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Classiques Garnier

Résumés

  • Type de publication : Article de revue
  • Revue : Parade sauvage
    2018, n° 29
    . Revue d’études rimbaldiennes
  • Pages : 347 à 352
  • Revue : Parade sauvage
  • Thème CLIL : 4027 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Lettres -- Etudes littéraires générales et thématiques
  • EAN : 9782406090380
  • ISBN : 978-2-406-09038-0
  • ISSN : 2262-2268
  • DOI : 10.15122/isbn.978-2-406-09038-0.p.0347
  • Éditeur : Classiques Garnier
  • Mise en ligne : 06/03/2019
  • Périodicité : Annuelle
  • Langue : Français
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Résumés/Abstracts

Henri Scepi, « Lombre portée du “forçat intraitable”. Quelques remarques sur “Nuit de lenfer” »

Cet article montre que « Nuit de lenfer » doit beaucoup au chapitre intitulé « Une tempête sous un crâne » des Misérables. Ni intertexte à proprement parler, ni source ouvertement désignée, le texte de Hugo constitue un cadre dans les limites duquel sorganisent un système de résonances. Du genre et des modes énonciatifs quils invitent à mobiliser jusquaux conduites plus nettement pragmatiques quils programment, « Une tempête sous un crâne » et « Nuit de lenfer » sont en dialogue.

This articles explores the intertextual mesh linking « Nuit denfer » to the chapter of Les Misérables entitled « Une tempête sous un crâne », and shows how much the former owes to the latter. Hugos text is neither, strictly speaking, an intertext, nor an explicitly designated source for Rimbauds prose poem. Rather, « Une tempête sous un crâne » constitutes a dialogical frame within which significations interact and intersect.

Pierre Popovic, « Celui qui inspire »

« Il y a bien du vu dans Les Misérables », écrit Rimbaud dans lune des lettres du « Voyant ». Sans doute est-ce pour cette raison que le roman hugolien lui sert à loccasion dintertexte et de catalyseur poétique. Par la suite, son œuvre elle-même inspire des suites, des détournements, des réécritures, ainsi que le montre Rimbaud design (Rougier V. éd., 2014) de Patricia Castex Menier et de Solirenne.

« There is real vision in Les Misérables », Rimbaud says in one of the so-called « Seer » letters. This judgement perhaps explains why the young poet sometimes prevailed upon Hugos epic novel as an intertextual resource and poetic catalyst. Of course, Rimbauds corpus later becomes a source of dynamic inspiration for many writers. Such is the case of Patricia Castex Menier and Solirennes Rimbaud design, which the present article also considers in the light of Rimbaldian intertexualities.

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Pierre Laforgue, « Errances du “Bateau ivre” »

Livresse du « Bateau ivre » se traduit par des incohérences narratives et des invraisemblances. Cette ivresse est de nature politique. Une lecture sociocritique le montre, en sattachant à linscription de la référence à la Commune dans le texte. Sans être le symbole de la Commune ni non plus la représentation allégorique dun communard, le bateau ivre de Rimbaud, proche du Nautilus, parcourt un espace marin problématique entre lAmérique et lEurope à la recherche du sens de lhistoire.

The intoxication of Rimbauds « Bateau ivre » is legible in the poems moments of narrative incoherence and improbabilities. Yet this intoxication is political in nature, as a sociocritical approach to the poems inscription of the Commune as a problem of reference demonstrates. Neither symbol of the defeated Commune nor allegorical figure of the defeated communards, Rimbauds drunken boat – like Vernes Nautilus – traverses an unsettled and unsettling oceanic space : that of history.

Yann Mortelette, « Albert Mérat ou le renversement dune idole »

Dans sa lettre du 15 mai 1871, Rimbaud considère le poète parnassien Albert Mérat presque comme légal de Verlaine. Cet article sefforce de comprendre pourquoi Rimbaud a qualifié Mérat de « voyant », quelle influence les poèmes de Mérat ont pu avoir sur ceux de Rimbaud et quelles ont été les raisons de leur brouille. Il analyse la parodie que Verlaine et Rimbaud ont faite de LIdole de Mérat et apporte un témoignage nouveau sur le rôle de celui-ci dans laffaire du Coin de table.

In his letter of May 15, 1871, Rimbaud considers the Parnassian poet Albert Mérat almost as Verlains equal. This article tries to understand why Rimbaud called Mérat a « seer », what influence the poems of Mérat could have on those of Rimbaud and what were the reasons for their quarrel. It analyzes the parody that Verlaine and Rimbaud have written of LIdole of Mérat and brings a new testimony on his role in the Coin de table case.

Yves Reboul, « Rimbaud parodiste ? Sur deux poèmes de lAlbum zutique »

On ramène souvent lAlbum zutique à la parodie ou à lobscénité. Mais avec Rimbaud, cest loin dêtre toujours le cas. Vu à Rome, par exemple, censé être une parodie de Dierx, est en fait une satire politique visant lÉglise. Et Exils tourne en dérision les rebondissements successifs de la carrière politique de Napoléon III.

Most commentators reduce the Album zutique to simple questions of parody, if not obscenity. However, concerning Rimbaud, such is not precisely the case. Vu à Rome, for instance, a poem which is thought to be a parody of Léon Dierxs poetry, is in fact a satire of the Roman 349Catholic Church, and Exils, as we show in the present article, mocks the twists and turns of the political career of Napoleon III.

Richard Shryock « Paterne Berrichon, avant de devenir le beau-frère posthume de Rimbaud »

Paterne Berrichon (1855-1922) – Pierre-Eugène Dufour de son vrai nom, fut poète, peintre, sculpteur, critique dart est surtout beau-frère dArthur Rimbaud. Avant la publication de ses textes hagiographiques sur Rimbaud, sa vie suivit dans les années 1880 et 1890 un parcours singulier à travers les milieux littéraires, artistiques, et révolutionnaires. Son implication dans lanarchisme lui valut même des séjours en prison.

Paterne Berrichon (1855-1922), born Pierre-Eugène Dufour, was a poet, sculptor, art critic, and, above all, the brother-in-law of Arthur Rimbaud. Before his texts whose praise sometimes distorted Rimbauds life, Berrichon followed an exceptional path through fin-de-siècle literary, artistic and revolutionary circles. His involvement in anarchism earned him several stays in prison.

Sam Bootle, « Plongée poétique. Rimbaud, Laforgue et Vingt mille lieues sous les mers »

Rimbaud et Laforgue sinspirent tous les deux de Vingt mille lieues sous les mers dans leurs poèmes fondateurs, « Le Bateau ivre » et « Préludes autobiographiques ». Cet article se penche sur les liens thématiques avec cet hypotexte, étudiant surtout des moments dambivalence dans le roman. À ces moments exceptionnels, le voyage vernien sapparente au projet esthétique que partagent les deux poètes : celui de fonder une poétique sur un sujet lyrique qui ne se possède plus.

Both Rimbaud and Laforgue draw inspiration from 20,000 Leagues Under the Sea in their foundational poems Le Bateau ivre and Préludes autobiographiques. This article explores the thematic links with this hypotext, paying particular attention to moments of ambivalence in the novel. It is at these exceptional moments that the Vernian voyage can be compared to the aesthetic project shared by the two poets : that of founding a poetics on a lyrical subject that is no longer in control of itself.

Frédéric Saenen, « Facettes rimbaldiennes de Pierre Drieu la Rochelle »

Depuis Interrogation, son premier recueil paru en 1917, jusquaux pages de son Journal de guerre 1939-1945, la figure dArthur Rimbaud aura hanté lécrivain Pierre Drieu la Rochelle. Cette contribution envisage la présence – explicite ou filigranée 350– du poète maudit chez lauteur du Feu follet, et mesure ses enjeux sur les plans littéraire comme idéologique.

Since Interrogation, his first book of poetry published in 1917, to the pages of his Journal de Guerre 1939-1945, the figure of Arthur Rimbaud has haunted the writer Pierre Drieu La Rochelle. The purpose of this article is to reassess the presence – explicit or watermarked – of the “poète maudit” in the several works of the author of the Feu follet, and to measure its literary and ideological impacts.

Jean-Michel Rabaté, « Note sur les rires de Rimbaud »

Cet article part de lAnthologie de lhumour noir dAndré Breton pour poser la question du rire de Rimbaud, rire qui serait dépourvu de tout humour, même noir. Contestant les bases freudiennes de lanalyse de Breton, il propose une autre vision du rire de Rimbaud qui sappuie essentiellement sur « Bannières de Mai » quil lit au signifiant près.

Taking André Bretons Anthology of Black Humor as a starting point ask about laughter in Rimbaud, a laughter allegedly devoid of humor, even black, this article questions the Freudian apparatus deployed by Breton. It then offers another take on laughter in Rimbaud by focusing on “Banners of May”, a poem whose main signifiers it attempts to read together.

Robert Barsky, « La beatification des écrivains modernistes français. Rimbaud et les poètes de la génération “Beat” »

Cet article explore la façon dont le mouvement Beat hérite du modernisme français, en allant jusquà le promouvoir rétrospectivement. En se fondant sur les écrits dAllen Ginsberg, cet article montre comment leur influence a inspiré et renforcé la créativité expérimentale qui était au cœur du mouvement Beat.

This article traces a poetic and esthetic lineage from 19thC French Modernism up to the Beat movement in the United States. In it, we take an oblique approach into a corpus of interviews and writings by the poet Allen Ginsberg, who sees in French modernists an important precursor of the writers of the Beat Generation, and we show ultimately the singular influence and impact of French Modernism on the creative experimentation which was at the heart of the Beat aesthetic.

Sylvain David, « Son cœur ambre et punk »

Un lieu commun médiatique voit en Arthur Rimbaud un paradoxal « proto-punk ». Lanalyse de morceaux où il est fait mention du poète révèle les origines et 351lévolution de cette filiation symbolique. Une synthèse finale, qui oppose les principales caractéristiques de lœuvre rimbaldienne à celles du mouvement punk, permet den évaluer la pertinence et la teneur.

A media cliché sees Arthur Rimbaud as a paradoxical “protopunk”. The analysis of songs in which the poet is mentioned reveals the origins and evolution of this symbolic filiation. A final synthesis, which opposes the main characteristics of the Rimbaldian oeuvre to those of the punk movement, allows us to assess its relevance and effect.

Keith Walker, « Le beau sacré moderne. Arthur Rimbaud et les poètes de la Négritude »

Pour lœuvre poétique dArthur Rimbaud, quest au juste une esthétique du beau sacré moderne ? Dune réponse à cette question, on va du dix-neuvième siècle au vingtième afin dexplorer les conséquences éventuelles de ce sacré radical pour les représentants principaux de la Négritude, Léon Gontran Damas, Léopold Sédar Senghor, Aimé Césaire, et surtout leurs rôles, selon la formule de Rimbaud, de multiplicateurs de progrès.

For the poetry of Arthur Rimbaud, what exactly is an esthetic of sacred modern beauty ? From a response to this question, the article proceeds from the nineteenth century to a consideration of the twentieth century consequences of this radical concept of the sacred for the principal representatives of Negritude, Léon Gontran Damas, Léopold Sédar Senghor, Aimé Césaire, and especially their roles, according to Rimbauds prescription, as multipliers of progress.

Catherine Witt, « Rimbaud, Cixous, len-marche »

Hélène Cixous tire de lécriture de Rimbaud un élan à la fois poétique et politique qui joue un rôle fondamental dans la pensée et la pratique de lécriture féminine quelle inaugure en 1975. Une analyse du « Rire de la Méduse » révèlera la singularité de sa lecture de Rimbaud tout en tachant de la resituer par rapport aux débats (philosophiques, philologiques, féministes et autres) qui accompagnent la réception de lœuvre rimbaldienne au tournant des années 70.

Hélène Cixous draws from Rimbauds writing a poetic and political momentum that deeply informs the thought and practice of écriture féminine which she inaugurated in 1975. An analysis of « The Laugh of the Medusa » will make clear the singularity of Cixous reading of Rimbaud while also underscoring its relevance to the (philosophical, philological, feminist, and other) debates surrounding the reception of Rimbauds work in the seventies.

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Pierre Brasseur, « LOmbre de Rimbaud dans Peste et Choléra de Patrick Deville »

Le roman Peste et choléra, de Patrick Deville, convoque, par de nombreuses mentions explicites et citations cachées, la figure et lœuvre de Rimbaud. Il poétise ainsi le personnage du scientifique aventurier Alexandre Yersin, dans un parallélisme complexe dont dépendent le sens et le mouvement du roman, tout en produisant un discours discret sur Rimbaud, partiellement désacralisé mais apparaissant comme un jalon majeur de lhistoire du désenchantement.

Patrick Devilles novel Plague and Cholera summons, through numerous explicit references and hidden quotes, the figure and the works of Rimbaud. It thus poeticises the character of the adventurer scientist Alexandre Yersin in a complex parallel upon which hinges the drift and the course of the novel, all the while creating a subtle discourse on Rimbaud – a figure at once partially deprived of his sacred aura and yet appearing as a major milestone in the history of disenchantment.

Benoît de Cornulier, « Sur le rayon des yeux du voyant des “Voyelles” »

Le sonnet « Voyelles » de Rimbaud (vers lhiver 1871) commence par lannonce, par le sujet, quil dira les naissances des voyelles, et se termine par les mots « le rayon violet de ses Yeux », qui forment avec des « fronts studieux » dalchimistes la seule rime masculine du sonnet. Exploration de lhypothèse que ces Yeux sont ceux du sujet devenu Voyant, alchimiste du Verbe, en ce sonnet même.

The sonnet « Voyelles » by Rimbaud (ca winter 1871) begins with the announcement that the lyrical subject of the poem will tell of the births of the vowels, and ends on the words « le rayon violet de ses Yeux » – words which form with the « fronts studieux » of alchemists the only masculine rhyme of the sonnet. This article explores the hypothesis that these “Eyes” are those of a lyrical subject who has become a Voyant, an alchemist of the Word in this very sonnet.