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Classiques Garnier

Pyrame et Thisbé

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PYRAME ET THISBÉ

(Stefania Cerrito)

(A) la prose

auteur : anonyme

dédicataire : non mentionné

datation : inconnue (xve siècle ?)

un fragment :

Göttingen, SuUB, Diplomatischen Apparat 10-E, Mappe XVII-21. xve siècle ? Parchemin ; in-2 ; ce fragment correspond à une colonne et demie de largeur et une demi-colonne de hauteur (les colonnes lisibles correspondent à rb et va, partie supérieure du feuillet), mesurant environ 200 x 200 mm ; pieds-de-mouche rouges et bleus ; inscriptions en allemand dune main moderne, sans doute du xviie siècle, qui témoignent de sa provenance de lancien Monastère de Hildewardeshausen (Hilwartshausen) ; la cote actuelle, XVII 21, figure en haut à droite. Les documents contenus dans le dossier XVII, dont ce fragment fait partie, sont datés du xve-xvie siècle. Meyer 1894 (p. 504) signale toutefois que le critère chronologique du classement nest pas toujours respecté ; la datation du fragment mérite une analyse plus attentive, et elle pourrait être antérieure. Meyer (p. 506) est également de lavis que ce fragment faisait partie dun gros ouvrage, mais il ne dit pas sur quels indices matériels il base son affirmation.

W. Meyer 1894, Die Handschrifen in Göttingen. Bd. 3. Universitätsbibliothek. Nachlässe von Gelehrten, Orientalische Handschriften. Handschriften im Besitz von Instituten und Behörden. Register zu Band 1-3. Berlin, A. Bath, p. 504 (pour lensemble du dossier 10 E) et p. 506

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Notice en ligne : Monasterium.net

organisation du texte

Le fragment contient une version inconnue dun Pyrame et Thisbé en prose,ou un passage du Livre IV dune rédaction supplémentaire de lOvide moralisé en prose(lhypothèse que ce fragment se situe dans la tradition manuscrite de lOvide moralisé (version « brugeoise ») ,qui a été parfois formulée, est erronée). Les brefs passages conservés, transcrits ci-dessous, correspondent à la partie finale de la fable, soit la mort des amants (Pyrame et Thisbé, éd. de Boer 1911 et 1921, v. 854-939 ; Ovide moralisé, IV, v. 1084-1152). Une analyse comparée permettra de mieux situer ce texte dans la tradition.

À la fin, elle apperçut, par la lumiere de la lune, que cestoit Pyrame que là gisoit, et comme elle se hastoit pour lembracier, elle trouva que le sang de lui estoit tout espandu en la place où il estoit couchié, et que lame se departoit de son corps, dont elle fut merveilleusement esbahye. Lors devint premierement triste, et à la fin commença plourer et gemir tres dolouresement, et en plourant sefforça par aucun temps, combien que en vain estoit, de lui secourir ne de retenir lame de lui par baisiers et embrassemens. Et comme elle ne peust traire parole de lui et sentist que les baisiers devant hier tant desirés estoient faillis, vilipendez et tournez en grief gemissemens, veist aussi son tres chier amy traire à la mort et, pour ce quil ne lavoit mie trouvee, tantost disposa daller avec ly à laquelle cho… (f. rb).

… et gemissement, appella son amy par son nom, et lui pria quil regardast Tisbé sa chiere amye mourant, et quil attendist son ame, afin que ensemble alassent en quelconque lieu où elles estoient à aler. Merveilleuse chose est à dire, le deffaillant entendement du mourant senty et entendi le nom de la vierge tant amee, ne point ne lui volt denier la derreniere requeste quelle ly fist, car il ouvry ses yeulx grevez de la mort et regarda celle qui lappelloit. Et ce fait, ficha tantost lespee du jouvencel mort en sa poitrine et se coucha sur lui et, son sang espandu, lame delle ensuy lame du ja mort. Et ainsi ceulx que lenvieuse Fortune na point souffert estre joings et unis en amour plaisant, na peu deffendre que le maleureux sang deulx nait esté meslé ensemble. Qui sera ce qui nara compassion des deux josnes… ? (f. va).

(B) la source

Il nous est impossible de savoir, en létat actuel, si ce Pyrame et Thisbé en prose dérive directement du poème du xiie siècle ou de lOvide moralisé,qui linsère au livre IV.

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Le poèmecompte environ 930 vers (le nombre varie légèrement selon les manuscrits), à la structure métrique complexe, car les passages narratifs en octosyllabes à rimes plates alternent avec des monologues qui se composent dune série variable (deux à quatre, exceptionnellement cinq) doctosyllabes sur la même rime, close par un dissyllabe qui introduit la rime de la série suivante (le rythmus caudatus continens des Artes rythmicae). Deux monologues sont formés par deux suites doctosyllabes sur la même rime.

trois manuscrits et un fragment (sigles de de Boer) :

(1) Paris, BnF, fr. 837, f. 95vb-99vb (A) ; (2) Paris, BnF, fr. 19152, f. 98ra-101ra (B) ; (3) Berlin, SBB-PK, Hamilton 257, f. 15vb-18vb (C) ; (4) Paris, BnF, n.a.fr. 5094, f. 16-17 (fragment) ; de Boer attribue le sigle O à la version restituée de lOvide moralisé.

éditions et traductions

C. de Boer 1911, Pyrame et Thisbé. Texte normand du xiie siècle, édition critique avec introduction, notes et index, Amsterdam, J. Müller

C. de Boer 1921, Piramus et Thisbé. Poème du xiie siècle, Paris, Honoré Champion

F. Branciforti 1959, Piramus et Tisbé. Introduzione, testo critico, traduzione e note, Firenze, Olschki

R. Cormier 1986, Three Ovidian Tales of Love : Piramus et Tisbé, Narcisus et Dané, and Philomena et Procné, edited and translated, New York – London, Garland [traduction basée sur lédition Branciforti, revue et corrigée]

E. Baumgartner 2000, Pyrame et Thisbé, Narcisse. Philomena. Trois contes du xiie siècle français imités dOvide, présentés, édités et traduits. Édition bilingue, Paris, Gallimard [édition et traduction basées sur le ms Ade lOvide moralisé]

P. Eley 2001, Piramus et Tisbé, Edited and Translated, Liverpool, University of Liverpool, Department of French [en ligne ; edition basée sur le ms A de lOvide moralisé, appelé R]

C. Noacco 2005, Piramo e Tisbe, Roma, Carocci [traduction basée sur lédition de Boer]

Ovide moralisé ; début du xive siècle ; 72 000 vers, en couplets doctosyllabes à rimes plates dans la version « commune », transmise par les mss ABDEG. La fable de Pyrame et Thisbé (Livre IV, v. 219-1169 ; allégorie v. 1170-1267), conserve la structure métrique originaire.

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21 manuscrits (sigles de De Boer 1915, revus par Jung 1996) :

(1) Rouen, BM, 1044 (O-4) (A) ; (2) Rouen, BM, 1045-1046 (O-11 bis) (A1 ; Y4selon de Boer) ; (3) Lyon, BM, 742 (B) ; (4) Bruxelles, KBR, 9639 (D1) ; (5) Cambrai, BM, 973 (D2) ; (6) Paris, BnF, fr. 24306 (D3) ; (7) New York, PML, M-443 (anc. Fairfax Murray) (D4 : lacune dans Pyrame et Thisbé) ; (8) Paris, BnF, fr. 24305 (D5) ; (9) Genève, BPU, fr. 176 (E1) ; (10) Vaticano, BAV, Reg. lat. 1480 (E2) ; (11) London, BL, Cotton Julius F-VII (E3 : exclusivement table des rubriques) ; (12) Paris, BnF, fr. 373 (G1) ; (13) Paris, B. Arsenal, 5069 (G2) ; (14) Copenhague, KB, Thott 399 2o (G3) ; (15) Paris, BnF, fr. 871 (Y1) ; (16) Paris, BnF, fr. 872 (Y2) ; (17) London, BL, Add. 10324 (Y3) ; (18) Bern, BM, ms 10 (Z1) ; (19) Paris, BnF, fr. 374 (Z2) ; (20) Paris, BnF, fr. 870 (Z3) ; (21) Paris, BnF, fr. 19121 (Z4).

édition

C. De Boer 1920, Ovide moralisé.Poème du commencement du quatorzième siècle publié daprès tous les manuscrits connus, Amsterdam, Noord-Hollandsche Uitg., II, p. 18-39

(C) histoire de la prose

Aucune édition imprimée de ce Pyrame et Thisbé en prose nest aujourdhui connue.

(D) bibliographie

(1) édition

Aucune.

(2) bibliographie critique

W. van Emden 1973, « La légende de Pyrame et Thisbé : textes français des xve, xvie et xviie siècles », in Études de langue et de littérature du Moyen Âge offertes à Félix Lecoy par ses collègues, ses élèves et ses amis, Paris, Honoré Champion, p. 569-583

M.-R. Jung 1996, « Les éditions manuscrites de lOvide moralisé », in Cahiers dHistoire des Littératures Romanes / Romanistische Zeitschrift für Literaturgeschichte, 20, p. 251-274

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P. Otzenberger 2023, Aspects de la réception de lOvide moralisé (xive-xvie siècles) : réécrire, remanier, remodeler, Thèse sous la dir. de M. Cavagna et Craig Baker, Université catholique de Louvain-la-Neuve