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Classiques Garnier

Abstracts

  • Type de publication : Article de revue
  • Revue : Neologica
    2010, n° 4
    . Revue internationale de néologie
  • Pages : 247 à 249
  • Revue : Neologica
  • Thème CLIL : 3147 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Linguistique, Sciences du langage
  • EAN : 9782812442308
  • ISBN : 978-2-8124-4230-8
  • ISSN : 2262-0354
  • DOI : 10.15122/isbn.978-2-8124-4230-8.p.0247
  • Éditeur : Classiques Garnier
  • Mise en ligne : 15/02/2011
  • Périodicité : Annuelle
  • Langue : Anglais
247 goriser la néologie argotique des jeunes, Alma. Podhornà-Polickà se fonde principalement sur ce qu'elle appelle la division tripartite de l'expressivité, et la méthode des filtres successifs.
De manière générale, l'auteure considère que l'expressivité argotique est souvent assurée par la néologie. Elle effectue un rapprochement entre le caractère néologique du lexique et l'expressivité de l'argot des jeunes  : «  le besoin d'innovation incessante est [...] une conséquence de la banalisation des mots expressifs au départ, qui ont perdu leur charge émotive avec la propagation du terme vers l'usage courant » (p. 144). Elle ajoute que
«  la néologie proprement dite (sémantique ou formelle), mais également la revivification des termes expressifs oubliés, notamment les expressions du vieil argot, sont des piments qui apportent au discours des traits expressifs, des traits pour qu'il marque son style langagier non-conformiste.  » (p. 144)
Elle explique ensuite que « l'expressivité du mot s'efface avec la fréquence de son usage, ce qui amène les jeunes à remplacer les expressions "usées" par de nouvelles, sémanti- quementproches, mals phoniquement inusitées, impressives pour l'interlocuteur » (p. 218).
D'autre part, la division tripartite qu'évoque Alena Podhornà-Polickà se découpe comme suit
— expressivité inhérente (dérivation, composition, réduplication, troncations, permutations syllabiques) ;
— expressivité adhérente (métaphore, métonymie, synecdoque, etc.);
—expressivité contextuelle définie comme « dynamique qui implique la neutralisation stylistique des termes usés, banalisés par l'usage fréquent et son remplacement par des néologismes où l'expressivité n'est pas encore effacée  » (p. 306)
Cette typologie permet, selon l'auteure, d'expliquer la dynamique ainsi que la richesse lexicale du lexique argotique des jeunes. En effet, les jeunes ont toujours besoin de s'exprimer intensément et de rafraîchir l'expressivité en créant des synonymes de mots fréquemment utilisés, ainsi que des mots nouveaux.
L'autre aspect fondamental de sa classification des néologismes est ce qui s'apparente à la méthode de filtres successifs. Les phases de la méthode que l'auteure applique en ce qui concerne le lexique argotique des jeunes sont les suivantes
1. Repérage et mise de côté des lexèmes neutres ou sans pertinence;
2. Repérage et mise de côté des lexèmes expressifs axiologiques et contextuels ;
3. Repérage et mise de côté des lexèmes de l'argot commun ;
4. Classification des différents types d'argots communs.
Enfin, l'innovation lexicale est également décrite à travers les thématiques argotiques, l'hapax au sein d'un groupe de pairs ou d'une classe scolaire, ou encore les possibilités de diffusion du lexique via les médias, la télévision, la radio, ou Internet.
Par ailleurs, l'examen du corpus écritprésenté dans les annexes s'avère intéressant en ce qui concerne l'analyse de la diversité lexicale. Les annexes sont divisées en trois parties. La première est constituée de questionnaires remplis par les jeunes lycéens et les deux suivantes présentent des classements lexicaux. Ces annexes ont la particularité d'exposer les méthodes de recueil de données écrites, et partant, de rendre compte à la fois de l'authenticité des données et des contraintes de collecte, mals aussi de classer les lexèmes argotiques selon le lieu, le groupe, et le nombre d'occurrences relevées pour chacun d'eux. Autrement dit, nous pouvons nous rendre compte de la diffusion plus ou moins large de chaque lexème et mesurer
248 ainsi l'impact néologique dans les pratiques argotiques effectives. Deux types de classement ont été effectués. Le premier (annexe 2) répartit les mots en fonction de trois niveaux
1. Classement en fonction de l'origine géographique et de la thématique (trois tableaux comparatifs) ;
2. Classement et relevé du nombre d'occurrences de chaque classe de lexème ;
3. Classement et relevé de chaque forme graphique composant une classe de lexème.
Chaque mot de référence standard présente ainsi trois grilles comparatives relevant toutes les occurrences des lexèmes observables dans les questionnaires, sous toutes leurs formes et dans leur diversité. Ces trois grilles peuvent évidemment être comparées les unes aux autres et permettent de rendre compte de la diversité argotique divergente d'un lieu à l'autre, ou encore des tendances d'usage d'un lieu à l'autre, en particulier pour le lexique des lieux géographiques français. En outre, nous observons une forte diversité argotique pour le hantec (argot des jeunes Brnois), et des divergences de créativité entre les jeunes de Paris et les jeunes de la région d'Yseure. Nous remarquons globalement que la diversité argotique la plus grande, tant sur le plan des mots utilisés que sur le plan de leur forme, est celle des j eunes Brnois, puis celle d'Yseure, et enfin, celle de Paris. Il est aussi important de signaler que les différentes formes graphiques du même mot standard qui ont été transcrites permettent de rendre compte d'une part du degré de compétence orthographique des jeunes élèves faisant l'objet de l'étude, et d'autre part, des logiques d'écriture utilisées. En effet, il existe de nombreuses formes graphiques pour représenter un même mot ou une même expression argotique. Cependant, contrairement à ce qu'on pourrait supposer, ces nombreuses formes graphiques ne relèvent que très peu de la logique d'écriture atypique des SMS ou des chats. On relève par exemple  : un coke, un cocu, un coccu pour « avoir de la chance  », véski, vés qui, vescki pour « fiür  », s'esquiver, estiver quelqu'un, se casser, on se kasse pour « fuir, partir  », barak, baraque, la casa, sonmai, chez woim, chez wam, chez oim pour «  la maison  », ou encore gros einse, gros eins, des gros seins, airbag, air bac, érbagues pour « une fille qui a une grosse poitrine  ». Nous constatons que, si tous les jeunes n'ont pas le même degré de compétence orthographique, ils n'écrivent pas nécessairement dans une logique « SMS  ». Seuls le «  k  » et le «  w » sont récurrents et donnent un effet de phonétisme.
Le second type de classement (annexe 3) reprend le premier de façon plus synthétique avec pour chaque terne une grille comparative des trois lieux étudiés considérant le lexique dans sa diversité morphologique uniquement, et non plus morphographique. Là encore, nous constatons dans le corpus de l'auteure que l'argot des jeunes Parisiens estplus stable et moins créatif que les argots des jeunes provenant d'Yseure et de Brno. Ces tableaux mettent égale- ment en évidence la fréquence d'usage de tel ou tel lexème ainsi que les hapax résolectaux.
En définitive, nous constatons à travers l'ouvrage de Alena Podhornà-Polickà que le lexique argotique des jeunes représente un exemple idéal concernant la néologie contemporaine. En effet, la volonté de se démarquer individuellement tout en restant intégré au groupe engendre un grand nombre de créations lexicales. Il s'agit d'être original tout en étant perçu comme étant à la mode, de manière à ne pas être rejeté par ses pairs.
Nicolas MICHOT
Université de Cergy-Pontoise, LDI

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ABSTRACTS


Anne-Caroline Fiévet, Alena Podhornâ-Polickâ  : How new expressions of youth identity are conveyed through the French media
This article proposes a theoretical model and a descriptive methodology to accourt for verbal exchanges between the media and speakers, based on two examples of new expressions in French youth speak  : bolos and faire le buzz. These two neologisms each embody a particular category according to the charnel through which they were spread, through peer groupe for the first and through organised media for the second. The theory of how new words expressing identity are spread is used to give sonie insight roto the typology of speakers according to their degree of sensitivity and adaptability to innovative expressions.
The ideas of a "neological boom" and "media boom" are presented and a difference noted between the two. Whereas the media strive to use words which convey identity and expressivity linked with young people (who participate in a neological boom), the young themselves are rather hesitant about using words picked up from the media, unless these fill a semantic void. At the saine time as the theoretical model is worked out, we sketch out the various steps in a quantitative survey on the use of bolos (in particular the methodological traps of a survey carried out using a questionnaire sent out by e-mail) and suggest a semantic analysis of faire le buzz in contrast to what French dictionaries indicate about the noua buzz.
Abou Bakry Kébé  : When the radio neologizes in 5enegal. Lexical innovation and creativity by radio journaliste in Wolof.
Increasing freedom to broadcast siine the 1990s has led to the rise of independent media in French-speaking African countries  : newspapers and private radio stations in particular. In Senegal, where French remalns the official language, private radio stations, set up as from 1994, opted for broadcasts in Wolof, spoken by 80 % of the population, to be doser to the people. There is no public authority in charge of languages, and journaliste have taken over the naming process, making statements about political issues, the economy, administrative structures, concomitantly with the use of Wolof in areas formerly reserved ahnost exclusively to French. This phenomenon is examined using a list of new ternis in Wolof, validated by several groupe of speakers, to test the feeling of neologicity which these broadcasters have to bring out in the lexical innovation and creativity which these professionals use.