Résumés

Martine Groult, « Introduction »

Cet ouvrage sur l’Encyclopédie méthodique présente la famille Panckoucke, analyse la transversalité autour de l’encyclopédisme, l’Encyclopédie méthodique de Padoue, la presse allemande, les ordres du savoir, la médecine et ses représentations, le rôle de Naigeon, le traitement du droit naturel (1751-1791), la théologie, la physique, la musique, les rapports entre architecture et beaux-arts puis l’anthropologie entre une conception de la civilisation et l’originalité d’une pensée politique.

Lorenzo Bianchi, « Les métamorphoses de l’encyclopédisme de Bayle à Panckoucke »

L’article analyse les métamorphoses de l’encyclopédisme, des dictionnaires historiques aux encyclopédies, entre la deuxième moitié du xviie siècle et la fin du xviiie. Les changements survenus entre le Dictionnaire historique de Moréri et celui de Bayle, entre le Dictionnaire historique et critique et l’Encyclopédie, entre cette dernière et l’Encyclopédie méthodique, illustrent les mutations d’une idée encyclopédique qui à partir de textes individuels, aboutit à un ouvrage collectif, résultat d’une véritable collaboration scientifique.

Clorinda Donato, « Discours sur l’autorité des historiens contemporains (1785) de Girolamo Tiraboschi dans l’Encyclopédie méthodique de Padoue »

De 1784 à 1817 le Séminaire de Padoue publie l’Encyclopédique méthodique de Padoue, une réimpression avec des corrections et amplifications apportées au texte de Panckoucke par l’historien jésuite Girolamo Tiraboschi, chef de file pour la défense de l’Italie à la suite de l’affaire Bouhours. Cette contribution renseigne sur le Discours sur l’autorité des historiens contemporains ajouté par Tiraboschi à la série Histoire pour critiquer l’approche des historiens français et pour expliquer ses critères de correction.

Hans-Jürgen Lüsebrink, « L’Encyclopédie méthodique en Allemagne (1782-1815). Approches d’une réception transculturelle »

Les formes de traduction et de lecture critique de l’Encyclopédique méthodique en Allemagne entre 1782 et 1815 comportent 3 volets : les traductions partielles et fragmentaires replacées dans le contexte large des formes de transfert et de traduction de l’encyclopédisme français aux xviiie et xixe s. ; la question de sa réception critique, mettant en lumière les dispositifs discursifs et les formes de prises de distance ; les traductions d’extraits débouchant parfois sur des formes d’appropriation critiques et productives des textes originaux.

Philippe de la Cotardière, « Les descendants de Charles Joseph Panckoucke et leurs alliances »

Figure de proue du monde de l’édition et de la presse au siècle des Lumières, Charles Joseph Panckoucke a été à l’origine d’une lignée grâce à laquelle l’entreprise familiale a maintenu sa réputation jusqu’à la fin du Second Empire et qui, par le jeu des alliances, a tissé des liens étroits non seulement avec d’autres familles du même secteur (Dalloz, notamment) mais aussi avec de nombreuses personnalités des milieux artistiques, littéraires ou scientifiques.

Martine Groult, « Ordre encyclopédique et ordre méthodique »

L’ordre encyclopédique de l’Encyclopédie est exposé dans le Discours préliminaire rédigé par d’Alembert (juin 1751) et résumé à la fin par un Système Figuré des connaissances humaines. Ce tableau constitue un renversement de perspective qui bouscule la métaphysique. Le 8 décembre 1781, Panckoucke lance dans le Mercure de France un Prospectus pour la souscription à une Encyclopédie méthodique par ordre de matières destinée à améliorer la précédente. Quelles liaisons entre ces deux ordres de savoir et quel a été l’apport de Panckoucke ?

Daniel Teysseire, « Le Dictionnaire de médecine de l’Encyclopédie méthodique. La méthodicité à l’œuvre »

Chaque Dictionnaire de la Méthodique a son intérêt, mais le premier de celui de Médecine est d’être en homologie avec l’entreprise. Sont présentés ici deux inventaires : celui des 13 tomes avec une Table alphabétique et de concordance des matières de 172 p., et celui des auteurs et éditeurs de Vicq d’Azyr à Moreau 437de la Sarthe. L’étude montre ensuite que ce Dictionnaire met en œuvre l’esprit méthodique : donner l’état de ces sciences et marquer leur développement en suivant le fil rouge de la médecine anatomo-clinique.

Muriel Collart et Daniel Droixhe, « Le traitement du cancer dans les premiers tomes médicaux de l’Encyclopédie méthodique (1787-1793) »

On examine comment la construction du savoir sur le cancer se reflète dans les six premiers tomes de la collection médicale de la Méthodique. Une première partie envisage les causes de la maladie, particulièrement les écarts de l’atrabile, la contusion, les « affections de l’âme », l’hérédité, etc. Une seconde partie considère les traitements par les procédés d’adustion, l’électricité et l’aimant, la belladone et la ciguë, à propos de laquelle on établit une carte de la réception européenne.

Paolo Quintili, « Jacques André Naigeon et l’histoire de la philosophie dans l’Encyclopédie méthodique »

Le rôle de J. A. Naigeon dans la rédaction de la grande Encyclopédie méthodique a été longtemps négligé. L’élève de Diderot qui rassemble, dans la Méthodique, les articles d’histoire de la philosophie que son maître avait puisés dans l’Historia critica Philosophiae de Brucker, traduits et publiés dans l’Encyclopédie, ajoute beaucoup du sien. En matérialiste, Naigeon développe jusqu’au bout les principes du « diderotisme » au tournant des Lumières. L’Appendice fournit une table complète des articles.

Luigi Delia, « Lumières sur le jusnaturalisme de l’Encyclopédie à l’Encyclopédie méthodique »

L’idée du droit naturel jouit d’un rayonnement exceptionnel à l’époque moderne. Il s’agit de tracer un premier bilan critique de son traitement encyclopédique entre 1751 et 1791. À l’âge des Lumières et des déclarations des droits, que nous apprennent l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert, le Code de l’humanité de De Felice et l’Encyclopédie méthodique à propos des principes du jusnaturalisme et de ses exigences de renouvellement morale et politique ?

Sylviane Albertan-Coppola, « La spécialisation dans l’Encyclopédie méthodique. Le cas de la théologie »

Dans l’avertissement de son Dictionnaire de Théologie (1788-1790), l’abbé Bergier renvoie aux Dictionnaires de Métaphysique, Morale, Histoire et Jurisprudence, en précisant que, si le sien avait dû paraître seul, il eût été plus étendu car il aurait fallu y faire entrer des articles de ces disciplines. Par-là, il va dans le sens d’une spécialisation de la Théologie et souligne la différence qui sépare un dictionnaire isolé d’un dictionnaire appartenant à un ensemble comme l’Encyclopédie méthodique.

Josiane Boulad-Ayoub, « L’abbé des Lumières, le matérialisme radical et le réformisme prudent »

Cet article analyse, d’abord, les Discours préliminaires aux Dictionnaires respectifs de l’abbé Bergier, de l’athée Naigeon et du modéré Lacretelle. Il examine, ensuite, les interprétations conflictuelles du spinozisme qui sont développées dans leurs Dictionnaires. Il dégage, en conclusion, parmi les entrées conceptuelles communes, les implications polémiques-politiques des termes du débat tolérance/intolérance qui met aux prises les auteurs précités.

Malou Haine, « Transversalité des dictionnaires spécialisés de l’Encyclopédie méthodique. L’exemple des instruments de musique »

Les Dictionnaires de l’Encyclopédie méthodique constituent une refonte de l’Encyclopédie et du Supplément. Si l’Art du faiseur d’instruments et Lutherie, dans les Arts et métiers mécaniques regroupe la plupart des articles sur les instruments de musique, cinq autres métiers s’en occupent : boisseliers, fondeurs de cloches, chaudronniers, layetiers et horlogers. Il faut donc consulter les volumes de nombreuses autres séries. Cette dispersion montre que certains domaines de connaissance résistent à former une entité fermée sur elle-même.

Marina Leoni, « L’Architecture face aux Beaux-arts. La “Méthodique” de Quatremère »

À l’intérieur de la vaste entreprise éditoriale de Panckoucke, les volumes d’Architecture semblent entretenir un rapport privilégié avec ceux des Beaux-arts, pour des raisons différentes. Un regard plus proche sur les deux Dictionnaires 439montre que ce rapport, bien qu’existant et quasiment incontournable, est toutefois controversé, problématique et, parfois, conflictuel.

Anne Kathleen Hardesty Doig, « Ébauche d’une étude transversale. Le Dictionnaire de Physique »

Le découpage en dictionnaires par matières dans l’Encyclopédie méthodique compliquait la tâche des éditeurs. Pour accomplir leur but didactique et pour assurer que l’ouvrage reste vraiment une encyclopédie, ils devaient relier leur matière à d’autres matières apparentées sans faire de doubles emplois. Les éditeurs du Dictionnaire de Physique relevèrent le défi, particulièrement marquant dans cette science dont toutes les autres dépendaient dans le schéma de l’époque, par une approche transversale assez complexe.

Claire Fauvergue, « Philosophie et langue philosophique dans le Dictionnaire de Philosophie ancienne et moderne »

Toute langue naturelle contient les éléments d’une langue philosophique et les progrès de celle-ci dépendent moins du progrès de la philosophie expérimentale que du progrès général des Lumières. Naigeon met ainsi en valeur l’importance de la langue philosophique dans la constitution de l’histoire de la philosophie : en permettant de distinguer les notions véritables des opinions philosophiques, la langue philosophique se révèle très utile en matière d’histoire de la philosophie.

Rolando Minuti, « L’anthropologie dans l’Encyclopédie méthodique. Les sauvages de Jean-Nicolas Démeunier »

Dans les articles publiés pour le Dictionnaire Économie politique et diplomatique, Jean-Nicolas Démeunier reprend quelques sujets abordés dans son célèbre ouvrage antérieur : l’Esprit des usages et des coutumes des différents peuples. Cet essai analysait quelques articles du Dictionnaire qui concernent la réflexion de Démeunier sur les populations sauvages de l’Amérique du Nord, pour mettre en évidence les tensions de sa conception de la civilisation et l’originalité de sa pensée politique.