Résumés

Clément Bertot et Jean Leclercq, « Introduction. La réception phénoménologique de Nietzsche et ses enjeux. Questions d’histoire, questions de méthode »

Cette introduction présente cet ouvrage collectif consacré aux rapports entre Nietzsche et la phénoménologie. Des spécialistes reconnus de Nietzsche et des phénoménologues issus de différents horizons se rassemblent pour la première fois afin de réévaluer le sens d’une confrontation philosophique cruciale pour la philosophie au xxe siècle.

Yannick Souladié, « Penser le monde après la métaphysique. Le “monde” de la vie de Nietzsche »

Comment comprendre le rapport de Nietzsche aux divers mondes de la vie ? Critiquant aussi bien les interprétations phénoménologiques, que celles réduisant la volonté de puissance à une herméneutique infinie, cette étude montre comment la pensée nietzschéenne s’ancre dans la critique de la métaphysique.

Mots clés : Nietzsche, Heidegger, monde, volonté de puissance

Emmanuel Salanskis, « Nietzsche, Heidegger et la question du “prétendu biologisme” »

Cet article propose une réflexion sur ce que Heidegger a appelé « le prétendu biologisme de Nietzsche ». Peut-on dire avec Heidegger que Nietzsche pense le biologique de façon non biologique ? Avec des arguments tirés de l’histoire des sciences, il s’agit de critiquer le présupposé sur lequel repose une telle analyse.

Mots clés : Nietzsche, Heidegger, biologisme, physiologie

« Fink et la première réception phénoménologique de Nietzsche en Allemagne »

Ce texte avance la thèse selon laquelle une « métaphysique du jeu » se laisserait attester dans les concepts nietzschéens fondamentaux que sont le surhumain, la volonté de puissance et l’éternel retour. Il esquisse le programme herméneutique et ontologique qui sera radicalisé dans La Philosophie de Nietzsche et Le Jeu comme symbole du monde.

Mots clés : Nietzsche, Fink, jeu, métaphysique

« Boehm et la seconde vague de la réception phénoménologique de Nietzsche »

Publié en 1962 dans la revue italienne Archivio di Filosofia, ce texte établit un rapprochement entre Nietzsche et Husserl. Un an seulement après la publication du Nietzsche de Heidegger, R. Boehm ouvrait un champ de recherche nouveau, en affirmant que la volonté de puissance était susceptible d’être interprétée « en termes de philosophie phénoménologique ».

Mots clés : Nietzsche, Husserl, valeur, interprétation

Patrick Wotling, « Apparence et phénomène »

Cet article effectue un retour critique sur les tentatives de comparaison entre Nietzsche et la phénoménologie, en tant qu’elles négligent la pensée nietzschéenne de l’apparence généralisée. Il convient de distinguer avec précision les concepts d’« apparence » et de « phénomène », pour proposer une nouvelle confrontation entre les projets philosophiques de Nietzsche et de Husserl.

Mots clés : Nietzsche, Husserl, apparence, phénomène

Jean-Sébastien Hardy, « Le monde de quelle vie ? Généalogies de la Lebenswelt chez Nietzsche et Husserl »

Cet article se donne pour objectif d’examiner si un geste plus qu’analogique peut relier les entreprises menées par Husserl et par Nietzsche. Le point de vue nietzschéen radicalisé d’une généalogie de la science permet-il de réévaluer la généalogie husserlienne du monde de la vie ?

Mots clés : Nietzsche, Husserl, Lebenswelt, généalogie

Arnaud Bouaniche, « Combattre en bons Européens. Nietzsche et Husserl face au nationalisme »

Dans une conférence prononcée à Vienne en 1935 sous le titre « La Crise de l’humanité européenne et la philosophie », Husserl en appelle au courage des « bons Européens », faisant jouer cette expression dans une perspective antinationaliste, tout comme Nietzsche avant lui.

Mots clés : Nietzsche, Husserl, Europe, nationalisme

Élodie Boublil, « Nietzsche & Scheler, vulnérabilité et grande santé. Vers une phénoménologie morale »

Cet essai vise à ressaisir la corrélation de la valeur et de l’affect chez Nietzsche et Scheler. Deux thérapeutiques possibles émergeront, selon que la vulnérabilité du sujet sera envisagée comme le critère des valeurs (Nietzsche), ou comme un appel au rétablissement de leur primauté (Scheler).

Mots clés : Nietzsche, Scheler, morale, thérapie

Claude Vishnu Spaak, « Interprétations phénoménologiques du tragique. Nietzsche, Heidegger, Levinas »

Il s’agit de révéler certaines tensions dans le phénomène du tragique, à travers l’opposition entre Heidegger et Levinas, qui s’inscrivent tous deux dans le prolongement de Nietzsche. Il en ressort une difficulté, celle de savoir si leurs désaccords reflètent des tensions présentes dans la conception nietzschéenne du tragique elle-même.

Mots clés : Nietzsche, Heidegger, Levinas, tragique

Simon Brunfaut, « De l’intense présence de Nietzsche à l’intérieur de la phénoménologie matérielle »

Cet article développe l’hypothèse qu’un même principe d’intensité permet de saisir la proximité intellectuelle entre Michel Henry et Nietzsche. Outre un certain « vouloir créateur », il en va chez les deux penseurs d’une éthique et d’une esthétique du « vivre intense » qui ouvre un nouveau rapport au monde.

Mots clés : Nietzsche, Michel Henry, phénoménologie matérielle, intensité

Clément Bertot, « La critique de la culture chez Michel Henry. Une postérité nietzschéenne ? »

Cet article montre que Michel Henry se réapproprie la problématique nietzschéenne du nihilisme. L’axiologie phénoménologique de Husserl et Scheler laisse ainsi la place à un questionnement renouvelé sur les valeurs, en dehors de l’éthique, sur le terrain plus fondamental de la culture.

Mots clés : Nietzsche, Michel Henry, culture, nihilisme

Christophe Perrin, « Nietzsche, Jankélévitch et la phénoménologie. Assonances et résonance »

Cet article pose la question des relations entretenues par Nietzsche et Jankélévitch sub specie musicæ et sub specie phænomenologicæ, dans la mesure où, chez ces deux musiciens-philosophes, l’art fait montre d’un pouvoir spécifique : sans exprimer quelque chose de précis, il ne fait pourtant pas rien, lui qui nous rend plus vivants.

Mots clés : Nietzsche, Jankélévitch, musique, dionysiaque

Martine Béland, « La réception comme expérience esthétique. Nietzsche face aux limites de l’esthétique phénoménologique de Roman Ingarden ».

Il y a un double intérêt à se pencher sur la réception esthétique chez Nietzsche et Ingarden. D’une part, le phénomène de la réception est partout présent chez Nietzsche. D’autre part, l’esthétique ingardienne trouve une limite lorsqu’on la confronte à la pensée nietzschéenne.

Mots clés : Nietzsche, Ingarden, réception, littérature

Babette Babich, « La philologie phénoménologique du corps chez Nietzsche – ou : qui est l’Archiloque de Nietzsche ? »

Très tôt, Nietzsche s’est intéressé à Archiloque, inventeur de la poésie lyrique, qui assure le passage du chant à la tragédie. Si les mots ne font qu’exprimer linguistiquement des métaphores du corps, le langage cesse d’être une expression adéquate de la réalité, pour devenir un instrument de mise en forme du monde.

Mots clés : Nietzsche, Archiloque, langage, métaphore

Nicolas Monseu, « Rédemption et création »

Que peut signifier la rédemption chez Nietzsche, si Zarathoustra est venu nous sauver de tout sauveur ? Certains représentants de la phénoménologie ont été attentifs à ce motif nietzschéen, à commencer par Heidegger, singulièrement au début des années 1950, ainsi que, plus récemment, Paul Audi, dans Créer. Introduction à l’esth/éthique.

Mots clés : Nietzsche, Heidegger, Zarathoustra, rédemption