

Un dernier merci simpose, et non le moindre : nous sommes redevables de leur confiance à Monsieur Claude Blum, aux Éditions Classiques Garnier et, surtout, à vous, lecteurs et lectrices, dont lintérêt et le soutien nous sont précieux et nous incitent à tenir le pas gagné.

Denis Saint-Amand
et Robert St. Clair