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Classiques Garnier

Résumés

  • Type de publication : Article de collectif
  • Collectif : Objets et anatomie du corps héroïque dans l'Europe de la première modernité
  • Pages : 343 à 347
  • Collection : Rencontres, n° 398
  • Thème CLIL : 4027 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Lettres -- Etudes littéraires générales et thématiques
  • EAN : 9782406084044
  • ISBN : 978-2-406-08404-4
  • ISSN : 2261-1851
  • DOI : 10.15122/isbn.978-2-406-08404-4.p.0343
  • Éditeur : Classiques Garnier
  • Mise en ligne : 25/06/2019
  • Langue : Français
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Résumés

Antoinette Gimaret, « “Ses gants et son livret pour faire testament”. Le récit de la mort de Jane Grey dans lHistoire des Martyrs de Jean Crespin et les Tragiques dAgrippa dAubigné »

Cette étude porte sur lhéroïsation de la figure de Jane Grey, martyre protestante exécutée à Londres en 1554, dans deux récits écrits par des protestants français, Jean Crespin et Agrippa dAubigné. Par le travail de lécrivain, qui « anatomise » le tableau du corps et des vêtements ou parures qui le prolongent, des objets aussi simples que des gants sont intégrés à une gestuelle du renoncement héroïque de la figure du martyre pour devenir les instruments privilégiés dun don mimétique du sacrifice christique.

Yan Brailowsky, « Les joyaux de la reine »

Pour les deux figures de reines que sont Élisabeth Ire et Marie Stuart, lhéroïsation passe par lutilisation des joyaux à la symbolique complexe. Liés à la reine par métonymie, les joyaux de Marie, comme les objets qui laccompagnent sur léchafaud sont traités comme des reliques de son corps héroïque et martyr. Quant à Élisabeth, bien que protestante, elle fait lobjet dun culte quasi marial, qui passe très largement par lutilisation dune iconographie officielle faisant la part belle aux joyaux comme objets emblématiques.

Laïla Ghermani, « Le bouclier de Satan dans Paradise Lost de John Milton, objet dincertitude »

Cet article étudie lutilisation que fait Milton dans le Paradis perdu du bouclier, topos héroïque qui sinscrit dans la tradition de lekphrasis instaurée par le livre XVIII de lIliade. Au livre Premier, Satan est décrit comme un héros en armes, muni dune lance et dun bouclier. Renvoyant le lecteur du xviie siècle aux images du globe lunaire décrites par Galilée, Milton détourne cet objet qui devient indice de la subversion du modèle épique.

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Chantal Schütz, « Héroïne ou martyre ? Approches de la femme à lépée »

Cet article étudie le motif pictural et littéraire de la femme à lépée en prenant pour point de départ les héroïnes armées de lArioste, Bradamante et Marphise, dont les similitudes avec des figures historiques telles que Jeanne dArc ou Catherine dAlexandrie suggèrent le lien profond entre la virago et la vertu cardinale de la foi. Dans la traduction du Roland furieux par John Harington (1591), le portrait des viragos glisse parfois subrepticement vers un traitement burlesque.

Annette Bächstädt, « Camille, Judith, martyre. Réflexions sur les représentations de Marie de Lorraine entre 1548 et 1560 »

Cette étude est consacrée à la figure de la reine dÉcosse Marie de Lorraine représentée dans la littérature polémique du xvie siècle ou sous la plume de Ronsard. La construction de cette figure héroïque passe par la convocation de mythes et de références complexes : tour à tour figure dAmazone, Camille guerrière à linstar de celle de lÉnéide ou nouvelle Judith biblique et martyre – la labilité des images rend compte du statut ambigu de ce personnage dont lhéroïsme est contesté par ses détracteurs.

Andy Auckbur, « Le Corps héroïque féminin dans le récit de la captivité des princesses dans The Countess of Pembrokes Arcadia de Sir Philip Sidney »

Dans Arcadia, dominé par un mode dexpression épique, Sidney construit une figure de lhéroïsme au féminin qui met laccent sur un corps martyrisé mais résistant. Sinspirant de techniques picturales, lécrivain sintéresse aux travaux daiguille : laiguille peut être la translation féminine de lépée et la broderie léquivalent féminin de lécriture masculine. En héroïsant le geste créateur, il témoigne du basculement de lhéroïsme vers le domaine de lart dans une démarche maniériste réflexive.

Aurélie Griffin, « Corps héroïques, corps de saintes dans The Countess of Pembrokes Arcadia de Sir Philip Sidney (1590) et The Countess of Montgomerys Urania de Lady Mary Wroth (1621) »

Létude porte sur les stratégies dhéroïsation de personnages féminins dans deux romans pastoraux anglais : alors que dans lArcadia de Sidney, lhéroïne 345revêtait et maniait armes et armure, dans lUrania de Lady Mary Wroth, les armes sont retournées contre des victimes féminines. Ce nouveau type de modèle de martyre au féminin passe ainsi par une relecture critique des codes de la pastorale et réinvente la dialectique entre dissimulation et dévoilement du corps.

Helga Meise, « Courasche, ou La Vagabonde Courage de Grimmelshausen. Gender-crossing, politique et écriture »

Avec la figure de Courasche, Grimmelshausen met les ressorts du roman daventure moderne au service du façonnement dun héroïsme proprement féminin. Courage na plus rien de la virago classique. Bien loin de la masculiniser, son appropriation des vêtements masculins et des armes du héros martial viril lui donne en réalité le moyen daffirmer sa féminité et sa sexualité. Elle témoigne ainsi dune des caractéristiques centrales du héros moderne qui est laffirmation de son individualité.

Claire Gheeraert-Graffeuille, « Les objets de la guerre et le corps féminin de lhéroïsme dans The Lady Errant de William Cartwright et Bell in Campo de Margaret Cavendish »

Cet article étudie deux pièces anglaises mettant en scène des femmes soldats, quelles se soulèvent contre les hommes (The Lady Errant) ou que, femmes du royaume de la Réforme, elles combattent victorieusement larmée du royaume de la sédition (Bell in Campo). Dans la première, les objets de lhéroïsme, impuissants à définir un véritable héroïsme féminin, sont tournés en ridicule ; dans la seconde, les heroickesses sont les dernières dépositaires dun héroïsme dont les hommes ne sont plus capables.

Diane Larquetoux, « Des composantes à la décomposition du corps héroïque dans Coriolan de William Shakespeare »

Figure de la virtus romaine, le Coriolan de Shakespeare semble dabord pouvoir être rapproché du stoïque, mais son éducation à lhéroïsme se révèle être avant tout lhistoire dune construction corporelle et physiologique en phase avec les traités médicaux contemporains. Son corps ne lui appartient pas en propre : il est la métaphore des blessures de Rome. Lanatomie de ce corps héroïque en déliquescence préfigure lavènement du héros moderne tragique, plus singulier et moins exemplaire.

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Florence Dumora, « Engagement corporel des héroïnes du peuple dans la comedia lopesque. De la défense individuelle à la réaction collective (Peribañez et Fuente Ovejuna) »

Cet article sintéresse au traitement du corps féminin héroïque dans deux comédies du Siècle dOr. Soumises au désir concupiscent de seigneurs tyranniques, leurs héroïnes entrent en résistance et contribuent à la rébellion qui mène au meurtre de lagresseur. La déliquescence de lhéroïsme aristocratique saccompagne dune valorisation du corps féminin comme site de résistance. Dans ces deux pièces, un rôle majeur est accordé aux femmes dont le corps est mis à lépreuve par lautorité masculine abusive.

Laetitia Sansonetti, « Les armes font-elles le héros ? Lidentité guerrière en question dans The Faerie Queene »

La littérature élisabéthaine regorge de figures de héros déchus qui déposent les armes et incarnent laffaiblissement de lhéroïsme, comme le lascif Antoine se dissipant auprès de Cléopâtre ou Verdant auprès de lenchanteresse Acrasia. Larmure, détachée du héros « déchu » devient le support indépendant dune réflexion esthétique, dans une ekphrasis dissociée de tout contexte martial. Ce phénomène témoigne ainsi dun mouvement desthétisation des objets et de la poétique maniériste de lornement.

Vanessa Chaise-Brun, « Charles Ier, du héros guerrier à sa féminisation ? »

Alors que les représentations de Charles Ier au début de son règne présentaient un roi martial et héroïque, le roi est rarement mis en scène en tant que chef de guerre lorsque éclate la guerre civile. Eikon Basilike confirme cette redéfinition de lhéroïsme royal dans une perspective spirituelle et stoïcienne qui est lue comme ses opposants comme une féminisation de la figure royale.

Gilles Sambras, « “Yet was his sword or armour all his glass”. Marvell et lhéroïsme narcissique »

Cet article porte sur la représentation paradoxale par Andrew Marvell de deux héros cromwelliens morts au combat, Francis Villiers et Archibald Douglas, qui met à mal limaginaire héroïque. Les objets emblématiques du héros martial (épée, armure) ne sont plus que des miroirs réfléchissant les traits 347de la personne. La figure du beau Narcisse vient sinscrire, tel un palimpseste, à la surface de larme, oblitérant en partie le visage du héros épique.