Résumés

David Koussens, Charles Mercier et Valérie Amiraux, « Introduction. Nouveaux vocabulaires de la laïcité. 1989, trente ans après »

Après avoir rappelé les étapes de la renégociation du sens du mot laïcité qui s’est opéré entre 1989 (affaire des foulards de Creil) et 2004 (loi prohibant les signes ostensibles à l’école publique), l’introduction présente l’objectif de l’ouvrage collectif : comprendre la laïcité à partir d’une analyse du sens que lui attribuent dans les débats contemporains les entrepreneurs de causes, d’une part, les citoyens, d’autre part.

Rémi Lefebvre, « La laïcité au Parti socialiste. De l’emblème au problème »

Les significations de la laïcité ont toujours été plurielles à gauche mais les luttes autour de ce marqueur historique, longtemps relativement consensuel, se sont exacerbées ces dernières années avec les débats autour de l’islam. Le mot est devenu un motif de mésentente et de luttes symboliques très fortes, qui ne recouvrent que partiellement les divergences d’approches en matière socio-économique. Ce chapitre cartographie les clivages, et propose de les sociologiser, tout particulièrement au Parti socialiste.

Sylvain Crépon, « Le Rassemblement national et la laïcité. Retour sur des usages contradictoires »

À partir d’enquêtes qu’il mène depuis près de vingt ans, l’auteur de ce chapitre analyse le référentiel laïque relayé par les cadres et militants du Rassemblement national. Il forme l’hypothèse que le parti de Marine Le Pen reprend à son compte les conceptions des mouvements néo-populistes qui justifient la xénophobie au nom de la défense des valeurs libérales, issues de la gauche.

Yann Raison du Cleuziou, « L’Église, fille aînée de la République ? Les apologies de la catho-laïcité depuis les attentats de janvier 2015 »

Ce chapitre porte sur le déploiement de deux rhétoriques de la laïcité au sein du catholicisme contemporain français. D’une part, celle des évêques qui interviennent fréquemment pour défendre la liberté d’expression de toutes les religions au nom de la loi de 1905, de l’autre celle des catholiques observants et d’une partie de la droite qui, cherchant à contrer l’islam, plaident pour une limitation de la liberté religieuse dont le catholicisme serait exonéré en raison de sa valeur patrimoniale.

Valérie Amiraux etDavid Koussens, « Laïcité (France) vs accommodements raisonnables (Québec). Circulation transnationale des discours publics sur la définition des rapports au religieux »

Ce chapitre analyse les processus qui sous-tendent les comparaisons, fréquentes dans le discours public, entre, d’un côté une laïcité « à la française » aux vertus intégratrices et, de l’autre, des accommodements raisonnables « à la québécoise » provoquant des divisions. À partir d’une analyse lexicographique d’articles de presse, les auteurs montrent comment des typifications circulent indépendamment des contextes, et contribuent à polariser les lectures autour de prétendus « modèles nationaux ».

Charles Mercier, « Le vocabulaire enfantin de la laïcité. Une enquête auprès d’écoliers bordelais »

S’il existe, en contexte français, des enquêtes documentant les représentations des collégiens sur la laïcité, il n’y a pas encore de travaux concernant celles des élèves de l’école primaire. Ce chapitre explore ce terrain inconnu à partir d’un questionnaire rempli au printemps 2017 par 160 écoliers bordelais. Après avoir présenté les conditions de production des données, l’auteur analyse les contenus et les jugements de valeurs que les répondants associent au vocabulaire de la laïcité.

Cécile Alduy, « Ce que disent les Français de la laïcité. Consensus républicain et polémiques identitaires »

Ce chapitre compare les paroles des politiques et celles de leurs électeurs au sujet de la laïcité, grâce à l’analyse de deux bases de données textuelles 177collectées lors de la campagne de la présidentielle de 2017 en France. Même si l’on note des circulations entre « producteurs » et « récepteurs » de discours, les citoyens ne parlent pas forcément la même langue que les candidats qu’ils soutiennent. Leur position semble déterminée par des variables socio-culturelles plus que par l’affiliation partisane.