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Classiques Garnier

Résumés

  • Type de publication : Article de collectif
  • Collectif : Observer et Décrire. Des insectes et des hommes
  • Pages : 285 à 289
  • Collection : Carrefour des lettres modernes, n° 14
  • Thème CLIL : 4027 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Lettres -- Etudes littéraires générales et thématiques
  • EAN : 9782406131076
  • ISBN : 978-2-406-13107-6
  • ISSN : 2494-7520
  • DOI : 10.48611/isbn.978-2-406-13107-6.p.0285
  • Éditeur : Classiques Garnier
  • Mise en ligne : 27/07/2022
  • Langue : Français
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Résumés

Alain Montandon et Yvan Daniel, « Présentation »

Lobservation des insectes est depuis les temps les plus anciens une activité pleine denseignements, où le désir daccaparement et la curiosité se mêlent à des frustrations. Observer dépend des instruments dobservation, mais il faut savoir quoi observer, pourquoi, dans quel but. Cet ouvrage, à partir des pratiques, méthodes et écrits entomologiques, dun point de vue littéraire mais aussi épistémologique, examine ce quobserver et décrire veulent dire à partir de différentes perspectives.

Alain Montandon, « Observer et décrire »

Larticle étudie la nature et les différentes pratiques de lobservation, tant en entomologie quen littérature. Lobservation, dépendante du langage, amène à des descriptions aussi bien des insectes que de la société humaine à lexemple de Balzac, de Zola, de Proust et de Robbe-Grillet. Deux types dobservation, celle du flâneur qui interprète les signes et celle du voyeur dans La Jalousie, sont également opposés, entre subjectivité et objectivité.

Nathalie Vuillemin, « Comment partager une observation ? Conflits dinterprétation de la vision microscopique au xviiie siècle »

Apprendre à voir au microscope, au xviiie siècle, est en grande partie une affaire de langage : cest en effet en décryptant, en décrivant, en discutant de la possibilité de saccorder sur une observation mise en mots, que lon oriente lœil, que lon apprend à chercher, et progressivement à comprendre ce que lon voit. On examine ici ce lien entre voir et savoir sur le plan historique et théorique, puis sur un débat entre J. Ellis et Linné.

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Caroline Dauphin, « La Micrographia de Robert Hooke. Une révolution scientifique… et poétique ? »

La Micrographia (1665) est le premier livre anglais à présenter des illustrations dinsectes observés au microscope. Visuel et visionnaire, cet ouvrage de Robert Hooke frappe limagination : fourmis et puces se dévoilent sous un jour nouveau. Or, si les gravures sont effectivement marquantes, le texte qui les accompagne joue également un rôle non moins important par sa puissance dévocation, sa précision et sa poétique de lenthousiasme qui recréent la scène dobservation.

Yvan Daniel, « Quelques réflexions sur lerreur dobservation »

À partir dune réflexion générale sur lerreur dobservation, larticle sinterroge sur le rôle et le statut de ce type derreur, dans le texte scientifique, littéraire, et dans les textes fondés sur des interactions entre ces deux catégories, en sattachant plus particulièrement aux descriptions et représentations erronées de linsecte. Il cherche à expliquer leurs causes, qui sont souvent de lordre de la croyance, en réservant pour finir une place à part à la fiction littéraire.

Lucien Derainne, « Observation et sympathie. De lentomologie du xviiie siècle à LInsecte de Michelet »

La figure de lobservateur-entomologiste renvoie aujourdhui à deux imaginaires opposés : lobjectivité dun côté ; la sympathie de lautre. Pour expliquer cette incohérence, cet article effectue un détour par lhistoire de lempirisme. De 1750 à 1850, les traités méthodologiques sur lobservation demandent à lobservateur dentrer en sympathie avec lobjet quil observe. Cette injonction disparaît après 1850 mais elle persiste dans la culture, comme en témoigne LInsecte de Jules Michelet.

Philippe Antoine, « Une question déchelle »

Les variations autour de la taille de linsecte alimentent des écrits qui pensent les conditions de lobservation et la relativité des échelles de grandeur. Un saut qualitatif se produit : on quitte larithmétique et la géométrie pour laisser libre cours à limagination qui sattachera aux relations plus quà lidentité du phénomène. Ainsi est représentée une pluralité de mondes interdépendants suscitant des spéculations déconnectées de protocoles expérimentaux rationnels.

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Bruno Corbara, « Observation et description de linsecte social et des sociétés dinsectes. De limportance de lindividu »

Larticle traite de la façon dont les scientifiques observent et décrivent un insecte (social ou non) et une société dinsectes, prise comme un tout ou comme la résultante des comportements de ses membres. À travers quelques exemples de travaux portant sur la division du travail social ou sur la prise de décision collective réalisés entre autres chez labeille mellifère, est montrée limportance du marquage individuel pour la compréhension du fonctionnement des sociétés dinsectes.

Christiane Montandon-Binet, « Décrire la démarche dobservation dun entomologiste. Enjeux méthodologiques »

La démarche du sujet observant est visée ici grâce à deux types dentretiens : compréhensifs et des entretiens dexplicitation. Cette méthode psycho-phénoménologique permet de comprendre combien observation et description sont tributaires de mots de la langue et des savoirs antérieurs, qui orientent le regard et qui parfois empêchent de voir. Cette corrélation entre observation et description est dautant plus prégnante lorsquil sagit dune co-observation.

Frédéric Calas, « Stylèmes saillants de lécriture de Jean-Henri Fabre »

Larticle étudie des stylèmes saillants de lœuvre de Fabre. Loriginalité de son œuvre réside dans lassociation dune démarche personnelle et autobiographique et dune entreprise scientifique dobservation des insectes dans leur milieu. Grâce à des procédés stylistiques précis, il crée une narration vivante à limage même du vivant quil décrit. Le souffle de lécriture et lenthousiasme de la démarche se retrouvent dans un rythme jouant des tensions entre laconisme et prolixité.

Marie Bouchet, « Nabokov et ses papillons »

Nabokov était un grand écrivain plurilingue, mais aussi un lépidoptériste de renom. Entomologiste autodidacte, il se forma aux techniques de recherche entomologique dans les grands musées dhistoire naturelle américains dans les années 1940 et se spécialisa dans les Bleus/Lycénides. En art comme en science, sa pratique et son écriture révèlent son obsession pour le détail, dans 288la tentative de trouver des mots les plus en adéquation possible avec le monde riche et complexe qui est le nôtre.

Laurie-Anne Laget, « Lobservation dans les aphorismes littéraires. Le cas de Ramón Gómez de la Serna et de ses Brouhahas entomologiques »

Cet article analyse le fonctionnement de lobservation et de la description dans la forme littéraire de laphorisme contemporain au travers des Greguerías [Brouhahas] du madrilène Ramón Gómez de la Serna, recueil de fragments ludiques et poétique peuplé dinsectes. Il sattache à montrer que la description-« révélation » ramonienne vise à aiguiser notre perception du réel pour aller vers plus de sens.

Sylvain Ledda, « Les travailleurs de la mort. Notes sur les insectes nécrophores au xixe siècle »

Au cours du xixe siècle, linsecte nécrophore fait lobjet détudes scientifiques, de traités dobservations érudits. Il sagit dune part détudier la manière dont on décrit lactivité singulière de ces insectes, dautre part, de questionner sa présence dans la littérature. Grâce aux avancées de la science, les tabous qui entourent les insectes nécrophores disparaissent progressivement, mais la métaphore et lanthropomorphisme restent la règle pour décrire leur ouvrage.

Christiane Connan-Pintado, « Lentomologie à hauteur denfant. Figures, médiations, enjeux »

En se penchant sur les insectes, la littérature de jeunesse adopte le point de vue enfantin et conjugue documentaire et fiction pour approcher cet univers étrange. Du personnage historique à son avatar fictif, la figure de lentomologiste sera un homme, une femme, un enfant, voire un animal. Sous la double contrainte du docere et placere, le propos recourt volontiers à lanthropomorphisation. Quand limage soutient ou supplée la description, elle ouvre le champ à linterprétation artistique.

Marie-Christine Natta, « La science naturelle dEugène Delacroix »

Eugène Delacroix entretient un lien puissant avec la nature, qui nourrit son inspiration et structure sa pensée esthétique. Il lobserve en curieux, en 289romantique, en philosophe mélancolique et en peintre mais jamais en savant. Le regard subjectif, quil porte sur les insectes, est marqué par sa fascination pour la violence et son admiration pour la parfaite cohérence de ce petit monde, où la plus grande diversité se combine à la plus grande unité.

Pierre Schoentjes, « “Linsecte se mêle étroitement à la nature, la recouvre, la traverse, lhabite”. Pierre Gascar entomologiste »

Revenant ici sur lœuvre de Pierre Gascar, larticle interroge la place que cet observateur exceptionnel, premier écologiste de la littérature française, fait aux insectes. Considérés dans leur diversité et leur omniprésence de collectivité, ou vus dans la fragilité de leur individualité, Gascar les montre comme participant à tisser le réseau du vivant. Ils occupent la fonction de petit peuple de la nature, rôle qui permet aussi à Gascar de faire résonner les questions de justice sociale.