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Classiques Garnier

Résumés

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Résumés

Patrizia De Capitani, Marc Douguet et Marc Vuillermoz, « Introduction »

Les études sur le théâtre de la première modernité se sont focalisées sur la séquence finale des pièces. En sappuyant sur un corpus dramatique produit en France, en Italie et en Espagne, ce volume sinterroge sur les techniques suivies pour marquer le début des pièces. Ces spécificités, choix dauteur, réécriture, reprise dun motif récurrent, exploitation dune approche rhétorique ou jeu avec le prologue ou le public, témoignent de la complexité qui est inhérente à la notion douverture.

Christiane Deloince-Louette, « L“occasion” de la “fable”. La légitimation de lexposition dans la comédie de la Renaissance »

La notion doccasio fabulae, que les commentaires allemands aux comédies de Térence reprennent à Donat, désigne la circonstance déterminante qui justifie le début de laction, tant pour les personnages que pour les spectateurs. La notion renvoie à un modèle rhétorique (les circonstances du fait dans la narration) adapté au genre dramatique (rendre plausible lexposé des faits). Le présent article en retrouve les traces dans les comédies de Jodelle, Jean de La Taille et Odet de Turnèbe.

Lauriane Maisonneuve, « Interrogations et apostrophes. Des clefs discursives à louverture dune action tragique »

Apostrophe et interrogation étant les figures interlocutives les plus employées à louverture des tragédies classiques, nous proposons une étude stylistique de leurs différentes réalisations. Lexploitation de ces figures motive ainsi le récit initiant laction en même temps quelles valorisent linteraction dès lentrée des personnages sur scène. Permettant de passer linguistiquement de rien à tout, elles négocient dès les premières lignes larticulation entre argumentation et action.

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Christine Noille, « Quel meilleur début pour Le Tartuffe ? »

Quel début pour quel format de pièce ? Nous appréhenderons la question de lincipit dun point de vue rhétorique, en termes dorganisation séquentielle, de rythme du montage – et non en termes de ménagement dune cohérence. Où lon éprouvera, avec le cas du Tartuffe, en cinq actes dans sa version finale, mais en trois actes dans la version de 1664, que le format a une incidence décisive sur la distribution de la matière dramatique : ce ne peut être la même ouverture de part et dautre.

Sabine Lardon, « Choix et enjeux du personnage protatique dans les tragédies de Robert Garnier (1568-1583) »

La présente étude dégage les enjeux du choix du personnage protatique dans lensemble des sept tragédies de Robert Garnier, afin dobserver comment la protase permet dengager une réflexion sur la question du mal et de sa responsabilité, dont les actes suivants fourniront lillustration, faisant de la tragédie une argumentation déductive, allant du général au particulier et de la thèse à lexemple.

Christophe Couderc, « Les commencements pluriels dans quelques comedias de Lope de Vega »

Maintes pièces de Lope présentent un début difficile à qualifier en termes de composition dramatique. Plusieurs facteurs, internes ou externes, peuvent expliquer la présence douvertures à double détente, qui pouvaient servir à éclairer le spectateur sur la tonalité dominante de la pièce qui débute. Mais sur le plan narratif, elles peuvent aussi bien annoncer un développement à venir que tromper le spectateur crédule.

Maurizio Busca, « Les débuts de Benserade. Pratiques dautopromotion dans les œuvres théâtrales des années 1634-1639 »

Les scènes douverture des pièces dIsaac de Benserade sont toujours fondées sur le détournement des constantes du sujet traité ou du genre abordé. Elles ne marquent cependant pas une véritable rupture avec la tradition ni avec les modèles contemporains : elles apparaissent en revanche comme des lieux privilégiés de construction et de promotion dune identité auctoriale moderne et sensible aux attentes dun public mondain.

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Marc Vuillermoz, « “La comédie souvre par deux marquis qui se rencontrent”. Forme et enjeux de lattaque dans les pièces de Molière »

Cette étude, qui couvre lensemble du théâtre de Molière, vise à montrer le soin apporté par le dramaturge pour composer louverture de ses pièces, en tenant compte des attentes des différentes strates de son public et des conditions matérielles de la représentation, à la cour et à la ville.

Cécile Berger, « Les débuts de comédie chez Carlo Goldoni. Lentrée en scène stratégique de lacteur/trice, un héritage de la comédie dellarte du xviie siècle ? »

Comment Carlo Goldoni passe-t-il « de rien à quelque chose » ? Fondant son écriture sur une étroite collaboration avec lacteur, Goldoni écrit certaines de ses pièces sur requête dacteurs ou pour un acteur ou une actrice quil entend valoriser. Cette méthode impacte considérablement le début des pièces considérées, en appliquant un système propre à la commedia dellarte du xviie siècle alors que lincidence de lacteur sur le texte prenait le pas sur celle du dramaturge.

Céline Fournial, « Récrire le début. Stratégies de limitation différentielle »

La récriture dune source dramatique est par excellence un espace dimitation différentielle. À ce titre, les scènes douverture sont des lieux stratégiques. Lanalyse des récritures depuis la naissance de la comédie et de la tragi-comédie en France jusquà la Fronde révèle les spécificités génériques ou chronologiques des stratégies de différenciation. La première scène expose les éléments de lintrigue mais aussi les partis-pris dramaturgiques, esthétiques et sémantiques du dramaturge.

Céline Candiard, « Implications génériques de louverture. Le cas des Festin de Pierre (Espagne, Italie, France) »

En comparant les ouvertures très contrastées dune dizaine de pièces espagnoles, italiennes et françaises consacrées au même sujet, cet article propose daborder la question de louverture dun point de vue rhétorique, comme une modalité de lexorde (par opposition à lexposition, plus étalée dans les premiers actes de la pièce), et sattache à montrer limportance des considérations génériques sur les procédés de captatio benevolentiae choisis par les auteurs.

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Paola Ranzini, « Scènes douverture. Ce que les ombres nous apprennent »

Exposition, action, surprise, terreur, effets spéciaux : telles sont les fonctions et les finalités de lapparition dune ombre au début dune tragédie. À la différence de lOmbre du Prologue, elle établit un lien avec les personnages, lespace et le temps de laction. Cette étude, se rapportant aux traités de lépoque concernant les moyens de leur réalisation matérielle, propose lanalyse de lincipit de trois tragédies italiennes (Orbecche, 1541 ; Canace, 1546 et La Semiramis, 1593).

Valentina Gallo, « Phénoménologie du début dans la tragédie italienne du xvie siècle »

Larticle tente de définir de manière pragmatique le concept de « début » dans la tragédie du xvie siècle, pour ensuite aborder le problème de la relation entre le « début » et lœuvre dans son ensemble, et finalement montrer comment cette relation évolue au cours du siècle, de Trissino et Rucellai, jusquà Giraldi, Sperone Speroni et le Tasse.

Paola Cosentino, « Lange, le nuage, lombre. Les figures du prologue dans le théâtre tragique de Della Valle (environ 1560-1628) »

Cette étude examine la production théâtrale de Federico Della Valle en sarrêtant sur les prologues. Dans les tragédies de lécrivain dAsti la tâche de présenter le drame est confiée à une ombre (La reina di Scozia), à un ange (Iudit), et enfin à un nuage (Ester). Il sagit donc détablir quelle fonction Della Valle attribue aux figures qui ouvrent ses poèmes tragiques, en essayant de découvrir si celles-ci sont des personnifications, des allégories, ou encore des symboles.

Sylvain Garnier, « Lévolution dune convention dramatique, poétique et scénographique. Louverture aurorale des pastorales au xvie et au xviie siècles »

Entre la fin du xvie siècle et le premier tiers du xviie, nombre de pastorales font débuter leur action par une évocation ou une description de laurore. Ce motif constitue un lieu démulation poétique et dramatique pour les dramaturges qui ont su linvestir de manières très diverses, sadaptant à la fois à lévolution du style propre à la poésie lyrique et aux évolutions du théâtre, quil sagisse de réagir aux débats sur la régularité ou de tirer parti du développement des machines.

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Hector Ruiz Soto, « “Pónense las niñeces del santo en primer lugar”. Poétique expérimentale de lincipit dans les comedias de santos au temps de Gondomar »

Le théâtre hagiographique, qui suit le modèle des vies de saints, commence par lenfance du protagoniste, daprès Suárez de Figueroa. Cet article étudie dix-sept comedias de santos de la fin du xvie siècle, qui prouvent au contraire une grande variété de motifs dincipit. Le seuil de ces pièces est le lieu dun mélange des genres qui fait honneur à la variété de la Comedia nueva, et qui met en lumière le régime mimétique particulier de ce théâtre à la frontière du spectacle et de la fête.

Bianca Concolino Mancini Abram, « “Uno spettacolo fuor di commedia”. Les prologues dialogués dans les comédies de lArétin, des Intronati et du Lasca »

Dans le panorama de la comédie du xvie siècle le prologue permet à lauteur de présenter le sujet et lintrigue de la comédie mais aussi dintervenir dans les débats culturels du moment. Le prologue prend parfois la forme dun dialogue et il introduit une innovation formelle dans la relation entre lauteur et le public. Cette étude propose dillustrer ce procédé par le biais de quelques exemples particulièrement significatifs.

Jérémy Sagnier, « À quoi bon des prologues ? Les prologues des premières comédies françaises comme lieux de distinction dun genre (re)naissant »

Cet article montre comment les prologues des premières comédies françaises de la Renaissance offrent au genre comique un véritable arsenal théorique sinon concerté, du moins cohérent. Les outils de la rhétorique et de la stylistique permettent de rendre compte dans ces textes dune volonté commune de distinction, au sens bourdieusien du terme. Cette distinction passe par des procédés énonciatifs, un vif registre polémique, ainsi que par la construction de hiérarchies littéraires et sociales.

Véronique Lochert, « Ouvrir par la dispute. Prologues conflictuels et combat des sexes »

De nombreux prologues européens de la première modernité mettent en scène le conflit entre différentes formes ou personnes, qui tentent daffirmer leur autorité sur le spectacle. Ces disputes ont pour fonction de distribuer les 440rôles entre auteurs, acteurs et spectateurs. En opposant la voix masculine du prologue traditionnel et la voix féminine de lactrice ou de la spectatrice, elles montrent aussi limportance de la différence des sexes dans la configuration de lexpérience théâtrale.

Pierre Pasquier, « À lorée du théâtre. Réflexions sur le début de la représentation sur la scène publique de lâge baroque en France »

Autant, dans lexpérience du spectateur moderne, le commencement de la représentation se distingue clairement, autant, dans celle du spectateur français de lâge baroque, celui-ci restait assez indistinct. Un certain nombre de conditions sociales, techniques, architecturales, scénographiques, mais aussi culturelles, rendaient en effet la perception du début de la représentation, la distinction nette entre un avant et un pendant du théâtre, très difficile, peut-être impossible.