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Classiques Garnier

Résumés

  • Type de publication : Article de collectif
  • Collectif : Mythographie de l’étranger dans la Méditerranée ancienne
  • Pages : 435 à 439
  • Collection : Rencontres, n° 375
  • Série : Littérature générale et comparée, n° 27
  • Thème CLIL : 4028 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Lettres -- Etudes de littérature comparée
  • EAN : 9782406086246
  • ISBN : 978-2-406-08624-6
  • ISSN : 2261-1851
  • DOI : 10.15122/isbn.978-2-406-08624-6.p.0435
  • Éditeur : Classiques Garnier
  • Mise en ligne : 14/12/2018
  • Langue : Français
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Résumés

Françoise Graziani et Arnaud Zucker, « Introduction »

La mythographie est un lieu de redéfinition des identités et des différences culturelles, mais aussi un moyen denvisager et dappréhender la nouveauté du monde et les frictions culturelles. Toujours et partout les mythographes ont investi comme une nécessité vitale la mission de réapprendre à lire et traduire les anciens en reformulant et réinterprétant leur parole pour comprendre la complexité dun monde dans lequel les sociétés humaines sont condamnées à vivre ensemble sous peine de sautodétruire.

Minerva Alganza Roldan, « “Extranjero (ξένος)” y “hospitalidad (ξενία)” como categorías mítico-historiográficas en Diodoro de Sicilia (Biblioteca histórica, libros I-V) »

Dans lhorizon œcuménique des premiers livres de sa Bibliothèque (sur les antiquités des peuples barbares et les mythes grecs), Diodore explique les relations interethniques par lantagonisme des Grecs et des barbares, mais aussi par les réponses des « indigènes » devant les gens « de lextérieur ». Il évalue le niveau de progrès de chaque société daprès lexistence dune « hospitalité », et sefforce déliminer, pour mieux les servir, les détails invraisemblables des récits traditionnels.

Giampiero Scafoglio, « Le long voyage dÉnée. Comment un étranger est devenu lancêtre des Romains »

Larticle aborde plusieurs problèmes concernant lévolution de la légende dÉnée, en interprétant des témoignages (controversés) à partir de lépopée archaïque. Les Grecs exploitent lorigine « étrangère » de Rome pour renforcer leurs liens avec le peuple romain, tandis que les Romains sen servent pour légitimer leur expansionnisme en Orient. Virgile, dans lÉnéide, innove à plus dun titre, en acceptant lethnogénèse « dualiste » (basée à la fois sur lautochtonie et sur la migration).

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Françoise Graziani, « “La République du genre humain”. Lethnologie mythographique de Boccace »

La Généalogie des dieux de Boccace propose une reconstitution multiculturelle de la famille des dieux antiques. Le mythographe sy représente comme un explorateur qui a reçu la « mission sacrée » de « relier tous les rivages » pour recueillir les vestiges danciennes civilisations ruinées dans le but den tirer une éthique sociale. La reconnaissance de « la diversité du divers » détermine cette quête de concorde entre les peuples qui vise à constituer une nouvelle « république du genre humain ».

Robert L. Fowler, « Foreigners in Early Greek Mythography »

Cet article montre lintérêt profond des premiers mythographes (Hérodote et ses contemporains) pour les peuples étrangers, et leur réelle compréhension. À partir de létude des fragments contenus dans lédition Early Greek Mythography (augmentés des fragments ethnographiques des auteurs concernés), on observe comment la posture grecque vis-à-vis de létranger, bien quelle soit marquée par un certain hellénocentrisme, loin dêtre un monologue unilatéral sait intégrer le point de vue des autres.

Ezio Pellizer, « Stranieri e Achei nei Cataloghi. Tra mitografia e immaginario »

À partir de quelques réflexions générales sur la poésie « catalogique », larticle étudie quelques exemples de « peuples fantastiques », et analyse la manière dont ils sont mentionnés, dHomère jusquaux ethnographes et mythographes de lépoque impériale, On peut souvent constater un glissement entre des peuples étrangers, « barbares » attestés dans la Grèce du premier millénaire, et dautres peuples au contraire totalement imaginaires, « mythiques », comme cest probablement le cas des G(a)lactophages.

Bernard Sergent, « Les Celtes, les Grecs et les Pythagoriciens »

Les Galates nont suscité quun très faible intérêt de la part des Grecs, bien quils fussent présents tout autour deux (Anatolie, Italie, Balkans, Gaule, Ibérie…), surtout à partir de lépoque hellénistique. Mais la représentation des druides comme des pythagoriciens est un malentendu moderne, qui repose sur une méconnaissance de lhistoire et sur une sous-estimation des capacités intellectuelles des Celtes qui avaient des connaissances mathématiques indépendamment des Pythagoriciens.

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Renée Koch Piettre, « Le barbare dans les scholies à Lycophron de Tzetzès »

Lemploi du mot barbaros permet une approche nuancée des préjugés et de lidéologie chrétienne qui guident le commentaire de Tzetzès à lAlexandra de Lycophron, qui est fondé sur une triple méthode dallégorèse, déduite notamment de la lettre du texte. Attaché à la pureté de la langue grecque, le Byzantin repère tout ce qui sen écarte, mais paraît sefforcer aussi de montrer comment le voisinage du grec a pu agir comme un ferment délévation morale et spirituelle au sein même de la barbarie.

Philippe Borgeaud, « Traductions hellénistiques et romaines de récits hébraïques »

Les véhicules de pénétration de la mythologie biblique dans la culture gréco-romaine sont essentiellement de trois types : la fabrique de contre-récits, une forme extrême de traduction consistant à transformer le récit dorigine en un objet daltérité maximale ; lopération visant à combler le fossé qui sépare le texte original des catégories du lecteur ; la « traduction » comme résultat dune mémoire et dune réflexion à partir dun récit dont on ne parvient pas à reconstituer lorigine exacte.

Youri Volokhine, « Traduire, interpréter, adapter, intégrer. À propos des dieux proche-orientaux dans lÉgypte du Nouvel Empire »

Au contact de ses voisins, lÉgypte pharaonique a développé en matière religieuse plusieurs stratégies pour traduire, interpréter, voire intégrer des entités divines et des récits mythologiques orientaux. À travers des exemples tirés des sources du Nouvel Empire, on tente de présenter ces diverses modalités dinteraction. Cest essentiellement le pouvoir royal qui semble contrôler ces processus conduisant à une mythologie née de la rencontre avec lOrient, et captée par lélite égyptienne.

Arnaud Zucker, « Mythologie égyptienne et œcuménisme théologique dans le De Iside et Osiride de Plutarque »

Le De Iside et Osiride de Plutarque est à la fois un traité dexégèse mythologique et de religion comparée. Le mythe égyptien quil choisit comme modèle pour sa réflexion méthodologique sur les options herméneutiques lui 438permet, dans une réflexion originale et parfois mal jugée, de manifester la relation intime des deux cultures grecque et égyptienne, réunies par une forme d« hospitalité » philosophique et convergeant vers une « vérité » théologique qui lui paraît universelle et… apatride.

Sydney Aufrère, « Ce que Typhon dissimule, Isis le révèle. Étymologies allégoriques des noms de Typhon et dOsiris dans le De Iside et Osiride de Plutarque »

Le but de Plutarque dans le De Iside et Osiride est de séduire un public hellénisé en le réconciliant avec une « sagesse barbare » dont il fournit le format philosophique. Sous couvert doffrir une synthèse de religion égyptienne, il poursuit une quête de Vérité théologique dordre universel. Dans cette recherche menée de façon dialectique sous un masque rhétorique, il favorise des articulations « étymologiques » destinées à dépasser linterpretatio Graeca à travers létymologie des noms divins.

Jacqueline Fabre-Serris, « Cybèle, déesse étrangère et romaine ? Religio, mythographie et genre (Varron, Lucrèce, Ovide) »

Les interprétations que les Romains ont donné de Cybèle et de son culte attestent que la déesse a toujours été plus ou moins fortement perçue comme étrangère, en même temps quelles témoignent des efforts des penseurs romains pour lintégrer dans leur culture. Cet article analyse les stratégies utilisées par Varron, Lucrèce et Ovide dont les visées différentes permettent dapprécier la diversité des pratiques mythographiques développées au ier siècle av. J.-C.

Claude Françoise Brunon, « Athéna, Héra et Mout-Nekhbet : la Vierge, la Mère et le Vautour »

Dans les Hieroglyphika dHorapollon, les dieux du panthéon grec apparaissent sous des formes qui relèvent plutôt de la tradition égyptienne, telles Athéna et Héra, représentées sous la figure dun Vautour (1.11), et dont la description pseudo-naturaliste dessine les traits dune divinité de lÉgypte pharaonique : Mout. Cette assimilation se déploie à travers un réseau complexe de correspondances, dont les échos sont sensibles dans la symbolique classique et jusque chez le Dr Freud.

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Simone Beta, « Hécube ou Médée ? Les devinettes mythologiques du XIVe livre de lAnthologie Palatine »

Après avoir exposé certaines énigmes mythologiques contenues dans le XIVe livre de lAnthologie Palatine (9, 16, 18, 25, 31, 32, 33, 38, 59, 64, 105, 106, 109), analysé les procédés utilisés par les poètes dans la construction des devinettes et comparé les énigmes de lAnthologie avec celles de lépoque byzantine tardive, larticle propose une solution de la devinette 27 différente de celle qui est communément acceptée (Thétis), basée sur léchange entre les figures dHécube et de Médée.

Jean-Yves Tilliette, « Quelques avatars médiévaux de la légende dOrphée »

Orphée est un des héros mythologiques les plus acceptables par la tradition chrétienne qui le tourne en figure christique. Son mythe connaît une vigoureuse résurgence au tournant des xie et xiie siècles, où le héros assume deux rôles : celui du porte-parole de la « renaissance du xiie siècle » et celui du modèle accompli de lamour-passion. Ces facettes convergent dans le Lai dOrphée, un poème narratif où la mythologie celtique met lancien récit au service dun message théologique.