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Classiques Garnier

Résumés des contributions

  • Type de publication : Article de collectif
  • Collectif : Morales du poème à l’âge classique
  • Pages : 371 à 376
  • Collection : Rencontres, n° 408
  • Série : Le Siècle classique, n° 13
  • Thème CLIL : 4027 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Lettres -- Etudes littéraires générales et thématiques
  • EAN : 9782406073185
  • ISBN : 978-2-406-07318-5
  • ISSN : 2261-1851
  • DOI : 10.15122/isbn.978-2-406-07318-5.p.0371
  • Éditeur : Classiques Garnier
  • Mise en ligne : 09/08/2019
  • Langue : Français
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RÉSUMÉS DES CONTRIBUTIONS

Alain Génetiot, « Quand la morale se fait poème »

Le présent colloque met en évidence lextension de la réflexion morale aux genres poétiques du xviie siècle. Au-delà de la seule moralité didactique, la poésie est le lieu dune réflexion anthropologique sur les valeurs qui interroge la condition humaine, la vie en société et le rapport à la spiritualité. Loin de détourner la poésie de sa vocation lyrique, léthique en poésie savère inséparable de lethos rhétorique à travers lequel le poète sexprime et par où alternativement il se dissimule et savoue.

Pascal Debailly, « Le droit à la satire chez les poètes »

Un poète en écrivant une satire, revendique le droit de lécrire et de la publier. Mais quelle est la nature de ce droit ? Quelle est sa base axiologique ? Comment rendre soluble dans lespace public un jugement moral purement privé ? Le droit à la satire met ainsi en jeu une tension toujours à lœuvre entre dun côté des sujets ou des citoyens, qui veulent se faire entendre, et de lautre les pouvoirs en place dont lautorité se confond avec celle des lois et des normes. Larticle examine ces problèmes à partir dœuvres de lÂge classique.

Patrick Dandrey, « Théophile poète “engagé” ? »

Au lieu dopposer les deux parties de la vie de Théophile, avant et après le procès, on postule lunité de ce parcours en montrant quune même tension parcourt toute son œuvre, entre la servitude des engagements imposés au sujet social par la hiérarchie dancien régime puis par lorthodoxie religieuse dune part, et de lautre laspiration jamais démentie à la liberté de sengager pour les seules causes qui transforment le sujet social, client des grands ou cible des dévots, en sujet individuel, en conscience autonome et libre. Le procès et la prison parachèvent sans la renier cette bipolarité tendue et féconde.

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Stéphane Macé, « “La Justice & Louis gouverneront le monde”. Lallégorie morale dans la poésie encomiastique du premier xviie siècle »

Le vaste corpus des poèmes encomiastiques contemporains du siège de La Rochelle (1628) offre des modèles variés de construction de lallégorie morale et politique. Létude proposée ici en étudie plusieurs modes de fonctionnement, dabord grâce aux scènes de « lit de justice » réunissant Louis XIII, Richelieu et une personnification de la ville rebelle. À partir dune réflexion sur les jeux onomastiques et le nom propre, lanalyse envisage ensuite le traitement particulier de lallégorie de la justice, aisément confondue avec la figure du roi.

Philippe Chométy, « Pouvoir et savoir. Larrière-plan politique de la poésie scientifique au xviie siècle »

Parce quelle est le lieu privilégié dun rapport étroit entre poésie, savoir et politique, la poésie scientifique a contribué à lextension de lidéal du protecteur (prince mécène) à celui de roi-philosophe. En célébrant, par un discours de type encomiastique, la figure de lhomme de pouvoir sage et savant, alliant action et contemplation, les poètes scientifiques ont tenté de concilier la morale héroïque du prince guerrier avec celle, plus tempérée, de lamour éclairé des arts et des sciences.

Volker Schröder, « “Le grand nom de Louïs mélé dans mes ouvrages”. La place du roi dans les Poésies de Mme Deshoulières »

Le présent essai retrace le développement de la production encomiastique de Mme Deshoulières et analyse la place quelle accorde à léloge du roi dans le recueil de ses poésies. Ces textes souvent dédaignés et rarement étudiés constituent pourtant une étape essentielle dans la construction progressive de sa figure dauteur. Sils nous apprennent peu sur Louis XIV, ils en disent long sur la condition dune femme de lettres du xviie siècle et ses virtuoses et audacieuses conquêtes poétiques.

Carine Luccioni-Sauvage, « Les rencontres dEsculape et Phébus dans la Satyre ménippée de Courval »

Dans un style emphatique aux accents souvent tragiques et épiques, Thomas Sonnet de Courval (1577-1628) poursuit la voie ouverte par la Satire VI de 373Juvénal. La Satyre ménippée et la Thiméthélie dressent un tableau des mœurs conjugales conforme aux préjugés misogynes du temps. En versifiant les traités de morale et de médecine, ces satires compilent les lieux communs et sont révélatrices dun imaginaire culturel où lanthropologie participe dune mythologie du mariage et de la femme.

Alessandra Preda, « La lyre du magistrat. La deuxième édition des Poèmes de Claude Expilly (1624) »

Si la première édition (1596) témoigne de la formation italianisante du poète et de son esprit pénitent, la deuxième présente les vers amoureux de sa jeunesse. Illustration de la veine poétique du magistrat, elle devient en même temps une sorte de défense dont un jeu subtil de corrections et dajouts exalte lengagement moral qui passe aussi par la parole des autres, le réseau complexe de dédicaces, capable de conjuguer la fermeté de son esprit à la rigueur de sa forme, renouvelée.

Francine Wild, « Les morales du poème héroïque, daprès Clovis de Desmarets de Saint-Sorlin »

Clovis, poème héroïque très représentatif, met en scène un univers soumis aux valeurs aristocratiques dhonneur et de générosité. Les héroïnes sont actives, guerrières – sauf Clotilde – et passionnées. Les passions sont vives, elles peuvent mener à la tentation et parfois au crime, et à lendurcissement. Lorgueil, passion majeure parce quelle est naturelle chez les héros, peut mener à la damnation, pour ceux qui choisissent de sidolâtrer eux-mêmes, ou à la conversion, aidée par la grâce.

Jean Leclerc, « Quand les burlesques empruntent aux libertins. Présence dune morale libertine dans les épopées burlesques »

Cet article analyse la présence dune morale libertine dans quatre œuvres burlesques à partir dune remarque de Furetière associant la littérature burlesque au courant libertin : deux travestissements du 4e livre de lÉnéide par Scarron et Furetière, Le Voyage de Mercure de ce dernier et Le Jugement de Pâris de Dassoucy. Il sagit plus spécifiquement détudier quels arguments trouvent leur place dans les poèmes burlesques et quelles manières utilisent les poètes pour faire entendre ces voix libertines.

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Constance Griffejoen-Cavatorta, « Nouveaux libertins ? “Fripons” et “friponnes” dans les Poésies de labbé de Chaulieu »

Les poésies amoureuses de Chaulieu accordent une place très importante à la friponnerie. Loriginalité de cette éthique se perçoit dans la relation ludique avec les modèles antiques, dans les liens harmonieux et égalitaires qui lunissent à la femme aimée, et dans une esthétique de la volupté non dénuée dambiguïté morale. Étroitement liées au libertinage, les audaces de la friponnerie, prémices galantes et délicates de la rouerie, éclairent subtilement le crépuscule du grand siècle.

Camille Venner, « Les “Epistres morales” dAntoine Godeau à ses amis. Édification et invitation à la vie dévote »

Dans ses Epistres morales, Godeau développe un discours spirituel qui vise lédification des destinataires et livre une réflexion sur la manière de bien vivre chrétiennement, et dans le monde. Comment le poète sapproprie-t-il le genre de lépître en vers pour proposer un discours moral qui concilie valeurs spirituelles et mondaines ? Travaillant la dimension spéculaire de ses épîtres, il souligne comment la relation amicale entretenue par le poème favorise laccès à lhonnêteté chrétienne.

Richard Maber, « “Les Hommes inspirés ont droit daller par tout”. Esthétique de la “poésie morale” chez Pierre Le Moyne »

La poésie fortement distinctive de Pierre Le Moyne sinspire dun complexe de convictions religieuses, morales et esthétiques, quil expose dans ses écrits théoriques et quil illustre dans ses vers et dans ses devises. Les intentions didactiques et moralisantes, omniprésentes dans tout son œuvre, sont inextricablement liées à son idéal dun « feu poétique » divin, qui sexprime par moyen de la « hardiesse » du poète, de la richesse des images, et par la vigueur imaginative de son inspiration.

Anne Mantero, « Amitié et solitude aux champs. Sagesse et retraite dans le discours poétique chrétien »

La poésie chrétienne a côtoyé la poésie rustique profane où elle a trouvé une matière propice à une conversion de la Muse. Le présent article considère 375les diverses espèces de Solitudes sacrées, occasions de méditations théologiques et morales. Si parfois la retraite prend la forme dune séparation érémitique, elle coïncide, plus souvent, avec la sociabilité chrétienne aux champs, à travers la forme dialoguée de léglogue ou le sous-genre de la lettre en vers.

Véronique Ferrer, « La “difficulté dêtre” des poètes réformés à lâge classique »

Larticle se propose dexaminer en surplomb la production poétique réformée à lâge classique en la replaçant dans son contexte social, religieux et littéraire. Sans minimiser les tentatives originales et isolées de poètes convaincus de leur mission morale et de leur vocation divine, il interrogera les motivations du désengagement de la poésie, qui va de pair avec un désenchantement à peine avoué.

Jole Morgante, « Modalités du comique dans les Contes et nouvelles en vers de La Fontaine »

Le caractère licencieux des Contes pose des problèmes esthétiques et moraux Cependant, lemploi du vers contribue au déplacement énonciatif qui, par des procédés narratifs et rhétoriques, vise à dégonfler le comique de la source pour le rendre acceptable en esquivant la représentation directe de la réalité. De telles stratégies signalent le véritable intérêt des récits : le refus du dogmatisme et des idées reçues mais, surtout, la mise en question du contrôle dautrui par la répression sexuelle.

Charles-Olivier Stiker-Métral, « Figurations du fabuliste dans les Fables de La Fontaine »

La promotion inédite du sujet lyrique au sein de la matière ésopique en fait le responsable non seulement du récit plaisant relatant les situations léguées par la tradition, mais aussi de linterprétation de celui-ci dans la moralité. Le genre antique et renaissant, volontiers gnomique, sépanouit en une démarche pleinement herméneutique. Véritable essai du jugement, qui engage la prudence du fabuliste, la fable devient aussi un authentique exercice spirituel où séprouvent des modèles de vie.

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Rainer Zaiser, « Variété des sujets et des morales dans les Poésies diverses et épigrammes de Boileau »

Les brèves formes lyriques que Boileau a créées sur plusieurs décennies et rassemblées à la fin de sa vie dans les Poésies diverses et épigrammes soulèvent, certes, des questions morales, mais les positions prises sont aussi variées que les sujets quils traitent. Loin dêtre un poète moralisateur voulant instruire ses lecteurs dans une morale précise, Boileau se révèle un moraliste qui observe les conduites et les mentalités des hommes de son époque, quelque contradictoires quelles puissent être.

Emmanuel Bury, « Boileau moraliste ? »

Cet article analyse en quoi la poésie de Boileau peut entrer dans le cadre de la catégorie des « moralistes » classiques, et comment son art de poète reprend et infléchit quelques traits majeurs de lécriture de la morale, telle quelle a été pratiquée par ses contemporains. On voit comment les lieux communs moraux, notamment ceux issus de la tradition cynique, sont réactivés par la forme poétique, qui permet dexprimer lintention morale de manière épigrammatique ou avec la force du sublime.